Theo, 18 ans, a survécu au drame en Égypte, mais pas sa grand-mère: “Partout autour de moi, des gens en feu”
(2022-04-16_19-48-00 (Het Laatste Nieuws))
- Reference: 2022-04-16_19-48-00_theo-18-ans-a-survecu-au-drame-en-egypte
- News link: https://www.7sur7.be/faits-divers/theo-18-ans-a-survecu-au-drame-en-egypte-mais-pas-sa-grand-mere-partout-autour-de-moi-des-gens-en-feu~a087267e/
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“Pire que l’horreur”: voilà comment Theo, 18 ans, résume l’accident d’un bus de touristes en Égypte auquel il a miraculeusement survécu. “Tout le monde dans le bus hurlait, et partout autour de moi, je voyais des gens en feu. Dix secondes après que j’ai réussi à en sortir, le bus a explosé”, relate le jeune Belge de retour dans sa commune de Woluwe-Saint-Etienne, trois jours après le drame. Si lui et cinq membres de sa famille en sont rescapés, sa grand-mère Lucia Devillé n’a pas eu cette chance. Il se confie pour la première fois sur le drame dans Het Laatste Nieuws: “Il y a 7.000 morts par an sur cette route. Ils savent donc pertinemment que c’est dangereux: pourquoi ne font-ils rien?”.
“Ça va mal finir, ici”: voilà la triste prémonition du grand-père de Theo Mathy la semaine dernière, alors qu'il observait bouche bée le trafic au Caire, précédente étape de leur voyage en famille. “Les Égyptiens roulent comme des fous, regarde ça, tout le monde passe au rouge!”. En entendant ces quelques mots de son grand-père, le jeune prof de tennis de Woluwe-Saint-Etienne avait souri. “C’était vrai, ils roulent comme des dingues, mais je voyais aussi qu’au final, ils évitaient toujours l’accident. Alors j’avais répondu à mon grand-père que c’était sans doute moins dangereux qu'il n’y semblait, car les automobilistes égyptiens sont tout simplement habitués à ce chaos. Et sur le moment-même, je croyais encore à ce que je disais. Mais quelques jours plus tard, je me retrouvais coincé dans un bus embouti et en flammes, après une sortie de route à cause d'un de ces ‘cinglés’. Mon papy avait raison: ça avait en effet très mal fini”.
[1]
Dix morts, dont 4 Français et une Belge, dans un accident de bus en Égypte
La famille de Theo, réunie pour ce “beau” voyage en Égypte. En avant-plan sur le cliché souvenir, Lucia, à gauche, et sa fille face à elle, la mère de Theo, assis à côté d’elle avec un t-shirt orange. L'un des derniers souvenirs heureux de la famille... © RV
L’accident tragique s’est produit mercredi dernier. La famille de Theo Mathy faisait alors un somptueux tour d’Égypte pour des vacances qui devaient être inoubliables. Avec ses grands-parents et sa mère, Theo avait visité le Caire la semaine dernière. Ils avaient ensuite rendez-vous avec son beau-père, sa tante et cousins pour faire ensemble une croisière sur le Nil. Mercredi à l’aube, ils avaient jeté l’ancre à Aswan, en vue d'une excursion tant attendue vers les célèbres temples d’Abou Simbel. Le but était d’arriver sur place au lever du soleil, quand les rayons n’éclairent que les temples et que le reste du paysage nage encore dans la pénombre. Un paysage de carte postale qui est le point d’orgue de tous les dépliants touristiques. “Un spectacle à couper le souffle”... pour lequel la famille avait impatiemment embarqué dans le bus à 4 heures du matin, afin de faire en trois heures les 300 kilomètres de désert qui la séparaient de son objectif.
L’accident s’est produit sur la route désertique menant aux temples d’Abou Simbel © Getty Images
“Alors que quasiment tout le monde, dont moi, s’était endormi sur le trajet, nous avons soudain été violemment réveillés par un énorme choc”, se souvient Theo. “J’ai été projeté sur le siège devant le mien, et un poisson m’a volé en plein visage. Partout dans le bus, des gens hurlaient, et à l’avant, les gens étaient littéralement en feu. Cette image... c’était pire que l’horreur. Je ne parviendrai jamais à l’effacer de ma mémoire. Je n’en menais pas large, mais je ne comprenais surtout absolument pas ce qui s’était produit. Avions-nous eu un accident? Cela expliquait l’impact et mon choc sur le siège avant. Mais ces gens qui brûlaient? Et comment était-il possible qu’un poisson me saute au visage en plein désert? Et tout ce poisson sur mes genoux? Cela semblait tellement absurde, j’ai cru à un mauvais rêve”, poursuit-il, encore incrédule.
Citation
Ces gens en feu... ce poisson sur mes genoux... cela ressemblait à un mauvais rêve Theo Mathy
Mais Theo comprend vite qu’il ne s’agit malheureusement pas d'un cauchemar. Le bus dans lequel il se trouvait avec ses proches avait été pris dans une collision frontale avec un camion roulant à contresens et qui transportait des cargaisons de carburant et de poisson. Avec le choc, les barils se sont embrasés, et les poissons ont été catapultés alentours, et notamment à travers les fenêtres du bus de touristes. Les dégâts étaient considérables. L’avant du bus et ses infortunés passagers étaient déjà totalement en feu, et à l’arrière, les occupants souffraient de fractures et de plaies ouvertes dues aux vitres brisées par les caisses de poisson.
À gauche, le bus juste après le choc, à droite, la carcasse du véhicule. “À dix secondes près, j’explosais avec le bus”, commente Theo qui est sorti in extremis de l’habitacle © RV/AP
Blessé au visage, victime de contusions au nez et au genou, Theo s’en est sorti relativement indemne, comme cinq membres de sa famille, qui ont encaissé des bras et nez cassés. “Nous étions tous à l’arrière, et cela a été notre salut”, résume le Belge. “Enfin, si on veut. Car ma grand-mère était la seule d’entre nous assise à l’avant, non loin de notre guide. Lorsque j’ai vu le feu de ce côté du bus, j’ai compris que c’était sans espoir pour elle. Entre-temps, le bus était déjà rempli de fumée, et heureusement pour nous, un passager est parvenu à casser la porte arrière pour que nous nous échappions. Dix secondes plus tard à peine, notre bus explosait (il mime le souffle de l’explosion). À cet instant, j’ai tout de suite su: pour qui était encore à l’intérieur, c’était fini”.
Lire la suite du témoignage sous la photo
Citation
Quand vous voyez ce qui reste encore du bus, vous vous dites: c’est un miracle d’être cinq d'une famille de six personnes à avoir survécu. C’est à peine croyable Theo Mathy
© AFP
“C’est peut-être bizarre à dire, mais je suis plus heureux que triste à l’heure d’aujourd’hui. C’est abominable que ma grand-mère soit décédée, mais lorsque vous voyez ce qui reste de ce bus, vous ne pouvez que vous dire: c’est un miracle que cinq membres d'une famille de six personnes en soient sorties vivantes. J’ai eu ma propre mort sous les yeux lorsque cette vague de flammes a embrasé les premières rangées de sièges, et j’ai laissé ma propre mort dans mon dos lorsque j’ai vu le bus exploser dix secondes plus tard. C’est à peine croyable que je vive encore aujourd'hui. Ce que j’espère par contre, c’est que l’on parviendra à identifier les restes de ma grand-mère. Et qu’elle était déjà décédée lors de la collision, qu’elle n’a pas souffert et n’a pas été brûlée vive. C’est une pensée insurmontable, aussi pour mon grand-père. Car il était le seul à ne pas être monté dans le bus. Il a 83 ans, il était resté à bord du bateau de croisière. Lorsqu’il a fallu lui dire que grand-mère n’avait pas survécu, il s’est effondré. Depuis lors, il ne fait plus rien d’autre que pleurer, pleurer, et encore pleurer”.
Theo Mathy sur son lit d’hôpital en Egypte. Il est entre-temps rentré chez lui. © RV
Depuis ce week-end, après deux jours dans un hôpital d’Aswan où ils ont reçu les premiers soins, Theo et sa famille ont regagné leur domicile en Belgique et se remettent de leurs blessures et du traumatisme. “Je pense qu’à peu près tous les politiciens égyptiens nous ont rendu visite à l’hôpital. Le ministre du Tourisme, celui de la Santé, des Transports, entre autres. Tous de passage, avec des cadeaux à notre attention. Ils craignaient plus que tout que cela fasse de la mauvaise publicité au tourisme égyptien. Le pays en vit, et alors qu’il reprend enfin des couleurs après la crise du coronavirus, voilà ce qui arrive. Pour être honnête, je n’avais que faire de leur présence, même s'ils étaient de bonne foi. Je voulais juste être avec ma famille, pas avec 15 hommes politiques pour parler de l’image de marque de l’Égypte. D’ailleurs, chaque année sur cette route désertique qui mène à Abou Simbel, il y a en moyenne 7.000 morts dans des accidents. C’est hallucinant. Ils savent donc pertinemment à quel point c’est dangereux là-bas, ils savent que les conducteurs roulent comme des fous. Pourquoi ne font-ils rien pour régler cela, plutôt que de venir après coup tenter de sauver leur réputation?”, conclut le jeune Belge en deuil.
[2]Dix morts, dont 4 Français et une Belge, dans un accident de bus en Égypte
[1] https://www.7sur7.be/monde/dix-morts-dont-4-francais-et-une-belge-dans-un-accident-de-bus-en-egypte~ad00a84f/
[2] https://www.7sur7.be/monde/dix-morts-dont-4-francais-et-une-belge-dans-un-accident-de-bus-en-egypte~ad00a84f/
“Ça va mal finir, ici”: voilà la triste prémonition du grand-père de Theo Mathy la semaine dernière, alors qu'il observait bouche bée le trafic au Caire, précédente étape de leur voyage en famille. “Les Égyptiens roulent comme des fous, regarde ça, tout le monde passe au rouge!”. En entendant ces quelques mots de son grand-père, le jeune prof de tennis de Woluwe-Saint-Etienne avait souri. “C’était vrai, ils roulent comme des dingues, mais je voyais aussi qu’au final, ils évitaient toujours l’accident. Alors j’avais répondu à mon grand-père que c’était sans doute moins dangereux qu'il n’y semblait, car les automobilistes égyptiens sont tout simplement habitués à ce chaos. Et sur le moment-même, je croyais encore à ce que je disais. Mais quelques jours plus tard, je me retrouvais coincé dans un bus embouti et en flammes, après une sortie de route à cause d'un de ces ‘cinglés’. Mon papy avait raison: ça avait en effet très mal fini”.
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[1]
Dix morts, dont 4 Français et une Belge, dans un accident de bus en Égypte
La famille de Theo, réunie pour ce “beau” voyage en Égypte. En avant-plan sur le cliché souvenir, Lucia, à gauche, et sa fille face à elle, la mère de Theo, assis à côté d’elle avec un t-shirt orange. L'un des derniers souvenirs heureux de la famille... © RV
L’accident tragique s’est produit mercredi dernier. La famille de Theo Mathy faisait alors un somptueux tour d’Égypte pour des vacances qui devaient être inoubliables. Avec ses grands-parents et sa mère, Theo avait visité le Caire la semaine dernière. Ils avaient ensuite rendez-vous avec son beau-père, sa tante et cousins pour faire ensemble une croisière sur le Nil. Mercredi à l’aube, ils avaient jeté l’ancre à Aswan, en vue d'une excursion tant attendue vers les célèbres temples d’Abou Simbel. Le but était d’arriver sur place au lever du soleil, quand les rayons n’éclairent que les temples et que le reste du paysage nage encore dans la pénombre. Un paysage de carte postale qui est le point d’orgue de tous les dépliants touristiques. “Un spectacle à couper le souffle”... pour lequel la famille avait impatiemment embarqué dans le bus à 4 heures du matin, afin de faire en trois heures les 300 kilomètres de désert qui la séparaient de son objectif.
L’accident s’est produit sur la route désertique menant aux temples d’Abou Simbel © Getty Images
“Du feu, du poisson en plein désert, c’était absurde”
“Alors que quasiment tout le monde, dont moi, s’était endormi sur le trajet, nous avons soudain été violemment réveillés par un énorme choc”, se souvient Theo. “J’ai été projeté sur le siège devant le mien, et un poisson m’a volé en plein visage. Partout dans le bus, des gens hurlaient, et à l’avant, les gens étaient littéralement en feu. Cette image... c’était pire que l’horreur. Je ne parviendrai jamais à l’effacer de ma mémoire. Je n’en menais pas large, mais je ne comprenais surtout absolument pas ce qui s’était produit. Avions-nous eu un accident? Cela expliquait l’impact et mon choc sur le siège avant. Mais ces gens qui brûlaient? Et comment était-il possible qu’un poisson me saute au visage en plein désert? Et tout ce poisson sur mes genoux? Cela semblait tellement absurde, j’ai cru à un mauvais rêve”, poursuit-il, encore incrédule.
Citation
Ces gens en feu... ce poisson sur mes genoux... cela ressemblait à un mauvais rêve Theo Mathy
Mais Theo comprend vite qu’il ne s’agit malheureusement pas d'un cauchemar. Le bus dans lequel il se trouvait avec ses proches avait été pris dans une collision frontale avec un camion roulant à contresens et qui transportait des cargaisons de carburant et de poisson. Avec le choc, les barils se sont embrasés, et les poissons ont été catapultés alentours, et notamment à travers les fenêtres du bus de touristes. Les dégâts étaient considérables. L’avant du bus et ses infortunés passagers étaient déjà totalement en feu, et à l’arrière, les occupants souffraient de fractures et de plaies ouvertes dues aux vitres brisées par les caisses de poisson.
À gauche, le bus juste après le choc, à droite, la carcasse du véhicule. “À dix secondes près, j’explosais avec le bus”, commente Theo qui est sorti in extremis de l’habitacle © RV/AP
“J’ai tout de suite su: pour qui était encore à l’intérieur, c’était fini”
Blessé au visage, victime de contusions au nez et au genou, Theo s’en est sorti relativement indemne, comme cinq membres de sa famille, qui ont encaissé des bras et nez cassés. “Nous étions tous à l’arrière, et cela a été notre salut”, résume le Belge. “Enfin, si on veut. Car ma grand-mère était la seule d’entre nous assise à l’avant, non loin de notre guide. Lorsque j’ai vu le feu de ce côté du bus, j’ai compris que c’était sans espoir pour elle. Entre-temps, le bus était déjà rempli de fumée, et heureusement pour nous, un passager est parvenu à casser la porte arrière pour que nous nous échappions. Dix secondes plus tard à peine, notre bus explosait (il mime le souffle de l’explosion). À cet instant, j’ai tout de suite su: pour qui était encore à l’intérieur, c’était fini”.
Lire la suite du témoignage sous la photo
Citation
Quand vous voyez ce qui reste encore du bus, vous vous dites: c’est un miracle d’être cinq d'une famille de six personnes à avoir survécu. C’est à peine croyable Theo Mathy
© AFP
“Mon grand-père ne fait plus que pleurer”
“C’est peut-être bizarre à dire, mais je suis plus heureux que triste à l’heure d’aujourd’hui. C’est abominable que ma grand-mère soit décédée, mais lorsque vous voyez ce qui reste de ce bus, vous ne pouvez que vous dire: c’est un miracle que cinq membres d'une famille de six personnes en soient sorties vivantes. J’ai eu ma propre mort sous les yeux lorsque cette vague de flammes a embrasé les premières rangées de sièges, et j’ai laissé ma propre mort dans mon dos lorsque j’ai vu le bus exploser dix secondes plus tard. C’est à peine croyable que je vive encore aujourd'hui. Ce que j’espère par contre, c’est que l’on parviendra à identifier les restes de ma grand-mère. Et qu’elle était déjà décédée lors de la collision, qu’elle n’a pas souffert et n’a pas été brûlée vive. C’est une pensée insurmontable, aussi pour mon grand-père. Car il était le seul à ne pas être monté dans le bus. Il a 83 ans, il était resté à bord du bateau de croisière. Lorsqu’il a fallu lui dire que grand-mère n’avait pas survécu, il s’est effondré. Depuis lors, il ne fait plus rien d’autre que pleurer, pleurer, et encore pleurer”.
Theo Mathy sur son lit d’hôpital en Egypte. Il est entre-temps rentré chez lui. © RV
Ribambelle de politiciens: “Ils ont surtout peur pour le tourisme”
Depuis ce week-end, après deux jours dans un hôpital d’Aswan où ils ont reçu les premiers soins, Theo et sa famille ont regagné leur domicile en Belgique et se remettent de leurs blessures et du traumatisme. “Je pense qu’à peu près tous les politiciens égyptiens nous ont rendu visite à l’hôpital. Le ministre du Tourisme, celui de la Santé, des Transports, entre autres. Tous de passage, avec des cadeaux à notre attention. Ils craignaient plus que tout que cela fasse de la mauvaise publicité au tourisme égyptien. Le pays en vit, et alors qu’il reprend enfin des couleurs après la crise du coronavirus, voilà ce qui arrive. Pour être honnête, je n’avais que faire de leur présence, même s'ils étaient de bonne foi. Je voulais juste être avec ma famille, pas avec 15 hommes politiques pour parler de l’image de marque de l’Égypte. D’ailleurs, chaque année sur cette route désertique qui mène à Abou Simbel, il y a en moyenne 7.000 morts dans des accidents. C’est hallucinant. Ils savent donc pertinemment à quel point c’est dangereux là-bas, ils savent que les conducteurs roulent comme des fous. Pourquoi ne font-ils rien pour régler cela, plutôt que de venir après coup tenter de sauver leur réputation?”, conclut le jeune Belge en deuil.
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[2]Dix morts, dont 4 Français et une Belge, dans un accident de bus en Égypte
[1] https://www.7sur7.be/monde/dix-morts-dont-4-francais-et-une-belge-dans-un-accident-de-bus-en-egypte~ad00a84f/
[2] https://www.7sur7.be/monde/dix-morts-dont-4-francais-et-une-belge-dans-un-accident-de-bus-en-egypte~ad00a84f/