Marc Degryse avant le “Topper”: “Il y a un manque de qualité à Anderlecht”
(2022-04-30_07-30-00)
- Reference: 2022-04-30_07-30-00_marc-degryse-avant-le-topper-il-y-a-un-m
- News link: https://www.7sur7.be/football-belge/marc-degryse-avant-le-topper-il-y-a-un-manque-de-qualite-a-anderlecht~a01eb93a/
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“Comment ruiner une saison entière en une semaine.” Le tweet était de Marc Coucke, le propriétaire d’Anderlecht, dans les heures qui ont suivi la défaite du Sporting 3-1 à l’Union en ouverture des Champions’ Playoffs. Les Mauves sont dans les cordes, et Vincent Kompany K-O. debout. Un adage sportif suggère toutefois que ce n’est pas la manière dont on tombe qui importe, mais bien celle dont on se relève. Seul hic, club le plus titré du pays, le RSCA n’a plus remporté un match de playoffs depuis le 5 mai… 2019, une victoire 2-1 contre le Standard. Et dimanche soir au Lotto Park, c’est ni plus ni moins que le Club Bruges, vainqueur de ses neufs dernières rencontres en championnat, et double champion en titre, qui se retrouvera face à lui. Anderlecht sera-t-il dès lors en mesure de rebondir ? Ou va-t-il sombrer un peu plus ? Ébauche de réponse en compagnie de Marc Degryse, 56 ans, ancien Diable Rouge, qui a fait les beaux jours des deux clubs dans les années 80 et 90.
Marc, à quoi peut-on s’attendre dimanche soir dans ce ‘Topper’ entre Anderlecht et le Club de Bruges ?
Je ne sais pas si on peut encore considérer ce match comme un Topper (sourire). Il faudrait plutôt parler d’un Classique, car après la première journée de ces Playoffs, il n’y a plus que Bruges, avec l’Union, qui jouera les premiers rôles. Anderlecht ne peut plus espérer que la troisième place. Cela dit, Anderlecht – Bruges, cela reste un match de prestige, pour l’honneur, pour être la meilleure équipe du pays à ce moment-là. Et le passé récent a montré que les deux équipes se tenaient de près. Cette saison, le Sporting et le Club ont partagé l’enjeu à deux reprises en championnat. Et ce fut également le cas lors des playoffs l’an dernier. Simplement, avec Anderlecht, on ne sait pas à quoi s’attendre à l’heure actuelle. Le Sporting sera sous pression, car les supporters ne vont plus tolérer longtemps le genre de prestation faible comme en finale de la Coupe et dimanche passé à l’Union. Mais Bruges ne peut plus se permettre de faux pas également. Le Club partira favori, mais je m’attends néanmoins à un match difficile pour lui.
(3)
[1]
Cité en Premier League, Kompany va-t-il (déjà) quitter Anderlecht?
[2]
Départ d’Anderlecht et nouveau défi en Premier League? La mise au point de Kompany
[3]
Les stats impressionnantes d’Undav: l'attaquant de l’Union fait mieux... que Mbappé et Benzema
Citation
Il y a un manque de qualité à Anderlecht
Marc Degryse
Le Sporting sera-t-il justement capable de rebondir après les deux claques reçues contre la Gantoise et l’Union ?
Qu’entend-on par rebondir ? Si vous me demandez si Anderlecht va battre Bruges, je ne le crois pas. Peut-il arracher un partage ? Oui, c’est possible. Ce qui m’intéresse surtout, c’est de voir si les Mauves seront en mesure de livrer une bonne prestation. Pratiquer un bon football pendant 80 des 90 minutes par exemple. Le Sporting est évidemment capable de gagner, mais il doit surtout livrer un match acceptable pour le public. Je me répète, les supporters ne vont plus endurer cela très longtemps. Et ils ont déjà fait preuve de beaucoup de patience. On peut perdre un match, ou deux, mais à un moment donné, il faut apporter la confirmation que l’on progresse, aussi sur le plan de la mentalité. Je suis dès lors avant tout curieux de veux surtout voir comment Anderlecht va se profiler. »
Qu’est-ce qui manque le plus à Anderlecht à l’heure actuelle ?
Il est assez facile de noter qu’il y a un manque de qualité à Anderlecht. Ce sont tous des joueurs avec du potentiel, mais qui, soit en raison de leur âge ou d’un manque d’expérience ne sont pas encore au top niveau. Ou qui, et là je parle des transferts ou des prêts, ne sont pas d’un niveau tel qu’ils sont capables de rendre leurs équipiers meilleurs. Je pense par exemple à l’entrejeu. Olsson, Cullen…, c’est correct, mais sans plus. Ils peuvent être heureux de jouer pour Anderlecht, mais ne correspondent pas à la norme qu’un club comme le Sporting doit appliquer. Ashimeru et Verschaeren traînent des petits bobos. Zirkzee a un potentiel énorme, mais il est très nonchalant et dès lors trop peu efficace. Et derrière, il y a quelques fers à repasser. Cela s’était déjà vu en première mi-temps à Courtrai lors du dernier match de la phase classique. Hoedt joue sur ses acquis, mais est lent. Magallan est limité à la relance et Murillo trop mou dans les duels. Bref, dans toutes les pièces du puzzle, il manque quelque chose.”
Qu’est-ce qui vous déçoit le plus dans le chef du Sporting ?
Le manque de joueurs de classe intrinsèque qui, par leur talent, peuvent faire basculer un match. Mais aussi l’attitude. Que ce soit à Courtrai, en finale de la Coupe et à l’Union, Anderlecht a chaque fois très mal commencé le match. Les joueurs étaient mous, il n’y avait pas de pressing vers l’avant. Cela a été fait à une reprise, il y a un mois, contre Charleroi et les Mauves avaient disputé un excellent match. Et je trouve aussi que Vincent Kompany insiste trop sur des aspects qui ne sont pas une priorité à mes yeux. Il évoque toujours l’importance de trouver les espaces, le fond de jeu, au lieu de dire les choses telles qu’elles le sont vraiment. Je me pose également des questions sur ses changements, qui me semblent très stéréotypés. Ce sont toujours Zirkzee, Refaelov et Verschaeren qui sortent après une heure de jeu. Cela n’aide pas.
Justement Marc, si vous étiez à la place de Vincent Kompany, que feriez-vous pour remettre la machine en route après ces deux défaites ?
«Je prendrais surtout ce match contre Charleroi en exemple pour expliquer que peu importe l’adversaire, cette approche devrait être la même chaque week-end. Montrer des clips vidéo de la manière dont les Mauves ont pris les Zèbres à la gorge pour les cadenasser dans leur moitié de terrain et ont cherché à s’engouffrer directement dans les espaces une fois le ballon récupéré. Bref, j’aimerais voir un Anderlecht qui prend le match à bras le corps dès le coup d’envoi, qui joue un peu comme Liverpool l’a fait mercredi soir en Ligue des Champions contre Villareal. Toutes proportions gardées, évidemment (sourire). En résumé, presser haut et jouer vite vers l’avant.
Citation
J’ai joué six ans à Anderlecht et j’ai été quatre fois champion. Mais à l’époque, nous avions le sentiment de ne pas pouvoir nous permettre deux mauvaises prestations d’affilée
Vincent Kompany doit-il aussi se remettre en question ? Il paraît intouchable vu son passé de joueur, mais entre-temps, il vient de se faire mettre pour la troisième fois en boîte par Felice Mazzu cette saison ?
Il me semble en tout cas avoir encore pas mal de choses à apprendre en tant qu’entraîneur. Et il est clair qu’il sera, lui aussi, évalué à l’issue de ces playoffs. En ce qui me concerne, Anderlecht peut continuer avec lui, s’il s’avère qu’il progresse. Et ce sera nécessaire si le Sporting souhaite à nouveau remporter des trophées. Il a bien atteint la finale de la Coupe, mais ce ne doit être quelque part qu’un début. On devrait pouvoir s’attendre à ce que la saison prochaine, les Mauves redeviennent un candidat au titre.
Avez-vous aussi une explication au fait qu’Anderlecht n’a plus gagné le moindre match en playoffs 1 depuis le printemps 2019 ?
Pas vraiment. Il est évident que les moyens financiers ne sont plus les mêmes qu’à l’époque. Ce fut le commencement de la misère. Quand il n’y a pas d’argent, vous êtes un peu coincé. Mais si le Sporting prétend lui-même qu’il possède le meilleur noyau du pays, il doit être capable de faire mieux que cela. Et puis, il faut pouvoir gagner les matches au sommet. Je l’ai déjà souvent dit, mais Anderlecht réalise trop de partages en championnat. Or, quand on fait match nul, cela signifie aussi qu’on n’est pas loin de l’emporter. Cela se joue à un but. Et ce n’est pas toujours une question de tactique ou de classe, mais aussi de détermination, d’opiniâtreté. Là aussi, il y a matière à amélioration.
Et dire qu’à votre époque, le Sporting remportait un trophée chaque année ou presque…
Oui, je sais. J’ai joué six ans à Anderlecht (NdlR : de 1989 à 1995) et j’ai été quatre fois champion, deux fois deuxième, et remporté une fois la Coupe. Mais à l’époque, nous avions le sentiment de ne pas pouvoir nous permettre deux mauvaises prestations d’affilée. Sans quoi, il risquait d’y avoir le feu à la maison. Je sais que les circonstances sont aujourd’hui différentes, et c’est d’ailleurs toujours un peu l’échappatoire prise par Vincent Kompany, mais il y a également eu des matches que le Sporting n’a pas gagnés contre des équipes au budget largement inférieur au sien. Même l’Union, promu de Division 1B, n’a pas un budget supérieur à celui d’Anderlecht, mais réalise des prestations nettement meilleures. Il faut donc un peu arrêter avec cette excuse. À tous les niveaux du club, il y a du pain sur la planche.
Entre-temps, il n’y a plus que deux candidats au titre, malgré la division des points par deux, l’Union et le Club Bruges. Qui est le favori à vos yeux ?
En principe, ce devrait être Bruges. Toutefois, quand j’examine toutes les statistiques de la saison, c’est l’Union qui doit être favorite! Meilleure attaque, meilleure défense, plus grand nombre de victoires… Meilleur dans tout en fait. Mis à part une composante, le nombre de points pris à domicile. Là, les Unionistes ne figurent que quatrième ou cinquième avec 33 points sur 51. En revanche, ils ont pris 44 points sur 51 à l’extérieur, ce qui est incroyable. Il me semblerait dès lors logique qu’ils soient favoris. Simplement, Bruges a l’expérience des playoffs, un noyau plus étoffé. Je dis ça comme ça, imaginez que l’Union perde Undav, ce serait terminé pour elle. Tandis que du côté du Club, personne n’est irremplaçable, même pas Vanaken. Maintenant, on verra. Les journées 3 et 4 de ces playoffs seront décisives. Si Bruges passe en tête à l’issue de la quatrième journée, il sera champion.”
Citation
L’Union me fait penser au FC Malines des années 80. Un groupe de joueurs qui n’avaient pas réussi à s’imposer dans un grand club et un bon entraîneur, Aad de Mos, qui s’appuyait sur ce sentiment de revanche
Marc Degryse
De nombreux observateurs disent que l’Union va finir par craquer. Et vous ?
“En toute honnêteté, je le pense également. Mais je crois que cela sera serré jusqu’au bout. Avec les trois points d’avance que l’Union possède sur Bruges, je ne pense pas que les choses seront déjà pliées après la double confrontation entre les deux équipes. Je ne suis pas convaincu que le Club prendra déjà le dessus à ce moment-là, mais qu’il faudra attendre la dernière journée pour connaître la décision.
Quelle est la clé du succès de l’Union cette saison ?
C’est exceptionnel! J’ai interviewé Dante Vanzeir avant le début de ces Playoffs et il m’a dit que Felice Mazzu était la personne la plus importante. Je voudrais moi aussi l’associer à ce succès, car il en est effectivement l’architecte. La majorité de l’équipe, il y a certes eu l’une ou l’autre arrivée comme Nieuwkoop, a été championne en D1B et Mazzu a réussi à créer une mentalité familiale où tout le monde est prêt à se dépasser pour le partenaire. Et cet ensemble, ce collectif a tiré tout le monde vers le haut. Il y a une vraie cohésion, avec des joueurs revanchards, et cela me fait penser au FC Malines des années 80. C’était aussi un groupe de joueurs qui n’avaient pas réussi à s’imposer dans un grand club, ou dans le cas de Preud’homme avait quitté le Standard suite à l’affaire de corruption avec Waterschei, avec un président ambitieux (NdlR : John Cordier) et un bon entraîneur, Aad de Mos, qui s’appuyait également sur ce sentiment de revanche. Et ils ont décroché de très beaux succès. C’est vraiment comparable.
La pression, en tout cas, est bien sur Bruges, n’est-ce pas ? Un troisième titre consécutif doit sauver sa saison, qui serait décevante avec cette défaite contre Leipzig en Ligue des Champions et l’élimination en demi-finale de la Coupe contre La Gantoise ?
Oui. Tout à fait. J’ai aussi parlé à Simon Mignolet la semaine dernière, et il m’a dit clairement ‘ Si nous ne sommes pas champion, notre saison sera un échec. ’ Tel est l’état d’esprit dans lequel les Brugeois figurent et je trouve cela personnellement très bien. Ils mettent la barre haut et c’est ainsi qu’on arrive le plus loin. Le titre est un must pour le Club et il n’est pas question de se chercher des excuses.
Qu’est-ce qui fait la force de Bruges ?
C’est un ensemble de facteurs. Bruges a un noyau étoffé, de la stabilité, avec des joueurs comme Vanaken, Vormer, Rits, Mignolet aussi, qui sont là depuis longtemps, une très bonne structure et des moyens financiers. Le recrutement à l’inter-saison n’avait pas été une réussite, mais le Club a corrigé le tir durant le mercato hivernal avec les arrivées de Buchanan, Skov-Olsen, Adamyan, Odoi, des éléments qui, en quelques mois, ont déjà eu un impact sur les prestations. Bruges vient ainsi d’aligner une série de neuf victoires consécutives en championnat. Ce fut une saison difficile, mais les moyens lui ont permis de se remettre en selle. Les joueurs sont en confiance et avec deux titres remportés d’affilée, ils ont l’expérience des playoffs, ce qui joue en leur faveur.
Quel est le joueur brugeois qui vous impressionne le plus?
Je dirais tout de même à nouveau Vanaken, de par sa régularité et sa percée chez les Diables Rouges. Cela a mis du temps, mais il s’est vraiment imposé désormais. Il ne faut pas oublier que lors du dernier Euro, il n’avait quasi pas joué, une minute je pense. Dans le cadre des éliminatoires pour la Coupe du Monde au Qatar, il a pu disputer quelques matches et il a été brillant, marquant à plusieurs reprises, tout comme en Ligue des Champions avec Bruges. Et en fin de compte, il est bel et bien le catalyseur, le chef d’orchestre du Club. Quand Vanaken joue bien, vous pouvez être sûr que Bruges va gagner. Mais quand il n’est pas bien dans le match, comme dimanche passé contre l’Antwerp, c’est plus difficile.
Et quel est le joueur du championnat qui vous a le plus épaté?
Undav. Sans discussion. Il est le meilleur buteur évidemment (NdlR : 25 buts), mais pas seulement. Il est aussi important de par les assists qu’il peut délivrer (NdlR : 12), en tant que point d’ancrage pour ses partenaires et il a du métier dans les duels, où il utilise bien son corps pour protéger le ballon. Je dois l’avouer, je ne le connaissais pas du tout, vu qu’il jouait en D1B, mais chapeau ! Il est le joueur de l’année pour moi, devant Tissoudali.
Dernière question, Marc. Quel est votre pronostic pour le ‘Topper’ de ce dimanche ?
J’ai dit que je ne voyais pas Anderlecht, mais que je m’attends néanmoins à un match difficile pour Bruges. Bref, 1-1, un truc dans le genre. Ce n’est pas que je ne veux pas choisir (sourire), mais c’est mon sentiment.
[4]Départ d’Anderlecht et nouveau défi en Premier League? La mise au point de Kompany
[5]Les stats impressionnantes d’Undav: l’attaquant de l’Union fait mieux... que Mbappé et Benzema
[1] https://www.7sur7.be/football-belge/cite-en-premier-league-kompany-va-t-il-deja-quitter-anderlecht~aa81e34e/
[2] https://www.7sur7.be/football-belge/depart-danderlecht-et-nouveau-defi-en-premier-league-la-mise-au-point-de-kompany~a51a86e9/
[3] https://www.7sur7.be/football-belge/les-stats-impressionnantes-dundav-l-attaquant-de-lunion-fait-mieux-que-mbappe-et-benzema~a3fe6b4d/
[4] https://www.7sur7.be/football-belge/depart-danderlecht-et-nouveau-defi-en-premier-league-la-mise-au-point-de-kompany~a51a86e9/
[5] https://www.7sur7.be/football-belge/les-stats-impressionnantes-dundav-l-attaquant-de-lunion-fait-mieux-que-mbappe-et-benzema~a3fe6b4d/
Marc, à quoi peut-on s’attendre dimanche soir dans ce ‘Topper’ entre Anderlecht et le Club de Bruges ?
Je ne sais pas si on peut encore considérer ce match comme un Topper (sourire). Il faudrait plutôt parler d’un Classique, car après la première journée de ces Playoffs, il n’y a plus que Bruges, avec l’Union, qui jouera les premiers rôles. Anderlecht ne peut plus espérer que la troisième place. Cela dit, Anderlecht – Bruges, cela reste un match de prestige, pour l’honneur, pour être la meilleure équipe du pays à ce moment-là. Et le passé récent a montré que les deux équipes se tenaient de près. Cette saison, le Sporting et le Club ont partagé l’enjeu à deux reprises en championnat. Et ce fut également le cas lors des playoffs l’an dernier. Simplement, avec Anderlecht, on ne sait pas à quoi s’attendre à l’heure actuelle. Le Sporting sera sous pression, car les supporters ne vont plus tolérer longtemps le genre de prestation faible comme en finale de la Coupe et dimanche passé à l’Union. Mais Bruges ne peut plus se permettre de faux pas également. Le Club partira favori, mais je m’attends néanmoins à un match difficile pour lui.
Lire aussi
(3)
[1]
Cité en Premier League, Kompany va-t-il (déjà) quitter Anderlecht?
[2]
Départ d’Anderlecht et nouveau défi en Premier League? La mise au point de Kompany
[3]
Les stats impressionnantes d’Undav: l'attaquant de l’Union fait mieux... que Mbappé et Benzema
Citation
Il y a un manque de qualité à Anderlecht
Marc Degryse
Le Sporting sera-t-il justement capable de rebondir après les deux claques reçues contre la Gantoise et l’Union ?
Qu’entend-on par rebondir ? Si vous me demandez si Anderlecht va battre Bruges, je ne le crois pas. Peut-il arracher un partage ? Oui, c’est possible. Ce qui m’intéresse surtout, c’est de voir si les Mauves seront en mesure de livrer une bonne prestation. Pratiquer un bon football pendant 80 des 90 minutes par exemple. Le Sporting est évidemment capable de gagner, mais il doit surtout livrer un match acceptable pour le public. Je me répète, les supporters ne vont plus endurer cela très longtemps. Et ils ont déjà fait preuve de beaucoup de patience. On peut perdre un match, ou deux, mais à un moment donné, il faut apporter la confirmation que l’on progresse, aussi sur le plan de la mentalité. Je suis dès lors avant tout curieux de veux surtout voir comment Anderlecht va se profiler. »
Qu’est-ce qui manque le plus à Anderlecht à l’heure actuelle ?
Il est assez facile de noter qu’il y a un manque de qualité à Anderlecht. Ce sont tous des joueurs avec du potentiel, mais qui, soit en raison de leur âge ou d’un manque d’expérience ne sont pas encore au top niveau. Ou qui, et là je parle des transferts ou des prêts, ne sont pas d’un niveau tel qu’ils sont capables de rendre leurs équipiers meilleurs. Je pense par exemple à l’entrejeu. Olsson, Cullen…, c’est correct, mais sans plus. Ils peuvent être heureux de jouer pour Anderlecht, mais ne correspondent pas à la norme qu’un club comme le Sporting doit appliquer. Ashimeru et Verschaeren traînent des petits bobos. Zirkzee a un potentiel énorme, mais il est très nonchalant et dès lors trop peu efficace. Et derrière, il y a quelques fers à repasser. Cela s’était déjà vu en première mi-temps à Courtrai lors du dernier match de la phase classique. Hoedt joue sur ses acquis, mais est lent. Magallan est limité à la relance et Murillo trop mou dans les duels. Bref, dans toutes les pièces du puzzle, il manque quelque chose.”
Qu’est-ce qui vous déçoit le plus dans le chef du Sporting ?
Le manque de joueurs de classe intrinsèque qui, par leur talent, peuvent faire basculer un match. Mais aussi l’attitude. Que ce soit à Courtrai, en finale de la Coupe et à l’Union, Anderlecht a chaque fois très mal commencé le match. Les joueurs étaient mous, il n’y avait pas de pressing vers l’avant. Cela a été fait à une reprise, il y a un mois, contre Charleroi et les Mauves avaient disputé un excellent match. Et je trouve aussi que Vincent Kompany insiste trop sur des aspects qui ne sont pas une priorité à mes yeux. Il évoque toujours l’importance de trouver les espaces, le fond de jeu, au lieu de dire les choses telles qu’elles le sont vraiment. Je me pose également des questions sur ses changements, qui me semblent très stéréotypés. Ce sont toujours Zirkzee, Refaelov et Verschaeren qui sortent après une heure de jeu. Cela n’aide pas.
Justement Marc, si vous étiez à la place de Vincent Kompany, que feriez-vous pour remettre la machine en route après ces deux défaites ?
«Je prendrais surtout ce match contre Charleroi en exemple pour expliquer que peu importe l’adversaire, cette approche devrait être la même chaque week-end. Montrer des clips vidéo de la manière dont les Mauves ont pris les Zèbres à la gorge pour les cadenasser dans leur moitié de terrain et ont cherché à s’engouffrer directement dans les espaces une fois le ballon récupéré. Bref, j’aimerais voir un Anderlecht qui prend le match à bras le corps dès le coup d’envoi, qui joue un peu comme Liverpool l’a fait mercredi soir en Ligue des Champions contre Villareal. Toutes proportions gardées, évidemment (sourire). En résumé, presser haut et jouer vite vers l’avant.
Citation
J’ai joué six ans à Anderlecht et j’ai été quatre fois champion. Mais à l’époque, nous avions le sentiment de ne pas pouvoir nous permettre deux mauvaises prestations d’affilée
Vincent Kompany doit-il aussi se remettre en question ? Il paraît intouchable vu son passé de joueur, mais entre-temps, il vient de se faire mettre pour la troisième fois en boîte par Felice Mazzu cette saison ?
Il me semble en tout cas avoir encore pas mal de choses à apprendre en tant qu’entraîneur. Et il est clair qu’il sera, lui aussi, évalué à l’issue de ces playoffs. En ce qui me concerne, Anderlecht peut continuer avec lui, s’il s’avère qu’il progresse. Et ce sera nécessaire si le Sporting souhaite à nouveau remporter des trophées. Il a bien atteint la finale de la Coupe, mais ce ne doit être quelque part qu’un début. On devrait pouvoir s’attendre à ce que la saison prochaine, les Mauves redeviennent un candidat au titre.
Avez-vous aussi une explication au fait qu’Anderlecht n’a plus gagné le moindre match en playoffs 1 depuis le printemps 2019 ?
Pas vraiment. Il est évident que les moyens financiers ne sont plus les mêmes qu’à l’époque. Ce fut le commencement de la misère. Quand il n’y a pas d’argent, vous êtes un peu coincé. Mais si le Sporting prétend lui-même qu’il possède le meilleur noyau du pays, il doit être capable de faire mieux que cela. Et puis, il faut pouvoir gagner les matches au sommet. Je l’ai déjà souvent dit, mais Anderlecht réalise trop de partages en championnat. Or, quand on fait match nul, cela signifie aussi qu’on n’est pas loin de l’emporter. Cela se joue à un but. Et ce n’est pas toujours une question de tactique ou de classe, mais aussi de détermination, d’opiniâtreté. Là aussi, il y a matière à amélioration.
Et dire qu’à votre époque, le Sporting remportait un trophée chaque année ou presque…
Oui, je sais. J’ai joué six ans à Anderlecht (NdlR : de 1989 à 1995) et j’ai été quatre fois champion, deux fois deuxième, et remporté une fois la Coupe. Mais à l’époque, nous avions le sentiment de ne pas pouvoir nous permettre deux mauvaises prestations d’affilée. Sans quoi, il risquait d’y avoir le feu à la maison. Je sais que les circonstances sont aujourd’hui différentes, et c’est d’ailleurs toujours un peu l’échappatoire prise par Vincent Kompany, mais il y a également eu des matches que le Sporting n’a pas gagnés contre des équipes au budget largement inférieur au sien. Même l’Union, promu de Division 1B, n’a pas un budget supérieur à celui d’Anderlecht, mais réalise des prestations nettement meilleures. Il faut donc un peu arrêter avec cette excuse. À tous les niveaux du club, il y a du pain sur la planche.
Entre-temps, il n’y a plus que deux candidats au titre, malgré la division des points par deux, l’Union et le Club Bruges. Qui est le favori à vos yeux ?
En principe, ce devrait être Bruges. Toutefois, quand j’examine toutes les statistiques de la saison, c’est l’Union qui doit être favorite! Meilleure attaque, meilleure défense, plus grand nombre de victoires… Meilleur dans tout en fait. Mis à part une composante, le nombre de points pris à domicile. Là, les Unionistes ne figurent que quatrième ou cinquième avec 33 points sur 51. En revanche, ils ont pris 44 points sur 51 à l’extérieur, ce qui est incroyable. Il me semblerait dès lors logique qu’ils soient favoris. Simplement, Bruges a l’expérience des playoffs, un noyau plus étoffé. Je dis ça comme ça, imaginez que l’Union perde Undav, ce serait terminé pour elle. Tandis que du côté du Club, personne n’est irremplaçable, même pas Vanaken. Maintenant, on verra. Les journées 3 et 4 de ces playoffs seront décisives. Si Bruges passe en tête à l’issue de la quatrième journée, il sera champion.”
Citation
L’Union me fait penser au FC Malines des années 80. Un groupe de joueurs qui n’avaient pas réussi à s’imposer dans un grand club et un bon entraîneur, Aad de Mos, qui s’appuyait sur ce sentiment de revanche
Marc Degryse
De nombreux observateurs disent que l’Union va finir par craquer. Et vous ?
“En toute honnêteté, je le pense également. Mais je crois que cela sera serré jusqu’au bout. Avec les trois points d’avance que l’Union possède sur Bruges, je ne pense pas que les choses seront déjà pliées après la double confrontation entre les deux équipes. Je ne suis pas convaincu que le Club prendra déjà le dessus à ce moment-là, mais qu’il faudra attendre la dernière journée pour connaître la décision.
Quelle est la clé du succès de l’Union cette saison ?
C’est exceptionnel! J’ai interviewé Dante Vanzeir avant le début de ces Playoffs et il m’a dit que Felice Mazzu était la personne la plus importante. Je voudrais moi aussi l’associer à ce succès, car il en est effectivement l’architecte. La majorité de l’équipe, il y a certes eu l’une ou l’autre arrivée comme Nieuwkoop, a été championne en D1B et Mazzu a réussi à créer une mentalité familiale où tout le monde est prêt à se dépasser pour le partenaire. Et cet ensemble, ce collectif a tiré tout le monde vers le haut. Il y a une vraie cohésion, avec des joueurs revanchards, et cela me fait penser au FC Malines des années 80. C’était aussi un groupe de joueurs qui n’avaient pas réussi à s’imposer dans un grand club, ou dans le cas de Preud’homme avait quitté le Standard suite à l’affaire de corruption avec Waterschei, avec un président ambitieux (NdlR : John Cordier) et un bon entraîneur, Aad de Mos, qui s’appuyait également sur ce sentiment de revanche. Et ils ont décroché de très beaux succès. C’est vraiment comparable.
La pression, en tout cas, est bien sur Bruges, n’est-ce pas ? Un troisième titre consécutif doit sauver sa saison, qui serait décevante avec cette défaite contre Leipzig en Ligue des Champions et l’élimination en demi-finale de la Coupe contre La Gantoise ?
Oui. Tout à fait. J’ai aussi parlé à Simon Mignolet la semaine dernière, et il m’a dit clairement ‘ Si nous ne sommes pas champion, notre saison sera un échec. ’ Tel est l’état d’esprit dans lequel les Brugeois figurent et je trouve cela personnellement très bien. Ils mettent la barre haut et c’est ainsi qu’on arrive le plus loin. Le titre est un must pour le Club et il n’est pas question de se chercher des excuses.
Qu’est-ce qui fait la force de Bruges ?
C’est un ensemble de facteurs. Bruges a un noyau étoffé, de la stabilité, avec des joueurs comme Vanaken, Vormer, Rits, Mignolet aussi, qui sont là depuis longtemps, une très bonne structure et des moyens financiers. Le recrutement à l’inter-saison n’avait pas été une réussite, mais le Club a corrigé le tir durant le mercato hivernal avec les arrivées de Buchanan, Skov-Olsen, Adamyan, Odoi, des éléments qui, en quelques mois, ont déjà eu un impact sur les prestations. Bruges vient ainsi d’aligner une série de neuf victoires consécutives en championnat. Ce fut une saison difficile, mais les moyens lui ont permis de se remettre en selle. Les joueurs sont en confiance et avec deux titres remportés d’affilée, ils ont l’expérience des playoffs, ce qui joue en leur faveur.
Quel est le joueur brugeois qui vous impressionne le plus?
Je dirais tout de même à nouveau Vanaken, de par sa régularité et sa percée chez les Diables Rouges. Cela a mis du temps, mais il s’est vraiment imposé désormais. Il ne faut pas oublier que lors du dernier Euro, il n’avait quasi pas joué, une minute je pense. Dans le cadre des éliminatoires pour la Coupe du Monde au Qatar, il a pu disputer quelques matches et il a été brillant, marquant à plusieurs reprises, tout comme en Ligue des Champions avec Bruges. Et en fin de compte, il est bel et bien le catalyseur, le chef d’orchestre du Club. Quand Vanaken joue bien, vous pouvez être sûr que Bruges va gagner. Mais quand il n’est pas bien dans le match, comme dimanche passé contre l’Antwerp, c’est plus difficile.
Et quel est le joueur du championnat qui vous a le plus épaté?
Undav. Sans discussion. Il est le meilleur buteur évidemment (NdlR : 25 buts), mais pas seulement. Il est aussi important de par les assists qu’il peut délivrer (NdlR : 12), en tant que point d’ancrage pour ses partenaires et il a du métier dans les duels, où il utilise bien son corps pour protéger le ballon. Je dois l’avouer, je ne le connaissais pas du tout, vu qu’il jouait en D1B, mais chapeau ! Il est le joueur de l’année pour moi, devant Tissoudali.
Dernière question, Marc. Quel est votre pronostic pour le ‘Topper’ de ce dimanche ?
J’ai dit que je ne voyais pas Anderlecht, mais que je m’attends néanmoins à un match difficile pour Bruges. Bref, 1-1, un truc dans le genre. Ce n’est pas que je ne veux pas choisir (sourire), mais c’est mon sentiment.
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[4]Départ d’Anderlecht et nouveau défi en Premier League? La mise au point de Kompany
[5]Les stats impressionnantes d’Undav: l’attaquant de l’Union fait mieux... que Mbappé et Benzema
[1] https://www.7sur7.be/football-belge/cite-en-premier-league-kompany-va-t-il-deja-quitter-anderlecht~aa81e34e/
[2] https://www.7sur7.be/football-belge/depart-danderlecht-et-nouveau-defi-en-premier-league-la-mise-au-point-de-kompany~a51a86e9/
[3] https://www.7sur7.be/football-belge/les-stats-impressionnantes-dundav-l-attaquant-de-lunion-fait-mieux-que-mbappe-et-benzema~a3fe6b4d/
[4] https://www.7sur7.be/football-belge/depart-danderlecht-et-nouveau-defi-en-premier-league-la-mise-au-point-de-kompany~a51a86e9/
[5] https://www.7sur7.be/football-belge/les-stats-impressionnantes-dundav-l-attaquant-de-lunion-fait-mieux-que-mbappe-et-benzema~a3fe6b4d/