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  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

6 minutes pour sauver une vie: comment réagir en cas de crise cardiaque ?

([Travail & Santé] 2025-07-01 (De Morgen))


Une personne fait un malaise en rue et s’effondre : la scène est saisissante pour tout le monde. Que faire si vous êtes témoin d’un tel incident ? « Tout le monde a le devoir de porter secours. »

Dans le film culte The Big Lebowski , sorti en 1998, après une altercation avec les nihilistes, Donny s’effondre en gémissant. « Une crise cardiaque », constate froidement Walter. Dans Something’s Gotta Give , Jack Nicholson incarne Harry, un personnage en sueur, gisant sur le sol, les yeux révulsés. « Une crise cardiaque ? », interroge-t-il un peu plus tard le médecin, surpris.

Dans les films, les scènes de crises cardiaques sont plutôt dramatiques. Une [1]étude menée l’an dernier a révélé qu’à Hollywood, ce sont presque toujours des hommes blancs qui se tordent de douleur, allongés sur le sol. Mais la réalité est différente.

La personne ne tombe pas toujours par terre, cela dépend du type d’attaque dont elle est victime : arrêts et crises cardiaques sont souvent confondus.

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Reconnaître l’urgence



Une crise cardiaque, ou infarctus du myocarde, se produit lorsqu’une artère coronaire du cœur s’obstrue soudainement. Une partie du cœur est privée d’oxygène, entrainant la mort des cellules cardiaques. La personne reste généralement consciente. Et les symptômes sont souvent beaucoup plus subtils qu’à l’écran : douleur oppressante dans la poitrine (les patients – y compris Jack Nicholson – évoquent fréquemment « un éléphant assis sur la poitrine »), douleur irradiant vers l’épaule ou le bras gauche, nausées, vision trouble et essoufflement.

Chez les hommes, du moins. Car souvent, les femmes ressentent aussi des douleurs dans la mâchoire, le cou, le dos, le haut de l’abdomen, entre les omoplates ou dans l’épaule ou le bras droit, en plus d’une sensation d’oppression ou de compression thoracique. Des nausées, de la fatigue et de l’agitation peuvent également survenir. Chez les femmes, un infarctus du myocarde est rarement identifié comme tel.

Si vous voyez quelqu’un s’effondrer dans la rue, il s’agit probablement d’un arrêt cardiaque plutôt que d’un infarctus. En fait, lors d’un arrêt cardiaque, le cœur ne s’arrête pas toujours, mais il bat souvent très fort ou inefficacement, ce qui empêche le pompage du sang et donc de l’oxygène ; il s’agit en réalité d’un arrêt de la circulation.

Le problème se situe dans le système électrique du cœur. En quelques secondes, la personne perd connaissance. Il peut s’agir d’un infarctus du myocarde, mais pas toujours.

Les six premières minutes



Au fond, peu importe la cause. Si une personne est inconsciente ou ne respire plus, les étapes de la [3]réanimation sont toujours les mêmes, avec ou sans brevet de secourisme. « Tout le monde se doit de porter secours », explique Heleen Lameijer, médecin urgentiste au Frisius Medisch Centrum. Ce sont surtout les six premières minutes qui sont cruciales.

Alors que faire ? Observez si la personne est consciente, appelez le 112, vérifiez sa respiration et commencez le massage cardiaque. Alternez trente compressions thoraciques (au rythme de la chanson Just Dance de Lady Gaga) et deux insufflations (bouche-à-bouche). Utilisez un défibrillateur automatique externe (DAE) [4]s’il y en a un . Ces appareils ont considérablement amélioré les chances de survie ces dernières années. Continuez les compressions thoraciques et les insufflations tant que vous le pouvez, jusqu’à l’arrivée de l’ambulance. Pratiquer une réanimation n’est pas de tout repos.

« Si vous ne savez pas comment pratiquer un massage cardiaque, les opérateurs du 112 vous guideront. Mais il est préférable d’avoir appris à réanimer », souligne Heleen Lameijer, médecin urgentiste.

Un avis que partage pleinement la bénévole Wia Smit. « L’hôpital le plus proche est assez éloigné. Je veux pouvoir aider les gens. » Wia a déjà été appelée à neuf reprises. Elle se souvient très bien de la première fois : elle travaillait dans un centre de dépistage du coronavirus lorsqu’elle a reçu un appel : elle a tout laissé tomber. Il se fait qu’elle connaissait la victime. « Mais sous l’effet de l’adrénaline, je ne m’en suis pas rendu compte pendant la réanimation. » Malgré ses efforts, la personne n’a malheureusement pas survécu.

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Vie et mort



Wia Smit, elle-même formatrice en secourisme, prépare les participants à la possibilité qu’ils connaissent la victime. 70 % des arrêts cardiaques surviennent à la maison ; c’est peut-être votre partenaire qui a besoin d’aide. Wia Smit se souvient d’une réanimation particulièrement éprouvante, il s’agissait d’une personne plus jeune qu’elle. « Beaucoup de gens du village la connaissaient. »

Réanimer quelqu’un [6]n’est pas une mince affaire pour certains. Tout va très vite et c’est une question de vie ou de mort. Certaines personnes peuvent par la suite avoir des flashbacks, éprouver de vives émotions ou des sentiments de culpabilité.

Si Wia Smit comprend très bien les appréhensions à pratiquer un massage cardiaque, elle recommande à tout le monde de suivre une formation. « Il n’y a pas que la réanimation. Il faut ouvrir la porte, attacher le chien ou faire de la place pour les services de secours. Ou bien, se placer au bord de la route muni d’une lampe de poche pour guider l’ambulance, car les numéros des maisons dans les fermes de la région sont difficiles à distinguer dans l’obscurité. Autant de choses pratiques que l’on enseigne en formation. »



[1] https://www.ahajournals.org/doi/epub/10.1161/JAHA.123.034222

[2] https://daardaar.be/rubriques/travail-sante/notre-systeme-de-soins-doit-se-refaire-une-sante-financiere/

[3] https://www.youtube.com/watch?v=NIbTiTTYDrY

[4] https://www.youtube.com/watch?v=3CAmp8yKYEg

[5] https://daardaar.be/rubriques/opinions/belgique-pourquoi-il-faut-regionaliser-nos-soins-de-sante/

[6] https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC8425096/#Sec3



"Little else matters than to write good code."
-- Karl Lehenbauer