La journaliste de la RTBF, choisie pour interviewer Angela Davis, a dû être placée sous protection policière lors de la conférence organisée au Théâtre national, à Bruxelles.

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[1]Angela Davis , essayiste et icône des droits civiques aux États-Unis, était de passage à Bruxelles ce lundi 25 avril. Elle a notamment été reçue au Théâtre national pour débattre avec de jeunes militants et diverses associations. Safia Kessas, journaliste belgo-algérienne de la RTBF, avait été choisie pour animer les débats. Or, une polémique relative à ses origines, désapprouvée par Angela Davis elle-même, a éclaté sur les réseaux sociaux quelques jours avant la rencontre. L’interlocutrice y était en effet jugée... trop blanche pour s’entretenir avec la figure historique des mouvements féministes et anti-racistes, relatent le magazine Marianne et Le Soir.

“Crachat au visage”

[2]Ainsi, une tribune hostile à son encontre a été partagée sur Facebook, sous la forme d’une “carte blanche” . Elle s’intitule: “Safia Kessas en conversation avec Angela Davis? Le nouveau crachat au visage des militant.e.s Noir.e.s”. Morceaux choisis: “En tant que militant.e.s Noir.e.s et queer, nous nous interrogeons fortement sur le choix de Safia Kessas pour entretenir une conversation avec Angela Davis. Effectivement, Angela Davis a oeuvré et oeuvre tous les jours encore pour la libération des personnes Noires et contre la négrophobie ambiante au sein de l’Occident. Pourquoi donc avoir choisi une personne non-Noire pour dialogue avec elle?”, dénonce le collectif. “Ne sommes-nous pas les mieux placés pour discuter de la libération des peuples Noirs de la domination blanche et capitaliste?”, ajoute-t-il (suite ci-dessous).

Accusations de “négrophobie”

La "carte blanche” pointe en outre la “négrophobie” présumée de la modératrice, accusée par les quelques signataires d’avoir “porté plainte contre des militants noirs bruxellois”: “Nous en avons assez que nos oppresseurs prennent notre place dans des endroits qui devraient nous être réservés (...) Nous ne resterons pas silencieux face aux comportements négrophobes de personnes qui prétendent être nos alliés”, avertit encore le collectif. Une “menace” prise au sérieux par la police, notamment en raison de la nature des nombreux commentaires hostiles publiés dans la foulée: une protection policière a en effet été assurée durant la conférence au Théâtre national.

Réaction d’Angela Davis

Angela Davis elle-même a dû se résoudre à souligner qu’elle ne s’était nullement opposée à la désignation de son interlocutrice et a réagi à la polémique. Pour la militante, la question du choix d’une personnalité blanche pour animer le débat avec une afro-américaine est une “mauvaise question”: “Le focus sur les identités entraîne des raccourcis”. Elle qualifie en outre la “cancel culture” de “perturbante”.

Réaction de l’AJP

“L’Association des journalistes professionnels (AJP) a pris connaissance d’une campagne sur les réseaux sociaux visant à intimider la journaliste S. Kessas et les organisateurs ainsi que le lieu accueillant l’événement ‘Dialogue avec Angela Davis’. Les accusations de négrophobie à l’égard de Safia Kessas et l’exigence que soit procédé à son remplacement constituent une tentative de décourager la journaliste d’exercer son métier. L’AJP sera attentive aux suites judiciaires de ce dossier et rappelle qu’aucune intimidation de journaliste venant de quiconque n’est acceptable”, [3]a déclaré l’AJP sur Facebook .

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Angela Davis a a été reçue ce 25 avril au Théâtre national de Bruxelles pour débattre avec de jeunes militants et associations © BELGA



[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Angela_Davis

[2] https://www.facebook.com/photo/?fbid=2277210135769796&set=pcb.2277210215769788

[3] https://www.facebook.com/AJP.Association.des.journalistes.professionnels/posts/1907156052806874