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  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

Budget: faut-il sacrifier la réforme fiscale pour éviter la hausse de la TVA ?

([Opinions, Politique] 2025-10-01 (Het Laatste Nieuws))


Au fédéral, les partenaires de la coalition se livrent depuis des semaines à un véritable corps à corps. Et après la menace brandie par Bart De Wever (N-VA) de présenter sa démission au Roi Philippe et la nouvelle échéance fixée au 6 novembre, l’heure n’est pas à l’apaisement, loin de là.

En cause, outre un saut d’index partiel : une harmonisation de la TVA — bel euphémisme pour désigner une hausse. Les modalités, en revanche, sont encore très floues, notamment en raison du non catégorique qu’oppose le MR dès qu’il entend le mot « TVA ». Toucher à cet impôt est évidemment impopulaire. Une hausse pourrait en effet se traduire par un renchérissement de produits de base tels que le pain, le lait, les fruits et les légumes, mais aussi du coût de l’énergie et des travaux de rénovation. De son côté, l’opposition aiguise déjà ses couteaux, et les arguments sont tout trouvés : l’Arizona est le gouvernement qui fait baisser le pouvoir d’achat.

Mais remettons les choses en perspective. Voilà des années que l’Europe demande à la Belgique de revoir à la hausse les charges sur la consommation afin de pouvoir réduire celles, colossales, qui pèsent sur le travail — l’idée étant que l’on a le choix de ses achats et de ses habitudes de consommation, mais pas de la part que l’État prélève sur son salaire.

[1]Emploi : les baisses de charges salariales ne fonctionnent pas toujours

Reste que le président du MR, Georges-Louis Bouchez, refuse la moindre augmentation d’impôt. Ce qui, en soi, se défend : la fiscalité est déjà bien assez lourde. Mais le combat est- il encore légitime s’il fait échec à la réforme fiscale ? Lors de son « ultime » tentative de conciliation, vendredi dernier, Bart De Wever a laissé entendre que, sans hausse de la TVA, il ne serait pas possible non plus d’entreprendre la très coûteuse réforme fiscale destinée à faire grimper les salaires nets annuels de plusieurs centaines d’euros. À la place du gouvernement, notre choix serait clair : mieux vaut une hausse de TVA accompagnée d’une réforme fiscale qu’un statu quo stérile. Certes, l’opération peut donner l’impression de déshabiller Pierre pour habiller Paul : on nous annonce une progression des salaires d’un côté, une envolée des prix à la consommation de l’autre. Mais ce raisonnement ne tient qu’en apparence. Car cette hausse de la TVA pèsera sur tout le monde, y compris les chômeurs, les retraités, les malades de longue durée, et même les demandeurs d’asile et les sans-papiers. Elle ne frappera donc pas seulement les Belges qui travaillent dur et la classe moyenne.

Les recettes générées par le relèvement de la TVA pourront, en retour, servir à alléger la pression exercée sur le travail, en particulier s’agissant des bas salaires, qui seront les plus durement frappés par cette hausse. Pour paraphraser l’économiste du travail Stijn Baert, c’est la façon la plus juste de creuser l’écart, par la fiscalité, entre le travail et le non-travail. Sans compter que l’économie pourrait s’en retrouver relancée, car qui gagne plus dépense davantage — ce qui arrange bien le Trésor. Le MR abandonnera-t-il réellement la pièce maîtresse de ce gouvernement de peur qu’elle ne suscite quelques remous sur les bancs de l’opposition ? Georges-Louis Bouchez a pourtant toute l’éloquence requise pour convaincre ses troupes.



[1] https://daardaar.be/rubriques/economie/emploi-les-baisses-de-charges-salariales-ne-fonctionnent-pas-toujours/



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