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  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

Qui est Acid, ce youtubeur flamand provocateur aux 675.000 abonnés ?

([Culture et Médias] 2025-07-01 (DaarDaar))


Icône rebelle pour certains, fauteur de troubles pour d’autres, Nathan Vandergunst, alias Acid, est de retour en ligne après un mois et demi de silence imposé par la justice. Connu pour ses vidéos coup-de-poing, son humour noir et ses sorties polémiques, qui est ce Youtubeur flamand provocateur de 26 ans aux près de 700.000 abonnés ?

Tout commence en 2010, dans une chambre d’adolescent à Blankenberge. Nathan Vandergunst n’a que 11 ans lorsqu’il poste ses premières vidéos sous le pseudonyme « Coolenat ». « 12 abonnés ! » se réjouit-il alors.

En 2013, il change de pseudo pour « Acid », inspiré d’un personnage du film américain Hackers. Il poste des vidéos de snowboard, puis de jeux vidéo, avant de s’attaquer à des sujets d’actualité ou de société… Le ton est incisif, le style provocateur.

À 17 ans, après s’être fait renvoyer de l’école pour des frasques à répétition, dont un lancer de pizza dans les couloirs, il décide de se consacrer à 100% à YouTube.

En 2018, il choque à nouveau. Dans une vidéo promotionnelle pour vendre ses pulls, il conseille carrément à ses abonnés de « voler la carte de crédit de leurs parents » pour les acheter. Résultat : sanction immédiate de YouTube, démonétisation de sa chaîne, et création d’une chaîne alternative : ACID 2, aujourd’hui suivie par plus de 675.000 abonnés.

[1]« Mon papa est homosexuel »

Une voix et un accent reconnaissable entre mille



L’accent d’Acid est devenu une marque de fabrique. Il s’agit d’une sorte de mélange de West-Vlaams (flamand occidental) et de néerlandais des Pays-Bas.

Sur la chaîne TV privée Goplay, Acid décrit lui-même son accent comme un signe de « schizophrénie contrôlée ». « En ce moment, je ne peux pas imiter mon accent normal. Lorsque je suis avec mes amis et que je parle West-Vlaams, je ne peux pas non plus l’imiter. Mais, dès que je suis dans mon studio ou qu’une caméra est braquée sur moi, c’est parti. »

Cet accent qui n’est parlé que par lui n’est pas le fruit du hasard : il a notamment commencé à l’utiliser pour que son public néerlandais le comprenne mieux.

Star de scène… et fauteur de troubles



Avec près de 700.000 abonnés sur YouTube, Acid est devenu un phénomène dans le monde néerlandophone en ligne. En 2016, il gagne le Nickelodeon Kids’ Choice Award aux Pays-Bas du meilleur vlogger.

Il participe au quiz De Slimste Mens ter Wereld. Le jeune de Blankenberge fait aussi exploser les vues avec son tube « Go Acid » (2 millions de vues) avant d’enflammer les scènes de Rock Werchter et Pukkelpop.

Son gain de popularité au Nord du pays s’accompagne aussi souvent de vidéos qui suscitent la controverse… Exemples ? Se faire passer pour un agent de la prévention de Blankenberge, s’introduire dans des cours universitaires en ligne, ou envoyer un message plus que douteux à une maman qui vend des robes de communion en ligne, demandant si ses filles sont « aussi à vendre » pour un ami.

Il se lance aussi régulièrement des paris assez fous. L’année dernière, il est par exemple parvenu à s’introduire au festival Tomorrowland sans avoir de ticket. Cette vidéo compte près d’un million de vues.

L’affaire Sanda Dia : la vidéo qui lui a valu une condamnation



« J’adore faire rire les gens. Et oui, j’adore être au cœur de l’attention, même si elle est très négative », lance-t-il au quotidien De Morgen. Provocation, satire, activisme… Pour ses fans, il dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Pour ses détracteurs, il joue avec les limites du harcèlement.

L’un de ses premiers gros scandales en ligne éclate en 2020 pendant la crise Covid. Acid s’en prend au duo de Youtubeurs flamands ultra-populaires Céline Dept et Michiel Callebaut, alias CEMI, en les qualifiant de « cancer de YouTube » et en moquant leur succès. La communauté d’Acid prend le relais : les menaces (de mort) pleuvent, des fans insultent et harcèlent le couple.

CEMI accuse alors Acid d’être responsable du cyberharcèlement. Ce dernier se défend dans ses vidéos : « Ce n’est pas du harcèlement, c’est de la satire. Je dis ce que je pense, avec un peu d’humour noir, et ça, apparemment, c’est interdit. »

L’affaire fait grand bruit en Flandre et elle soulève une vraie question sur la responsabilité des influenceurs face à leurs communautés.

« Ce n’est pas du harcèlement, c’est de la satire. Je dis ce que je pense, avec un peu d’humour noir, et ça, apparemment, c’est interdit. »

Le 31 mai 2022, Nathan explose à nouveau les compteurs avec une vidéo sur l’affaire Sanda Dia, un étudiant qui a perdu la vie à la suite d’un baptême estudiantin. Révolté par les peines jugées trop légères contre les membres du cercle étudiant Reuzegom, il publie leurs noms et photos. « On va exposer des gens ! », clame-t-il devant sa caméra.

Mais parmi les personnes nommées, l’une d’entre elles n’était pas poursuivie. Elle dépose plainte. Résultat : Acid écope de trois mois de prison avec sursis, 800 euros d’amende et 20.000 euros de dommages-intérêts. Il hérite surtout d’un casier judiciaire, une première en Belgique pour un influenceur accusé de doxing, c’est-à-dire balancer des infos sur quelqu’un, en ligne, sans son consentement et dans le but de lui nuire.

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L’affaire de l’étudiant gynécologue : la récidive



Avril 2025 : l’histoire se répète. Cette fois, Acid dévoile l’identité d’un étudiant en gynécologie à Louvain condamné pour viol, mais qui bénéficie d’une suspension du prononcé. Il filme une vidéo coup de poing et lâche : « Je suis déjà en sursis. Enfermez-moi si vous voulez. »

Quelques jours plus tard, la justice se saisit de l’affaire. Perquisition, saisie de matériel informatique… s’ensuit une interdiction totale de publier du contenu pendant trois mois. Son avocat dénonce une atteinte directe à sa liberté d’expression. Acid, lui, parle de « prison en ligne ».

Retour en fanfare : « This is our f*cking summer »



Ce dimanche 29 juin 2025, Nathan Vandergunst publie sur ses réseaux une lettre du procureur du Roi de Blankenberge sur laquelle il est inscrit qu’Acid peut reprendre la diffusion de contenus en ligne. Mais sous contrôle : interdiction de parler du cas de l’étudiant gynécologue ou de cibler d’autres individus. Il doit aussi se soumettre à une expertise psychiatrique.

Acid annonce alors son retour sur les réseaux comme il sait le faire : bruyamment. Il surgit sur scène au Sunrise Festival, balance un nouveau morceau sur Spotify, publie une vidéo YouTube intitulée « Si cette vidéo est en ligne, c’est que je suis en prison », et s’affiche sur TikTok en train de déchirer ce qui ressemble à une convocation judiciaire.

Le message est clair : « F*ck die shit. We’re back, baby ! » Et la promesse aussi : « This is our f*cking summer. »

Icône d’une jeunesse désabusée ? Justicier provocateur ? Dans tous les cas, Nathan Vandergunst aka Acid continuera à faire du bruit sur les réseaux tant qu’il le pourra.

[2]Les influenceurs orientent le choix électoral de plus de la moitié des jeunes Flamands



[1] https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/mon-papa-est-homosexuel/

[2] https://daardaar.be/rubriques/societe/les-influenceurs-orientent-le-choix-electoral-de-plus-de-la-moitie-des-jeunes-flamands/



The hope that springs eternal
Springs right up your behind.
-- Ian Drury, "This Is What We Find"