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Les étudiants face à la crise du kot: “J’ai visité une chambre qui ressemblait à une cellule”

(2022-05-10_12-48-00 (HLN))


Analyse Si vous êtes toujours à la recherche d’un kot, alors pas de chance. En effet, la Belgique fait actuellement face à une pénurie de chambres d’étudiants et à une hausse des prix. Où le besoin est-il le plus grand? Qui paie le plus?

Il n’est plus aussi facile de trouver un logement étudiant que par le passé, et encore moins un logement qui réponde à certaines exigences. Sur les sites d’annonces, ou sur les portails spécialisés des universités belges, le constat est le même: il y a clairement une pénurie de kots. Bruxelles, Louvain et Gand sont les villes où le problème est le plus important.

Citation

Deux heures après avoir mis une chambre en ligne, elle était déjà louée. J’ai reçu des dizaines de candidatu­res. Gerrit Versyck, Propriétaire à Louvain

Alors que la recherche d’une chambre pour la prochaine année universitaire ne démarre généralement qu’après les vacances de Pâques, cette année, la ruée vers le kot a atteint sa vitesse de croisière des mois plus tôt. Gerrit Versyck, 55 ans, est propriétaire d’une maison d’étudiants dans la Blijde Inkomstraat, à Louvain. Il a constaté, lui aussi, une énorme demande de la part des étudiants. Il loue six chambres avec cuisine et salle de bains communes pour 300 à 350 euros, hors charges. “J’avais une chambre disponible pour l’année prochaine. Deux heures après l’avoir mise en ligne, elle était louée. J’ai reçu des dizaines de candidatures. Les élèves de dernière année de l’enseignement secondaire doivent décider en mars où ils étudieront l’année prochaine. Sinon, ils ne trouveront pas d’endroit où vivre.

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Gerrit Versyck est propiétaire d’une maison pour étudiants à Louvain : "Les élèves de dernière année de l'enseignement secondaire doivent décider en mars où ils étudieront un an plus tard. Sinon, ils ne trouveront pas d'endroit où vivre.” © Joel Hoylaerts / Photonews

Problème structurel



Cette demande précoce est le résultat de l’importante pénurie de chambres qui s’est accumulée ces dernières années. “Il y a une sous-offre structurelle de chambres d’étudiants”, déclare Koenraad Belsack, 47 ans. Avec son épouse Nele Van Damme, 45 ans, il est le fondateur et le co-PDG de Upgrade Estate et le “propriétaire” de pas moins de 3.000 kots étudiants dans sept villes étudiantes de Belgique. Cela fait de lui l’un des trois principaux acteurs professionnels du marché des kots en Belgique. “Chaque année, on parle beaucoup de la pénurie de chambres”, déclare M. Belsack. “Mais il s’agit de plus en plus d’un problème structurel. La raison principale? Il y a plus d’étudiants, tant nationaux qu’étrangers. Et si le nombre d’étudiants a continué à augmenter, les villes, surtout au début, ont hésité à autoriser des projets plus importants.”

Trop d’étudiants, pas assez de chambres



À Gand, par exemple, 10.000 chambres d’étudiants supplémentaires sont aujourd’hui nécessaires pour rétablir l’équilibre entre l’offre et la demande.

À Louvain, on estime qu’il y a environ 44.000 chambres d’étudiants pour un total d’environ 50.000 étudiants. Selon Luc Sels, recteur de la KU Leuven, les nouveaux étudiants proviennent bien souvent d’autres villes du pays. En outre, le fait que l’enseignement supérieur devient de plus en plus accessible et que les étudiants restent souvent plus longtemps (bachelier + master + éventuellement doctorat). “La cause principale n’est pas les étudiants internationaux”, précise le recteur.

Citation

Il n’y a pas longtemps, j’ai visité une chambre qui ressem­blait à une cellule, avec un matelas posé sur le sol à côté des toilettes. Le prix demandé était de 400 euros par mois.” Suleyman Celik, Étudiant

C’est à Bruxelles, la plus grande ville étudiante du pays, avec ses quelque 111.000 étudiants, que la pénurie est probablement la plus forte. Il manquerait actuellement 9.000 à 12.000 chambres d’étudiants dans la capitale.

De 400 à plus de 500 euros



En raison de la pénurie de logements, les prix des kots s’envolent partout en Belgique. À Gand, par exemple, le prix moyen d’une chambre est passé à 485 euros, alors qu’il était encore de 400 euros l’année dernière (+21%). Il y a trois ans, le prix moyen des chambres était encore de 365 euros.

Depuis un an, Suleyman Celik, 21 ans, cherchait une chambre d’étudiant abordable à Bruxelles. Il s’était inscrit sur la liste d’attente de la VUB, et ce n’est qu’il y a quelques semaines qu’une chambre s’est libérée et lui a été attribuée. “Je suis originaire de Bruxelles, mais mes parents déménagent à Kapelle-op-den-Bos (Brabant flamand). Aller en cours représente une heure et demie de bus. Je paie 320 euros pour une petite chambre, et je partage la cuisine, la salle de bains et les toilettes avec huit autres personnes. L’année prochaine, je devrai payer 370 euros. 50 euros de plus. C’est difficile financièrement et malgré mes jobs d’étudiants, je dois faire des choix tous les jours. Par exemple, je sors moins et je n’ai pas beaucoup de loisirs. Mais je suis satisfait de ce que j’ai, vu le marché privé. Dans le privé, je devrais payer au moins 150 euros de plus par mois pour la même chambre. Il n’y a pas longtemps, j’ai visité une chambre qui ressemblait à une cellule, avec un matelas posé sur le sol à côté des toilettes. Le prix demandé était de 400 euros par mois.”

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Pendant un an, Suleyman Celik a cherché un appartement abordable à Bruxelles. Finalement, il a trouvé une place sur l’un des campus de la VUB. © Photo News

Continuité



“La pénurie sur le marché, tout comme l’inflation et l’augmentation des prix de l’énergie incitent les propriétaires privés à faire monter les prix”, estime le recteur de Louvain, Luc Sels. “Je pourrais facilement augmenter mes prix”, déclare le propriétaire Gerrit Versyck. “Toutefois, l’étudiant qui renouvelle le bail de sa chambre continue de payer le même prix. Ce n’est que lorsqu’une chambre se libère que j’adapte le prix. Je préfère la continuité que de renouveler tout le temps un contrat.”

Bruxelles apparaît comme la ville étudiante la plus chère du pays, avec un prix moyen de 487 euros, hors charges. “Bruxelles est un très gros problème”, déclare Julien De Wit, directeur des affaires sociales et de la diversité à l’Association flamande des étudiants (VVS). “Un quart des chambres coûtent 800 euros par mois et plus. C’est énorme. Les chambres basiques sont de plus en plus difficiles à trouver. Et cela touche principalement les étudiants de la classe moyenne inférieure. Les étudiants riches n’ont aucun problème à payer 100 euros de plus pour une chambre chic. Les étudiants les plus pauvres ont souvent droit à des aides. Tandis que les étudiants de la classe moyenne inférieure se situent justement pile en dehors des limites de ces aides et ne bénéficient donc de rien.”

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Julien De Wit, de l'Association flamande des étudiants: "Les chambres basiques, sont de plus en plus difficiles à trouver. Et cela touche principalement les étudiants de la classe moyenne inférieure.” © Jan De Meuleneir / Photo News

Selon Julien De Wit, le nombre de chambres modestes diminue au profit de chambres de luxe, plus rentables pour leurs propriétaires. La société Brik, spécialisée dans l’immobilier locatif simplifié, et basée à Bruxelles, fait le même constat. Elle estime que le prix d’une chambre d’étudiant à Bruxelles est “trop cher et antidémocratique”. “Le segment intermédiaire, c’est-à-dire une chambre de 12 mètres carrés où l’on partage des installations sanitaires et une cuisine en commun, est en chute libre”, explique Jurgen Ral, de Brik. “On ne promeut pas ce genre de logement pour la simple raison que les règles d’urbanisme ne le permettent pas. De nos jours, la chose la plus facile à faire pour un promoteur, afin qu’il obtienne un permis urbanistique, est de créer un studio de 22 mètres carrés avec une kitchenette et une douche.”

Des chambres qui répondent à la demande



Koenraad Belsack, de Upgrade Estate, se dit allergique au terme “propriété de luxe”. “Les excès viennent des médias. Je ne vois rien d’anormal à l’idée de proposer des logements avec des prestations plus complètes. Si vous avez une cuisine et une salle de bain chez vous, il est normal de les vouloir aussi dans votre logement étudiant. En quoi est-ce du luxe? Si vous construisez un nouveau projet aujourd’hui, il est normal d’adhérer aux normes contemporaines. Nous proposons trois chambres: une chambre standard avec cuisine et salle de bain partagées, une chambre “confort” avec salle de bain privée et cuisine partagée, et un studio, avec toutes les installations privées.”



"You have heard me speak of Professor Moriarty?"
"The famous scientific criminal, as famous among crooks as --"
"My blushes, Watson," Holmes murmured, in a deprecating voice.
"I was about to say 'as he is unknown to the public.'"
-- A. Conan Doyle, "The Valley of Fear"