Les mesures budgétaires vous paraissent compliquées? La réalité l’est encore plus…
([Economie, Opinions] 2025-11-01 (De Tijd))
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- News link: https://daardaar.be/rubriques/economie/les-mesures-budgetaires-vous-paraissent-compliquees-la-realite-lest-encore-plus/
- Source link: https://www.tijd.be/opinie/commentaar/complexiteit-van-gedeeltelijke-indexering-toont-de-prijs-van-politieke-loodgieterij/10637592.html
Maintenant que le brouillard se dissipe autour de l’accord budgétaire du gouvernement fédéral, on constate une fois de plus que les premières victimes d’un bras de fer politique sont la clarté et la simplicité. Voyez par exemple le mécanisme de plafonnement de l’indexation salariale.
Les banques renâclent à l’idée de hausses d’impôt. Pour les syndicats, la grève est plus que jamais une nécessité, et pour les économistes, les mesures prises ne suffiront pas à éviter un dérapage de la dette publique. Les réactions suscitées par le « miracle de Noël » de la rue de la Loi (ce compromis budgétaire à la fois inattendu et essentiel) le montrent bien : en Belgique, certaines choses ne changent jamais.
Ce qui ne change pas, c’est aussi la complexité excessive des règles. Voyez l’exemple le plus frappant – et le plus épineux pour les directeurs et responsables RH – : la réforme de l’indexation automatique des salaires.
[1]La N-VA à ses sympathisants : « Pour la première fois nous rompons vraiment les transferts Nord-Sud »
En 2026 et en 2028, les salaires bruts supérieurs à 4 000 euros ne seront plus indexés dans leur totalité : seule la tranche jusqu’à 4 000 euros suivra l’inflation. Ce plafonnement procurera aux entreprises un gain dont la moitié devra être reversée à l’État. Pour corser le tout, il ne portera que sur la première tranche de 2 % d’indexation annuelle.
Ça vous paraît compliqué ? Attendez : la réalité l’est plus encore. L’indexation n’est pas réglée par la loi, mais par des conventions collectives, qui diffèrent selon les secteurs. Tantôt, les salaires sont adaptés plusieurs fois par an, tantôt, ils ne le sont qu’une fois par an, ou alors de manière trimestrielle ou semestrielle. Et les choses sont tout aussi embrouillées pour les travailleurs à temps partiel.
Cerise sur le gâteau : le gouvernement risque de ne pas pouvoir faire adopter la réforme par le Parlement avant la fin de l’année – or il entend l’appliquer dès 2026. Il faut donc que les règles de calcul des salaires soient claires dès le mois prochain. En cas d’erreur de calcul, les entreprises ne pourront en principe pas réclamer de remboursement de salaire après une indexation pratiquée selon les règles anciennes.
C’est tout le paradoxe belge : ce pays paie le prix de la paix sociale. On connaît bien les lignes de fracture qui le traversent : la fracture communautaire le long de la frontière linguistique, la fracture socio-économique entre syndicats et employeurs, la fracture philosophique, aussi, qui grève lourdement le coût de l’organisation de l’enseignement entre public et privé.
L’histoire politique belge peut se résumer à une quête constante d’évitement : il s’agit d’éviter tout ce qui peut soit faire exploser le pays, soit le paralyser. Résultat : un État coûteux, un système de concertation hypertrophié, un déficit budgétaire chronique, une ribambelle de réformes institutionnelles et un fouillis administratif où le citoyen se perd depuis longtemps.
Remettre de l’ordre dans les affaires – ce qui est l’objectif avoué du gouvernement actuel – c’est aussi restaurer la clarté. Le gouvernement en est conscient, puisqu’on dénombre 110 occurrences des mots « simplification » ou « simplifié » dans l’accord de gouvernement. En l’occurrence, l’occasion est manquée, et sur un terrain qui touche des millions de Belges : leur bulletin de paie mensuel.
Pourquoi ? C’est simple. Rester clair revenait à accorder une victoire politique soit aux tenants, soit aux opposants du saut d’index. Or, sur ce point précis, la survie du gouvernement tenait précisément au fait que personne ne sorte gagnant de cette négociation, indispensable à la conclusion d’un accord. Ce qui a donc commencé comme un simple exercice de « plomberie » politique a donc abouti à une usine à gaz superposée à un système pourtant déjà bien assez complexe.
[2]Budget: faut-il sacrifier la réforme fiscale pour éviter la hausse de la TVA ?
[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/dans-les-coulisses-des-negociations-budgetaires-avec-valerie-van-peel-presidente-de-la-n-va/
[2] https://daardaar.be/rubriques/politique/budget-faut-il-sacrifier-la-reforme-fiscale-pour-eviter-la-hausse-de-la-tva/
Les banques renâclent à l’idée de hausses d’impôt. Pour les syndicats, la grève est plus que jamais une nécessité, et pour les économistes, les mesures prises ne suffiront pas à éviter un dérapage de la dette publique. Les réactions suscitées par le « miracle de Noël » de la rue de la Loi (ce compromis budgétaire à la fois inattendu et essentiel) le montrent bien : en Belgique, certaines choses ne changent jamais.
Ce qui ne change pas, c’est aussi la complexité excessive des règles. Voyez l’exemple le plus frappant – et le plus épineux pour les directeurs et responsables RH – : la réforme de l’indexation automatique des salaires.
[1]La N-VA à ses sympathisants : « Pour la première fois nous rompons vraiment les transferts Nord-Sud »
En 2026 et en 2028, les salaires bruts supérieurs à 4 000 euros ne seront plus indexés dans leur totalité : seule la tranche jusqu’à 4 000 euros suivra l’inflation. Ce plafonnement procurera aux entreprises un gain dont la moitié devra être reversée à l’État. Pour corser le tout, il ne portera que sur la première tranche de 2 % d’indexation annuelle.
Ça vous paraît compliqué ? Attendez : la réalité l’est plus encore. L’indexation n’est pas réglée par la loi, mais par des conventions collectives, qui diffèrent selon les secteurs. Tantôt, les salaires sont adaptés plusieurs fois par an, tantôt, ils ne le sont qu’une fois par an, ou alors de manière trimestrielle ou semestrielle. Et les choses sont tout aussi embrouillées pour les travailleurs à temps partiel.
Cerise sur le gâteau : le gouvernement risque de ne pas pouvoir faire adopter la réforme par le Parlement avant la fin de l’année – or il entend l’appliquer dès 2026. Il faut donc que les règles de calcul des salaires soient claires dès le mois prochain. En cas d’erreur de calcul, les entreprises ne pourront en principe pas réclamer de remboursement de salaire après une indexation pratiquée selon les règles anciennes.
C’est tout le paradoxe belge : ce pays paie le prix de la paix sociale. On connaît bien les lignes de fracture qui le traversent : la fracture communautaire le long de la frontière linguistique, la fracture socio-économique entre syndicats et employeurs, la fracture philosophique, aussi, qui grève lourdement le coût de l’organisation de l’enseignement entre public et privé.
L’histoire politique belge peut se résumer à une quête constante d’évitement : il s’agit d’éviter tout ce qui peut soit faire exploser le pays, soit le paralyser. Résultat : un État coûteux, un système de concertation hypertrophié, un déficit budgétaire chronique, une ribambelle de réformes institutionnelles et un fouillis administratif où le citoyen se perd depuis longtemps.
Remettre de l’ordre dans les affaires – ce qui est l’objectif avoué du gouvernement actuel – c’est aussi restaurer la clarté. Le gouvernement en est conscient, puisqu’on dénombre 110 occurrences des mots « simplification » ou « simplifié » dans l’accord de gouvernement. En l’occurrence, l’occasion est manquée, et sur un terrain qui touche des millions de Belges : leur bulletin de paie mensuel.
Pourquoi ? C’est simple. Rester clair revenait à accorder une victoire politique soit aux tenants, soit aux opposants du saut d’index. Or, sur ce point précis, la survie du gouvernement tenait précisément au fait que personne ne sorte gagnant de cette négociation, indispensable à la conclusion d’un accord. Ce qui a donc commencé comme un simple exercice de « plomberie » politique a donc abouti à une usine à gaz superposée à un système pourtant déjà bien assez complexe.
[2]Budget: faut-il sacrifier la réforme fiscale pour éviter la hausse de la TVA ?
[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/dans-les-coulisses-des-negociations-budgetaires-avec-valerie-van-peel-presidente-de-la-n-va/
[2] https://daardaar.be/rubriques/politique/budget-faut-il-sacrifier-la-reforme-fiscale-pour-eviter-la-hausse-de-la-tva/