Les médias flamands rendent leur abonnement gratuit pour les moins de 26 ans, profites-en!
([Culture et Médias] 2025-11-01 (DaarDaar))
- Reference: 2025-11_Design-sans-titre-20-255x170
- News link: https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/les-medias-flamands-rendent-leur-abonnement-gratuit-pour-les-moins-de-26-ans-profites-en/
- Source link: https://www.rtbf.be/article/des-abonnements-gratuits-pour-les-moins-de-26-ans-comment-les-medias-flamands-tentent-d-attirer-les-jeunes-11623565
Les deux grands groupes de presse flamands DPG Media et Mediahuis viennent de lancer une campagne pour attirer les jeunes : ils offrent un abonnement en ligne aux jeunes (étudiants) de moins de 26 ans. Est-ce la bonne formule pour inciter les jeunes à consulter les médias traditionnels pour s’informer ?
« Pour beaucoup de jeunes, l’actualité, c’est un droit, ça doit être gratuit « , l ance Ike Picone , professeur spécialiste des médias à la VUB . Et ce n’est pas que les jeunes. Selon l’étude [1]Digital News Report , s eulement 16% des Belges ont payé pour recevoir de l’information en 2024. C’est moins que la moyenne des pays étudiés (18%).
Les chercheurs de cette étude ont aussi demandé aux jeunes quelle était la source la plus importante pour s’informer. Résultat : chez les jeunes Flamands entre 18 et 24 ans, seulement 9% répondent la télévision, 7% les journaux papier et 4% la radio/podcast. 79% indiquent Internet, dont 43% les réseaux sociaux.
« La plupart des jeunes ne vont pas chercher les nouvelles, ils consultent les réseaux sociaux pour voir ce qui se passe et, ce faisant, consomment des informations « , explique le chercheur de l’université bruxelloise néerlandophone.
Dans ce contexte, Ike Picone estime qu’il est logique d’essayer d’attirer les jeunes à s’informer en ligne. « Il est clair que tout va se passer par Internet. Le but des organisations médiatiques est d’essayer de réduire la part des réseaux sociaux et d’avoir un contact plus direct avec les jeunes. Les médias cherchent constamment à développer de nouvelles stratégies. »
[2]En Flandre, les coupes budgétaires appauvrissent encore une offre médiatique déjà très uniforme
C’est d’ailleurs la même conclusion qui ressort de l’étude Digital News report. En 2017, 8% des jeunes flamands de 18 à 24 ans annonçaient être prêts à payer pour de l’information. Cette proportion est passée à 23% en 2021.
Le chercheur lie en partie cette évolution à l’impact des paywalls en ligne : « Chez les publics jeunes, on commence à se rendre compte que l’actualité fait aussi partie d’abonnements comme Spotify, Netflix : il faut peut-être payer un peu. »
Ike Picone souligne par ailleurs l’importance pour les médias traditionnels d’investir les réseaux sociaux. Il évoque par exemple l’initiative de DPG, qui a lancé il y a deux ans ses journalistes sur TikTok.
Selon lui, il faut que les médias soient présents sur les plateformes que les jeunes consultent : « En proposant des formats adaptés, plus courts, plus spontanés, incarnés par des journalistes à l’aise avec le ton et les codes de la plateforme, les médias peuvent faire connaître leur identité et leurs valeurs, tout en restant fidèles à leurs principes journalistiques . »
<br />
Mais cette présence sur les réseaux ne suffit pas, assure le chercheur : les médias doivent « agir sur ces deux fronts » : « D’un côté, être visibles là où tout est gratuit et où circulent les jeunes. De l’autre, les attirer progressivement vers leurs propres espaces, sites, applis ou chaînes, où l’information est plus structurée, vérifiée et approfondie. L’idée est de créer un lien de confiance sur les réseaux, puis d’inciter le jeune public à franchir le pas vers des sources plus fiables. »
Alors que les deux plus grands groupes de presse flamands proposent l’accès gratuit à leur contenu en ligne aux jeunes (étudiants), qu’en est-il des médias en Belgique francophone ? Les journaux du groupe Rossel (Le Soir et Sudinfo) offrent également un accès gratuit aux étudiants de moins de 26 ans, grâce au soutien de partenaires privés (respectivement Ethias et ING).
En ce qui concerne les habitudes de consommation d’information, les tendances entre les jeunes du nord et du sud du pays sont les mêmes : Internet est la principale source d’information pour les jeunes entre 18 et 24 ans, comme le montrent les données de l’étude Digital News report.
[3]L’enquête #Génération2024 réalisée par le Conseil supérieur de l’éducation aux médias confirme aussi que les jeunes francophones semblent s’informer principalement de manière passive : 73% des répondants affirment découvrir une actualité « parce que l’information est venue à moi « . 23% indiquent au contraire avoir « cherché eux-mêmes l’information « .
Néanmoins, les chiffres issus du Digital News Report montrent des différences notables : 40% des Belges francophones indiquent qu’ils peuvent faire confiance à la plupart des informations la plupart du temps. En Flandre, ils sont 47%.
Cette disparité pourrait être liée à des facteurs socio-économiques, selon Ike Picone. « Plus un pays ou une région est aisé, plus la confiance dans les institutions et dans les nouvelles est forte. » Un autre chiffre vient appuyer cette hypothèse : 14% des Belges francophones de 18-24 ans ont payé pour de l’information, contre 23% en Flandre.
Malgré certaines différences, les médias au nord comme au sud du pays sont confrontés aux mêmes défis, résume Ike Picone : « Le challenge, c’est que les jeunes commencent à payer pour de l’information de qualité . »
[1] https://reutersinstitute.politics.ox.ac.uk/digital-news-report/2025/belgium
[2] https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/en-flandre-les-coupes-budgetaires-appauvrissent-encore-une-offre-mediatique-deja-tres-uniforme/
[3] https://www.csem.be/sites/default/files/2024-05/Publication%20re%CC%81sultats-GEN2024.pdf
« Pour beaucoup de jeunes, l’actualité, c’est un droit, ça doit être gratuit « , l ance Ike Picone , professeur spécialiste des médias à la VUB . Et ce n’est pas que les jeunes. Selon l’étude [1]Digital News Report , s eulement 16% des Belges ont payé pour recevoir de l’information en 2024. C’est moins que la moyenne des pays étudiés (18%).
Les jeunes s’informent en ligne
Les chercheurs de cette étude ont aussi demandé aux jeunes quelle était la source la plus importante pour s’informer. Résultat : chez les jeunes Flamands entre 18 et 24 ans, seulement 9% répondent la télévision, 7% les journaux papier et 4% la radio/podcast. 79% indiquent Internet, dont 43% les réseaux sociaux.
« La plupart des jeunes ne vont pas chercher les nouvelles, ils consultent les réseaux sociaux pour voir ce qui se passe et, ce faisant, consomment des informations « , explique le chercheur de l’université bruxelloise néerlandophone.
Dans ce contexte, Ike Picone estime qu’il est logique d’essayer d’attirer les jeunes à s’informer en ligne. « Il est clair que tout va se passer par Internet. Le but des organisations médiatiques est d’essayer de réduire la part des réseaux sociaux et d’avoir un contact plus direct avec les jeunes. Les médias cherchent constamment à développer de nouvelles stratégies. »
[2]En Flandre, les coupes budgétaires appauvrissent encore une offre médiatique déjà très uniforme
C’est d’ailleurs la même conclusion qui ressort de l’étude Digital News report. En 2017, 8% des jeunes flamands de 18 à 24 ans annonçaient être prêts à payer pour de l’information. Cette proportion est passée à 23% en 2021.
Le chercheur lie en partie cette évolution à l’impact des paywalls en ligne : « Chez les publics jeunes, on commence à se rendre compte que l’actualité fait aussi partie d’abonnements comme Spotify, Netflix : il faut peut-être payer un peu. »
Avancer sur plusieurs fronts à la fois
Ike Picone souligne par ailleurs l’importance pour les médias traditionnels d’investir les réseaux sociaux. Il évoque par exemple l’initiative de DPG, qui a lancé il y a deux ans ses journalistes sur TikTok.
Selon lui, il faut que les médias soient présents sur les plateformes que les jeunes consultent : « En proposant des formats adaptés, plus courts, plus spontanés, incarnés par des journalistes à l’aise avec le ton et les codes de la plateforme, les médias peuvent faire connaître leur identité et leurs valeurs, tout en restant fidèles à leurs principes journalistiques . »
<br />
Mais cette présence sur les réseaux ne suffit pas, assure le chercheur : les médias doivent « agir sur ces deux fronts » : « D’un côté, être visibles là où tout est gratuit et où circulent les jeunes. De l’autre, les attirer progressivement vers leurs propres espaces, sites, applis ou chaînes, où l’information est plus structurée, vérifiée et approfondie. L’idée est de créer un lien de confiance sur les réseaux, puis d’inciter le jeune public à franchir le pas vers des sources plus fiables. »
Et en Belgique francophone ?
Alors que les deux plus grands groupes de presse flamands proposent l’accès gratuit à leur contenu en ligne aux jeunes (étudiants), qu’en est-il des médias en Belgique francophone ? Les journaux du groupe Rossel (Le Soir et Sudinfo) offrent également un accès gratuit aux étudiants de moins de 26 ans, grâce au soutien de partenaires privés (respectivement Ethias et ING).
En ce qui concerne les habitudes de consommation d’information, les tendances entre les jeunes du nord et du sud du pays sont les mêmes : Internet est la principale source d’information pour les jeunes entre 18 et 24 ans, comme le montrent les données de l’étude Digital News report.
[3]L’enquête #Génération2024 réalisée par le Conseil supérieur de l’éducation aux médias confirme aussi que les jeunes francophones semblent s’informer principalement de manière passive : 73% des répondants affirment découvrir une actualité « parce que l’information est venue à moi « . 23% indiquent au contraire avoir « cherché eux-mêmes l’information « .
Néanmoins, les chiffres issus du Digital News Report montrent des différences notables : 40% des Belges francophones indiquent qu’ils peuvent faire confiance à la plupart des informations la plupart du temps. En Flandre, ils sont 47%.
Cette disparité pourrait être liée à des facteurs socio-économiques, selon Ike Picone. « Plus un pays ou une région est aisé, plus la confiance dans les institutions et dans les nouvelles est forte. » Un autre chiffre vient appuyer cette hypothèse : 14% des Belges francophones de 18-24 ans ont payé pour de l’information, contre 23% en Flandre.
Malgré certaines différences, les médias au nord comme au sud du pays sont confrontés aux mêmes défis, résume Ike Picone : « Le challenge, c’est que les jeunes commencent à payer pour de l’information de qualité . »
[1] https://reutersinstitute.politics.ox.ac.uk/digital-news-report/2025/belgium
[2] https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/en-flandre-les-coupes-budgetaires-appauvrissent-encore-une-offre-mediatique-deja-tres-uniforme/
[3] https://www.csem.be/sites/default/files/2024-05/Publication%20re%CC%81sultats-GEN2024.pdf