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  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

Le CD&V face à un choix existentiel après le succès des démocrates-chrétiens néerlandais

([Politique] 2025-10-01 (De Standaard))


Lorsque Sammy Mahdi, président du CD&V, a pris fait et cause pour l’éblouissant projet de Pieter Omtzigt, de nombreux membres de son parti ont continué de fonder leurs espoirs sur le CDA d’Henri Bontenbal. Les élections de ce mercredi leur ont finalement donné raison : « Je sentais bien que le vent tournerait. »

« Tout à fait. Le CDA connaît le pardon. Nous allons vite oublier cet épisode », assure Henri Bontenbal, président du CDA, après les infidélités du CD&V, qui a soutenu Pieter Omtzigt lors du suffrage précédent. Après un « faux départ », le démocrate-chrétien néerlandais entretient désormais de « bons contacts » avec ses coreligionnaires flamands, a-t-il déclaré à Radio 1, surtout avec le vice-premier ministre Vincent Van Peteghem, qui, au sein du CD&V, dirige les discussions sur l’avenir de sa formation avec quatre autres poids lourds du parti afin de renouer avec le succès électoral.

« Nous communiquons souvent par SMS, confirme Van Peteghem. Ces dernières années, j’ai rencontré Bontenbal à plusieurs reprises. Je suis même allé récemment au congrès du CDA pour m’y imprégner de l’atmosphère. » Pour notre ministre du Budget, le parti frère néerlandais est sur le point « d’écrire une belle histoire ». Même dans les moments les plus durs, alors que le CDA n’a remporté que cinq sièges aux élections précédentes, Van Peteghem a continué d’entretenir des contacts cordiaux avec Bontenbal, aux commandes de son parti depuis deux mois à peine : « Malgré la défaite, on pouvait déjà voir que cet homme installait une dynamique au sein du parti. Je sentais bien que le vent allait tourner. »

Les résultats de mercredi ont évidemment donné raison à Van Peteghem : les sondages à la sortie des urnes ont indiqué un quasi quadruplement du nombre de sièges au parlement. Même sans devenir le premier parti, même sans premier ministre issu de ses rangs, les démocrates-chrétiens ont réalisé une remontada impressionnante.

[1]Le CD&V suit de près le succès de BoerBurgerBeweging aux Pays-Bas

Un CDA « trop néolibéral » pour Mahdi



Mais pendant que Van Peteghem entretenait de bonnes relations avec le parti frère traditionnel, le président du CD&V, Sammy Mahdi, fondait de grands espoirs sur le NSC ( Nieuw Sociaal Contract ) de Pieter Omtzigt, qui, en se séparant du CDA, a engrangé d’excellents résultats aux élections de 2023.

« Nous partageons la même philosophie », avait déclaré Mahdi au lendemain du tour de force de Pieter Omtzigt, tout en désavouant le CDA : « Ils ont trop suivi le cap néolibéral du VVD, qui n’est pas éloigné de celui de la N-VA chez nous. Pour gérer la crise de l’azote, le CDA a privilégié une politique qui prive les agriculteurs de toute forme d’avenir, avec un arrêt de l’octroi de licences à la clé. Nous ne commettrions jamais les mêmes erreurs que le CDA. » Sur LinkedIn, Mahdi attribuait alors la défaite électorale de certains partis à un manque de compréhension envers « les inquiétudes et les peurs des gens. »

Mais après deux ans d’aventures chaotiques au sein d’une majorité avec les libéraux du VVD mais aussi avec l’extrême droite, il ne reste plus rien du rêve d’Omtzigt, qui n’a presque rien obtenu à la tête de l’État. Au mois d’août, au plus profond de la crise politique néerlandaise, les ministres NSC ont même démissionné du gouvernement démissionnaire. Quant à Omtzigt, il avait déjà quitté la politique, épuisé, plusieurs mois plus tôt.

Au sein du CD&V, on préfère ne pas trop évoquer l’épisode Omtzigt. « Omtzigt partait aussi d’une base démocrate-chrétienne, mais Henri Bontenbal combine cette base avec un style moins pragmatique. Quoi qu’il en soit, regardons vers l’avenir, poursuit Van Peteghem. En renouant avec des valeurs sûres, Bontenbal a su gagner la confiance de nombreux citoyens. L’électorat du CDA est revenu. »

Wouter Beke, parlementaire européen et ancien président du CD&V, a posté sur les réseaux sociaux une vidéo qui encense le livre de Bontenbal, dont il partage bon nombre d’idées. « C’est un vrai démocrate-chrétien », souligne Beke dans De Standaard. Tout comme Van Peteghem, il n’a pas lâché le parti frère. « C’est dans les moments difficiles qu’on reconnaît ses amis. Mais dans les bons aussi. »

Peter Van Rompuy, chef de groupe CD&V au Parlement flamand, connaît aussi Bontenbal. L’été passé, ils ont conversé pendant tout un après-midi lors d’un congrès en Espagne. « En termes d’idées, nous avons beaucoup de points communs, comme l’importance à accorder à la communauté. Tout au long de sa campagne, il a plaidé pour l’introduction d’un service militaire ou communautaire. C’est une idée qui me plaît beaucoup aussi. »

Monsieur Bienséance



Le style de Bontenbal a également de quoi plaire au CD&V : « Il recherche moins la polémique, sans pour autant éviter les sujets délicats. Il fait preuve d’une grande authenticité », juge Beke. Van Rompuy, lui, considère aussi les Pays-Bas comme un terreau fertile pour le retour de la bienséance et du respect en politique après deux ans de chaos et de populisme : « Lorsque quelqu’un se lève pour appeler toute la société à prendre ses responsabilités, cela fonctionne. Tout comme ses plaidoyers en faveur de la bienséance et de la politesse. »

Van Peteghem a la même vision des choses : « Wilders, par son style polarisant, contribue au déclin du paysage politique. C’est pourquoi l’époque actuelle a besoin de calme et de décence. Nous y voyons aujourd’hui une renaissance de nos recettes classiques démocrates-chrétiennes. »

[2]Quand l’extrême droite néerlandaise prend pour modèle la Belgique

Bientôt, le CD&V et le CDA auront l’occasion de discuter ensemble des élections néerlandaises. Dans quelques semaines, des délégations des deux partis se rendront à Maastricht, où, comme chaque année, les démocrates-chrétiens se réuniront notamment avec les collègues allemands du CDU.

Au CD&V, on nie toute détérioration des relations avec le CDA. Le président, Sammy Mahdi, pourtant peu réticent à créer la controverse, relativise maintenant le fait d’avoir parié sur le mauvais cheval il y a deux ans : « J’ai rendu visite à Bontenbal comme j’ai rendu visite à Omtzigt, souligne-t-il. J’avais prédit à l’époque que Bontenbal allait changer, mais il avait besoin de temps. Henri suit aujourd’hui un cap plus social et se détache de la vision néolibérale de son parti à l’époque. » Tout comme les autres membres du CD&V, il juge que le CDA peut désormais changer la donne « dans le climat de polarisation créé par Wilders et par un VVD devenu une version light de l’extrême droite. »

[3]Sammy Mahdi (CD&V) : « Pour les francophones de Bruxelles, la politique flamande, c’est une autre planète »



[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/le-cdv-suit-de-pres-le-succes-de-boerburgerbeweging-aux-pays-bas/

[2] https://daardaar.be/rubriques/politique/quand-lextreme-droite-neerlandaise-prend-pour-modele-la-belgique/

[3] https://daardaar.be/rubriques/politique/sammy-mahdi-cdv-pour-les-francophones-de-bruxelles-la-politique-flamande-cest-une-autre-planete/



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