Consacré aux chômeurs et aux malades de longue durée en Wallonie, que d’aucuns accusent de vivre indéfiniment aux crochets de l’État, le documentaire [1]Sans boulot : tous fraudeurs ? du journaliste Christophe Deborsu met le monde politique wallon en émoi. Pour la droite (lire : le MR), le reportage confirme l’image d’une population assistée. Pour la gauche (lire : le PS), le documentaire relève de la pure manipulation.

Deborsu montre surtout une région prisonnière d’elle-même, où le chômage n’est plus une donnée statistique, mais où il s’est érigé en véritable culture, produit de décennies de renoncements politiques, de choix hasardeux et d’un profond manque d’orgueil collectif. Devant ces images, on éprouve parfois de la compassion pour ceux qui veulent, mais ne peuvent pas. Mais le plus souvent, c’est l’agacement qui prédomine face à ceux qui peuvent, mais ne veulent pas. Le record européen de malades de longue durée détenu par la région n’arrange rien. Et le fait qu’une partie d’entre eux travaille simultanément au noir encore moins.

Le documentaire n’est pas contre les Wallons, il est contre l’oisiveté. Il montre des gens qui ont perdu leur dignité dans un système qui les maintient dans la dépendance, des générations entières qui ont perdu le lien entre effort et résultat. Cela mérite d’être dit. Sans compromis et avec honnêteté.

[2]Travailler avec des Wallons : ce que les Flamands doivent savoir

En dépit de tout, la solution ne passe toutefois pas par la stigmatisation, mais par le courage de réformer. En conditionnant les aides aux efforts de réinsertion. En investissant dans l’enseignement, la mobilité, les crèches, la responsabilisation de chacun. Car ces gens ne s’en sortiront jamais seuls. Il faut donc tout reprendre à zéro.

Le travail de Deborsu est un signal d’alarme. Il a choisi la région de Verviers pour illustrer son propos, la plus pauvre de Wallonie. Un réflexe journalistique légitime, mais qui ne donne pas non plus une image complète. Il existe aussi en Wallonie des régions où l’on investit, des communes qui ont su se reconstruire et où l’on travaille dur. Dans le Limbourg aussi, on peut observer aujourd’hui dans certains quartiers une concentration de profils similaires.

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Le reportage et les réactions qu’il suscite révèlent en tout cas deux choses. Tout d’abord, même si beaucoup sont condamnés à rester dans leur léthargie, il faut tout mettre en œuvre pour que leur nombre cesse à présent d’augmenter. Ensuite, il paraît désormais évident que notre capacité à compatir pour ceux qui se complaisent dans le désœuvrement a atteint des limites.

[3]La Wallonie n’existe pas. Amis flamands, croyez-moi, j’y suis allé.



[1] https://www.rtlplay.be/rtlplay/player/bec69040-377d-4164-9c8f-2faa77e0d576

[2] https://daardaar.be/rubriques/societe/travailler-wallons-flamands-doivent-savoir/

[3] https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/la-wallonie-nexiste-pas-amis-flamands-croyez-moi-jy-suis-alle/