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  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

Tabassé presque à mort, Guillaume garde des séquelles irréversibles: sa maman réclame justice

(2022-04-23_09-00-00)


Le 26 mars 2021, Guillaume, 22 ans, a été tabassé par un groupe de jeunes, près du parc de la Boverie, à Liège. De cette agression, le jeune Romséen garde d'importantes séquelles. Pendant que lui se bat pour retrouver une vie normale, ses agresseurs, mineurs au moment des faits, sont libres. Une situation qui dégoûte Sabine, la mère de Guillaume. Elle se bat aujourd'hui pour que son fils soit reconnu comme victime et que les jeunes qui s’en sont pris à lui soient punis.

Le 26 mars 2021, la vie de Guillaume, 22 ans, a basculé. Ce jour-là, pas un nuage. Le soleil baignait Liège de ses rayons. Des centaines de jeunes s’étaient rassemblés dans les parcs de la Cité Ardentes et aux abords de la Meuse, comme pour faire un pied aux mesures Covid alors en place. Car, pour rappel, à l’époque, les bars étaient fermés et il n’était même pas encore question d’ouvrir les terrasses ou d’imposer un couvre-feu. Guillaume profitait d’un jour de congé avec ses amis, sur le boulevard Frère Orban, à quelques mètres de la Belle Liégeoise, la passerelle qui mène au [1]parc de la Boverie . Tout se passait bien jusqu’à ce qu’un groupe de jeunes commence à ennuyer les personnes présentes.

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Ils frappaient pour le tuer... Sabine, maman de Guillaume

L’ami de Guillaume leur demande d’aller voir ailleurs. Pour seule réponse, les jeunes lui assènent des coups au visage. Il tombe par terre. Guillaume, du haut de son 1m95, se lève pour venir aider son copain. Il n’a même pas le temps de l’approcher que quelqu’un lui donne un grand coup sur la tête. Il tombe à la renverse. “En un coup, c’est comme s’ils lui avaient éteint le cerveau”, commente Sabine, sa maman. Le jeune homme, originaire de Romsée, gît par terre, inanimé. La bande de jeunes n’en reste pas là et lui donne des coups de pied. Pas aux jambes, pas à l’estomac. Non, à la tête. Uniquement. “Ils frappaient pour le tuer...”, ne décolère pas Sabine. Les personnes présentes ce vendredi-là assistent à la scène, impuissantes. Puis d’un coup, boosté par l’adrénaline, l’ami de Guillaume se relève, s’interpose et fait fuir les agresseurs.

Un battant



“C’est une amie de Guillaume qui nous a prévenus”, se souvient Sabine. “À ce moment-là, je ne savais rien. Je savais juste que Guillaume était inconscient parce qu’il avait été tabassé par une dizaine de types.” Immédiatement, elle et son mari se rendent à l’hôpital. Les parents, inquiets, ne peuvent pas voir leur enfant tout de suite, car les visites sont très limitées. Les médecins ne se montrent pas très rassurants. Guillaume fait une hémorragie à l’intérieur du crâne et ils craignent que celui-ci grandisse davantage et compresse le cerveau. “Guillaume est resté plusieurs jours aux soins intensifs, dans le coma, avec la crainte, pour nous et ses médecins, de ne plus le voir évoluer”, explique Sabine.

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Guillaume s’en est finalement sorti. Avec, toutefois, des séquelles importantes, dont certaines permanentes, à l’instar de sa perte de goût et d’odorat. Il est aussi fatigué et a régulièrement mal à la tête. “T’as eu une chance inouïe”, ne manquent pas de lui rappeler ses médecins, aujourd’hui encore. “Car tu aurais pu être mort ou dans une chaise roulante.” Les séquelles sont physiques, mais aussi, et peut-être surtout, psychologiques. Pendant longtemps, le jeune homme, qui avait 21 ans à l’époque, a été au plus bas. “Il a perdu énormément de poids et semblait absent. Il n’était plus que l’ombre de lui-même”, ajoute sa mère. “Aujourd’hui, ça va un peu mieux. Il se bat tous les jours. En l’observant, j’ai compris quelle était la définition du mot ‘courage’.”

Plus d’un an après son agression, Guillaume doit encore voir ses médecins régulièrement. “Sa vie s’organise au rythme des visites en revalidation. C’est sa vie pour le moment”, commente sa maman. Lui et sa famille espèrent qu’il pourra se reconstruire et poursuivre les projets en suspens depuis le 26 mars 2021: signer son CDI, acheter un premier appartement et voler de ses propres ailes.

Combat pour la justice



Le chemin vers la guérison est malheureusement encore long, mais Guillaume peut compter sur son père, Francis, et sur Sabine. Cette dernière mène, en parallèle de celui de son fils, un autre combat: celui de faire reconnaître son fils comme une victime et que ses agresseurs soient punis à la hauteur des sévices qu’ils lui ont fait subir. Malheureusement, et elle le sait, son désir de justice se heurte aux lois en vigueur dans notre pays, et en particulier à celle sur la protection des mineurs. Les agresseurs de Guillaume, vraisemblablement tous âgés de moins de 18 ans au moment des faits, ne seront jamais jugés comme des adultes. Au mieux, ils iront en IPPJ. C’est d’ailleurs ce qui est arrivé à l’un d’entre eux. En mai de l’année dernière, les enquêteurs ont mis la main sur ce jeune homme, qui était par ailleurs soupçonné d’être impliqué dans les [2]émeutes du 13 mars sur la place Saint-Lambert . Le mineur, à l’époque âgé de 17 ans, est resté en IPPJ durant six mois. À présent, il est libre.

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Il faut se mettre deux secondes à la place de la victime. Je veux qu’eux, au même titre que mon fils, pensent à ce qu'ils ont fait. Sabine, maman de Guillaume

“Je suis d’accord avec la loi de protection jeunesse. Mais pour des jeunes qui ont besoin d’être protégés. Les mineurs agresseurs, à un moment, il faut arrêter de les protéger”, estime Sabine. “On ne parle pas d’IPPJ comme d’une punition, mais comme une façon de leur donner une seconde chance, de comprendre ce qu’ils ont fait, de les aider à évoluer. Mais il faut se mettre deux secondes à la place de la victime. Ces gamins-là n’ont laissé aucune chance à Guillaume de construire sa vie. La loi leur laisse une possibilité de construire quelque chose, malgré ce qu’ils ont fait. Je veux qu’eux, au même titre que mon fils, ils y pensent.”

Interpellation des politiques



Pour se faire entendre, Sabine a envoyé plusieurs lettres aux responsables communaux liégeois, au collège comme au conseil, pour les interpeller sur la situation de son fils et sur l’insécurité à Liège. Elle compte 120 mails envoyés en tout, mais seules sept réponses lui sont revenues. “En octobre dernier, on m’a dit qu’une commission spéciale allait être mise en place pour trouver des moyens et aider la police à ramener sécurité et sérénité à Liège”, explique Sabine. Cela faisait suite à la vague d’ [3]agression et d’enlèvements qui ont eu lieu aux abords du Carré . “Mais apparemment, il n’y a rien qui a encore été fait. Je continuerai à interpeller jusqu’à ce que j’aie une réponse”, assure-t-elle.

La plupart des réponses à ses mails et lettres étaient plutôt laconiques. Celle qui lui a fait vraiment plaisir, elle l’a reçue en tout début de semaine. Elle émane du ministère de la Justice. “J’avais écrit au Roi et l’on m’avait dit que ma demande allait être transmise au ministère en question, ainsi qu’à Willy Demeyer”, indique Sabine. “Je ne m’attendais à rien, très sincèrement. Mais quelle ne fut pas ma surprise de lire une réponse du cabinet de monsieur Van Quickenborne. Pas une réponse toute faite. Non, il s’agit d’une vraie lettre qui s’intéresse au cas de Guillaume. Bien sûr, les réponses, je les connaissais d’avance. Mais au moins, j’en ai eu. Contrairement au bourgmestre, dont j’attends toujours un retour.”

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Ce qui s’est passé ne partira jamais. Comme lui il se bat, je me bats pour que justice soit faite. Sabine, maman de Guillaume

Si nous avons rencontré Sabine sans Guillaume, c’est que ce dernier préfère focaliser toute son énergie sur sa revalidation. À chaque fois qu’elle est interrogée sur ce qu’il s’est passé, pour parler de son fils, elle lui demande son aval. À chaque fois, il dit oui. “Il connaît le combat que je mène et me soutient comme je le soutiens. Il reste à côté de moi, sans trop vouloir s’impliquer pour autant. Il a d’autres choses à faire que de mûrir de la haine. Moi, en tant que maman, je ne peux pas rester sans rien faire. Ce qui s’est passé ne partira jamais. Comme lui il se bat, je me bats pour que justice soit faite”, conclut Sabine.

Retrouvez [4]ici toute l’actualité de la région de Liège.

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[6]Un samedi qui restera gravé dans la mémoire des Liégeois: comment les choses ont-elles dégénéré?



[1] https://www.7sur7.be/belgique/plusieurs-centaines-de-manifestants-contre-les-mesures-covid-au-parc-de-la-boverie-a-liege~aca11853/

[2] https://www.7sur7.be/faits-divers/27-individus-recherches-pour-pillage-lors-des-emeutes-du-13-mars-2021-a-liege~ac79c589/

[3] https://www.7sur7.be/faits-divers/kidnapping-et-vols-pres-du-carre-trois-suspects-enfermes-mais-un-quatrieme-toujours-en-cavale~a6e12a5a/

[4] https://www.7sur7.be/dossier/liege-et-sa-region~d1b8b0c27-6007-4c85-8c99-58803af59df3/

[5] https://www.7sur7.be/faits-divers/troubles-et-inquietudes-dans-le-carre-la-police-de-liege-veut-retablir-la-verite~aa4ea6f4/

[6] https://www.7sur7.be/belgique/un-samedi-qui-restera-grave-dans-la-memoire-des-liegeois-comment-les-choses-ont-elles-degenere~a5b9091c/



I fell asleep reading a dull book, and I dreamt that I was reading on,
so I woke up from sheer boredom.