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  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

Gwendolyn Rutten enfile le costume d’enseignante : provocation ou exemple à suivre ?

([Opinions, Politique] 2025-09-01 (Het Laatste Nieuws))


Gwendolyn Rutten (Open Vld) va jouer les professeures intérimaires. Pendant trois semaines, elle donnera cours d’histoire, à temps partiel. Elle occupera ainsi un poste vacant pour lequel les candidats ne se bousculaient pas aux portillons, et évitera aux élèves de se tourner les pouces en salle d’étude. Cette décision, a priori, ne pourrait lui valoir que des éloges. Or la voilà clouée au pilori. Et pour cause : elle combinera cette activité avec son mandat de parlementaire et sa fonction de bourgmestre d’Aarschot. D’aucuns y voient un manque de respect envers le corps professoral. Ou la preuve que Gwendolyn Rutten a du temps à revendre, n’ayant pas assez de travail en politique. Ce genre de réactions reflète surtout l’hostilité générale à son égard, elle qui est encore perçue comme une acrobate politique et une éternelle revenante.

Les autres enseignants devraient se réjouir : les élèves concernés ne végèteront pas en salle d’étude. Et d’ailleurs, Gwendolyn Rutten ne méprise en rien la profession. Peut-être est-ce même l’inverse : certains professeurs la toisent, estimant que tout le monde n’a pas sa place devant une classe. Mais avec 3.700 postes d’enseignants vacants en Flandre, chaque professeur compte. Zuhal Demir (N-VA), lorsqu’elle était ministre de l’Enseignement, est même allée chercher des enseignants à un souffle de la pension. Et fin de l’année dernière, environ 2.500 retraités ont repris du service. Faut-il y voir une insulte envers ceux qui profitent pleinement de leur retraite ? Ne dit-on pas que chacun voit midi à sa porte ?

Le nationaliste flamand Theo Francken a, lui aussi, envisagé de devenir « professeur Francken » pour combler la pénurie d’enseignants. Autour d’un projet baptisé « Enseignants pour la Flandre », il s’adressait à toutes celles et ceux en mesure de se retrousser les manches. L’idée, morte dans l’œuf, s’inspirait de l’ancien Premier ministre néerlandais Mark Rutte, qui, même en tant que chef de gouvernement, continua d’officier en tant que « professeur Mark ».

[1]Enseignement flamand : une année scolaire qui commence déjà dans le rouge

Pour la classe politique, la parenthèse pédagogique de Mme Rutten est une richesse. N’en déplaise aux cyniques. Cette expérience nourrira sa réflexion et son jugement critique en matière de politiques publiques. Je considère que les élus qui ont une carrière hors du monde politique — que ce soit avant ou pendant leur mandat — apportent une véritable plus-value. Une bouffée d’oxygène. Ils invitent leurs congénères à sortir de leur bulle de verre. Combien de fois n’entend-on pas un salarié ou un entrepreneur soupirer : « Si seulement les politiciens venaient partager notre quotidien, ils ouvriraient enfin les yeux » ?

Le Parlement flamand a la fâcheuse tendance de s’illustrer par des mesures déconnectées de la réalité qui font bondir les travailleurs. La théorie se heurte à la pratique. Entre le rêve et l’acte, le parcours est semé de lois contraignantes, qui témoignent souvent d’un manque de confiance. Les agriculteurs, par exemple, sont obligés de noter quand ils contrôlent leurs pièges à souris. Les enseignants doivent accepter des réformes qu’ils savent vouées à l’échec. Bref : oui, certains responsables politiques gagneraient à mettre les mains dans le cambouis.



[1] https://daardaar.be/rubriques/societe/enseignement-flamand-une-annee-scolaire-qui-commence-deja-dans-le-rouge/



You'll feel devilish tonight. Toss dynamite caps under a flamenco dancer's
heel.