Un ancien garde du Roi jugé pour le meurtre du beau-père de sa petite amie, il voulait "lui donner une leçon”
(2022-05-02_14-53-00 (HLN))
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Autrefois, il gérait la sécurité du Roi. Demain, Peter Willems s’assoira à la barre des accusés de la Cour d’assises de Louvain. L’homme est jugé pour le meurtre d’Erik Van Puymbrouck, le beau-père de son ancienne petite amie. La jeune femme, qui s’est depuis suicidée, accusait la victime de l’avoir violée durant son enfance.
Le 13 mai 2020 au matin, alors qu’une aide-soignante et sa patiente se dirigent vers le domicile de cette dernière dans la Bensbergstraat à Tielt-Winge (Brabant flamand), elles se retrouvent nez à nez face à deux hommes en train de se battre devant une villa blanche. L’un des deux hommes, cagoulé et vêtu de noir, relève la tête et les regarde d’un air menaçant. Paniquées, elles montent alors dans la voiture de l’aide-soignante avant de s'éloigner au plus vite.
Quinze minutes plus tard, la police et les ambulanciers arrivent sur les lieux. L’occupant de la maison, Erik Van Puymbrouck, 63 ans, git sans vie dans l’allée. L’autopsie déterminera plus tard qu'il est probablement mort étranglé à mains nues.
Erik Van Puymbrouck vivait dans cette rue depuis de nombreuses années. Il y a près de trente ans, lui et son épouse allaient souvent skier en Roumanie, où ils s'étaient lié d’amitié avec la directrice d’un orphelinat local pour lequel ils collectaient des vêtements et des jouets. Lorsque la directrice en question, Mariana N., a déménagé dans notre pays, elle et Erik ont entamé une relation. Deux ans plus tard, en 1992, Erik et sa femme ont divorcé. Et en 1997, il s’est remarié avec Mariana et a adopté sa fille Draga, âgée de 7 ans. Son fils Radu - né d’un autre père biologique - n’a quant à lui pas été adopté.
Pendant de nombreuses années, ils ont vécu à Melsele. Ce n’est que lorsque Draga s’est mariée et a eu deux enfants que toute la famille a décidé d’acheter une maison dans laquelle ils pourraient vivre ensemble, tout en préservant leur intimité: le fameux numéro 4 de la Bensbergstraat. Mais cette décision n’a pas été un succès. Souffrant d'un trouble borderline, Draga a fini par divorcer avant de tomber dans l’alcool et la drogue. Quant à Erik et Mariana, ils se sont séparés, et elle est retournée vivre en Roumanie avec son fils.
Draga Van Puymbrouck. © DR
Forts de ces informations, les enquêteurs commencent leur travail. Ils vérifient d’abord les téléphones de tous les protagonistes. Y compris celui du dernier partenaire en date de Draga: Peter Willems, un ancien policier ayant notamment assuré la sécurité au Palais Royal. Le couple s’est rencontré au printemps 2019. À l’époque, Draga se prostitue et lui raconte qu’elle a été violée par son beau-père dans sa jeunesse - des faits pour lesquels elle a porté plainte à la fin de l’année 2018. Mais tout n’est pas rose entre elle et Peter. Après une dispute, elle se pend à leur domicile dans la nuit du 3 octobre 2019.
Le jour de la mort d’Erik, le téléphone de Peter Willems est d’abord localisé près de la Grand-Place de Tirlemont, à une vingtaine de kilomètres de Tielt-Winge. Peu après les faits, il est ensuite repéré près de l’Aarschotsesteenweg, le chemin le plus court entre le “lieu du crime” et la place du marché de Tirlemont. Mais un autre détail frappe les enquêteurs. Dans les semaines précédentes, un voisin d’Erik a souvent remarqué une petite Opel Corsa qui traînait dans le quartier - le même véhicule que conduit Peter. Des recherches téléphoniques approfondies montrent qu’il s’y est rendu au total 18 fois depuis le début de l’année 2020. Et qu’à chaque fois, il avait un contact téléphonique avec un numéro en Roumanie.
L’accusé Peter Willems. © Bollen
L’ancien policier est interrogé pour la première fois un mois et demi après la mort d’Erik Van Puymbrouck. Il se confie alors sur sa vie avec Draga, assure qu’il n’a rien à voir avec les faits et affirme avoir appris la nouvelle de la mort de la victime dans le journal. Si son téléphone a été remarqué si souvent dans le quartier, c’est parce qu’il fait régulièrement ses courses à la “Croix d’or” de Tielt-Winge. Quant au jour du crime en lui-même, il évoque une visite au Delhaize de Tirlemont.
Autre “détail” gênant: les enquêteurs retrouvent à son domicile un croquis de la zone entourant la maison de la victime, avec la mention “40 minutes de route”. Au début, Peter Willems nie en être l’auteur. Puis, il admet l’avoir esquissé une fois à la demande de Draga. “Elle voulait trouver quelqu’un pour donner une leçon à son beau-père”.
Après avoir analysé des images de caméras de surveillance entourant la zone, les enquêteurs remarquent un suspect sur une mobylette. Et cet homme ressemble étrangement à Peter Willems. De plus, ce véhicule (volé) a été retrouvé jeté dans la Gete, près du Delhaize que l’homme a “utilisé” comme alibi. La mobylette avait d’ailleurs été entièrement peinte en noir mat. L’enquête révèlera plus tard que M. Willems avait acheté une bombe de peinture noire quatorze jours avant les faits.
À la mi-août 2020, le juge d’instruction fait arrêter Peter Willems. Cette fois, l’ex-policier avoue à moitié son crime. Il affirme qu'il voulait donner une leçon à Erik Van Puymbrouck. Il avait trouvé une lettre de quatre pages dans laquelle Draga décrivait comment son beau-père l’avait violée entre l’âge de sept et douze ans. Une lettre qu'il a malheureusement égarée.
M. Willems connaissait parfaitement l’emploi du temps de sa victime. Grâce Mariana, qui avait encore accès au compte e-mail de son ex depuis la Roumanie, il a su qu’Erik Van Puymbrouck avait passé la nuit avec sa nouvelle petite amie, un peu plus loin dans la Bensbergstraat. Le matin, il est retourné chez lui. C’est là que l’accusé a attaqué sa victime par derrière. L’agresseur voulait - comme il poursuit dans ses aveux - immobiliser temporairement Erik afin de le frapper et de le forcer à reconnaître enfin les abus. Mais son plan aurait échoué à cause de l’apparition soudaine de l’aide-soignante et de sa patiente. L’accusé a alors laissé sa victime derrière lui - “il était certainement encore vivant à ce moment-là” - et s’est enfui.
Depuis le 14 août 2020, Peter Willems est en détention provisoire. En mai 2021, il a obtenu un bracelet électronique et purge sa peine chez ses parents. Il est jugé pour meurtre. L’héritage d’Erik Van Puymbrouck revient à titre testamentaire à Mariana N. et aux deux enfants de sa fille décédée.
Le 13 mai 2020 au matin, alors qu’une aide-soignante et sa patiente se dirigent vers le domicile de cette dernière dans la Bensbergstraat à Tielt-Winge (Brabant flamand), elles se retrouvent nez à nez face à deux hommes en train de se battre devant une villa blanche. L’un des deux hommes, cagoulé et vêtu de noir, relève la tête et les regarde d’un air menaçant. Paniquées, elles montent alors dans la voiture de l’aide-soignante avant de s'éloigner au plus vite.
Quinze minutes plus tard, la police et les ambulanciers arrivent sur les lieux. L’occupant de la maison, Erik Van Puymbrouck, 63 ans, git sans vie dans l’allée. L’autopsie déterminera plus tard qu'il est probablement mort étranglé à mains nues.
Erik Van Puymbrouck vivait dans cette rue depuis de nombreuses années. Il y a près de trente ans, lui et son épouse allaient souvent skier en Roumanie, où ils s'étaient lié d’amitié avec la directrice d’un orphelinat local pour lequel ils collectaient des vêtements et des jouets. Lorsque la directrice en question, Mariana N., a déménagé dans notre pays, elle et Erik ont entamé une relation. Deux ans plus tard, en 1992, Erik et sa femme ont divorcé. Et en 1997, il s’est remarié avec Mariana et a adopté sa fille Draga, âgée de 7 ans. Son fils Radu - né d’un autre père biologique - n’a quant à lui pas été adopté.
Vie chaotique
Pendant de nombreuses années, ils ont vécu à Melsele. Ce n’est que lorsque Draga s’est mariée et a eu deux enfants que toute la famille a décidé d’acheter une maison dans laquelle ils pourraient vivre ensemble, tout en préservant leur intimité: le fameux numéro 4 de la Bensbergstraat. Mais cette décision n’a pas été un succès. Souffrant d'un trouble borderline, Draga a fini par divorcer avant de tomber dans l’alcool et la drogue. Quant à Erik et Mariana, ils se sont séparés, et elle est retournée vivre en Roumanie avec son fils.
Draga Van Puymbrouck. © DR
Forts de ces informations, les enquêteurs commencent leur travail. Ils vérifient d’abord les téléphones de tous les protagonistes. Y compris celui du dernier partenaire en date de Draga: Peter Willems, un ancien policier ayant notamment assuré la sécurité au Palais Royal. Le couple s’est rencontré au printemps 2019. À l’époque, Draga se prostitue et lui raconte qu’elle a été violée par son beau-père dans sa jeunesse - des faits pour lesquels elle a porté plainte à la fin de l’année 2018. Mais tout n’est pas rose entre elle et Peter. Après une dispute, elle se pend à leur domicile dans la nuit du 3 octobre 2019.
Opel Corsa
Le jour de la mort d’Erik, le téléphone de Peter Willems est d’abord localisé près de la Grand-Place de Tirlemont, à une vingtaine de kilomètres de Tielt-Winge. Peu après les faits, il est ensuite repéré près de l’Aarschotsesteenweg, le chemin le plus court entre le “lieu du crime” et la place du marché de Tirlemont. Mais un autre détail frappe les enquêteurs. Dans les semaines précédentes, un voisin d’Erik a souvent remarqué une petite Opel Corsa qui traînait dans le quartier - le même véhicule que conduit Peter. Des recherches téléphoniques approfondies montrent qu’il s’y est rendu au total 18 fois depuis le début de l’année 2020. Et qu’à chaque fois, il avait un contact téléphonique avec un numéro en Roumanie.
L’accusé Peter Willems. © Bollen
L’ancien policier est interrogé pour la première fois un mois et demi après la mort d’Erik Van Puymbrouck. Il se confie alors sur sa vie avec Draga, assure qu’il n’a rien à voir avec les faits et affirme avoir appris la nouvelle de la mort de la victime dans le journal. Si son téléphone a été remarqué si souvent dans le quartier, c’est parce qu’il fait régulièrement ses courses à la “Croix d’or” de Tielt-Winge. Quant au jour du crime en lui-même, il évoque une visite au Delhaize de Tirlemont.
“40 minutes de route”
Autre “détail” gênant: les enquêteurs retrouvent à son domicile un croquis de la zone entourant la maison de la victime, avec la mention “40 minutes de route”. Au début, Peter Willems nie en être l’auteur. Puis, il admet l’avoir esquissé une fois à la demande de Draga. “Elle voulait trouver quelqu’un pour donner une leçon à son beau-père”.
Après avoir analysé des images de caméras de surveillance entourant la zone, les enquêteurs remarquent un suspect sur une mobylette. Et cet homme ressemble étrangement à Peter Willems. De plus, ce véhicule (volé) a été retrouvé jeté dans la Gete, près du Delhaize que l’homme a “utilisé” comme alibi. La mobylette avait d’ailleurs été entièrement peinte en noir mat. L’enquête révèlera plus tard que M. Willems avait acheté une bombe de peinture noire quatorze jours avant les faits.
À la mi-août 2020, le juge d’instruction fait arrêter Peter Willems. Cette fois, l’ex-policier avoue à moitié son crime. Il affirme qu'il voulait donner une leçon à Erik Van Puymbrouck. Il avait trouvé une lettre de quatre pages dans laquelle Draga décrivait comment son beau-père l’avait violée entre l’âge de sept et douze ans. Une lettre qu'il a malheureusement égarée.
Héritage
M. Willems connaissait parfaitement l’emploi du temps de sa victime. Grâce Mariana, qui avait encore accès au compte e-mail de son ex depuis la Roumanie, il a su qu’Erik Van Puymbrouck avait passé la nuit avec sa nouvelle petite amie, un peu plus loin dans la Bensbergstraat. Le matin, il est retourné chez lui. C’est là que l’accusé a attaqué sa victime par derrière. L’agresseur voulait - comme il poursuit dans ses aveux - immobiliser temporairement Erik afin de le frapper et de le forcer à reconnaître enfin les abus. Mais son plan aurait échoué à cause de l’apparition soudaine de l’aide-soignante et de sa patiente. L’accusé a alors laissé sa victime derrière lui - “il était certainement encore vivant à ce moment-là” - et s’est enfui.
Depuis le 14 août 2020, Peter Willems est en détention provisoire. En mai 2021, il a obtenu un bracelet électronique et purge sa peine chez ses parents. Il est jugé pour meurtre. L’héritage d’Erik Van Puymbrouck revient à titre testamentaire à Mariana N. et aux deux enfants de sa fille décédée.