La Flandre, trop généreuse durant la crise sanitaire ?
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L’exécutif flamand, qui se plaît dans le rôle du chevalier blanc, n’est pas à un million près quand il s’agit de voler à la rescousse des groupes précités. Et force est de reconnaître que des mesures judicieuses – bien que parfois fort généreuses – ont été prises durant la crise sanitaire. Nombreux sont les indépendants flamands pouvant remercier le ciel de ne pas vivre en Wallonie ou à Bruxelles. Mais au fil du temps, les mesures de soutien se sont multipliées à tout-va. De manière irréfléchie, dans certains cas. Citons notamment la prime énergétique accordée aux personnes provisoirement sans-abri, ou encore le fonds de garantie pour les événements tels que Pukkelpop, qui fait actuellement couler beaucoup d’encre.
Des critères trop souples
Dès le début, ce fonds de garantie a suscité des interrogations, entre autres dans le chef d’un député de la majorité. Et bien que les ministres de sa propre famille politique n’aient émis aucune objection aux mesures de soutien, Maurits Vande Reyde (Open Vld) a déclaré – il y a plusieurs mois déjà – que les critères d’octroi étaient trop souples, et que de trop nombreuses organisations ont pu avoir recours aux aides : non seulement les festivals, mais aussi les modestes « bars de plage ». Lorsqu’un événement n’a pas eu lieu, ce sont les autorités publiques, et non pas les organisateurs, qui ont porté le chapeau. En revanche, le gouvernement flamand n’a pas reçu un centime – pas même des entrées gratuites pour d’éventuels team-building – en cas de programme maintenu. Au sein de la majorité, la critique de Maurits Vande Reyde a fait grincer des dents. L’homme n’a pourtant fait que son travail, à savoir passer au crible toutes les dépenses publiques, au lieu d’approuver aveuglément tous les faits et gestes du gouvernement.
Maintenir le calme à tout prix
Au sein de la majorité flamande actuelle, la priorité absolue est à présent de maintenir le calme à peine retrouvé, après le scandale de pollution au PFOS. Au risque de revoir les exigences d’excellence à la baisse en matière de gouvernance. Triste exercice auxquels doivent se plier, hélas, les parlementaires. Certains députés chevronnés émettent de profondes réserves à l’égard du travail effectué par des ministres bien ciblés. Ils sont néanmoins tenus de se taire, ou à tout le moins d’être prudents dans leur communication, car si « l’on s’en prend à un autre parti, il faut s’attendre au retour de flamme envers ». Dans ce contexte, nombreux sont ceux qui cèdent aux diktats, pour le bien de leur propre équipe. Si cette attitude a le don de susciter l’adhésion au sein de son propre parti, elle n’en demeure pas moins un signe de médiocrité politique.
Excès d’optimisme et de risques
Reste à savoir si certains organisateurs auraient également vu les choses en grand s’ils avaient dû sortir l’argent de leur poche. Auraient-ils pris autant de risques ? Et les ministres compétents auraient-ils été aussi optimistes quant à la tenue de certains festivals s’ils avaient dû avancer leurs propres deniers ? Probablement pas, serait-on tenté de répondre à deux reprises. Il n’empêche que les membres du gouvernement feraient bien de s’inspirer de cette même logique au moment de dépenser de l’argent public : agir comme s’ils devaient délier les cordons de leur propre bourse, purement et simplement. Les entreprises qui dégagent de belles marges – et il y en a quelques-unes parmi les bénéficiaires – n’ont pas besoin de ce fonds de garantie.
Dans les colonnes de Het Laatste Nieuws, le ministre flamand des Finances et du Budget en chute libre, Matthias Diependaele (N-VA) a retourné le couteau dans la plaie avant-hier. La Flandre distribue les subsides sans trop savoir s’ils sont bel et bien utilisés aux fins auxquelles ils étaient destinés. Mais au-delà des contrôles aléatoires et du lot de tracasseries qu’ils comportent, elle ferait bien de se montrer plus sélective à la source.