Crise bruxelloise : Ahmed Laaouej assiste avec satisfaction au succès de sa stratégie
([Opinions, Politique] 2025-12-01 (Doorbraak))
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- Source link: https://doorbraak.be/het-onvermogen-van-de-politiek
La politique bruxelloise s’est remise à explorer les frontières du surréalisme. La Société du logement de la Région bruxelloise (SLRB) a gagné le procès qu’elle a intenté à son propre bailleur de fonds : le gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale. Ce dernier, sans le sou, est condamné par les tribunaux à payer des arriérés de 66 millions d’euros.
L’exécutif avait proposé que la société de logements sociaux trouve elle-même l’argent nécessaire en vendant une partie de son patrimoine, mais la ministre Nawal Ben Hamou (PS) a refusé. Elle a soutenu la démarche devant le juge, mettant au pied du mur le gouvernement dont elle est membre…
En attendant, les bagarres dans le bac à sable politique n’en finissent pas de continuer. Ahmed Laaouej, président du PS bruxellois, tente de former un gouvernement sans le vainqueur des élections, le MR. Pour ce faire, il a besoin des Engagés, qu’il tente de séduire en offrant la ministre-présidence à leur patron, Yves Verougstraete. Au moins, il possède un avantage sur Laaouej : il est bilingue.
[1]Bruxelles: «Ahmed Laaouej, prenez vos responsabilités et formez un gouvernement d’extrême gauche!»
Verougstraete, dont le parti siège aux gouvernements wallon et de la Communauté française, souhaite temporiser pendant dix jours. C’est donc le temps qu’il donne à Georges-Louis Bouchez pour mener à bien sa tentative de formation. Bouchez, à peine remis du décalage horaire après un city trip au Qatar, aimerait faire apparaître, par la magie parlementaire, un gouvernement d’urgence. Ahmed Laaouej, de son côté, assiste avec satisfaction au succès lent mais certain de sa stratégie.
Pendant ce temps, les commentateurs se bousculent pour trouver des explications à l’absence de gouvernement. Un groupe de professeurs évoquent la nécessité de mettre fin à ce système électoral avec des collèges séparés pour les francophones et les néerlandophones.
Jan Hertoghen, sociologue, a calculé que sur les 977 647 résidents de la Région en âge de voter, à peine 48 pour cent ont exprimé leur vote lors des derniers scrutins régionaux. Pas moins de 162 900 citoyens sont restés chez eux ou ont voté de manière non valide. Si on y ajoute le groupe énorme de 342 319 étrangers sans droit de vote, on se rend compte que plus de la moitié des Bruxellois ne sont pas — ou n’ont pas voulu être — représentés.
Le marathon de négociations en cours passe totalement au-dessus de la tête d’une majorité de Bruxellois. Rien d’étonnant dès lors à ce que les sondages menés dans les rues de la capitale indiquent que le Bruxellois moyen ne sait rien de la politique régionale. Par exemple, le ministre-président de la Région s’appelle Rudi Vervoort (PS) reste inconnu au bataillon.
[2]Pourquoi la Flandre ne peut pas « laisser tomber » Bruxelles
Mais toutes ces analyses approfondies vont souvent trop loin et passent surtout à côté de l’essence du problème. Bart Maddens, politologue et professeur à la KU Leuven, ne cesse de répéter que la seule et unique cause du blocage, c’est le cordon sanitaire tissé par Ahmed Laaouej autour de la N-VA.
Les anciens ténors bruxellois Charles Picqué (PS) et Guy Van Hengel (Open Vld) ont donné raison à Maddens dans une interview au quotidien De Standaard. Piqué juge incompréhensible le refus de Laaouej de négocier avec le parti du premier ministre. Et le premier ministre-président de la Région de Bruxelles-Capitale de rappeler une règle élémentaire de la négociation politique : ce n’est pas parce qu’on ne partage pas les mêmes opinions avec un parti qu’il faut l’exclure.
Paul Magnette, qui avait pourtant longtemps négocié avec De Wever, suit docilement les diktats de Laaouej, qui se sent toujours offensé par des propos tenus par Theo Francken (N-VA). Dommage qu’il ne se trouve aucun parti flamand pour rappeler à Laaouej le nombre de fois où le PS a offensé tous les Flamands.
Guy Van Hengel va même plus loin. En qualifiant la N-VA de raciste, Laaouej participe, volontairement ou non, à la droitisation de tous les Flamands. Une stratégie qui rappelle les années les plus sombres du très fransquillon FDF, qui dépeignait tous les Bruxellois néerlandophones comme des collabos.
Piqué et Van Hengel craignent que le système politique s’effondre parce que les politiques de la génération actuelle refusent de dialoguer. Tout ce qui compte pour eux, c’est d’avoir raison, et tout compromis représente une concession inacceptable.
Cette impossibilité de régler la situation catastrophique des finances régionales symbolise bien l’impuissance générale des politiques quand il s’agit de regarder plus loin que le maintien ou l’extension de leur propre pouvoir.
Le déficit budgétaire et les dettes continueront de s’accumuler et l’impensable arrivera : la faillite totale d’un service public causée par un inéluctable shutdown. C’est alors que, espérons-le, tombera le rideau sur le bac à sable de la politique bruxelloise.
Il n’existe qu’une solution à la situation dramatique actuelle : la classe politique doit oser reconnaître son impuissance et se transcender. Et demander à un conseil de sages et d’experts de mener une analyse fouillée sur les dysfonctionnements de toutes ces années. Sans une démarche de ce type, il n’est plus permis d’espérer que les choses iront un jour mieux pour la Région.
[3]L’impasse bruxelloise prouve la nécessité d’une nouvelle réforme de l’État
[1] https://daardaar.be/rubriques/opinions/bruxelles-ahmed-laaouej-prenez-vos-responsabilites-et-formez-un-gouvernement-dextreme-gauche/
[2] https://daardaar.be/rubriques/politique/pourquoi-la-flandre-ne-peut-pas-laisser-tomber-bruxelles/
[3] https://daardaar.be/rubriques/politique/limpasse-bruxelloise-prouve-la-necessite-dune-nouvelle-reforme-de-letat/
L’exécutif avait proposé que la société de logements sociaux trouve elle-même l’argent nécessaire en vendant une partie de son patrimoine, mais la ministre Nawal Ben Hamou (PS) a refusé. Elle a soutenu la démarche devant le juge, mettant au pied du mur le gouvernement dont elle est membre…
En attendant, les bagarres dans le bac à sable politique n’en finissent pas de continuer. Ahmed Laaouej, président du PS bruxellois, tente de former un gouvernement sans le vainqueur des élections, le MR. Pour ce faire, il a besoin des Engagés, qu’il tente de séduire en offrant la ministre-présidence à leur patron, Yves Verougstraete. Au moins, il possède un avantage sur Laaouej : il est bilingue.
[1]Bruxelles: «Ahmed Laaouej, prenez vos responsabilités et formez un gouvernement d’extrême gauche!»
Verougstraete, dont le parti siège aux gouvernements wallon et de la Communauté française, souhaite temporiser pendant dix jours. C’est donc le temps qu’il donne à Georges-Louis Bouchez pour mener à bien sa tentative de formation. Bouchez, à peine remis du décalage horaire après un city trip au Qatar, aimerait faire apparaître, par la magie parlementaire, un gouvernement d’urgence. Ahmed Laaouej, de son côté, assiste avec satisfaction au succès lent mais certain de sa stratégie.
Une majorité de Bruxellois ne participe pas aux élections
Pendant ce temps, les commentateurs se bousculent pour trouver des explications à l’absence de gouvernement. Un groupe de professeurs évoquent la nécessité de mettre fin à ce système électoral avec des collèges séparés pour les francophones et les néerlandophones.
Jan Hertoghen, sociologue, a calculé que sur les 977 647 résidents de la Région en âge de voter, à peine 48 pour cent ont exprimé leur vote lors des derniers scrutins régionaux. Pas moins de 162 900 citoyens sont restés chez eux ou ont voté de manière non valide. Si on y ajoute le groupe énorme de 342 319 étrangers sans droit de vote, on se rend compte que plus de la moitié des Bruxellois ne sont pas — ou n’ont pas voulu être — représentés.
Le marathon de négociations en cours passe totalement au-dessus de la tête d’une majorité de Bruxellois. Rien d’étonnant dès lors à ce que les sondages menés dans les rues de la capitale indiquent que le Bruxellois moyen ne sait rien de la politique régionale. Par exemple, le ministre-président de la Région s’appelle Rudi Vervoort (PS) reste inconnu au bataillon.
[2]Pourquoi la Flandre ne peut pas « laisser tomber » Bruxelles
Cordon sanitaire
Mais toutes ces analyses approfondies vont souvent trop loin et passent surtout à côté de l’essence du problème. Bart Maddens, politologue et professeur à la KU Leuven, ne cesse de répéter que la seule et unique cause du blocage, c’est le cordon sanitaire tissé par Ahmed Laaouej autour de la N-VA.
Les anciens ténors bruxellois Charles Picqué (PS) et Guy Van Hengel (Open Vld) ont donné raison à Maddens dans une interview au quotidien De Standaard. Piqué juge incompréhensible le refus de Laaouej de négocier avec le parti du premier ministre. Et le premier ministre-président de la Région de Bruxelles-Capitale de rappeler une règle élémentaire de la négociation politique : ce n’est pas parce qu’on ne partage pas les mêmes opinions avec un parti qu’il faut l’exclure.
Paul Magnette, qui avait pourtant longtemps négocié avec De Wever, suit docilement les diktats de Laaouej, qui se sent toujours offensé par des propos tenus par Theo Francken (N-VA). Dommage qu’il ne se trouve aucun parti flamand pour rappeler à Laaouej le nombre de fois où le PS a offensé tous les Flamands.
Collaborateurs
Guy Van Hengel va même plus loin. En qualifiant la N-VA de raciste, Laaouej participe, volontairement ou non, à la droitisation de tous les Flamands. Une stratégie qui rappelle les années les plus sombres du très fransquillon FDF, qui dépeignait tous les Bruxellois néerlandophones comme des collabos.
Piqué et Van Hengel craignent que le système politique s’effondre parce que les politiques de la génération actuelle refusent de dialoguer. Tout ce qui compte pour eux, c’est d’avoir raison, et tout compromis représente une concession inacceptable.
Shutdown
Cette impossibilité de régler la situation catastrophique des finances régionales symbolise bien l’impuissance générale des politiques quand il s’agit de regarder plus loin que le maintien ou l’extension de leur propre pouvoir.
Le déficit budgétaire et les dettes continueront de s’accumuler et l’impensable arrivera : la faillite totale d’un service public causée par un inéluctable shutdown. C’est alors que, espérons-le, tombera le rideau sur le bac à sable de la politique bruxelloise.
Il n’existe qu’une solution à la situation dramatique actuelle : la classe politique doit oser reconnaître son impuissance et se transcender. Et demander à un conseil de sages et d’experts de mener une analyse fouillée sur les dysfonctionnements de toutes ces années. Sans une démarche de ce type, il n’est plus permis d’espérer que les choses iront un jour mieux pour la Région.
[3]L’impasse bruxelloise prouve la nécessité d’une nouvelle réforme de l’État
[1] https://daardaar.be/rubriques/opinions/bruxelles-ahmed-laaouej-prenez-vos-responsabilites-et-formez-un-gouvernement-dextreme-gauche/
[2] https://daardaar.be/rubriques/politique/pourquoi-la-flandre-ne-peut-pas-laisser-tomber-bruxelles/
[3] https://daardaar.be/rubriques/politique/limpasse-bruxelloise-prouve-la-necessite-dune-nouvelle-reforme-de-letat/