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  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

Taliban Airlines : symbole d’une Europe en panne de morale

([Opinions] 2025-10-01 (De Morgen))


Le gouvernement fédéral prend très au sérieux sa promesse de faire baisser le nombre de demandeurs d’asile. Quitte à pactiser avec les talibans. La ministre de l’Asile et de la Migration, Anneleen Van Bossuyt (N-VA), se démène pour convaincre ses homologues européens : il faut pouvoir expulser plus facilement les Afghans sans titre de séjour. Même si cela signifie les renvoyer vers un régime qui a rayé la dignité humaine de son vocabulaire. Et qu’importe que la Belgique ne soit concernée que par une poignée de personnes. « Taliban Airlines : pourvu qu’on en soit débarrassés » — on croirait un slogan pensé pour servir de devise à l’ensemble de la politique européenne d’asile.

En principe, les demandeurs d’asile qui arrivent en Europe doivent introduire leur demande dans le premier pays où ils mettent les pieds. Il existe quelques exceptions, par exemple lorsque la personne peut prouver des liens préalables avec un autre État. Mais dans l’écrasante majorité des cas, la règle est simple : c’est le premier pays d’arrivée qui doit traiter la demande.

Un système plutôt pratique pour la Belgique, les Pays-Bas ou l’Allemagne, qui ne sont pas directement confrontés au problème des arrivées, puisque les embarcations précaires ne remontent pas la mer du Nord, mais accostent sur les côtes de la Méditerranée. Le premier pays d’arrivée, c’est donc la Grèce, l’Italie ou l’Espagne. Or, ces États, à bout de souffle, n’arrivent plus à absorber la pression et laissent les demandeurs d’asile dépérir. Mais au moins, ce n’est pas notre problème.

Poussés par la misère, nombre d’entre eux poursuivent alors leur route vers d’autres pays européens. En Belgique, une part importante des dossiers d’asile concerne ainsi des personnes qui ne peuvent pas obtenir de titre de séjour dans notre pays, car leur demande est en cours de traitement ailleurs. Ces situations encombrent les services, allongent les délais, et agacent les autorités. Mais le gouvernement actuel a trouvé une solution : désormais, ces personnes pourront dormir dehors. Cela finira bien par les décourager.

Et si certains s’en indignent, la réponse est toute prête : les demandeurs ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes. Mme Van Bossuyt se dit toute disposée à leur offrir un lit pour quelques nuits, mais à condition qu’ils acceptent ensuite de repartir vers le premier pays sur le trottoir duquel ils ont déjà dormi. C’est plus commode ainsi : au moins, on en est débarrassés. Ensuite, chacun signera, la conscience tranquille, des rapports dénonçant le mauvais traitement réservé aux demandeurs d’asile dans le sud du continent.

Il ne s’agit pas ici de plaider pour que l’Europe accueille sans discernement tous ceux qui frappent à sa porte. Mais le système actuel ressemble à un flipper humain, où la misère rebondit de pays en pays — le symbole d’une impuissance politique devenue structurelle. Il faut bien le constater : l’Europe tout entière mène depuis dix ans une politique d’asile fondée sur la dissuasion. Et pourtant, les chiffres demeurent obstinément élevés.

Peut-être faudrait-il enfin se demander si ce système fonctionne vraiment. Pour l’instant, notre seule réponse semble consister à tailler dans les budgets de la coopération au développement — puis à s’étonner qu’il faille renvoyer des hommes et des femmes vers des régimes comme celui des talibans.



"The stars are made of the same atoms as the earth." I usually pick one small
topic like this to give a lecture on. Poets say science takes away from the
beauty of the stars -- mere gobs of gas atoms. Nothing is "mere." I too can
see the stars on a desert night, and feel them. But do I see less or more?
The vastness of the heavens stretches my imagination -- stuck on this carousel
my little eye can catch one-million-year-old light. A vast pattern -- of which
I am a part -- perhaps my stuff was belched from some forgotten star, as one
is belching there. Or see them with the greater eye of Palomar, rushing all
apart from some common starting point when they were perhaps all together.
What is the pattern, or the meaning, or the *why?* It does not do harm to the
mystery to know a little about it. For far more marvelous is the truth than
any artists of the past imagined! Why do the poets of the present not speak
of it? What men are poets who can speak of Jupiter if he were like a man, but
if he is an immense spinning sphere of methane and ammonia must be silent?
-- Richard P. Feynman (1918-1988)