Taliban Airlines : symbole d’une Europe en panne de morale
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- News link: https://daardaar.be/rubriques/opinions/taliban-airlines-symbole-dune-europe-en-panne-de-morale/
- Source link: https://www.demorgen.be/meningen/taliban-airlines-als-wij-er-maar-van-af-zijn-het-geldt-bij-uitbreiding-als-motto-voor-het-hele-europese-asielbeleid~be474c24/
En principe, les demandeurs d’asile qui arrivent en Europe doivent introduire leur demande dans le premier pays où ils mettent les pieds. Il existe quelques exceptions, par exemple lorsque la personne peut prouver des liens préalables avec un autre État. Mais dans l’écrasante majorité des cas, la règle est simple : c’est le premier pays d’arrivée qui doit traiter la demande.
Un système plutôt pratique pour la Belgique, les Pays-Bas ou l’Allemagne, qui ne sont pas directement confrontés au problème des arrivées, puisque les embarcations précaires ne remontent pas la mer du Nord, mais accostent sur les côtes de la Méditerranée. Le premier pays d’arrivée, c’est donc la Grèce, l’Italie ou l’Espagne. Or, ces États, à bout de souffle, n’arrivent plus à absorber la pression et laissent les demandeurs d’asile dépérir. Mais au moins, ce n’est pas notre problème.
Poussés par la misère, nombre d’entre eux poursuivent alors leur route vers d’autres pays européens. En Belgique, une part importante des dossiers d’asile concerne ainsi des personnes qui ne peuvent pas obtenir de titre de séjour dans notre pays, car leur demande est en cours de traitement ailleurs. Ces situations encombrent les services, allongent les délais, et agacent les autorités. Mais le gouvernement actuel a trouvé une solution : désormais, ces personnes pourront dormir dehors. Cela finira bien par les décourager.
Et si certains s’en indignent, la réponse est toute prête : les demandeurs ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes. Mme Van Bossuyt se dit toute disposée à leur offrir un lit pour quelques nuits, mais à condition qu’ils acceptent ensuite de repartir vers le premier pays sur le trottoir duquel ils ont déjà dormi. C’est plus commode ainsi : au moins, on en est débarrassés. Ensuite, chacun signera, la conscience tranquille, des rapports dénonçant le mauvais traitement réservé aux demandeurs d’asile dans le sud du continent.
Il ne s’agit pas ici de plaider pour que l’Europe accueille sans discernement tous ceux qui frappent à sa porte. Mais le système actuel ressemble à un flipper humain, où la misère rebondit de pays en pays — le symbole d’une impuissance politique devenue structurelle. Il faut bien le constater : l’Europe tout entière mène depuis dix ans une politique d’asile fondée sur la dissuasion. Et pourtant, les chiffres demeurent obstinément élevés.
Peut-être faudrait-il enfin se demander si ce système fonctionne vraiment. Pour l’instant, notre seule réponse semble consister à tailler dans les budgets de la coopération au développement — puis à s’étonner qu’il faille renvoyer des hommes et des femmes vers des régimes comme celui des talibans.