Après la Pologne, la Belgique : des autocollants anti-LGBTQ+ suscitent l’émoi à Anvers
([Société] 2021-09-01 (De Morgen))
- Reference: 2021-09_sharon-mccutcheon-MIb2S5z8VJo-unsplash-scaled
- News link: https://daardaar.be/rubriques/societe/apres-la-pologne-la-belgique-des-autocollants-anti-lgbtq-suscitent-lemoi-a-anvers/
- Source link: https://www.demorgen.be/nieuws/homofobie-in-antwerpen-en-gent-ze-vroegen-me-vind-je-dat-normaal-zo-n-regenboogvlag-aan-je-huis~bddeeba1/
Un drapeau arc-en-ciel barré, accompagné de la mention « Gewoon normaal » (« Simplement normal », NDLR). Voilà ce que les passants peuvent voir sur les [1]autocollants anti-LGBTQ+ qui envahissent les rues d’Anvers depuis le week-end dernier. La cellule diversité de la police vient d’ouvrir une enquête. « Le mouvement semble organisé. C’est d’autant plus effrayant. »
Samedi soir, en rentrant à son domicile à Gand, Leila* tombe sur trois étudiants en train de discuter au pied de chez elle. Les individus ont visiblement l’intention d’apposer un autocollant à sa fenêtre, où flotte un drapeau arc-en-ciel, symbole de la communauté LGBTQ +. « Tu trouves ça normal, un tel drapeau ? », l’interroge d’emblée le chef de meute. « À cause des pédés, les blancs font de moins en moins de bébés, et ce n’est pas normal. En plus, ce sont tous des pédophiles. »
Dans le même temps, les autocollants anti-LGBTQ + ont fait leur apparition à plusieurs endroits de la métropole anversoise, notamment dans le Seefhoek, au Park Spoor Noord et sur la Carnotstraat. On y voit le drapeau arc-en-ciel barré de bout en bout, accompagné de la mention « Simplement normal ».
Fleur Pierets, auteure et militante des droits de l’homme âgée de 48 ans, reçoit depuis samedi des tas de [2]messages transférés où le fameux autocollant apparaît . « Cela n’arrête pas. J’ai déjà reçu une quarantaine de photos », affirme-t-elle.
Sur les réseaux sociaux, elle appelle à signaler les autocollants auprès de la cellule diversité de la police anversoise. « Notre service est en train de regrouper ces signalements », déclare le porte-parole de la police. « Les autocollants sont apposés aussi bien sur le mobilier urbain que sur les vitrines de magasins. Nous enquêtons à présent afin de savoir s’ils ont été collés avec l’autorisation des propriétaires. Un procès-verbal sera rédigé, pour incitation à la haine ainsi que pour vandalisme. » Dans les rangs des forces de l’ordre, il s’agit avant tout de découvrir qui se trouve à l’origine de l’affaire.
Selon le bourgmestre Bart De Wever (N-VA), les autocollants sont tout bonnement inadmissibles. « Anvers a toujours été à l’avant-garde en matière de droits LGBT. Ce genre de message va à l’encontre des valeurs de notre ville. »
Bart Abeel, président d’Antwerp Pride, est sous le choc : « Je pense que c’est la première fois que des autocollants anti- LGBTQ + sont recensés à Anvers. Cette situation me met franchement mal à l’aise. »
Fleur Pierets trouve également l’affaire « particulièrement troublante ». Elle lui évoque notamment les autocollants « Zone sans LGBT » distribués par la Gazeta Polska, quotidien polonais conservateur, en 2019. À peine un an plus tard, un tiers des villes polonaises se targuait d’être « sans LGBT ». « Je reçois d’ailleurs des messages de haine chaque semaine », indique l’activiste. « Mais il ne s’agit pas d’attaques personnelles. On a affaire à un mouvement organisé, semble-t-il. »
La semaine dernière, l’agression subie par Riadh Bahri, journaliste de la VRT, est venue nous rappeler une fois de plus que la communauté LGBTQ + est loin d’être toujours en sécurité en Belgique. Et d’après Bart Abeel, la classe politique belge a sa part de responsabilité. « Il existe une idéologie latente qui est alimentée par le discours de certains politiques, surtout à droite de l’échiquier. En crachant leur venin, ils banalisent la discrimination et attisent la violence. »
Pour ne rien arranger, il s’avère que la phobie anti-LGBTQ + et le racisme vont souvent de pair, comme en atteste l’histoire de Leila. « Les échanges avec les étudiants ont soudainement pris une autre tournure lorsqu’ils ont remarqué que j’avais des origines étrangères. ‘Mais en fait, es-tu vraiment belge ?’, a lâché le chef de bande. ‘Car si tu es marocaine, c’est une bonne chose que tu sois lesbiche.’ »
C’est la première fois que Leila est prise à partie devant chez elle à cause de son drapeau arc-en-ciel. « Après un tel épisode, je pourrais comprendre que certaines personnes se sentent moins en sécurité et retirent leur drapeau. Mais personnellement, j’estime que c’est justement la preuve qu’il doit continuer à flotter. »
Si vous tombez sur les autocollants en question, vous pouvez effectuer un signalement (anonyme) à la police via [3]diversiteit@politie.antwerpen.be . Pour toute question concernant la thématique de genre ou l’orientation sexuelle, vous pouvez vous adresser à [4]vragen@lumi.be .
*Leila est un pseudonyme. La rédaction du Morgen s’est gardée de divulguer son vrai prénom.
[1] https://www.vrt.be/vrtnws/fr/2021/09/12/la-police-d_anvers-ouvre-une-enquete-apres-la-diffusion-dautocol/
[2] https://www.instagram.com/p/CTsI7e9Na8-/
[3] mailto:diversiteit@politie.antwerpen.be
[4] mailto:vragen@lumi.be
Samedi soir, en rentrant à son domicile à Gand, Leila* tombe sur trois étudiants en train de discuter au pied de chez elle. Les individus ont visiblement l’intention d’apposer un autocollant à sa fenêtre, où flotte un drapeau arc-en-ciel, symbole de la communauté LGBTQ +. « Tu trouves ça normal, un tel drapeau ? », l’interroge d’emblée le chef de meute. « À cause des pédés, les blancs font de moins en moins de bébés, et ce n’est pas normal. En plus, ce sont tous des pédophiles. »
Dans le même temps, les autocollants anti-LGBTQ + ont fait leur apparition à plusieurs endroits de la métropole anversoise, notamment dans le Seefhoek, au Park Spoor Noord et sur la Carnotstraat. On y voit le drapeau arc-en-ciel barré de bout en bout, accompagné de la mention « Simplement normal ».
Fleur Pierets, auteure et militante des droits de l’homme âgée de 48 ans, reçoit depuis samedi des tas de [2]messages transférés où le fameux autocollant apparaît . « Cela n’arrête pas. J’ai déjà reçu une quarantaine de photos », affirme-t-elle.
La police enquête
Sur les réseaux sociaux, elle appelle à signaler les autocollants auprès de la cellule diversité de la police anversoise. « Notre service est en train de regrouper ces signalements », déclare le porte-parole de la police. « Les autocollants sont apposés aussi bien sur le mobilier urbain que sur les vitrines de magasins. Nous enquêtons à présent afin de savoir s’ils ont été collés avec l’autorisation des propriétaires. Un procès-verbal sera rédigé, pour incitation à la haine ainsi que pour vandalisme. » Dans les rangs des forces de l’ordre, il s’agit avant tout de découvrir qui se trouve à l’origine de l’affaire.
Selon le bourgmestre Bart De Wever (N-VA), les autocollants sont tout bonnement inadmissibles. « Anvers a toujours été à l’avant-garde en matière de droits LGBT. Ce genre de message va à l’encontre des valeurs de notre ville. »
Bart Abeel, président d’Antwerp Pride, est sous le choc : « Je pense que c’est la première fois que des autocollants anti- LGBTQ + sont recensés à Anvers. Cette situation me met franchement mal à l’aise. »
Les zones polonaises « sans LGBT »
Fleur Pierets trouve également l’affaire « particulièrement troublante ». Elle lui évoque notamment les autocollants « Zone sans LGBT » distribués par la Gazeta Polska, quotidien polonais conservateur, en 2019. À peine un an plus tard, un tiers des villes polonaises se targuait d’être « sans LGBT ». « Je reçois d’ailleurs des messages de haine chaque semaine », indique l’activiste. « Mais il ne s’agit pas d’attaques personnelles. On a affaire à un mouvement organisé, semble-t-il. »
La semaine dernière, l’agression subie par Riadh Bahri, journaliste de la VRT, est venue nous rappeler une fois de plus que la communauté LGBTQ + est loin d’être toujours en sécurité en Belgique. Et d’après Bart Abeel, la classe politique belge a sa part de responsabilité. « Il existe une idéologie latente qui est alimentée par le discours de certains politiques, surtout à droite de l’échiquier. En crachant leur venin, ils banalisent la discrimination et attisent la violence. »
Homophobie et racisme
Pour ne rien arranger, il s’avère que la phobie anti-LGBTQ + et le racisme vont souvent de pair, comme en atteste l’histoire de Leila. « Les échanges avec les étudiants ont soudainement pris une autre tournure lorsqu’ils ont remarqué que j’avais des origines étrangères. ‘Mais en fait, es-tu vraiment belge ?’, a lâché le chef de bande. ‘Car si tu es marocaine, c’est une bonne chose que tu sois lesbiche.’ »
C’est la première fois que Leila est prise à partie devant chez elle à cause de son drapeau arc-en-ciel. « Après un tel épisode, je pourrais comprendre que certaines personnes se sentent moins en sécurité et retirent leur drapeau. Mais personnellement, j’estime que c’est justement la preuve qu’il doit continuer à flotter. »
Si vous tombez sur les autocollants en question, vous pouvez effectuer un signalement (anonyme) à la police via [3]diversiteit@politie.antwerpen.be . Pour toute question concernant la thématique de genre ou l’orientation sexuelle, vous pouvez vous adresser à [4]vragen@lumi.be .
*Leila est un pseudonyme. La rédaction du Morgen s’est gardée de divulguer son vrai prénom.
[1] https://www.vrt.be/vrtnws/fr/2021/09/12/la-police-d_anvers-ouvre-une-enquete-apres-la-diffusion-dautocol/
[2] https://www.instagram.com/p/CTsI7e9Na8-/
[3] mailto:diversiteit@politie.antwerpen.be
[4] mailto:vragen@lumi.be