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  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

Procès du 13-Novembre: “l'erreur” d'une vie de ceux qui ont “exfiltré” Abdeslam

(2022-04-12_21-41-19 (AFP))


"L'erreur de ma vie". Au procès du 13-Novembre, les deux hommes qui sont allés récupérer en région parisienne leur "pote" Salah Abdeslam, dernier membre encore en vie des commandos responsables des attentats, ont soutenu mardi qu'à "aucun moment" ils ne s'étaient douté de ce qu'il avait fait.

Le soir du 13 novembre 2015, Mohammed Amri est en service au Samu social à Bruxelles quand Salah Abdeslam l'appelle depuis Paris.

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Il est 22H31, rappelle le président de la cour d'assises spéciale de Paris, Jean-Louis Périès. Les attaques au Stade de France et sur les terrasses parisiennes ont déjà eu lieu, celle au Bataclan a commencé depuis 3/4 d'heure.

L'appel dure quatre minutes. "C'est là où mon cauchemar commence, Monsieur le président. Il me dit qu'il avait fait un sale ‘crash’ (de voiture, NDLR), qu'il était en France - il n’a pas dit Paris je précise - et que je devais venir le chercher", répond Mohammed Amri, chemise blanche, crâne rasé dans le box.

Il refuse car il travaille, conseille à Salah Abdeslam d'appeler Hamza Attou pour trouver quelqu'un d'autre. Ce dernier, ancien dealer, cherche vaguement une voiture disponible. "Ce n'était pas une obsession", lance à la barre l'accusé de 28 ans, qui comparaît libre.

Quand Mohammed Amri finit le travail à 2H00 du matin, lui et Hamza Attou prennent la route.

“Je ne m’occupais pas des infos”



Savaient-ils alors que des attentats venaient d'être commis à Paris? "Je ne m'occupais pas des infos, c'est pas un sujet qui m'intéresse", balaie Hamza Attou, pull noir, cheveux coiffés en brosse.

Mohammed Amri savait, mais "à aucun moment" il n'a imaginé que Salah Abdeslam pouvait être impliqué.

Sur la route les menant en région parisienne, les deux hommes écoutent de la musique et fument des joints.

Vers 5H30 du matin, les "copains" de Molenbeek récupèrent Salah Abdeslam à Châtillon, au sud de Paris. Il les attendait dans une cage d'escalier après s'être débarrassé de sa ceinture explosive.

"Il est sorti de nulle part, il est monté à l'arrière", retrace Mohammed Amri, de son débit sans doute ralenti par ses années d'intense consommation de cannabis. "C'est là qu'il nous a dit qu'il nous a menti, qu'il n'y avait pas de +crash+. Que les attentats, c'est eux".

Pleurs, cris



"Il nous dit que son frère s'est fait sauter, que lui devait se faire sauter mais que ça n'a pas fonctionné (...). Il a même pleuré, il criait, tout était mélangé", poursuit le Belgo-marocain de 33 ans.

Salah Abdeslam leur tiendra aussi une autre version lors du trajet, insiste plus tard l'avocate du principal accusé. "Il nous a dit qu'il était rentré dans un café, qu'il y avait que des jeunes et qu'il a renoncé", confirme Mohammed Amri.

Pourquoi ne l'ont-ils pas dénoncé, ne lui ont-ils pas demandé de descendre de la voiture? "C'était un choc. Je ne m'attendais pas du tout à ça (...) j'étais pas moi, j'étais pâle", assure Hamza Attou.

"J'aurais dû", "j'étais tétanisé, choqué, j'avais peur", répond inlassablement Mohammed Amri. Il exaspère la cour, l'accusation et les avocats des parties civiles qui l'assaillent de questions, "pour comprendre".

Le "drame de votre situation", souligne son avocate Negar Haeri, "c'est qu'on vous pose des questions sur des choses imputables à d'autres": pourquoi Salah Abdeslam connaît son numéro par coeur, pourquoi c'est lui qu'il appelle le premier s'ils ne sont pas des "proches amis".

"S'il vous avait dit ‘je suis impliqué dans les attentats’, vous y seriez allé?", lui demande Me Haeri.

“C’est l’erreur de ma vie”



"C'est absurde. C'est comme me dire je prends mon billet pour la prison", rétorque Mohammed Amri, qui "condamne fermement" une nouvelle fois les attentats. "C'est l'erreur de ma vie".

Salah Abdeslam "a volé plus de six ans et demi de ma vie", soupire Mohammed Amri, qui avait été interpellé quelques heures après son retour, le 14 novembre.

Pourquoi continue-t-il alors de parler et rigoler avec lui dans le box? "Je lui en veux", mais depuis le début du procès, "il n'a pas arrêté de me dire ‘pardon’, tous les jours presque".

Salah Abdeslam doit être interrogé une dernière fois mercredi.

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[2]Au procès du 13-Novembre, une juge belge démonte les arguments des accusés



[1] https://www.7sur7.be/monde/au-proces-du-13-novembre-une-juge-belge-demonte-les-arguments-des-accuses~a2333e61/

[2] https://www.7sur7.be/monde/au-proces-du-13-novembre-une-juge-belge-demonte-les-arguments-des-accuses~a2333e61/



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