News: 2025-12_elen-sher-l9gmNv3q7Z4-unsplash-255x170

  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

Un gynécologue intouchable : quand l’abus de pouvoir ouvre la porte aux abus sexuels

([Opinions, Société] 2025-12-01 (De Morgen))


En Flandre, le gynécologue au centre d’un déferlement inédit de témoignages auprès du service chargé de recueillir les plaintes, est désormais visé par une enquête judiciaire. Comme le confirment plusieurs témoins, il tenait absolument à se faire appeler « professeur » lors de ses consultations.

Ce n’est pas répréhensible. Et ce détail peut sembler anodin face à l’ampleur et à la gravité des faits dénoncés. Il est pourtant révélateur d’une enquête où tout ramène à la question du pouvoir et de l’autorité.

Depuis que le quotidien flamand De Morgen a dévoilé les premières plaintes visant ce médecin, l’histoire a pris un tour inattendu. Le centre flamand de signalement des comportements transgressifs croule sous les plaintes. Certaines accusations d’abus sexuels sont si lourdes qu’elles ont ouvert la voie à une enquête judiciaire.

L’affaire soulève des questions qui dérangent. Comment tant de femmes ont-elles pu subir ces agissements sans que l’on intervienne ? Comment une telle situation a-t-elle pu durer des années, parfois des décennies, malgré des signaux d’alerte pourtant nombreux ?

[1]Condamné pour viol mais pas sanctionné: une justice de classe ou un procès équitable?

Les organisations professionnelles ont beau jeu de dépeindre ce médecin, considéré comme une sommité mondiale, comme une « pomme pourrie ». C’est un peu facile. Nul ne prétend que tous les gynécologues sont à mettre dans le même sac. Mais le problème est bien plus large et plus structurel.

Car dans le milieu médical, beaucoup savaient que l’homme testait et franchissait les limites, qu’il s’autorisait des gestes et des contacts thérapeutiques trop intimes, et qu’il abusait de sa position pour passer en force. Rien de tout cela n’a pourtant conduit à une véritable intervention.

« C’est comme si nous n’étions pas en 2025, mais en 1970, à l’époque où le curé et monsieur le docteur faisaient encore la loi dans les villages. »

Plaintes étouffées dans des hôpitaux, récits sournoisement balayés et patientes averties à mots couverts que le gynécologue était un peu « spécial ». Pour le reste, le silence régnait. Comme si nous n’étions pas en 2025, mais en 1970, à l’époque où le curé et monsieur le docteur faisaient encore la loi dans les villages.

L’affaire porte évidemment sur des abus sexuels et des atteintes à l’intégrité sexuelle. Mais elle concerne tout autant l’abus de pouvoir. Celui d’un praticien persuadé que l’autorité qu’on lui prête lui donne droit, en retour, à un bonus fait d’allusions ou de gestes non souhaités. Celui aussi d’un médecin convaincu d’être le seul maître de la frontière entre l’acceptable et l’inacceptable, au mépris de la personne qu’il soigne.

C’est ce qui doit nous indigner. Près d’un quart de siècle après l’adoption de la loi relative aux droits du patient, il existe encore des médecins auréolés d’une réputation mondiale qui pensent qu’une patiente veut dire « oui » quand elle crie « non » sur la table d’examen. Le fait que ces victimes soient des femmes placées dans une situation de vulnérabilité évidente n’a rien du détail.

Cette affaire impose à la profession de gynécologue un examen de conscience qui ne saurait se limiter à l’exclusion d’une « pomme gâtée ». Que le consentement soit devenu un élément clé dans la formation médicale est une bonne chose. Mais lorsque dans la pratique des dérives apparaissent et perdurent des années durant, il est clair que les signaux d’alerte ne fonctionnent pas. Dans un domaine où la confiance et l’intimité sont essentielles, on peut, on doit nettement mieux faire.

[2]5 questions pour comprendre l’affaire Sven Pichal, animateur télé accusé de pédopornographie



[1] https://daardaar.be/rubriques/societe/une-condamnation-sans-peine-laffaire-de-viol-qui-bouleverse-la-flandre/

[2] https://daardaar.be/rubriques/societe/5-questions-pour-comprendre-laffaire-sven-pichal-animateur-tele-accuse-de-pedopornographie/



I have also been a huge Unix fan ever since I realized that SCO was not
Unix. -- Dennis Baker