Conner Rousseau envisage de devenir papa solo: est-ce réaliste et que dit la loi?
([Politique, Société] 2025-09-01 (Het Laatste Nieuws))
- Reference: 2025-09_Belgaimage-122285915-255x170
- News link: https://daardaar.be/rubriques/societe/conner-rousseau-envisage-de-devenir-papa-solo-est-ce-realiste-et-que-dit-la-loi/
- Source link: https://www.hln.be/binnenland/je-bent-een-alleenstaande-man-van-32-en-wil-een-kind-wat-kan-dan-eigenlijk-expert-legt-uit-wat-je-mogelijkheden-zijn~aaa3d65b/
Conner Rousseau a surpris son monde en déclarant, dans un entretien à l’hebdomadaire Humo , qu’il aimerait avoir un enfant d’ici aux prochaines élections. À 32 ans, le président de Vooruit n’exclut d’ailleurs pas de devenir père tout seul. Est-ce un projet réaliste ? Quelles sont les possibilités qui s’offrent à lui ? Si la loi l’y autorise, les choses ne sont cependant pas si simples dans la pratique.
C’est avec plus de passion que jamais que le président de Vooruit, Conner Rousseau, se livre sur son désir d’enfant dans un entretien à l’hebdomadaire Humo . « J’aimerais avoir un enfant d’ici aux prochaines élections. […] Sauf que je n’ai encore jamais eu de compagnon. » S’il préférerait, dans l’idéal, devenir parent avec un partenaire, il étudie aussi la possibilité de concrétiser ce projet en tant que célibataire.
Liesbet Lauwereys, spécialiste des sciences morales, coordinatrice de l’association « De Maakbare Mens », qui œuvre dans le domaine de la bioéthique, et animatrice du site ikwileenkind.be (littéralement, « jeveuxunenfant.be »), dresse un état de la situation aujourd’hui. Un homme célibataire peut certes devenir père d’un point de vue juridique, mais ce n’est pas si simple dans la pratique. Pour une femme seule, les choses sont plus faciles, puisqu’elle peut tomber enceinte en ayant recours à un donneur. Or, un homme célibataire, lui, a besoin non seulement d’un ovule, mais aussi d’une personne dotée d’un utérus. En pratique, il est donc placé devant l’alternative suivante : adopter ou faire appel à une mère porteuse.
[1]Qui est Conner Rousseau, le président de Vooruit qui casse les codes des partis traditionnels ?
Première option : l’adoption. C’est possible, mais compliqué. L’offre excède de loin la demande. Les adoptions internationales sont actuellement suspendues et certains pays refusent que les enfants soient placés chez des hommes célibataires, explique M me Lauwereys. Ce problème ne se pose pas dans le cas des adoptions internes. Les candidats suivent toute une procédure, y compris des cours obligatoires, puis sont placés sur liste d’attente le temps qu’un enfant leur soit éventuellement confié. Il n’existe aucun critère d’exclusion fondé sur le sexe ou l’âge. Mais les délais sont souvent très longs, ce qui conduit régulièrement des couples et des célibataires à baisser les bras.
Deuxième option : le recours à une mère porteuse. Mais cette solution s’avère encore plus complexe que la première, car la Belgique n’a pas défini de cadre juridique en la matière, souligne la spécialiste. Ainsi, on trouve bien des centres de fertilité pour accompagner le processus de gestation pour autrui, mais ils ne s’adressent pas aux célibataires. Ces structures édictent leurs propres directives et les critères appliqués sont souvent stricts. D’où le fait que de nombreux couples — mais aussi des célibataires — se tournent vers l’étranger. Aux États-Unis, par exemple, il existe des services spécialisés qui organisent le parcours dans son ensemble, de la mise en relation avec une mère porteuse à la conclusion d’un contrat juridiquement solide, expose Liesbet Lauwereys. Ce parcours, Guy T’Sjoen, médecin très médiatisé en Flandre, l’a déjà accompli deux fois et il en parle ouvertement. Mais le coût se chiffre en dizaines de milliers d’euros, ce qui n’est pas à la portée de tout le monde.
[2]Coming out de Conner Rousseau: même en 2023, assumer son orientation sexuelle reste difficile
La démarche est moins onéreuse dans certains pays, mais il faut alors redoubler de vigilance, précise Liesbet Lauwereys. La gestation pour autrui est en plein essor en Ukraine et en Géorgie, par exemple. Mais dans un rapport récent, l’ONU met en garde contre l’exploitation des femmes et préconise même l’interdiction totale de cette pratique.
Le professeur Dominic Stoop, chef du service de médecine reproductive à l’hôpital universitaire de Gand, confirme que la porte reste pour l’instant fermée aux célibataires en Belgique. À défaut de cadre juridique dans le pays, son établissement s’est fondé, lorsqu’il s’est mis à pratiquer la gestation pour autrui, sur les directives élaborées par son comité d’éthique. Et l’un des critères retenus voulait que les parents forment un couple, peu importe qu’il soit hétérosexuel ou homosexuel. Une façon de s’assurer que s’il arrive quelque chose à l’un des parents demandeurs pendant la grossesse, l’enfant aura toujours un parent.
Troisième option : la coparentalité. Il s’agit du cas où un homme fait un enfant avec une amie ou une connaissance, sans être en couple avec elle pour autant. On parle alors de famille pluriparentale. La femme est légalement la mère de l’enfant et exerce l’autorité parentale conjointement avec le père. Concrètement, le cas de figure le plus fréquent est celui d’un couple gay qui fait un enfant avec une femme célibataire. Dans les centres de fertilité, ce type de projet fait toujours l’objet de discussions poussées avec un psychologue. La situation est alors comparable à celle d’un couple séparé, où chacun vit de son côté, mais qui élève un enfant ensemble. Cette solution reste plutôt exceptionnelle en Belgique, mais elle est plus répandue aux Pays-Bas.
Dernière possibilité : le placement familial. Il ne s’agit pas de parentalité stricto sensu, précise Liesbet Lauwereys. Ce sont les parents biologiques qui restent les parents légaux de l’enfant, pas le parent d’accueil. Mais pour certains hommes qui souhaitent avoir des enfants, c’est une façon d’assumer un rôle parental. La procédure est plus rapide et plus simple que celle qui encadre l’adoption.
Les désirs d’enfant qui se manifestent sous une forme atypique suscitent souvent des débats de société. Aujourd’hui encore, on accepte plus difficilement l’idée qu’un homme célibataire veuille devenir père que celle qu’une femme veuille devenir mère, conclut Liesbet Lauwereys. La spécialiste estime toutefois que, si la gestation pour autrui vient à être régie par un cadre juridique, comme le prévoit l’accord de gouvernement, les parents demandeurs ne subiront aucune discrimination fondée sur le sexe ou l’état civil.
Quoi qu’il en soit, le tabou qui entoure le désir d’enfant des pères est en train de se fissurer. De plus en plus d’hommes célibataires adressent des demandes de renseignement à l’association de M me Lauwereys. Ce désir, ils l’auraient probablement nourri en silence il y a encore dix ans, faute de solutions. Or, il en existe bel et bien aujourd’hui, même si elles restent limitées.
[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/qui-est-conner-rousseau-le-president-de-vooruit-qui-casse-les-codes-des-partis-traditionnels/
[2] https://daardaar.be/rubriques/politique/coming-out-de-conner-rousseau-meme-en-2023-assumer-son-orientation-sexuelle-reste-difficile/
C’est avec plus de passion que jamais que le président de Vooruit, Conner Rousseau, se livre sur son désir d’enfant dans un entretien à l’hebdomadaire Humo . « J’aimerais avoir un enfant d’ici aux prochaines élections. […] Sauf que je n’ai encore jamais eu de compagnon. » S’il préférerait, dans l’idéal, devenir parent avec un partenaire, il étudie aussi la possibilité de concrétiser ce projet en tant que célibataire.
Liesbet Lauwereys, spécialiste des sciences morales, coordinatrice de l’association « De Maakbare Mens », qui œuvre dans le domaine de la bioéthique, et animatrice du site ikwileenkind.be (littéralement, « jeveuxunenfant.be »), dresse un état de la situation aujourd’hui. Un homme célibataire peut certes devenir père d’un point de vue juridique, mais ce n’est pas si simple dans la pratique. Pour une femme seule, les choses sont plus faciles, puisqu’elle peut tomber enceinte en ayant recours à un donneur. Or, un homme célibataire, lui, a besoin non seulement d’un ovule, mais aussi d’une personne dotée d’un utérus. En pratique, il est donc placé devant l’alternative suivante : adopter ou faire appel à une mère porteuse.
[1]Qui est Conner Rousseau, le président de Vooruit qui casse les codes des partis traditionnels ?
L’adoption : c’est compliqué
Première option : l’adoption. C’est possible, mais compliqué. L’offre excède de loin la demande. Les adoptions internationales sont actuellement suspendues et certains pays refusent que les enfants soient placés chez des hommes célibataires, explique M me Lauwereys. Ce problème ne se pose pas dans le cas des adoptions internes. Les candidats suivent toute une procédure, y compris des cours obligatoires, puis sont placés sur liste d’attente le temps qu’un enfant leur soit éventuellement confié. Il n’existe aucun critère d’exclusion fondé sur le sexe ou l’âge. Mais les délais sont souvent très longs, ce qui conduit régulièrement des couples et des célibataires à baisser les bras.
Deuxième option : le recours à une mère porteuse. Mais cette solution s’avère encore plus complexe que la première, car la Belgique n’a pas défini de cadre juridique en la matière, souligne la spécialiste. Ainsi, on trouve bien des centres de fertilité pour accompagner le processus de gestation pour autrui, mais ils ne s’adressent pas aux célibataires. Ces structures édictent leurs propres directives et les critères appliqués sont souvent stricts. D’où le fait que de nombreux couples — mais aussi des célibataires — se tournent vers l’étranger. Aux États-Unis, par exemple, il existe des services spécialisés qui organisent le parcours dans son ensemble, de la mise en relation avec une mère porteuse à la conclusion d’un contrat juridiquement solide, expose Liesbet Lauwereys. Ce parcours, Guy T’Sjoen, médecin très médiatisé en Flandre, l’a déjà accompli deux fois et il en parle ouvertement. Mais le coût se chiffre en dizaines de milliers d’euros, ce qui n’est pas à la portée de tout le monde.
[2]Coming out de Conner Rousseau: même en 2023, assumer son orientation sexuelle reste difficile
La coparentalité
La démarche est moins onéreuse dans certains pays, mais il faut alors redoubler de vigilance, précise Liesbet Lauwereys. La gestation pour autrui est en plein essor en Ukraine et en Géorgie, par exemple. Mais dans un rapport récent, l’ONU met en garde contre l’exploitation des femmes et préconise même l’interdiction totale de cette pratique.
Le professeur Dominic Stoop, chef du service de médecine reproductive à l’hôpital universitaire de Gand, confirme que la porte reste pour l’instant fermée aux célibataires en Belgique. À défaut de cadre juridique dans le pays, son établissement s’est fondé, lorsqu’il s’est mis à pratiquer la gestation pour autrui, sur les directives élaborées par son comité d’éthique. Et l’un des critères retenus voulait que les parents forment un couple, peu importe qu’il soit hétérosexuel ou homosexuel. Une façon de s’assurer que s’il arrive quelque chose à l’un des parents demandeurs pendant la grossesse, l’enfant aura toujours un parent.
Troisième option : la coparentalité. Il s’agit du cas où un homme fait un enfant avec une amie ou une connaissance, sans être en couple avec elle pour autant. On parle alors de famille pluriparentale. La femme est légalement la mère de l’enfant et exerce l’autorité parentale conjointement avec le père. Concrètement, le cas de figure le plus fréquent est celui d’un couple gay qui fait un enfant avec une femme célibataire. Dans les centres de fertilité, ce type de projet fait toujours l’objet de discussions poussées avec un psychologue. La situation est alors comparable à celle d’un couple séparé, où chacun vit de son côté, mais qui élève un enfant ensemble. Cette solution reste plutôt exceptionnelle en Belgique, mais elle est plus répandue aux Pays-Bas.
Un tabou qui se fissure
Dernière possibilité : le placement familial. Il ne s’agit pas de parentalité stricto sensu, précise Liesbet Lauwereys. Ce sont les parents biologiques qui restent les parents légaux de l’enfant, pas le parent d’accueil. Mais pour certains hommes qui souhaitent avoir des enfants, c’est une façon d’assumer un rôle parental. La procédure est plus rapide et plus simple que celle qui encadre l’adoption.
Les désirs d’enfant qui se manifestent sous une forme atypique suscitent souvent des débats de société. Aujourd’hui encore, on accepte plus difficilement l’idée qu’un homme célibataire veuille devenir père que celle qu’une femme veuille devenir mère, conclut Liesbet Lauwereys. La spécialiste estime toutefois que, si la gestation pour autrui vient à être régie par un cadre juridique, comme le prévoit l’accord de gouvernement, les parents demandeurs ne subiront aucune discrimination fondée sur le sexe ou l’état civil.
Quoi qu’il en soit, le tabou qui entoure le désir d’enfant des pères est en train de se fissurer. De plus en plus d’hommes célibataires adressent des demandes de renseignement à l’association de M me Lauwereys. Ce désir, ils l’auraient probablement nourri en silence il y a encore dix ans, faute de solutions. Or, il en existe bel et bien aujourd’hui, même si elles restent limitées.
[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/qui-est-conner-rousseau-le-president-de-vooruit-qui-casse-les-codes-des-partis-traditionnels/
[2] https://daardaar.be/rubriques/politique/coming-out-de-conner-rousseau-meme-en-2023-assumer-son-orientation-sexuelle-reste-difficile/