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  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

Le Strof, le genre de bar dont Bruxelles a besoin

(2022-05-21_10-30-18 (7sur7))


Repaire d’amateurs de bières spéciales et de joueurs d’échecs jusqu’à la tombée du jour, au croisement des quartiers du Sablon et des Marolles, [1]le Strof dévoile son vrai visage en soirée, quand il se mue en scène vivante où viennent se produire les artistes de tout bord. Une expérience devenue rare à Bruxelles, au fil des années, un peu rétro et décalée, hors du temps, dont la ville avait besoin pour se régénérer.

La façade aux lettres carrelées, “Bières Wielemans”, est familière. Elle trône depuis des décennies à l’entrée de la rue de Rollebeek, au pied du Sablon ou à la porte des Marolles, c’est selon. La bourgeoisie d’un côté, le peuple de l’autre, historiquement. Les choses ont changé, évidemment, mais la frontière est toujours perceptible à la vue comme à l’ouïe, tant les décibels augmentent au fur et à mesure de la descente. La vieille pierre sert de fil conducteur entre ces deux mondes. Un patrimoine dont le “Strof” a su se revêtir pour acquérir ce cachet unique. Les pavés y sont en effet omniprésents, tant au-dehors qu’au-dedans, même à l’étage. Une idée, pour ne pas dire une prouesse architecturale, de “JP”, âme des lieux aux mille chapitres, dont le dernier religieusement consacré à la résurrection de cet antique estaminet.

Un “cabaret de vie”



Son “cabaret de vie” s'imprègne de l’ambiance de ces deux univers, entre ses plafonnages du XVIe, ses épais rideaux de théâtre en velours rouges et ses dorures qui s’écoulent sur les briques apparentes. Au rez-de-chaussée, le comptoir s’étire le long d’un espace exigu, en “lévitation" sur ses blocs de verre, pour aboutir sur une estrade intime, éclairée avec soin, qui ravive les souvenirs de cafés-concerts qu'on pensait oubliés depuis la fin du siècle dernier. À l’étage, de petits micros détournés projettent leurs faisceaux tamisés sur des tables de bistro: tête-à-tête privilégié. Quant aux toilettes, pour le moins atypiques et gentiment licencieuses, elles valent à elles seules le détour.

Raviver la flamme de la nuit



À l’heure des bars tendance, à l’esthétisme léché et minimaliste, rythmés à l’electro de rigueur, le Strof fait le choix courageux, salvateur, de la musique live de qualité et d’une acoustique exigeante. Il tend surtout sa tribune aux musiciens de tout bord, rock, jazz, pop, aux créatifs inclassables, aux comédiens: aux arts de la scène. Un espace d’expression pour tous, convivial mais pointu. Et gratuit, malgré tout. Un endroit sur lequel Bruxelles pourra désormais compter pour raviver la flamme de la nuit, après deux ans de semi-léthargie, de confinements, de couvre-feux, de sorties à domicile et de soirées télé. Ce genre de projet, libre, passionné, ambitieux, hors des “business plan” éculés, c’est tout ce dont la ville avait besoin pour revivre autrement.

Le Strof



1, rue de Rollebeek, 1000 Bruxelles

DR © DR

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Le bar éphémère, rafistolé avec les “restes” du mobilier d’origine (portes, comptoir...) est menacé par l’urbanisme bruxellois qui exige son retrait © DR

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[1] https://www.facebook.com/lestrof



Article the Third:
Where a crime of the kidneys has been committed, the accused should
enjoy the right to a speedy diaper change. Public announcements and
guided tours of the aforementioned are not necessary.
Article the Fourth:
The decision to eat strained lamb or not should be with the "feedee"
and not the "feeder". Blowing the strained lamb into the feeder's
face should be accepted as an opinion, not as a declaration of war.
Article the Fifth:
Babies should enjoy the freedom to vocalize, whether it be in church,
a public meeting place, during a movie, or after hours when the
lights are out. They have not yet learned that joy and laughter have
to last a lifetime and must be conserved.
-- Erma Bombeck, "A Baby's Bill of Rights"