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Comment la ville de Gand a-t-elle fait pour accumuler un milliard d’euros de dettes ?

([Economie] 2025-07-01 (DaarDaar))


La ville de Gand lance un plan d’économies de grande envergure. 350 équivalents temps plein en moins et taxe sur les kots étudiants, parking payant le dimanche… La coalition gantoise a présenté son plan pour assainir la dette communale qui a explosé ces dernières années. Comment la ville flamande a-t-elle fait pour en arriver à une dette qui dépasse le milliard d’euros ?

Il n’y a pas qu’en Wallonie que les dettes communales explosent. Au nord du pays, la ville de Gand a passé le cap du milliard de dettes. Après des jours de négociations, la coalition gantoise (Open Vld, Groen, Vooruit) vient d’annoncer un plan d’austérité radical pour lutter contre l’explosion de la dette communale : 350 postes en moins, 120 millions d’euros d’économies structurelles par an, soit une coupe de 12% dans son budget total.

« La ville n’a tout simplement plus le choix », alerte Bram Verschuere, professeur de sciences administratives à l’Université de Gand, [1]au micro de Radio 1 (VRT). Gand traîne plus d’un milliard d’euros de dettes, soit 3556 euros par habitant, bien plus que dans les autres villes flamandes.

Investissements massifs



Comment la ville de Gand a-t-elle pu laisser exploser sa dette ces dernières années ? La dette gantoise est le résultat d’un volontarisme budgétaire assumé par le bourgmestre Mathias De Clercq (Open Vld). Il annonçait [2]à la VRT avant les dernières élections communales : « Nous avons fait le choix assumé d’investir massivement : dans des parcs, des écoles, des logements sociaux, des maisons de repos… au bénéfice des Gantois. »

Ces dernières années, Gand a en effet multiplié les investissements, petits et grands. La ville a par exemple injecté 2 millions d’euros dans la rénovation du centre culturel Vooruit (appelé dorénavant VIERNULVIER) et 1,2 million d’euros supplémentaires dans le théâtre Kopergietery, dont les travaux ont largement dépassé les prévisions.

À cela s’ajoutent des dépenses croissantes pour l’entretien des bâtiments publics, les routes, mais aussi des aides sociales comme les repas abordables dans les écoles et les restaurants sociaux, des parkings vélo temporaires ou encore le soutien aux familles précaires pour l’accès au sport ou à Internet. Gand a par ailleurs pris à sa charge l’accueil d’urgence pour les réfugiés ukrainiens.

Résultat : des coûts en hausse constante… sans toujours les recettes pour suivre. « Si on n’intervenait pas, les charges de la dette finiraient par engloutir 15% des recettes de la ville », a reconnu Christophe Peeters, échevin des Finances (Open Vld), lors d’une conférence de presse.

Gand dépense beaucoup dans son personnel



Parmi toutes les grandes villes de Flandre, Gand se distingue par un personnel communal particulièrement nombreux, à la fois en chiffres absolus et en proportion. En 2023, la ville comptait près de 6000 équivalents temps plein (ETP), contre un peu plus de 8000 à Anvers, pourtant bien plus peuplée. Ce qui place Gand parmi les villes les plus « généreusement dotées » en agents communaux par habitant.

Si l’on regarde le ratio d’agents par tranche de 1000 habitants, Gand figure dans le top 10 des communes flamandes avec le plus de personnel, aux côtés… de six stations balnéaires. Des villes comme Nieuport ou Coxyde gonflent leurs effectifs en haute saison, mais Gand, elle, affiche un taux élevé toute l’année.

Avec plus de 22 agents pour 1000 habitants, la ville dépasse largement la moyenne régionale, révèle [3] le dernier rapport sur le personnel des communes flamandes de l’Agence flamande des affaires intérieures .

[4]Et si les communes assumaient les tâches du VDAB, l’agence flamande pour l’emploi?

Quelles mesures pour redresser les finances ?



L’objectif annoncé est désormais de stabiliser la dette d’ici 2030. Pour y arriver, la coalition gantoise supprime 350 postes, principalement dans des fonctions internes comme la communication ou la gestion. Cela représente 5% du personnel. Les crèches, écoles ou maisons de repos sont quant à elles épargnées. Les départs se feront en douceur, via retraites, non renouvellements ou départs volontaires avec prime.

Côté recettes, la ville va chercher des nouvelles pistes de financement : stationnement payant le dimanche, taxe annuelle sur les kots étudiants de 190€ par an et la revente de 101 bâtiments communaux. Gand garde des priorités : elle renforce ses équipes contre les déchets sauvages et investit dans la sécurité et le logement.

Selon Bram Verschuere, professeur à l’Université de Gand, les économies décidées par la ville sont relativement exceptionnelles, mais pas inédites. Il rappelle qu’à la fin des années 1980, Gand avait déjà supprimé près de 1000 emplois lors d’une précédente opération d’assainissement. « Ce n’est pas unique, même si ce genre de mesures reste relativement exceptionnel », explique-t-il à la VRT.

[5]Élections communales: Gand se rapproche un peu plus d’Anvers

Et demain ? Une pression croissante sur les CPAS



Autre défi à l’horizon : dès 2026, la limitation dans le temps des allocations de chômage devrait faire exploser la demande d’aide sociale. Selon les estimations de l’échevine Astrid De Bruycker, le nombre de bénéficiaires du CPAS devrait augmenter de 12%.

« Beaucoup plus de personnes devront se tourner vers le CPAS, une fois leur allocation supprimée. Le besoin d’accompagnement va exploser », avertit Nathalie Debast, la porte-parole de la VVSG (l’Union des villes et communes flamandes) (VVSG).

Elle appelle également le gouvernement fédéral à prendre ses responsabilités : « Il faut un soutien adapté, non seulement pour garantir le revenu d’intégration, mais aussi pour soutenir les assistants sociaux qui sont en première ligne pour aider ces personnes. »

Dans [6]une opinion parue dans Knack , le journaliste Ewald Pironet, conclut qu’il est nécessaire de tirer des leçons de la mauvaise gestion des dettes dans la ville des cuberdons : « La situation financière dans laquelle Gand, deuxième plus grande ville de Flandre, s’est embourbée livre au moins deux leçons. Primo : on ne peut pas continuer à accumuler les dettes, à embaucher à tour de bras et à distribuer des subsides tous azimuts. Secundo : tôt ou tard, l’addition finit par tomber. En 2024, la ville a déboursé plus de 23 millions d’euros en intérêts — trois fois plus que Louvain, quatre fois plus qu’Anvers. Un avertissement clair, non seulement pour les autres villes et communes flamandes, mais aussi pour les Régions… et pour le pays dans son ensemble. »

[7]Quand les CPAS flamands deviennent des tremplins vers l’emploi



[1] https://www.vrt.be/vrtmax/luister/radio/d/de-ochtend~11-19/de-ochtend~11-32346-0/fragment~dd7de9b4-fd46-416f-bbfd-49c4ce5ef848/

[2] https://www.vrt.be/vrtnws/nl/2024/10/02/gent-heeft-meer-schulden-dan-antwerpen-check-hier-hoeveel-schul/

[3] https://assets.vlaanderen.be/image/upload/v1742206928/repositories-prd/nota_personeel_vlaamse_gemeenten_20250221_thgvl7.pdf

[4] https://daardaar.be/rubriques/travail-sante/et-si-les-communes-assumaient-les-taches-du-vdab-lagence-flamande-pour-lemploi/

[5] https://daardaar.be/rubriques/politique/elections-communales-gand-se-rapproche-un-peu-plus-danvers/

[6] https://www.knack.be/nieuws/belgie/politiek/de-gentse-schuldenberg-geen-enkel-ander-lokaal-bestuur-in-vlaanderen-maakte-het-zo-bont/#:~:text=Bovendien%20is%20het%20financi%C3%ABle%20beleid,Vlaanderen%20maakte%20het%20zo%20bont.

[7] https://daardaar.be/rubriques/travail-sante/quand-les-cpas-flamands-deviennent-des-tremplins-vers-lemploi/



(German philosopher) Georg Wilhelm Hegel, on his deathbed, complained,
"Only one man ever understood me." He fell silent for a while and then added,
"And he didn't understand me."