Coup de tonnerre sur la scène culturelle anversoise. Le M HKA, musée d’art contemporain de la ville portuaire, devra baisser le rideau. C’est le S.M.A.K. de Gand qui reprend quasiment l’ensemble de la collection du musée, devenant ainsi la vitrine flamande de l’art moderne. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la manière dont la direction du musée déchu a appris la nouvelle laisse à désirer.

Avant-hier, la ministre flamande de la Culture, Caroline Gennez (Vooruit), a présenté sa vision d’avenir pour les musées flamands. Et le M HKA reste sur le carreau. Non seulement le projet de nouveau bâtiment est abandonné, mais l’établissement se verra également entièrement dépouillé de ses œuvres, au profit du S.M.A.K.

L’indispensable cure d’austérité du gouvernement flamand n’explique pas tout. Il s’est manifestement passé des choses en coulisses. Caroline Gennez s’est appuyée sur une évaluation récente du M HKA pour justifier la désaffection du musée. Et il s’avère que l’évaluation était peu reluisante.

[1]Se rencontrer au musée : nouvelle façon d’avoir une vie sociale

Mais comment un mauvais bulletin peut-il sceller le sort d’un musée qui envisage – ou plutôt envisageait – une relocalisation dans des installations flambant neuves ? De nombreuses réponses sont possibles. Quoi qu’il en soit, le projet de nouvelle construction est tombé à l’eau vendredi dernier.

Une chose est sûre : la manœuvre de Caroline Gennez fait grincer des dents. La semaine dernière, la direction du M HKA est tombée des nues en apprenant qu’il n’y aurait pas de nouveau musée.

Et avant-hier, le couperet est tombé : l’établissement devra mettre la clé sous le paillasson. Une annonce qui a semé une onde de choc dans le quartier du Zuid. En communiquant de la sorte, le gouvernement flamand donne — volontairement ou non — une image vieillotte et opaque des arcanes du pouvoir.

« Dans ce remue-ménage, aucun autre musée flamand ne paie un aussi lourd tribut que le M HKA. »

En Flandre, les beaux-arts seront désormais chasse gardée d’Anvers, qui, avec son imposant KMSKA, s’érige en référence absolue du genre, tandis que le S.M.A.K. gantois est donc désigné, par décret, haut-lieu de l’art contemporain. L’avenir nous dira ce qu’il en est. Mais dans ce remue-ménage, aucun autre musée flamand ne paie un aussi lourd tribut que le M HKA.

Il s’agit évidemment d’un coup dur pour la métropole anversoise. Du jour au lendemain, son ambition de s’imposer sur la scène nationale et internationale comme ville-musée par excellence prend du plomb dans l’aile. Dans le Zuid, en particulier, la désillusion est grande. Juste au moment où le quartier connaissait un nouveau souffle, voilà qu’on le prive d’un important pôle d’attraction potentiel. En lieu et place, il y aura un centre d’art avec des espaces pour des expositions temporaires, des ateliers et des résidences d’artistes.

Anvers devra donc redoubler d’efforts pour retrouver sa place sur la scène de l’art contemporain. Le chemin s’annonce long et éprouvant.

[2]Apprendre le néerlandais en visitant le Musée des Beaux-Arts de Gand



[1] https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/se-rencontrer-au-musee-nouvelle-facon-davoir-une-vie-sociale/

[2] https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/apprendre-le-neerlandais-en-visitant-le-musee-des-beaux-arts-de-gand/