Fournisseurs d’énergie à prix cassé : la facture peut être salée
([Economie] 2021-12-01 (De Tijd))
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À l’instar des clients des banques à l’époque, ceux des entreprises du secteur de l’énergie découvrent aujourd’hui qu’il ne faut pas négliger le choix de son partenaire.
Douche froide pour des dizaines de milliers de Flamands : Vlaamse Energieleverancier, un acteur relativement modeste du marché de l’énergie, est au bord de la faillite. Que l’on se rassure : aucune des personnes touchées ne sera privée de chauffage ou de lumière. Mais cette débâcle risque de forcer tous ces clients à trouver un nouveau fournisseur — et vite.
L’annonce ne pouvait pas plus mal tomber : dans le sillage du choc survenu plus tôt dans l’année, les prix se maintiennent à des niveaux très élevés.
L’affaire Vlaamse Energieleverancier n’est pas qu’un mauvais moment à passer pour les clients. Elle doit pousser les consommateurs, la concurrence et les autorités à regarder la réalité en face : le marché flamand de l’énergie compte des acteurs dont le modèle commercial est plus que bancal. Vlaamse Energieleverancier achetait du gaz et de l’électricité à des tarifs imbattables, puis, en coulisses, mobilisait une petite armée de traders pour s’approvisionner à un prix encore moins élevé.
Le fournisseur se voyait comme le plus malin de la bande. C’était sans compter sur la flambée des prix du gaz, qui a entraîné l’entreprise dans une impasse : elle s’est tout à coup retrouvée à devoir acheter ses produits au prix fort tout en étant obligée de les écouler à bon marché à tous les clients qu’elle avait appâtés avec des tarifs fixes réduits. Ses confortables marges se sont ainsi muées en gouffres abyssaux. Lundi soir, le fondateur et PDG de la société, Stijn Lenaerts, s’est dit « trop déçu » pour faire un commentaire. Déçu, il devait surtout l’être de son modèle d’entreprise, qui s’est révélé moins ingénieux qu’il ne le pensait et qu’il a voulu le faire croire.
Cette situation n’est pas sans rappeler les mésaventures, il y a plus de dix ans, de Dexia : elle aussi s’était crue plus forte que le marché. Non pas celui de l’énergie, mais des produits financiers : elle empruntait de l’argent à bas coût, puis le prêtait ou le plaçait en réalisant une plus-value. Jusqu’à ce que la crise financière vienne gripper l’engrenage — il s’en était alors fallu de peu pour que Dexia entraîne tout le pays dans sa faillite. « Le marché peut rester irrationnel plus longtemps que vous ne pouvez rester solvable », disait l’économiste britannique John Maynard Keynes. Dexia, et désormais Vlaamse Energieleverancier, l’auront appris à leurs dépens.
Bien entendu, le dépôt de bilan du fournisseur d’énergie engendre — heureusement — des répercussions bien moins importantes. Il n’empêche : les leçons que peuvent en tirer les consommateurs sont similaires. À l’instar des clients des banques à l’époque, ceux des entreprises du secteur de l’énergie découvrent aujourd’hui qu’il ne faut pas négliger le choix de son partenaire.
Quand on place son épargne, mieux vaut ne pas se contenter de regarder le taux d’intérêt annoncé par la banque. De même, quand on conclut un contrat d’énergie, mieux vaut ne pas se limiter à trouver le tarif le plus avantageux : encore faut-il connaître le modèle commercial et le bilan qui justifient cette aubaine.
Il n’appartient pas à l’État de régler le surcoût facturé aux clients lésés. Mais il devrait tout de même se livrer à une autocritique. Il faut en effet savoir que des dizaines de milliers de clients se sont retrouvés chez Vlaamse Energieleverancier au travers d’un achat groupé de la province de Flandre-Orientale. Le régulateur flamand du marché de l’électricité et du gaz avait-il bien les yeux en face des trous lorsqu’il a contrôlé cette opération ? De l’énergie « 100 % verte, belge et à un prix imbattable », vantait un responsable des pouvoirs publics qui a cru voir dans l’intensification de la concurrence sur le marché de l’énergie un moyen de se pousser du col. Un argument de vente qui, comme l’avaient déjà montré les tribulations du secteur bancaire par le passé, se révèle désormais trop beau pour être vrai.
Douche froide pour des dizaines de milliers de Flamands : Vlaamse Energieleverancier, un acteur relativement modeste du marché de l’énergie, est au bord de la faillite. Que l’on se rassure : aucune des personnes touchées ne sera privée de chauffage ou de lumière. Mais cette débâcle risque de forcer tous ces clients à trouver un nouveau fournisseur — et vite.
L’annonce ne pouvait pas plus mal tomber : dans le sillage du choc survenu plus tôt dans l’année, les prix se maintiennent à des niveaux très élevés.
Regarder la réalité en face
L’affaire Vlaamse Energieleverancier n’est pas qu’un mauvais moment à passer pour les clients. Elle doit pousser les consommateurs, la concurrence et les autorités à regarder la réalité en face : le marché flamand de l’énergie compte des acteurs dont le modèle commercial est plus que bancal. Vlaamse Energieleverancier achetait du gaz et de l’électricité à des tarifs imbattables, puis, en coulisses, mobilisait une petite armée de traders pour s’approvisionner à un prix encore moins élevé.
Un modèle pas si ingénieux
Le fournisseur se voyait comme le plus malin de la bande. C’était sans compter sur la flambée des prix du gaz, qui a entraîné l’entreprise dans une impasse : elle s’est tout à coup retrouvée à devoir acheter ses produits au prix fort tout en étant obligée de les écouler à bon marché à tous les clients qu’elle avait appâtés avec des tarifs fixes réduits. Ses confortables marges se sont ainsi muées en gouffres abyssaux. Lundi soir, le fondateur et PDG de la société, Stijn Lenaerts, s’est dit « trop déçu » pour faire un commentaire. Déçu, il devait surtout l’être de son modèle d’entreprise, qui s’est révélé moins ingénieux qu’il ne le pensait et qu’il a voulu le faire croire.
Mésaventures de Dexia
Cette situation n’est pas sans rappeler les mésaventures, il y a plus de dix ans, de Dexia : elle aussi s’était crue plus forte que le marché. Non pas celui de l’énergie, mais des produits financiers : elle empruntait de l’argent à bas coût, puis le prêtait ou le plaçait en réalisant une plus-value. Jusqu’à ce que la crise financière vienne gripper l’engrenage — il s’en était alors fallu de peu pour que Dexia entraîne tout le pays dans sa faillite. « Le marché peut rester irrationnel plus longtemps que vous ne pouvez rester solvable », disait l’économiste britannique John Maynard Keynes. Dexia, et désormais Vlaamse Energieleverancier, l’auront appris à leurs dépens.
Leçons à tirer
Bien entendu, le dépôt de bilan du fournisseur d’énergie engendre — heureusement — des répercussions bien moins importantes. Il n’empêche : les leçons que peuvent en tirer les consommateurs sont similaires. À l’instar des clients des banques à l’époque, ceux des entreprises du secteur de l’énergie découvrent aujourd’hui qu’il ne faut pas négliger le choix de son partenaire.
Quand on place son épargne, mieux vaut ne pas se contenter de regarder le taux d’intérêt annoncé par la banque. De même, quand on conclut un contrat d’énergie, mieux vaut ne pas se limiter à trouver le tarif le plus avantageux : encore faut-il connaître le modèle commercial et le bilan qui justifient cette aubaine.
Rôle joué par la Flandre-Orientale
Il n’appartient pas à l’État de régler le surcoût facturé aux clients lésés. Mais il devrait tout de même se livrer à une autocritique. Il faut en effet savoir que des dizaines de milliers de clients se sont retrouvés chez Vlaamse Energieleverancier au travers d’un achat groupé de la province de Flandre-Orientale. Le régulateur flamand du marché de l’électricité et du gaz avait-il bien les yeux en face des trous lorsqu’il a contrôlé cette opération ? De l’énergie « 100 % verte, belge et à un prix imbattable », vantait un responsable des pouvoirs publics qui a cru voir dans l’intensification de la concurrence sur le marché de l’énergie un moyen de se pousser du col. Un argument de vente qui, comme l’avaient déjà montré les tribulations du secteur bancaire par le passé, se révèle désormais trop beau pour être vrai.