Mieux vaut être en couple : les célibataires paient (et bossent) plus
([Travail & Santé] 2025-11-01 (Het Laatste Nieuws))
- Reference: 2025-11_vitaly-gariev-zb9dqrxx8o-unsplash-255x170
- News link: https://daardaar.be/rubriques/travail-sante/mieux-vaut-etre-en-couple-les-celibataires-paient-et-bossent-plus/
- Source link: https://www.hln.be/binnenland/alleenstaanden-houden-netto-minder-over-en-1-op-4-singles-vindt-dat-hij-harder-moet-werken-dan-collega-met-relatie~a326cf4a/
Selon une étude de l’université de Gand, les célibataires sont pénalisés au niveau du salaire net. Et un célibataire sur quatre estime devoir faire plus d’efforts que ses collègues en couple.
Parmi les pays prospères, la Belgique est celui qui taxe le plus lourdement ses célibataires actifs. De surcroît, une personne solo sur quatre estime devoir travailler plus dur que ses collègues en couple. C’est ce que révèle une étude menée par le professeur d’économie du travail Stijn Baert (UGent). Pour lui, la pression financière et psychologique sur les célibataires est énorme. Il plaide pour une réforme fiscale urgente.
Dans notre pays, les célibataires se sentent à raison grugés par le système belge. Non seulement la charge fiscale qui pèse sur leur salaire est la plus élevée de tous les pays de l’OCDE, mais ils ressentent aussi des attentes plus élevées de leurs employeurs et de leurs collègues. Pour chaque tranche de 100 euros versée par un employeur à un ou une célibataire au revenu moyen, 53 euros vont dans les caisses de l’État. À titre de comparaison, dans un couple avec deux enfants dont l’un des partenaires ne travaille pas, ce montant est de 37 euros seulement.
[1]Marché de l’emploi: les femmes en Flandre font désormais jeu égal avec les hommes en Wallonie
Aux Pays-Bas, la pression fiscale sur les célibataires s’élève à 35%, une différence loin de passer inaperçue sur la fiche de paie. Prenons l’exemple d’une personne vivant seule et percevant un salaire moyen, explique l’économiste du travail Stijn Baert (université de Gand). Si son employeur lui verse 5625 euros, soit le salaire moyen selon le Compas des salaires de 4500 euros bruts, plus 25% supplémentaires de cotisation patronale à la Sécurité sociale, ce célibataire conserve un salaire poche d’environ 2420 euros, soit 47%. De l’autre côté de la frontière, aux Pays-Bas, situés pile au niveau de la moyenne de l’OCDE en matière de pression fiscale sur les singles, le même célibataire toucherait un salaire net de 3660 euros. Le fossé est énorme.
Pour le professeur Baert, cette disparité belge entre célibataires et couples est principalement due au mécanisme du quotient conjugal. Il permet aux partenaires dont l’un gagne moins ou ne travaille pas de répartir leurs revenus de manière à réduire l’impôt global, même sans être mariés. En effet, notre fiscalité est progressive : plus la rémunération est élevée, plus la taxation l’est aussi. Répartir les revenus entre partenaires permet au couple de rester dans des tranches d’imposition plus basses.
À la lourde fiscalité s’ajoute le sentiment d’endosser une charge de travail accrue tout en ayant moins de reconnaissance. Si les chiffres exacts pour la Flandre manquent, des études internationales montrent que les célibataires employés à temps plein effectuent souvent plus d’heures, indique le professeur. L’étude menée par l’université de Gand et le bureau d’études Bpact confirme ce ressenti : un célibataire sur quatre estime devoir travailler plus que ses collègues en couple. Pour 26% des répondants, les célibataires doivent se montrer plus flexibles sur la question des horaires et effectuer plus d’heures par semaine. 20% estiment être moins entendus lorsqu’il s’agit de planifier les horaires.
[2]Conner Rousseau envisage de devenir papa solo: est-ce réaliste et que dit la loi?
En principe, la règle veut que les travailleurs/travailleuses célibataires et non célibataires soient traités de la même manière, explique le professeur Baert. On ne peut pas systématiquement faire prester plus d’heures ou de travail le week-end aux célibataires.
Il reconnaît toutefois une exception subtile lorsqu’il s’agit des vacances : en période de congés scolaires, quand plusieurs employés demandent la même période, une petite priorité est accordée aux parents d’enfants en âge scolaire. En dehors de ces périodes, aucune priorité ne devrait cependant exister.
Quelle serait alors la solution ? Pour alléger la pression sur les célibataires, le professeur Baert propose de supprimer le quotient conjugal, et de créer ainsi plus de marge budgétaire pour réduire encore la fiscalité sur le travail. Le gouvernement Bart De Wever prévoit – dans une logique bien belge – de le réduire de moitié mais le professeur estime qu’une baisse générale de la fiscalité sur les salaires est plus importante encore. Les couples, eux aussi, sont lourdement imposés en Belgique. Selon lui, l’urgence est de cibler surtout les bas et les moyens revenus.
Pour compenser cette perte de recettes à court terme, le professeur Baert mise sur une hausse de la TVA. À ses yeux, déplacer la charge fiscale du travail vers la consommation est la forme la plus pure de redistribution : l’impôt glisse de ceux qui travaillent vers ceux qui ne travaillent pas. Tout le monde paierait une TVA plus élevée, mais seuls les travailleurs en bénéficieraient via la baisse des impôts sur les salaires. Pendant les négociations budgétaires, Georges-Louis Bouchez a fustigé cette idée qui revient selon lui à donner d’une main pour reprendre de l’autre. Pour Stijn Baert, le président du MR se trompe.
[3]Budget: faut-il sacrifier la réforme fiscale pour éviter la hausse de la TVA ?
[1] https://daardaar.be/rubriques/travail-sante/marche-de-lemploi-les-femmes-en-flandre-font-desormais-jeu-egal-avec-les-hommes-en-wallonie/
[2] https://daardaar.be/rubriques/societe/conner-rousseau-envisage-de-devenir-papa-solo-est-ce-realiste-et-que-dit-la-loi/
[3] https://daardaar.be/rubriques/politique/budget-faut-il-sacrifier-la-reforme-fiscale-pour-eviter-la-hausse-de-la-tva/
Parmi les pays prospères, la Belgique est celui qui taxe le plus lourdement ses célibataires actifs. De surcroît, une personne solo sur quatre estime devoir travailler plus dur que ses collègues en couple. C’est ce que révèle une étude menée par le professeur d’économie du travail Stijn Baert (UGent). Pour lui, la pression financière et psychologique sur les célibataires est énorme. Il plaide pour une réforme fiscale urgente.
Dans notre pays, les célibataires se sentent à raison grugés par le système belge. Non seulement la charge fiscale qui pèse sur leur salaire est la plus élevée de tous les pays de l’OCDE, mais ils ressentent aussi des attentes plus élevées de leurs employeurs et de leurs collègues. Pour chaque tranche de 100 euros versée par un employeur à un ou une célibataire au revenu moyen, 53 euros vont dans les caisses de l’État. À titre de comparaison, dans un couple avec deux enfants dont l’un des partenaires ne travaille pas, ce montant est de 37 euros seulement.
[1]Marché de l’emploi: les femmes en Flandre font désormais jeu égal avec les hommes en Wallonie
Aux Pays-Bas, la pression fiscale sur les célibataires s’élève à 35%, une différence loin de passer inaperçue sur la fiche de paie. Prenons l’exemple d’une personne vivant seule et percevant un salaire moyen, explique l’économiste du travail Stijn Baert (université de Gand). Si son employeur lui verse 5625 euros, soit le salaire moyen selon le Compas des salaires de 4500 euros bruts, plus 25% supplémentaires de cotisation patronale à la Sécurité sociale, ce célibataire conserve un salaire poche d’environ 2420 euros, soit 47%. De l’autre côté de la frontière, aux Pays-Bas, situés pile au niveau de la moyenne de l’OCDE en matière de pression fiscale sur les singles, le même célibataire toucherait un salaire net de 3660 euros. Le fossé est énorme.
Horaires de travail
Pour le professeur Baert, cette disparité belge entre célibataires et couples est principalement due au mécanisme du quotient conjugal. Il permet aux partenaires dont l’un gagne moins ou ne travaille pas de répartir leurs revenus de manière à réduire l’impôt global, même sans être mariés. En effet, notre fiscalité est progressive : plus la rémunération est élevée, plus la taxation l’est aussi. Répartir les revenus entre partenaires permet au couple de rester dans des tranches d’imposition plus basses.
À la lourde fiscalité s’ajoute le sentiment d’endosser une charge de travail accrue tout en ayant moins de reconnaissance. Si les chiffres exacts pour la Flandre manquent, des études internationales montrent que les célibataires employés à temps plein effectuent souvent plus d’heures, indique le professeur. L’étude menée par l’université de Gand et le bureau d’études Bpact confirme ce ressenti : un célibataire sur quatre estime devoir travailler plus que ses collègues en couple. Pour 26% des répondants, les célibataires doivent se montrer plus flexibles sur la question des horaires et effectuer plus d’heures par semaine. 20% estiment être moins entendus lorsqu’il s’agit de planifier les horaires.
[2]Conner Rousseau envisage de devenir papa solo: est-ce réaliste et que dit la loi?
Vacances scolaires
En principe, la règle veut que les travailleurs/travailleuses célibataires et non célibataires soient traités de la même manière, explique le professeur Baert. On ne peut pas systématiquement faire prester plus d’heures ou de travail le week-end aux célibataires.
Il reconnaît toutefois une exception subtile lorsqu’il s’agit des vacances : en période de congés scolaires, quand plusieurs employés demandent la même période, une petite priorité est accordée aux parents d’enfants en âge scolaire. En dehors de ces périodes, aucune priorité ne devrait cependant exister.
Quelle serait alors la solution ? Pour alléger la pression sur les célibataires, le professeur Baert propose de supprimer le quotient conjugal, et de créer ainsi plus de marge budgétaire pour réduire encore la fiscalité sur le travail. Le gouvernement Bart De Wever prévoit – dans une logique bien belge – de le réduire de moitié mais le professeur estime qu’une baisse générale de la fiscalité sur les salaires est plus importante encore. Les couples, eux aussi, sont lourdement imposés en Belgique. Selon lui, l’urgence est de cibler surtout les bas et les moyens revenus.
Hausse de la TVA
Pour compenser cette perte de recettes à court terme, le professeur Baert mise sur une hausse de la TVA. À ses yeux, déplacer la charge fiscale du travail vers la consommation est la forme la plus pure de redistribution : l’impôt glisse de ceux qui travaillent vers ceux qui ne travaillent pas. Tout le monde paierait une TVA plus élevée, mais seuls les travailleurs en bénéficieraient via la baisse des impôts sur les salaires. Pendant les négociations budgétaires, Georges-Louis Bouchez a fustigé cette idée qui revient selon lui à donner d’une main pour reprendre de l’autre. Pour Stijn Baert, le président du MR se trompe.
[3]Budget: faut-il sacrifier la réforme fiscale pour éviter la hausse de la TVA ?
[1] https://daardaar.be/rubriques/travail-sante/marche-de-lemploi-les-femmes-en-flandre-font-desormais-jeu-egal-avec-les-hommes-en-wallonie/
[2] https://daardaar.be/rubriques/societe/conner-rousseau-envisage-de-devenir-papa-solo-est-ce-realiste-et-que-dit-la-loi/
[3] https://daardaar.be/rubriques/politique/budget-faut-il-sacrifier-la-reforme-fiscale-pour-eviter-la-hausse-de-la-tva/