Budget et investissements : l’audace de la Communauté germanophone de Belgique
([Economie] 2021-10-01 (GrenzEcho))
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- News link: https://daardaar.be/rubriques/economie/budget-et-investissements-laudace-de-la-communaute-germanophone-de-belgique/
- Source link: https://www.grenzecho.net/63846/artikel/2021-10-19/dg-zukunft-auf-pump-manchmal-ist-mut-einfach-augen-zu-und-durch
En Allemagne, le financement de nombreux projets visant à réaliser une politique orientée vers l’avenir par la probable future coalition arc-en-ciel (les sociaux-démocrates du SPD, les Verts et les libéraux du FDP) fait l’objet de longues et âpres discussions. À l’inverse, le ministre-président de la Communauté germanophone, Oliver Paasch (ProDG), et son gouvernement ont depuis longtemps pris la décision d’avancer. Avec un programme d’investissement de 600 millions d’euros financé par de la dette, Paasch et ses acolytes entendent bien préparer la Communauté germanophone à affronter l’avenir. Est-ce intelligent ? Courageux ? Ou tout simplement audacieux ?
Pendant de nombreuses années, en Belgique, la Communauté germanophone a fait figure d’élève modèle. Pendant que le fédéral et les autres entités fédérées s’échinaient à joindre les deux bouts, la Communauté germanophone alignait les budgets en parfait équilibre. Cependant, à l’est du pays, petit à petit, les excédents budgétaires se sont réduits. Ainsi, en 2019 déjà, il a fallu réaliser quelques manipulations comptables pour dégager un excédent unique d’à peine 11 millions d’euros dans le budget 2020. Par conséquent, et comme le veulent les normes budgétaires européennes, il n’est possible d’investir que cette somme-là. Autant dire que dans de nombreux États de l’Union, un tel corset empêche quasiment tout investissement digne de ce nom.
Aujourd’hui, en raison de la crise sanitaire, ce frein a été relâché, et le gouvernement germanophone fut l’un des premiers à sauter sur l’occasion. Il entend utiliser cette fenêtre, qui pourrait se refermer bientôt, pour procéder à des investissements massifs, y compris dans des domaines qui sortent du cadre de ses compétences, comme le développement d’un réseau de fibre optique. Il aimerait également investir dans le développement de parcs industriels, dans la construction de logements publics, dans les soins de santé, dans les soins aux personnes âgées, dans la formation, etc. : bref, des investissements à contre-courant et aux antipodes de la conjoncture générale.
Cette politique a un prix, et il va de soi que la Communauté germanophone va s’endetter. Sa dette passera de moins de 500 millions avant la crise à plus d’un milliard d’euros. La question qui se posera cette année encore lors des débats budgétaires sera de savoir si la Communauté pourra supporter une dette d’une telle ampleur. Sans parler de la question de la pertinence de ces investissements massifs : en effet, ne vaudrait-il pas mieux investir dans des domaines liés aux compétences de la Communauté ? Tant que l’argent peut être emprunté à taux négatif sur les marchés des capitaux, le problème ne se pose pas. L’inflation joue aussi un rôle positif, du moins tant que les banques centrales ne la combattent pas en augmentant les taux d’intérêts.
À vrai dire, la Communauté germanophone dépend de la croissance de l’économie belge. C’est le seul moyen de réussir ce qui a déjà été réalisé une fois, à savoir réduire la dette nationale d’environ 30 % pour la ramener sous la barre des 100 % du PIB. Ce serait d’ailleurs indispensable pour que la Belgique reste solvable à long terme et puisse emprunter de l’argent à des taux favorables sur les marchés financiers internationaux.
D’autre part, la croissance économique devrait être durable. Elle ne peut donc pas reposer uniquement sur la consommation. Sinon, ce seront les objectifs climatiques que nous perdrons de vue. Ceci dit, ces objectifs sont interprétés de manière assez flexible, et le passé nous a bien appris que quand on gratte un petit peu, tout ce qui semble vert n’est pas spécialement écologique.
Vues sous cet angle, les décisions du gouvernement germanophone ne manquent pas de courage. Elles sont également audacieuses, dans la mesure où la plupart des paramètres cités ci-dessus ne dépendent pas de la Communauté germanophone même, mais bien d’une série d’autres facteurs. Toutefois, lorsqu’on s’intéresse aux alternatives, force est de constater que le gouvernement n’a quasiment pas d’autre choix que de prendre son courage à deux mains et de se lancer les yeux fermés. L’avenir sourit aux audacieux.
Pendant de nombreuses années, en Belgique, la Communauté germanophone a fait figure d’élève modèle. Pendant que le fédéral et les autres entités fédérées s’échinaient à joindre les deux bouts, la Communauté germanophone alignait les budgets en parfait équilibre. Cependant, à l’est du pays, petit à petit, les excédents budgétaires se sont réduits. Ainsi, en 2019 déjà, il a fallu réaliser quelques manipulations comptables pour dégager un excédent unique d’à peine 11 millions d’euros dans le budget 2020. Par conséquent, et comme le veulent les normes budgétaires européennes, il n’est possible d’investir que cette somme-là. Autant dire que dans de nombreux États de l’Union, un tel corset empêche quasiment tout investissement digne de ce nom.
Aujourd’hui, en raison de la crise sanitaire, ce frein a été relâché, et le gouvernement germanophone fut l’un des premiers à sauter sur l’occasion. Il entend utiliser cette fenêtre, qui pourrait se refermer bientôt, pour procéder à des investissements massifs, y compris dans des domaines qui sortent du cadre de ses compétences, comme le développement d’un réseau de fibre optique. Il aimerait également investir dans le développement de parcs industriels, dans la construction de logements publics, dans les soins de santé, dans les soins aux personnes âgées, dans la formation, etc. : bref, des investissements à contre-courant et aux antipodes de la conjoncture générale.
Cette politique a un prix, et il va de soi que la Communauté germanophone va s’endetter. Sa dette passera de moins de 500 millions avant la crise à plus d’un milliard d’euros. La question qui se posera cette année encore lors des débats budgétaires sera de savoir si la Communauté pourra supporter une dette d’une telle ampleur. Sans parler de la question de la pertinence de ces investissements massifs : en effet, ne vaudrait-il pas mieux investir dans des domaines liés aux compétences de la Communauté ? Tant que l’argent peut être emprunté à taux négatif sur les marchés des capitaux, le problème ne se pose pas. L’inflation joue aussi un rôle positif, du moins tant que les banques centrales ne la combattent pas en augmentant les taux d’intérêts.
À vrai dire, la Communauté germanophone dépend de la croissance de l’économie belge. C’est le seul moyen de réussir ce qui a déjà été réalisé une fois, à savoir réduire la dette nationale d’environ 30 % pour la ramener sous la barre des 100 % du PIB. Ce serait d’ailleurs indispensable pour que la Belgique reste solvable à long terme et puisse emprunter de l’argent à des taux favorables sur les marchés financiers internationaux.
D’autre part, la croissance économique devrait être durable. Elle ne peut donc pas reposer uniquement sur la consommation. Sinon, ce seront les objectifs climatiques que nous perdrons de vue. Ceci dit, ces objectifs sont interprétés de manière assez flexible, et le passé nous a bien appris que quand on gratte un petit peu, tout ce qui semble vert n’est pas spécialement écologique.
Vues sous cet angle, les décisions du gouvernement germanophone ne manquent pas de courage. Elles sont également audacieuses, dans la mesure où la plupart des paramètres cités ci-dessus ne dépendent pas de la Communauté germanophone même, mais bien d’une série d’autres facteurs. Toutefois, lorsqu’on s’intéresse aux alternatives, force est de constater que le gouvernement n’a quasiment pas d’autre choix que de prendre son courage à deux mains et de se lancer les yeux fermés. L’avenir sourit aux audacieux.