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  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

Erreur monumentale lors d’une FIV

([Rubriques, Société] 2025-12-01 (Het Nieuwsblad))


Nous sommes en 1995. Bart et Kristin, un couple de Mortsel, est tout à la joie d’accueillir Wout et Siska, des jumeaux venus agrandir leur famille à la faveur d’un traitement par FIV, une opération lors de laquelle un ovule de la mère est fécondé par le sperme du père avant d’être replacé dans l’utérus de la maman.

Fin 2024, Wout découvre qu’une erreur a probablement été commise lors du traitement dont ont bénéficié ses parents. À la suite d’un prélèvement sanguin, il apprend qu’il relève du groupe sanguin B. « J’ai immédiatement appelé mon médecin pour lui demander s’il était sûr et certain de ce résultat », raconte l’Anversois à la VRT. « Mon père et ma mère étant

respectivement de groupe sanguin A et O, il était impossible que j’appartienne au groupe B. »

Un test ADN est alors réalisé. Le verdict est implacable : Bart n’est pas le père biologique de Wout et de sa sœur jumelle Siska. L’UZ Brussel admet qu’ « une erreur a été commise » : lors du traitement, c’est l’échantillon de sperme d’un autre homme qui a été utilisé. Aucun enfant n’a été conçu au départ de l’échantillon de Bart.

Un rendez-vous à l’hôpital qui se fait attendre



Aujourd’hui, Wout et Siska ont décidé d’engager une action en justice contre l’UZ Brussel. Non pas parce qu’ils sont en colère contre l’hôpital bruxellois en raison de la faute qu’il a commise, mais parce qu’ils n’acceptent pas la réaction de celui-ci. Ils ont envoyé un mail à l’UZ Brussel pour raconter leur histoire, mais ce n’est qu’un mois plus tard qu’ils y ont étéreçus pour en parler. De surcroît, il a fallu trois mois à l’hôpital pour déclarer la faute à l’Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS), l’organisme de tutelle des centres de fertilité. « À un moment donné, nous avons dû menacer l’hôpital d’informer nous-mêmes l’AFMPS s’il ne se décidait pas à le faire », confie Siska.

Les jumeaux anversois s’offusquent également de la communication de l’établissement, qui ne parle pas d’une faute, mais d’une « erreur ». Selon Siska, l’UZ Brussel a « montré bien peu d’humanité et d’empathie à leur égard », alors qu’on sait que c’est primordial face à un choc tel que celui qu’ils ont vécu.

Wout et Siska veulent savoir qui est leur père biologique. L’UZ Brussel a une bonne idée de son identité, mais n’entend pas pour l’heure la leur révéler « en raison du contexte légal ».

Les jumeaux n’en attendent pas moins de la justice qu’elle contraigne l’hôpital à dévoiler l’identité de leur père présumé.

Du côté de l’UZ Brussel, on se dit embarrassé par cette affaire. « Nous regrettons bien évidemment qu’une telle erreur ait pu se produire », réagit-il par l’entremise de sa porte- parole Karolien Deprez. « Il y a un an environ, la famille nous a contactés et nous avons constaté qu’il y avait effectivement eu un problème. Nous avons entrepris différentes démarches afin de l’aider à retrouver le père biologique de Wout et Siska. Nous avons fouillé dans nos archives de 1994 et avons identifié deux hommes qui pourraient être la personne recherchée. Nous les avons tous deux contactés par recommandé. Nous nous sommes également entretenus par téléphone avec l’un d’eux et avons pu exclure qu’il soit le père biologique. L’autre homme, quant à lui, n’a pas réagi. Nous ne sommes donc pas sûrs à cent pour cent qu’il soit la personne recherchée, mais c’est tout de même fort probable. »

L’UZ se retranche derrière le secret professionnel médical pour ne pas révéler l’identité de cet homme. Officiellement, l’hôpital n’a pas connaissance de lois ou règlements quil’obligeraient à agir autrement. « Nous avons proposé à la famille d’aller ensemble au tribunal afin de demander à un juge de décider si nous avions ou non le droit de révéler l’identité de l’homme en question. En droit, on appelle cela une comparution volontaire. Mais la famille a décliné notre invitation. »

L’hôpital lui a également offert une aide psychologique, sans plus de succès. La famille a elle-même cherché de l’aide et demande à être indemnisée pour les frais qu’elle a exposés dans ce cadre, d’après son avocat. « Nous comprenons que ce soit une situation difficile pour la famille et avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour l’aider », insiste Karolien Deprez. « Nous ne pouvons toutefois agir que dans le cadre de la loi. Aller en justice était la décision de la famille et il va de soi que nous respecterons le jugement que rendra le tribunal, quel qu’il soit. »

L’UZ insiste sur le fait qu’à sa connaissance, aucune faute similaire n’a depuis lors été commise. « Au fil des ans, nous avons adapté nos systèmes. En 1996, les échantillons de personnes différentes étaient déjà strictement séparés et depuis 2011, ils font l’objet d’un étiquetage électronique, afin d’éviter toute confusion. Si vous voulez suivre un traitement par FIV chez nous, vous n’avez donc aucun souci à vous faire. »

« Tout être humain a le droit de savoir de qui il descend » d’après l’avocat de la famille

Joris Beernaert, l’avocat de la famille, confirme que celle-ci a entamé une procédure civile contre l’UZ Brussel. « Nous voulons que l’hôpital soit condamné, à peine d’astreinte, à divulguer les informations qu’il possède au sujet du père biologique. Nous ne demandons pas qu’un lien de filiation juridique soit établi entre cet homme et les jumeaux. Ils n’ont pas de vues sur un quelconque héritage, mais veulent simplement savoir qui est leur véritable père. Pour que les choses soient claires, nous considérons que cet homme est lui aussi une victime. Son sperme n’a jamais eu pour but de concevoir Wout et Siska. »

La famille entend également agir discrètement avec l’identité du père biologique. Pourtant, l’hôpital refuse de la lui communiquer. « Il se réfugie derrière le secret professionnel médical », souligne Me Beernaert. « Savoir qui sont vos géniteurs fait pourtant partie des droits de l’homme, et les droits de l’homme priment le secret professionnel. Il existe une jurisprudence à ce sujet. »

[1]Offrons aux enfants de donneurs la chance de contacter leur parent biologique

La famille entend également demander un dédommagement pour les frais du trajet d’accompagnement psychologique des enfants. « Nous ne demandons pas beaucoup d’argent », précise l’avocat. « Si nous vivions en Amérique, les enfants n’auraient plus besoin de travailler. Mais en l’espèce, ce n’est vraiment pas une question d’argent. Wout en Siska veulent simplement connaître leurs racines, car on est plus fort pour affronter la vie quand on sait d’où on vient. Notre priorité est donc de savoir qui est cet homme. Ce n’est qu’ensuite que nous introduirons une demande de dommages et intérêts. » Quoi qu’il advienne, les relations intrafamiliales ne changeront pas », assure Me Beernaert. « Les jumeaux ne vont certainement pas contester le lien juridique avec leur père actuel. C’est lui qui les a élevés, et ils entretiennent de bonnes relations. Leur père légal restera leur père, mais les enfants espèrent enfin connaître leur véritable origine. »



[1] https://daardaar.be/rubriques/societe/offrons-aux-enfants-de-donneurs-la-chance-de-contacter-leur-parent-biologique/



"One Architecture, One OS" also translates as "One Egg, One Basket".