Pro-européen assumé, De Wever pousse la N-VA à s’interroger sur ses fréquentations radicales
([Opinions, Politique] 2025-10-01 (Het Laatste Nieuws))
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Inviter Bart De Wever (N-VA) à donner le cours inaugural de sciences politiques à l’université de Gand, c’est la promesse d’une matinée captivante. Dix ans après être venu étriller la fameuse formule Wir schaffen das d’Angela Merkel – à l’époque encore très controversée –, l’ancien président de la N-VA a révélé hier une facette relativement nouvelle de sa personnalité : celle d’un Premier ministre qui se présente de plus en plus comme un Européen convaincu. Officiellement, la N-VA reste « euroréaliste » , mais son immersion dans le grand bain européen semble avoir amené le leader nationaliste à changer son fusil d’épaule. Ainsi a-t-il reconnu avoir sous-estimé le rôle particulier que joue la Belgique comme pivot de l’Union. Et nul ne s’étonnera que l’univers feutré du rond-point Schuman lui convienne : son humour a tout de suite fait mouche, dissipant rapidement les réticences qu’inspirait jusqu’alors sa rhétorique politique.
Les dirigeants européens ont en effet d’abord observé son arrivée avec une certaine méfiance. Faut-il en être surpris ? La N-VA fait toujours partie de la fraction européenne CRE (Conservateurs et réformistes européens, ndlr), où l’on retrouve aussi des partis d’extrême droite comme le Forum pour la démocratie néerlandais. Si De Wever poursuit sur la voie européenne, la N-VA devra sérieusement se demander ce qu’elle fait encore dans ce cénacle. D’autant que son analyse est limpide : soit l’Europe agit, soit le projet européen implose. Et le Premier ministre d’admettre sans détour que les problèmes de la Belgique ne peuvent plus être résolus uniquement à l’échelle nationale et que même une extension des compétences européennes ne devrait plus être un tabou. Une déclaration qui sape de manière frontale la logique confédérale si chère à la N-VA, selon laquelle seule une plus grande scission institutionnelle permettrait de sauver ce qui peut l’être.
A relire
[1]« Chaleureux », « inclusif », « au centre » : voilà comment la N-VA se présente aux francophones
Contrairement à l’Europe utopique rêvée par Guy Verhofstadt à l’époque, le raisonnement de De Wever repose avant tout sur une logique économique. Sans marché unique du capital (également appelée « union des marchés des capitaux », ndlr), l’Europe continuera à perdre des investissements au profit des États-Unis et de la Chine, ce qui finira par faire chavirer tout l’État-providence européen. Renverser cette tendance nécessitera une politique de puissance à une autre échelle.
Or, c’est précisément au moment où l’Europe devrait s’affirmer que la machine politique européenne semble s’enliser dans une impasse. De nombreuses capitales hésitent à approfondir la coopération, ce qui empêche l’Union d’apporter des réponses structurelles aux défis de notre temps. L’épineuse question migratoire en est l’exemple le plus parlant. Résultat : les citoyens perdent patience et se tournent massivement vers des partis radicaux, qui prônent justement le retour aux anciens États-nations, ce qui paralyse toute avancée vers une plus grande intégration européenne.
Avec la montée de Marine Le Pen en France et de Geert Wilders aux Pays-Bas, ces deux pays pourraient devenir bientôt ingouvernables — ce qui serait lourd de conséquences pour la Belgique, a averti De Wever. L’avenir de l’Europe, c’est maintenant ou jamais.
Dans cette dynamique, la N-VA doit faire preuve d’honnêteté intellectuelle. On ne peut pas, d’un côté, plaider pour un approfondissement du projet européen, et de l’autre, courtiser les eurosceptiques d’extrême droite au sein d’une fraction.
A relire
[2]Bart De Wever agit davantage en président de parti qu’en Premier ministre
[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/chaleureux-inclusif-au-centre-voila-comment-la-n-va-se-presente-aux-francophones/
[2] https://daardaar.be/rubriques/politique/bart-de-wever-agit-davantage-en-president-de-parti-quen-premier-ministre/
Les dirigeants européens ont en effet d’abord observé son arrivée avec une certaine méfiance. Faut-il en être surpris ? La N-VA fait toujours partie de la fraction européenne CRE (Conservateurs et réformistes européens, ndlr), où l’on retrouve aussi des partis d’extrême droite comme le Forum pour la démocratie néerlandais. Si De Wever poursuit sur la voie européenne, la N-VA devra sérieusement se demander ce qu’elle fait encore dans ce cénacle. D’autant que son analyse est limpide : soit l’Europe agit, soit le projet européen implose. Et le Premier ministre d’admettre sans détour que les problèmes de la Belgique ne peuvent plus être résolus uniquement à l’échelle nationale et que même une extension des compétences européennes ne devrait plus être un tabou. Une déclaration qui sape de manière frontale la logique confédérale si chère à la N-VA, selon laquelle seule une plus grande scission institutionnelle permettrait de sauver ce qui peut l’être.
A relire
[1]« Chaleureux », « inclusif », « au centre » : voilà comment la N-VA se présente aux francophones
Contrairement à l’Europe utopique rêvée par Guy Verhofstadt à l’époque, le raisonnement de De Wever repose avant tout sur une logique économique. Sans marché unique du capital (également appelée « union des marchés des capitaux », ndlr), l’Europe continuera à perdre des investissements au profit des États-Unis et de la Chine, ce qui finira par faire chavirer tout l’État-providence européen. Renverser cette tendance nécessitera une politique de puissance à une autre échelle.
Or, c’est précisément au moment où l’Europe devrait s’affirmer que la machine politique européenne semble s’enliser dans une impasse. De nombreuses capitales hésitent à approfondir la coopération, ce qui empêche l’Union d’apporter des réponses structurelles aux défis de notre temps. L’épineuse question migratoire en est l’exemple le plus parlant. Résultat : les citoyens perdent patience et se tournent massivement vers des partis radicaux, qui prônent justement le retour aux anciens États-nations, ce qui paralyse toute avancée vers une plus grande intégration européenne.
Avec la montée de Marine Le Pen en France et de Geert Wilders aux Pays-Bas, ces deux pays pourraient devenir bientôt ingouvernables — ce qui serait lourd de conséquences pour la Belgique, a averti De Wever. L’avenir de l’Europe, c’est maintenant ou jamais.
Dans cette dynamique, la N-VA doit faire preuve d’honnêteté intellectuelle. On ne peut pas, d’un côté, plaider pour un approfondissement du projet européen, et de l’autre, courtiser les eurosceptiques d’extrême droite au sein d’une fraction.
A relire
[2]Bart De Wever agit davantage en président de parti qu’en Premier ministre
[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/chaleureux-inclusif-au-centre-voila-comment-la-n-va-se-presente-aux-francophones/
[2] https://daardaar.be/rubriques/politique/bart-de-wever-agit-davantage-en-president-de-parti-quen-premier-ministre/