« Les années de vaches grasses sont révolues ». C’est, en résumé, le message du ministre-président flamand. Et n’essayez pas de faire croire au citoyen que je suis que c’est l’innovation qui va me sauver demain. Oui, bien sûr, j’ai une pompe à chaleur supersonique ; elle est durable, mais elle est loin d’être rentabilisée. Et ça, malgré les subventions. Vous savez bien, ces fameuses primes auxquelles la classe moyenne n’aura bientôt plus droit. Oui, les années d’abondance, c’est terminé.

Pour le gouvernement flamand, il s’agissait de racler les fonds de tiroir pour trouver 1,5 milliard d’euros d’ici 2026. En Wallonie, il est prévu de lisser cet effort sur cinq ans. Et pour les élus flamands, les choses ne sont pas moins difficiles, loin s’en faut. Pour l’essentiel, les efforts d’assainissement reposeront sur des artifices. Par exemple, on va suspendre un an ou deux la mise en ’application de certaines décisions politiques récentes. Ou alors, on va s’abstenir d’effectuer certaines dépenses. C’est ce qu’on appelle se débarrasser de la patate chaude. Pour les prochaines années, il y a donc encore du pain sur la planche. En Flandre aussi, la pente jusqu’au col était trop raide et même Remco Evenepoel n’aurait pas réussi à rattraper son retard en une seule étape.

Le gouvernement procède donc à des coupes drastiques – et justifiées – dans ses subventions. C’est une première. La Flandre a la réputation d’être malade de ses subventions. Et c’est une réputation en partie justifiée. Si ça continue, ce sera bientôt plus facile, dans le Limbourg, de modifier le tracé d’une autoroute pour favoriser la reproduction des loups que pour faciliter la mobilité des Limbourgeois. La société civile va finir par crier au scandale. Voyez la vague de protestations qu’a dû encaisser Zuhal Demir (N-VA) quand elle a augmenté de quelques euros le coût des formations pour adultes, alors qu’elle baissait, parfois jusqu’à zéro, le coût des formations aux métiers en pénurie.

[1]Le gouvernement flamand à la recherche de 1,5 milliard d’euros

Pour couper l’herbe sous le pied des critiques les plus acerbes, le gouvernement flamand taille dans le gras. Il réduit les frais de fonctionnement des ministres et met au régime une administration flamande de plus en plus tentaculaire. Dépensera-t-on bientôt moins en services de consultants hors de prix ? Enfiiiin ! Mais il faut aller plus loin. Simplifier les lois. Car c’est souvent parce que les fonctionnaires n’y comprennent plus rien qu’on engage des consultants : en Flandre, les pouvoirs publics sont devenus un dédale de lois et de règles.

Prenons un exemple : le « zorgpremie » (cotisation de financement des soins de longue durée). On a beau dire qu’il s’agit d’une sorte de prime d’assurance-santé, ça reste une nouvelle taxe. Et une taxe qui est passée, en dix ans, de 10 à 100 euros. En plus, cet argent va d’abord combler le trou budgétaire, bien avant de financer des prestataires de soins. D’où cette question : le zorgpremie est-il un bon instrument ? Autre chose : l’obligation de rénover son habitation. On ne manque pas d’arguments pour faire des économies sur le dos des revenus les plus élevés car, dit-on, dans la classe moyenne, on rénove même quand il n’y a pas de subventions. Si c’est vrai, libérez ces citoyens-là de l’obligation de rénover ! Supprimez ces exigences excessives qui saignent également la classe moyenne.

On a parfois l’impression que nos élus sont coincés dans un carcan européen. Supprimer l’obligation de rénovation ? Supprimer le certificat PEB ? Pas si simple. La Commission européenne exige des États membres la mise en place de certificats de performance énergétique pour réduire les émissions de CO₂. Assouplir les règles applicables aux agriculteurs ? Ça aussi, parfois, ça bloque. Ainsi, la Flandre a dépensé 800 000 euros pour tenter d’éviter l’extinction du hamster sauvage. Mais le projet a échoué, quelqu’un a déposé plainte, et la Flandre a été condamnée. Là aussi, il s’agissait d’une exigence européenne – où, faut-il le dire, les élus ont leur mot à dire.

« Ce gouvernement a continué de tourner autour du pot en utilisant toutes sortes d’astuces de fête foraine. »

En tout cas, dégager 1,5 milliard d’euros d’économies sans toucher ni la classe moyenne ni les familles, ce ne sera pas de la tarte, quoi qu’ait pu dire Sammy Mahdi (CD&V) sur ce point dans les studios de VTM NIEUWS. Cela dit, ce gouvernement a continué de tourner autour du pot en utilisant toutes sortes d’astuces de fête foraine. La Flandre veut être la meilleure élève de la classe – et on est pourtant loin du compte. En Flandre aussi, le sommet n’est vraiment pas encore en vue. Et l’opposition s’en réjouit d’avance.

Mais il est temps que le parlement se regarde dans le miroir. Il est temps que les députés – de l’opposition comme de la majorité – cessent de demander, pour chaque problème ou presque, de nouveaux moyens à chaque ministre qui passe. Pour les pouvoirs publics, quelles sont les tâches qu’on peut se permettre d’abandonner ? Quelles sont les structures qui, se muant en obstacles, engloutissent l’essentiel d’un budget ? Peut-on mettre l’Europe au pied du mur ? Il est grand temps, pour les parlementaires, de se poser plus souvent ce type de questions, plutôt que de se demander quels moyens le ministre pourrait libérer pour protéger le hamster sauvage.

[2]Déficit budgétaire en Flandre: premières chamailles entre Vooruit et N-VA



[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/le-gouvernement-flamand-a-la-recherche-de-15-milliard-deuros/

[2] https://daardaar.be/rubriques/economie/la-flandre-veut-encore-reduire-ses-depenses-de-330-millions/