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  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

À Bruxelles, le prix du sac poubelle est devenu le symbole d’une lutte des progressistes

([Opinions, Politique] 2025-11-01 (De Tijd))


Il est difficile d’expliquer au profane pourquoi, malgré une urgence financière manifeste, Bruxelles n’a toujours pas de gouvernement. Mais un détail en apparence anodin trahit l’ampleur des divergences quant à l’avenir de la région : les querelles politiques concernant le prix du sac poubelle.

Il coûte moins cher dans la capitale que dans le reste du pays : 17 centimes, son coût de revient. Pour le PS, il est hors de question d’y toucher, car toute hausse pénaliserait les Bruxellois les plus défavorisés. Or, les prix sont bien plus élevés partout ailleurs, tant en Wallonie qu’en Flandre. Les deux régions appliquent une directive européenne de 2008 qui préconise de faire payer aux citoyens le prix réel de leurs déchets. Une mesure qui peut passer par une tarification plus élevée des sacs ou par le recours à des conteneurs intelligents qui facturent au poids, l’idée étant d’appliquer le principe du pollueur-payeur — plus on trie, plus on fait d’économies.

Mais les socialistes ne veulent rien entendre. La facture est transmise à la région, donc aux contribuables bruxellois. Dans la capitale, les ramassages sont plus fréquents et coûtent plus cher que partout ailleurs. Les quartiers densément peuplés sont desservis deux fois par semaine. Les dépôts sauvages ne sont guère sanctionnés et seule une minorité de Bruxellois utilisent un sac différent pour leurs déchets PMC.

[1]L’impasse bruxelloise prouve la nécessité d’une nouvelle réforme de l’État

Bruxelles a beau être l’une des villes les plus sales d’Europe, la volonté de remédier à la situation fait défaut. Du moins du côté politique, car du côté citoyen, le groupe d’action Brussel Pou(belle) a récolté suffisamment de signatures pour qu’une commission du Parlement bruxellois ouvre un débat sur la propreté. Il y a malheureusement fort à parier que cela ne changera rien à l’affaire.

Les Bruxellois, lassés de vivre dans des rues souillées, ne comprennent pas l’opposition à une politique qui, partout ailleurs, va de soi. Mais le monde politique de la capitale est imprégné d’un conservatisme profondément enraciné : ne rien changer et, surtout, ne pas froisser l’électorat.

On en a déjà eu une illustration avec le report de deux ans de l’interdiction des véhicules diesel polluants. Là encore, les autorités ont fait valoir qu’elles souhaitaient protéger les plus précaires, qui n’ont pas les moyens de s’acheter une voiture neuve. Et c’est ainsi que ces mêmes Bruxellois vulnérables continuent de vivre dans un environnement très pollué qui met en danger leur santé et, surtout, celle de leurs enfants.

Ce manque de courage a aussi rendu impossible la mise en place d’une nouvelle politique de mobilité. Le plan régional Good Move a été diabolisé avec une agressivité rare. Par crainte de perdre des voix, les responsables politiques ont immédiatement reculé. Pour les mêmes raisons, le PS s’oppose toujours à une hausse des tarifs — pourtant ridiculement bas — des transports publics applicables aux jeunes et aux seniors.

« La réalité, c’est que cette prétendue défense des petites gens masque un cruel manque de vision pour le développement et l’amélioration de la ville. »

Face à la montée en puissance du PTB, désormais premier parti de Bruxelles selon les sondages, gageons que le PS fera tout pour paraître plus à gauche que les communistes, quitte à verser dans un populisme outrancier. Dans la capitale, le prix du sac poubelle est devenu le symbole d’une lutte de l’avant-garde progressiste.

La réalité, c’est que cette prétendue défense des petites gens masque un cruel manque de vision pour le développement et l’amélioration de la ville. Mais telle n’est pas l’ambition d’Ahmed Laaouej, président de la fédération locale du PS. Pour lui, le sac-poubelle est un Graal dans la lutte des classes. Tel un joueur d’échecs aussi génial que pervers, il attend la prochaine erreur de ses adversaires. Et il a plusieurs coups d’avance. Son objectif : reconquérir le pouvoir aux prochaines élections. Peu importe, pour lui et son électorat, que Bruxelles s’enlise lentement mais sûrement dans la saleté et l’insécurité, avec pour seul horizon la faillite totale de la région.

[2]Pourquoi la Flandre ne peut pas « laisser tomber » Bruxelles



[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/limpasse-bruxelloise-prouve-la-necessite-dune-nouvelle-reforme-de-letat/

[2] https://daardaar.be/rubriques/politique/pourquoi-la-flandre-ne-peut-pas-laisser-tomber-bruxelles/



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-- William Shakespeare, "As You Like It"