Eviction du chef du renseignement: un premier faux pas de la ministre de la Défense?
([Politique, Rubriques] 2021-07-01 (De Morgen))
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Un conflit ouvert a éclaté entre la ministre de la Défense, Ludivine Dedonder (PS) et l’État-major, dont plusieurs éminents généraux ont exprimé, sur les réseaux sociaux, des critiques particulièrement virulentes à l’occasion du départ du général Philippe Boucké, le chef du Service général du Renseignement et de la Sécurité (SGRS). Officiellement, la décision a été prise « d’un commun accord », mais les réactions des généraux font supposer le contraire. Lors de la commission Défense de ce jeudi, la ministre Dedonder aura beaucoup à expliquer, car même au sein de la majorité, on se pose des questions.
Le timing du départ est, à vrai dire, bizarre. Mercredi passé encore, à la Chambre, le général Boucké s’est rangé derrière les recommandations du Comité I à la suite de l’affaire Jürgen Conings. Pour le gouvernement comme pour la Défense et les auditeurs internes, Boucké n’avait rien à se reprocher dans cette affaire dramatique. En effet, le général n’avait pas été informé du danger que représentait Conings. De surcroît, en septembre 2020, lorsqu’il a pris la tête du SGRS, il a entrepris des réformes applaudies de toutes parts. Le problème, c’est que le SGRS demeurait confronté à un manque de moyens humains, de bases de données performantes et de moyens de communication avec les autres services de sécurité. Selon différentes sources à la Défense, Boucké était « l’homme de la situation » pour redresser la barre.
Son départ entraîne donc davantage de problèmes que de solutions. Tout d’abord, le timing est déplorable : alors que des inondations plongent le pays dans une catastrophe humanitaire nécessitant l’action de nos militaires, ce n’est pas le moment de mettre en route un carrousel de nominations politiques.
Le conflit ouvert entre la ministre de la Défense Dedonder et l’État-major constitue également un problème d’envergure pour ce gouvernement. Dans notre démocratie, tant nos politiques que nos militaires jurent fidélité au roi, à la Constitution et aux lois du peuple belge. Les institutions fragiles de notre pays ne peuvent pas se permettre une guerre froide.
Du côté politique, c’est désormais au premier ministre Alexander De Croo et à la Chambre de découvrir de quoi il retourne exactement, et d’agir si nécessaire. Du côté militaire, c’est à l’amiral Michel Hofman, le chef d’État-major, de jouer les médiateurs, car pour lui, prendre parti, ce serait se placer dans une position peu enviable : celle du choix entre une opposition au gouvernement ou une opposition à ses généraux.
La question-clé pour tous les protagonistes de cette affaire est de savoir si cette éviction était dans l’intérêt des citoyens. Malheureusement, la réponse est négative. Le logo du SGRS est une chouette qui veille. La décapiter alors que des menaces extrémistes persistent dénote un manque de prudence, car toute personne désireuse de nuire aux intérêts de ce pays et de sa population risque de profiter de ce vide de pouvoir. Et c’est justement ce que nous aimerions éviter après l’affaire Conings.
Le timing du départ est, à vrai dire, bizarre. Mercredi passé encore, à la Chambre, le général Boucké s’est rangé derrière les recommandations du Comité I à la suite de l’affaire Jürgen Conings. Pour le gouvernement comme pour la Défense et les auditeurs internes, Boucké n’avait rien à se reprocher dans cette affaire dramatique. En effet, le général n’avait pas été informé du danger que représentait Conings. De surcroît, en septembre 2020, lorsqu’il a pris la tête du SGRS, il a entrepris des réformes applaudies de toutes parts. Le problème, c’est que le SGRS demeurait confronté à un manque de moyens humains, de bases de données performantes et de moyens de communication avec les autres services de sécurité. Selon différentes sources à la Défense, Boucké était « l’homme de la situation » pour redresser la barre.
Son départ entraîne donc davantage de problèmes que de solutions. Tout d’abord, le timing est déplorable : alors que des inondations plongent le pays dans une catastrophe humanitaire nécessitant l’action de nos militaires, ce n’est pas le moment de mettre en route un carrousel de nominations politiques.
Le conflit ouvert entre la ministre de la Défense Dedonder et l’État-major constitue également un problème d’envergure pour ce gouvernement. Dans notre démocratie, tant nos politiques que nos militaires jurent fidélité au roi, à la Constitution et aux lois du peuple belge. Les institutions fragiles de notre pays ne peuvent pas se permettre une guerre froide.
Du côté politique, c’est désormais au premier ministre Alexander De Croo et à la Chambre de découvrir de quoi il retourne exactement, et d’agir si nécessaire. Du côté militaire, c’est à l’amiral Michel Hofman, le chef d’État-major, de jouer les médiateurs, car pour lui, prendre parti, ce serait se placer dans une position peu enviable : celle du choix entre une opposition au gouvernement ou une opposition à ses généraux.
La question-clé pour tous les protagonistes de cette affaire est de savoir si cette éviction était dans l’intérêt des citoyens. Malheureusement, la réponse est négative. Le logo du SGRS est une chouette qui veille. La décapiter alors que des menaces extrémistes persistent dénote un manque de prudence, car toute personne désireuse de nuire aux intérêts de ce pays et de sa population risque de profiter de ce vide de pouvoir. Et c’est justement ce que nous aimerions éviter après l’affaire Conings.