Maintenant que le ministre fédéral de l’Emploi David Clarinval (MR) est parvenu à faire ses calculs, on se rend compte que l’exception accordée aux chômeurs de plus de 55 ans ne tient pas la route. Pas moins de 80 pour cent des 55 ans et plus n’échapperont pas à la limitation du chômage dans le temps. Autant dire que les socialistes se vanteront avec un peu moins d’enthousiasme de cette exception pour laquelle ils ont pourtant si ardemment lutté. Mais est-ce seulement aujourd’hui que nous le remarquons ? Nous n’oserions imaginer qu’un Frank Vandenbroucke (Vooruit) aurait pu mal évaluer l’impact de cette mesure. Maintenant, vu que le dossier du chômage est lié à celui de la taxe sur les plus-values, nous verrons si des corrections seront apportées par la suite. En effet, si la taxe sur les plus-values rapporte plus qu’escompté, cela constituera-t-il aussi un problème ?

Du reste, l’accord de gouvernement annonce un durcissement des règles. Actuellement, 30 années d’activité professionnelle suffisent pour obtenir une allocation après 55 ans, mais d’ici 2030, le nombre d’annuités nécessaires s’élèvera à 35.

A relire

[1]La Flandre a besoin de travailleurs migrants, et pas seulement d’universitaires étrangers

En se plongeant dans les chiffres de l’ONEM dans la nuit de vendredi à samedi, Clarinval s’est rendu compte du nombre hallucinant de personnes qui perdront leurs allocations de chômage : pas moins de 184 000 d’ici l’été 2027, un nombre bien plus élevé que prévu. Comment expliquer une telle armée de chômeurs alors que tant d’offres d’emploi restent à pourvoir dans notre pays ? C’est simple : par l’échec des politiques menées jusqu’à présent. Se contenter de donner de l’argent aux gens, ce n’est pas une solution. Plus de 12 000 personnes se retrouvent depuis 20 ans dans un système dans lequel personne ne devrait pouvoir rester si longtemps. Ces personnes-là, on les a laissé se débrouiller toutes seules, sans les déranger. Elles ne devront pas espérer beaucoup de compassion, surtout pas de la part des travailleurs qui se tuent à la tâche tous les jours. Tant d’assistanat, cela relève de la négligence politique. Ive Marx, professeur de politique socio-économique, parle de « décennies d’incompétence politique », dont ces gens paient désormais le prix. Il n’a pas tort. Mais ouvrir son portefeuille, c’est tellement plus facile que de mettre ces gens au travail.

Et en même temps, nous figurons, avec les Pays-Bas, parmi les pays d’Europe comptant le plus grand nombre d’offres d’emploi par habitant. Nulle part ailleurs on ne trouve autant de postes vacants. Les employeurs réclament à cor et à cri de la main-d’œuvre. Mais des plus de 55 ans, ils n’en veulent pas. Il suffit d’interroger un demandeur d’emploi de plus de 55 ans : lorsqu’il reçoit une réponse d’un employeur, elle est rarement enthousiaste et souvent humiliante. Dans l’esprit des employeurs aussi, les choses doivent changer. Les politiques seraient bien inspirés de s’attaquer à cette discrimination aussi durement qu’elle s’en prend aux chômeurs.

A relire

[2]Comment mettre fin aux transferts de la Flandre vers la Wallonie? Un taux d’emploi de 80 %!



[1] https://daardaar.be/rubriques/travail-sante/la-flandre-a-besoin-de-travailleurs-migrants-et-pas-seulement-duniversitaires-etrangers/

[2] https://daardaar.be/rubriques/travail-sante/comment-mettre-fin-aux-transferts-de-la-flandre-vers-la-wallonie-un-taux-demploi-de-80/