Le Vlaams Belang menace la gauche – et tout le pays – d’une « guerre totale »
([Politique] 2025-10-01 (De Standaard))
- Reference: 2025-10_Belgaimage-93860253-255x170
- News link: https://daardaar.be/rubriques/politique/le-vlaams-belang-menace-la-gauche-et-tout-le-pays-dune-guerre-totale/
- Source link: https://www.standaard.be/politiek/hoofd-strategie-van-vlaams-belang-waarschuwt-links-voor-totale-oorlog-de-vs-lopen-op-tal-van-vlakken-voor-op-ons/98805746.html
Tom Vandendriessche, figure de proue du Vlaams Belang, dénonce une « guerre totale de la gauche contre le peuple » et promet, en retour, de rendre coup pour coup si son parti venait à accéder au pouvoir. Une sortie qui isole un peu plus encore le Vlaams Belang du paysage politique traditionnel.
Dans le sillage de la polémique autour des violences commises par les groupes d’extrême gauche Antifa et Code Rood, Tom Vandendriessche — directeur de la stratégie du Vlaams Belang et député européen — tire des conclusions radicales. Selon lui, ces « bandes » seraient « protégées et manipulées par les détenteurs du pouvoir à gauche » (c’est-à-dire tout ce qui n’est pas à l’extrême droite, ndlr).
Il n’apporte toutefois nulle part la preuve de ce prétendu complot et rien n’indique qu’une telle conspiration existe — bien au contraire : le gouvernement fédéral prépare même une loi, plutôt controversée, visant à interdire ces organisations, à l’initiative du MR. En Flandre, une proposition circule pour aller encore plus loin en supprimant les subsides des associations liées à Code Rood.
[1]Qui sont vraiment les électeurs du Vlaams Belang ?
Vandendriessche voit pourtant dans les derniers développements la preuve irréfutable d’une « guerre totale menée par la gauche contre le peuple, avec tous les abus de pouvoir qu’elle implique ». Dans son analyse diffusée sur les réseaux sociaux, il affirme que « l’appareil judiciaire et l’administration sont instrumentalisés contre l’opposition ». Selon lui, la gauche chercherait, par la violence orchestrée dans les institutions et dans la rue, à poursuivre, à intimider et à agresser la droite. D’où, conclut-il, la nécessité pour le Vlaams Belang de se préparer à rendre coup pour coup, une fois aux commandes.
« L’avantage, dans les abus de pouvoir actuellement commis par la gauche, écrit-il encore, c’est qu’elle ne se dote d’aucun argument moral ou politique à opposer à la droite une fois celle-ci installée au pouvoir. Nous pourrons alors leur renvoyer l’ascenseur et faire exactement pareil. » Il reconnaît cependant que « beaucoup à droite frémissent à cette idée », et leur concède qu’elle peut l’être de prime abord « sur le fond ». Mais, ajoute-t-il, « si la droite omet d’en tirer les conséquences, ces abus se répéteront chaque fois que la gauche reviendra le pouvoir ».
Vandendriessche cite en exemple les États-Unis et la présidence de Trump : « La révolution politique que l’on observe outre-Atlantique a déjà adopté cette logique. Les Américains sont en avance sur nous dans bien des domaines ; pourquoi en irait-il autrement dans ce cas ? »
Ce n’est pas la première fois que le stratège du Vlaams Belang évoque un règlement de comptes avec une partie de la population. Lors de la condamnation de Dries Van Langenhove, fondateur du mouvement d’extrême droite Schild & Vrienden, Vandendriessche s’en était déjà pris frontalement à la justice qu’il estimait « corrompue ». Il avait alors mis en garde les magistrats belges : ils devraient, selon lui, « assumer les conséquences » si le Vlaams Belang arrivait un jour au pouvoir.
[2]Qui est Tom Van Grieken, le président du Vlaams Belang qui a ressuscité un parti à l’agonie ?
« Les conservateurs raisonnables le déploreront, écrivait-il déjà fin juin, mais plus aucun compromis n’est possible. Nous ne pouvons plus tergiverser. L’avenir politique de ce pays se jouera autour d’une simple question : ami ou ennemi ? » Cette opposition radicale, théorisée à l’origine par le philosophe allemand Carl Schmitt (1888-1985), qui rejoignit le parti nazi et défendit l’idée d’un État autoritaire et homogène comme garantie de la souveraineté populaire, sert donc aujourd’hui encore de référence à Vandendriessche.
Celui-ci reformule le concept sous des termes plus flous : « droite » et « gauche » au lieu d’« ami » et « ennemi ». Mais le message reste le même : il prépare peu à peu ses partisans à une « révolution de droite ».
Cette « révolution », chez Vandendriessche, reste pour l’instant une construction théorique, mais sur le terrain, le Vlaams Belang cultive de plus en plus cette vision binaire du monde politique, faite d’alliés et d’adversaires irréconciliables. Ninove constitue à ce titre l’exemple le plus parlant, seule ville où le parti détient une majorité absolue.
Récemment, le bourgmestre Guy D’haeseleer (Forza Ninove) a refusé la distribution de tracts par le syndicat socialiste local sur le marché de la ville. Il a justifié sa décision « par conviction idéologique et politique ». La ministre flamande de l’Intérieur, Hilde Crevits (CD&V), a dénoncé une dérive, parlant d’« Absurdistan dans toute sa splendeur » et ouvrant une enquête sur la légalité de la mesure. Le Vlaams Belang, de son côté, n’a manifesté aucun état d’âme.
[3]Tom Van Grieken (VB) : « Notre programme n’a pas changé, il fallait juste le présenter différemment »
Le parti s’éloigne ainsi toujours davantage du champ politique traditionnel. Dans la logique de Vandendriessche, tous les autres partis flamands appartiennent désormais au camp adverse. Même les relations avec la N-VA, pourtant la plus proche sur l’échiquier idéologique, se sont encore dégradées. « Forza Flandria est mort », déclarait déjà le vice-président du Vlaams Belang, Filip Brusselmans. « La N-VA n’est plus un parti nationaliste flamand, ni même un parti de droite. »
Lundi soir, Vandendriessche a encore affirmé sur les réseaux sociaux que le Vlaams Belang était « le seul parti à incarner la vengeance face au mensonge et à la trahison du système politique belge ».
Une rhétorique qui suscite aussi des doutes dans son propre camp. Sous l’un de ses messages Facebook, un internaute a fait remarquer qu’avec de tels appels à la « guerre totale », il ne fallait pas s’étonner qu’aucun parti ne souhaite coopérer avec le Vlaams Belang. Vandendriessche lui a sèchement répondu : « Ils forment en réalité un seul et même parti, qui gouverne partout et qui répète inlassablement les mêmes recettes. Comment s’étonner qu’ils refusent de travailler avec nous ? »
Le président du Vlaams Belang, Tom Van Grieken, n’a pas répondu à la question de De Standaard lui demandant s’il partageait l’analyse de son stratège.
[4]Vlaams Belang au pouvoir : on sait comment ça commence, mais pas comment ça finit…
[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/qui-sont-les-electeurs-du-vlaams-belang/
[2] https://daardaar.be/rubriques/politique/qui-est-tom-van-grieken-le-president-du-vlaams-belang-qui-a-ressuscite-un-parti-a-lagonie/
[3] https://daardaar.be/rubriques/politique/notre-programme-na-pas-change-il-fallait-juste-le-presenter-differemment/
[4] https://daardaar.be/rubriques/politique/vlaams-belang-au-pouvoir-on-sait-comment-ca-commence-mais-pas-comment-ca-finit/
Dans le sillage de la polémique autour des violences commises par les groupes d’extrême gauche Antifa et Code Rood, Tom Vandendriessche — directeur de la stratégie du Vlaams Belang et député européen — tire des conclusions radicales. Selon lui, ces « bandes » seraient « protégées et manipulées par les détenteurs du pouvoir à gauche » (c’est-à-dire tout ce qui n’est pas à l’extrême droite, ndlr).
Il n’apporte toutefois nulle part la preuve de ce prétendu complot et rien n’indique qu’une telle conspiration existe — bien au contraire : le gouvernement fédéral prépare même une loi, plutôt controversée, visant à interdire ces organisations, à l’initiative du MR. En Flandre, une proposition circule pour aller encore plus loin en supprimant les subsides des associations liées à Code Rood.
[1]Qui sont vraiment les électeurs du Vlaams Belang ?
Vandendriessche voit pourtant dans les derniers développements la preuve irréfutable d’une « guerre totale menée par la gauche contre le peuple, avec tous les abus de pouvoir qu’elle implique ». Dans son analyse diffusée sur les réseaux sociaux, il affirme que « l’appareil judiciaire et l’administration sont instrumentalisés contre l’opposition ». Selon lui, la gauche chercherait, par la violence orchestrée dans les institutions et dans la rue, à poursuivre, à intimider et à agresser la droite. D’où, conclut-il, la nécessité pour le Vlaams Belang de se préparer à rendre coup pour coup, une fois aux commandes.
« L’avantage, dans les abus de pouvoir actuellement commis par la gauche, écrit-il encore, c’est qu’elle ne se dote d’aucun argument moral ou politique à opposer à la droite une fois celle-ci installée au pouvoir. Nous pourrons alors leur renvoyer l’ascenseur et faire exactement pareil. » Il reconnaît cependant que « beaucoup à droite frémissent à cette idée », et leur concède qu’elle peut l’être de prime abord « sur le fond ». Mais, ajoute-t-il, « si la droite omet d’en tirer les conséquences, ces abus se répéteront chaque fois que la gauche reviendra le pouvoir ».
Vandendriessche cite en exemple les États-Unis et la présidence de Trump : « La révolution politique que l’on observe outre-Atlantique a déjà adopté cette logique. Les Américains sont en avance sur nous dans bien des domaines ; pourquoi en irait-il autrement dans ce cas ? »
« Ami ou ennemi »
Ce n’est pas la première fois que le stratège du Vlaams Belang évoque un règlement de comptes avec une partie de la population. Lors de la condamnation de Dries Van Langenhove, fondateur du mouvement d’extrême droite Schild & Vrienden, Vandendriessche s’en était déjà pris frontalement à la justice qu’il estimait « corrompue ». Il avait alors mis en garde les magistrats belges : ils devraient, selon lui, « assumer les conséquences » si le Vlaams Belang arrivait un jour au pouvoir.
[2]Qui est Tom Van Grieken, le président du Vlaams Belang qui a ressuscité un parti à l’agonie ?
« Les conservateurs raisonnables le déploreront, écrivait-il déjà fin juin, mais plus aucun compromis n’est possible. Nous ne pouvons plus tergiverser. L’avenir politique de ce pays se jouera autour d’une simple question : ami ou ennemi ? » Cette opposition radicale, théorisée à l’origine par le philosophe allemand Carl Schmitt (1888-1985), qui rejoignit le parti nazi et défendit l’idée d’un État autoritaire et homogène comme garantie de la souveraineté populaire, sert donc aujourd’hui encore de référence à Vandendriessche.
Celui-ci reformule le concept sous des termes plus flous : « droite » et « gauche » au lieu d’« ami » et « ennemi ». Mais le message reste le même : il prépare peu à peu ses partisans à une « révolution de droite ».
Soif de revanche
Cette « révolution », chez Vandendriessche, reste pour l’instant une construction théorique, mais sur le terrain, le Vlaams Belang cultive de plus en plus cette vision binaire du monde politique, faite d’alliés et d’adversaires irréconciliables. Ninove constitue à ce titre l’exemple le plus parlant, seule ville où le parti détient une majorité absolue.
Récemment, le bourgmestre Guy D’haeseleer (Forza Ninove) a refusé la distribution de tracts par le syndicat socialiste local sur le marché de la ville. Il a justifié sa décision « par conviction idéologique et politique ». La ministre flamande de l’Intérieur, Hilde Crevits (CD&V), a dénoncé une dérive, parlant d’« Absurdistan dans toute sa splendeur » et ouvrant une enquête sur la légalité de la mesure. Le Vlaams Belang, de son côté, n’a manifesté aucun état d’âme.
[3]Tom Van Grieken (VB) : « Notre programme n’a pas changé, il fallait juste le présenter différemment »
Le parti s’éloigne ainsi toujours davantage du champ politique traditionnel. Dans la logique de Vandendriessche, tous les autres partis flamands appartiennent désormais au camp adverse. Même les relations avec la N-VA, pourtant la plus proche sur l’échiquier idéologique, se sont encore dégradées. « Forza Flandria est mort », déclarait déjà le vice-président du Vlaams Belang, Filip Brusselmans. « La N-VA n’est plus un parti nationaliste flamand, ni même un parti de droite. »
Lundi soir, Vandendriessche a encore affirmé sur les réseaux sociaux que le Vlaams Belang était « le seul parti à incarner la vengeance face au mensonge et à la trahison du système politique belge ».
Une rhétorique qui suscite aussi des doutes dans son propre camp. Sous l’un de ses messages Facebook, un internaute a fait remarquer qu’avec de tels appels à la « guerre totale », il ne fallait pas s’étonner qu’aucun parti ne souhaite coopérer avec le Vlaams Belang. Vandendriessche lui a sèchement répondu : « Ils forment en réalité un seul et même parti, qui gouverne partout et qui répète inlassablement les mêmes recettes. Comment s’étonner qu’ils refusent de travailler avec nous ? »
Le président du Vlaams Belang, Tom Van Grieken, n’a pas répondu à la question de De Standaard lui demandant s’il partageait l’analyse de son stratège.
[4]Vlaams Belang au pouvoir : on sait comment ça commence, mais pas comment ça finit…
[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/qui-sont-les-electeurs-du-vlaams-belang/
[2] https://daardaar.be/rubriques/politique/qui-est-tom-van-grieken-le-president-du-vlaams-belang-qui-a-ressuscite-un-parti-a-lagonie/
[3] https://daardaar.be/rubriques/politique/notre-programme-na-pas-change-il-fallait-juste-le-presenter-differemment/
[4] https://daardaar.be/rubriques/politique/vlaams-belang-au-pouvoir-on-sait-comment-ca-commence-mais-pas-comment-ca-finit/