Les mannequins de réanimation avec de seins pourront sauver plus de vies: “Des femmes meurent à cause de la gêne”
(2022-04-29_12-34-00 (HLN))
- Reference: 2022-04-29_12-34-00_les-mannequins-de-reanimation-avec-de-se
- News link: https://www.7sur7.be/sante/les-mannequins-de-reanimation-avec-de-seins-pourront-sauver-plus-de-vies-des-femmes-meurent-a-cause-de-la-gene~a9148dba/
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Toute personne s’inscrivant à un cours de RCP (réanimation cardio-pulmonaire) se voit invariablement présenter un torse masculin sur lequel pratiquer la technique. Du moins, c’était le cas jusqu’à présent. Car depuis quelques mois, les élèves de la formatrice néeralandaise Marjolijn Rodenburg ont également pour mission de sauver des mannequins de réanimation disposant de seins. C’est une véritable avancée pour les chances de survie des femmes, pour laquelle Rodenburg reçoit de nombreux éloges.
“Les Annies ont été les premières poupées de réanimation”, explique Marjolijn Rodenburg, infirmière spécialisée dans les maladies cardiaques et fondatrice de sa propre société “Reanimeren kun je leren” (“Apprendre le RCP”). “Mais elles ont vite été remplacées, car la poupée était beaucoup trop lourde.” Un torse masculin plus léger a pris sa place et est toujours la norme à ce jour.
Mais pas dans les cours de Mme Rodenburg, où, depuis quelques semaines, elle laisse ses élèves s’exercer sur des torses avec des seins depuis. Lorsque l’infirmière a découvert qu’il était possible de commander des seins amovibles qui transforment le torse masculin en un spécimen féminin, elle a immédiatement sauté sur l’occasion. “Les chiffres montrent que les femmes victimes d’un arrêt cardiaque en dehors de l’hôpital sont bien moins souvent réanimées que les hommes. Il faut que cela change.”
Rodenburg explique pourquoi, dans la vie quotidienne, certaines personnes sont moins enclins à venir en aide aux femmes, dans ce genre de situation. “Avec les femmes, il suffit de mettre les mains au même endroit qu’avec les hommes quand on commence le RCP, sauf qu’il se trouve que c’est entre les seins. Pour de nombreuses personnes, cette zone ne doit pas être touchée en raison du caractère intime de la chose. Il s’avère que beaucoup n’osent tout simplement pas, et s’abstiennent de réanimer.”
Et cela se fait directement au détriment des chances de survie de la femme. “C’est pourquoi il est extrêmement important de commencer à pratiquer avec des poupées de réanimation avec des seins, afin que les étudiants s’y habituent et que la honte disparaisse.”
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Image d’illustration. © Getty Images/Image Source
L’action supplémentaire consistant à dégrafer le soutien-gorge peut également être mieux pratiquée sur les nouvelles poupées, explique Mme Rodenburg. “Pendant le cours, on apprend qu’il faut dégrafer le soutien-gorge de la femme quand on fixe les électrodes de l’appareil de DAE (défibrillateur automatisé externe). Il faut une peau nue et l’agrafe métallique du soutien-gorge est dangereuse.” Cette partie-là aussi - dégrafer et enlever le soutien-gorge - peut provoquer de la gêne chez certaines personnes. “Mais c’est nécessaire, donc, là aussi, il est important de s’exercer sur un mannequin qui a des seins.”
En même temps, les seins amovibles mettent en évidence les différences médicales entre les hommes et les femmes, explique Rodenburg. “Il est maintenant largement connu que l’homme est toujours pris comme la norme médicale. En conséquence, de nombreuses douleurs de femmes ne sont pas reconnues. Par exemple, les symptômes d’une crise cardiaque chez les femmes (douleurs au cou et à la mâchoire, vomissements, douleurs abdominales, fatigue, essoufflement, etc.) sont différents de ceux des hommes, ce que beaucoup ignorent.”
“De plus, les passants soupçonnent plus rapidement un évanouissement chez les femmes au lieu de penser à un problème cardiaque”, poursuit l’infirmière. “En pratiquant avec des poupées masculines et féminines, les différences entre les hommes et les femmes sont mises en évidence sous toutes leurs facettes. De cette façon, nous encourageons le dialogue.”
En partageant l’information de l’existence de mannequins de réanimation sur sa page LinkedIn, l’infirmière espère que sa publication inspirera d’autres centres de formation, qui se procureront également ces seins amovibles.
Citation
Tout le monde se demande pourquoi nous n’avions pas pratiqué cela avant. J’ai le sentiment que la gêne disparaîtra bientôt. Marjolijn Rodenburg
Après qu’elle a posté son message, Rodenburg a bien failli faire tomber de sa chaise. Sa publication a dépassé la barre des dix mille réactions en a peine une semaine. Des centaines de personnes l’ont commenté et repartagé. “J’étais vraiment choquée. Je l’avais également partagé sur Facebook, mais sur LinkedIn, ça a beaucoup attiré l’attention. Je pense que c’est une sorte de révélation pour les gens.”
Ces mannequins ne sont pas seulement un succès sur la plateforme en ligne. Mme Rodenburg constate également de l’enthousiasme dans ses classes, où les premières leçons avec les poupées féminines ont déjà eu lieu. “Tout le monde se demande pourquoi nous n’avions pas pratiqué cela avant. La majorité est enthousiaste et apprécie la démarche. J’ai le sentiment que la gêne disparaîtra bientôt.”
“Pour le moment, nous n’utilisons pas encore de mannequins de réanimation féminins dans les cours de formation dispensés par la Croix-Rouge”, déclare Joachim Deman, porte-parole. “Mais nous examinons si nous pouvons les utiliser et comment. Nous réfléchissons à différentes solutions. Une solution consiste à acheter des mannequins féminins. Une autre option est de mettre un gilet sur les mannequins masculins qui leur donne des seins.”
La Croix-Rouge a-t-elle constaté, comme le dit Marjolijn Rodenburg plus haut, qu’il était plus difficile de réanimer les femmes? “D’après ma propre expérience, je n’ai jamais eu de problèmes à ce sujet”, déclare Patrick De Smedt, formateur en secourisme. “J’ai travaillé pendant des années dans le domaine des secours en cas de catastrophe et je n’ai jamais vu de difficultés à réanimer les femmes. Lorsque l’on réanime une femme allongée et que l’on retire le soutien-gorge, les seins se déplacent automatiquement sur le côté. Nous plaçons ensuite toujours nos mains de la même manière sur le milieu du sternum.”
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“Les Annies ont été les premières poupées de réanimation”, explique Marjolijn Rodenburg, infirmière spécialisée dans les maladies cardiaques et fondatrice de sa propre société “Reanimeren kun je leren” (“Apprendre le RCP”). “Mais elles ont vite été remplacées, car la poupée était beaucoup trop lourde.” Un torse masculin plus léger a pris sa place et est toujours la norme à ce jour.
Mais pas dans les cours de Mme Rodenburg, où, depuis quelques semaines, elle laisse ses élèves s’exercer sur des torses avec des seins depuis. Lorsque l’infirmière a découvert qu’il était possible de commander des seins amovibles qui transforment le torse masculin en un spécimen féminin, elle a immédiatement sauté sur l’occasion. “Les chiffres montrent que les femmes victimes d’un arrêt cardiaque en dehors de l’hôpital sont bien moins souvent réanimées que les hommes. Il faut que cela change.”
Entre les seins
Rodenburg explique pourquoi, dans la vie quotidienne, certaines personnes sont moins enclins à venir en aide aux femmes, dans ce genre de situation. “Avec les femmes, il suffit de mettre les mains au même endroit qu’avec les hommes quand on commence le RCP, sauf qu’il se trouve que c’est entre les seins. Pour de nombreuses personnes, cette zone ne doit pas être touchée en raison du caractère intime de la chose. Il s’avère que beaucoup n’osent tout simplement pas, et s’abstiennent de réanimer.”
Et cela se fait directement au détriment des chances de survie de la femme. “C’est pourquoi il est extrêmement important de commencer à pratiquer avec des poupées de réanimation avec des seins, afin que les étudiants s’y habituent et que la honte disparaisse.”
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Image d’illustration. © Getty Images/Image Source
L’action supplémentaire consistant à dégrafer le soutien-gorge peut également être mieux pratiquée sur les nouvelles poupées, explique Mme Rodenburg. “Pendant le cours, on apprend qu’il faut dégrafer le soutien-gorge de la femme quand on fixe les électrodes de l’appareil de DAE (défibrillateur automatisé externe). Il faut une peau nue et l’agrafe métallique du soutien-gorge est dangereuse.” Cette partie-là aussi - dégrafer et enlever le soutien-gorge - peut provoquer de la gêne chez certaines personnes. “Mais c’est nécessaire, donc, là aussi, il est important de s’exercer sur un mannequin qui a des seins.”
Standards masculins
En même temps, les seins amovibles mettent en évidence les différences médicales entre les hommes et les femmes, explique Rodenburg. “Il est maintenant largement connu que l’homme est toujours pris comme la norme médicale. En conséquence, de nombreuses douleurs de femmes ne sont pas reconnues. Par exemple, les symptômes d’une crise cardiaque chez les femmes (douleurs au cou et à la mâchoire, vomissements, douleurs abdominales, fatigue, essoufflement, etc.) sont différents de ceux des hommes, ce que beaucoup ignorent.”
“De plus, les passants soupçonnent plus rapidement un évanouissement chez les femmes au lieu de penser à un problème cardiaque”, poursuit l’infirmière. “En pratiquant avec des poupées masculines et féminines, les différences entre les hommes et les femmes sont mises en évidence sous toutes leurs facettes. De cette façon, nous encourageons le dialogue.”
Ouvrir les yeux
En partageant l’information de l’existence de mannequins de réanimation sur sa page LinkedIn, l’infirmière espère que sa publication inspirera d’autres centres de formation, qui se procureront également ces seins amovibles.
Citation
Tout le monde se demande pourquoi nous n’avions pas pratiqué cela avant. J’ai le sentiment que la gêne disparaîtra bientôt. Marjolijn Rodenburg
Après qu’elle a posté son message, Rodenburg a bien failli faire tomber de sa chaise. Sa publication a dépassé la barre des dix mille réactions en a peine une semaine. Des centaines de personnes l’ont commenté et repartagé. “J’étais vraiment choquée. Je l’avais également partagé sur Facebook, mais sur LinkedIn, ça a beaucoup attiré l’attention. Je pense que c’est une sorte de révélation pour les gens.”
Ces mannequins ne sont pas seulement un succès sur la plateforme en ligne. Mme Rodenburg constate également de l’enthousiasme dans ses classes, où les premières leçons avec les poupées féminines ont déjà eu lieu. “Tout le monde se demande pourquoi nous n’avions pas pratiqué cela avant. La majorité est enthousiaste et apprécie la démarche. J’ai le sentiment que la gêne disparaîtra bientôt.”
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“Pour le moment, nous n’utilisons pas encore de mannequins de réanimation féminins dans les cours de formation dispensés par la Croix-Rouge”, déclare Joachim Deman, porte-parole. “Mais nous examinons si nous pouvons les utiliser et comment. Nous réfléchissons à différentes solutions. Une solution consiste à acheter des mannequins féminins. Une autre option est de mettre un gilet sur les mannequins masculins qui leur donne des seins.”
La Croix-Rouge a-t-elle constaté, comme le dit Marjolijn Rodenburg plus haut, qu’il était plus difficile de réanimer les femmes? “D’après ma propre expérience, je n’ai jamais eu de problèmes à ce sujet”, déclare Patrick De Smedt, formateur en secourisme. “J’ai travaillé pendant des années dans le domaine des secours en cas de catastrophe et je n’ai jamais vu de difficultés à réanimer les femmes. Lorsque l’on réanime une femme allongée et que l’on retire le soutien-gorge, les seins se déplacent automatiquement sur le côté. Nous plaçons ensuite toujours nos mains de la même manière sur le milieu du sternum.”
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