La Wallonie n’existe pas. Amis flamands, croyez-moi, j’y suis allé.
([Rubriques] 2025-06-01 (De Standaard))
- Reference: 2025-06_Peter_De_Lobel-255x170
- News link: https://daardaar.be/rubriques/la-wallonie-nexiste-pas-amis-flamands-croyez-moi-jy-suis-alle/
- Source link: https://www.standaard.be/binnenland/wallonie-bestaat-niet.-geloof-me-ik-ben-er-geweest/60338992.html
Commençons notre périple à Gembloux, petite tache tout en haut de la carte de la province de Namur, perdue dans un océan de champs et de prairies. Officiellement, c’est une ville, même si elle ne semble pas faire beaucoup d’efforts pour en convaincre les visiteurs de passage. L’ancienne abbaye et le palais abbatial rouge massif dominent les alentours. On n’y prie plus guère, hormis dans l’espoir d’obtenir des questions d’examen pas trop vaches. Et pour cause, Dieu a sous-loué son pied-à-terre namurois depuis belle lurette, pour y remplacer les moines par des scientifiques et des étudiants : le site est aujourd’hui un campus satellite de l’université de Liège, Gembloux Agro-Bio Tech . On forme ici les ingénieurs agronomes wallons de demain.
C’était un mardi banal, début 2020. J’avais eu un long entretien sur le temps de midi avec un jeune agriculteur de la région et devais assister le soir à un congrès organisé sur le campus par la Fédération des Jeunes Agriculteurs (FJA). Ceux qu’on a vu arpenter les rues de la capitale en tracteur en 2024 connaissaient à l’époque déjà des temps difficiles. Lors de précédents reportages – dans des fermes de la région de Bastogne, directement dans l’étable ou autour de la table de cuisine –, de solides gaillards aux mains larges et aux visages burinés m’avaient raconté qu’ils travaillaient dur, depuis toujours, sans en tirer le moindre revenu depuis au moins dix ans. Tandis qu’ils se levaient aux aurores pour nourrir leurs bêtes, les tarifs s’effondraient. Les prix cassés proposés en supermarché les poussaient à devoir se satisfaire de revenus de misère. Ici, s’il y avait des vaches à traire, c’était bien eux.
Comme j’étais en avance et que j’avais du temps à tuer, je suis allé flâner un peu dans le petit centre-ville. Il bruinait, la lumière déclinait peu à peu. Sur la nouvelle place fraîchement aménagée devant la non moins récente « administration communale de Gembloux », le vent faisait claquer des drapeaux au sommet d’une rangée de mâts blancs. Le drapeau belge côtoyait fièrement « Le coq hardi », l’emblème wallon. D’un bleu éclatant, celui de l’Union européenne complétait le tableau.
© Peter De Lobel
Deux autres drapeaux étaient déployés à côté des autres, je n’arrivais pas à les identifier. L’un d’eux, mi-blanc mi-noir, était – je l’apprendrai plus tard – celui de la ville de Gembloux. Mais c’est surtout le dernier qui a attiré mon attention. Il me disait quelque chose, et en même temps j’étais presque sûr de ne l’avoir jamais vu. C’était un Lion flamand classique, fier, toutes griffes dehors, prêt à bondir, comme il le fait le long des courses cyclistes ou lors de certaines soirées électorales. Sauf que cette fois, une large barre rouge le traversait en diagonale. Seul sur cette petite place, j’eus soudain l’impression d’être observé.
On aurait dit un panneau d’interdiction : « Vlaanderen, nee ! » La Flandre, non ! Comme si celui qui l’avait conçu méprisait tout ce que représente ce lion héraldique et, par la même occasion, tous ceux qui le brandissent. Cela a été la première pensée qui m’a traversé l’esprit. Et à ma grande surprise, je dois bien l’avouer, moi qui je suis pourtant hermétique à toute forme de romantisme nationaliste, je me suis senti blessé. Qui avait eu l’idée, franchement, d’accrocher un truc pareil sur la place de l’hôtel de ville ? Ce lion symbolise quand même la moitié du pays. Et voilà qu’on attaque cette pauvre bête sans même lui laisser la chance de se défendre !
Évidemment, tout cela n’était qu’affabulation. Il s’agissait tout simplement du blason du comté de Namur, ce que j’ignorais totalement à ce moment. Pas plus que je ne savais que ce n’était autre que le comte de Flandre, [1]Gui de Dampierre , qui avait lui-même barré le lion d’un trait rouge au XIIIᵉ siècle afin de représenter son fils, le futur comte de Namur, [2]Jean 1 er de Namur . Oups.
Sur cette petite place peu à peu envahie par le crépuscule, la batterie vide de mon téléphone s’était interposée entre moi et Wikipédia, m’empêchant d’avoir accès à cette information de première importance. Dans un dernier sursaut à 1 %, j’ai pris deux photos du fameux drapeau. Je ne sais toujours pas très bien pourquoi. Par peur peut-être qu’il ait disparu si jamais l’idée de revenir me venait un jour.
Peut-être, me disais-je, avais-je entrevu quelque chose que je n’étais pas censé voir. Peut-être avais-je découvert le vrai visage du Wallon, dissimulé derrière ses airs affables et sa bonhommie. Ils sont intolérants, regardez, j’en ai la preuve ! Et peut-être, oui, peut-être me serais-je à jamais couvert de ridicule si j’étais entré dans la maison communale, gesticulant en tout sens, pour me plaindre de ce bout de tissu rayé à l’extérieur. Loué soit le comte de Namur : l’administration communale était fermée depuis midi.
© Peter De Lobel
© Peter De Lobel
Cet incident idiot n’a cessé de me hanter, sans doute précisément parce qu’il avait déclenché en moi une émotion complètement inattendue. Ce que j’ai vu – ou cru voir – était limpide : Vlamingen buiten ! Dégagez, les Flamands ! Les drapeaux ne s’embarrassent pas de nuances. Ce qui m’a le plus dérangé, c’est de me retrouver, sans avoir voix au chapitre, enfermé dans une case. Ce drapeau me réduisait à « l’autre », dans un vilain schéma eux et nous . Que je ne sois Flamand que géographiquement – simplement parce que j’habite là – n’avait guère d’importance. J’étais Flamand, point. Et ce drapeau disait clairement : toi, t’es pas le bienvenu.
Certes, les journalistes n’ont pas à s’investir émotionnellement dans les sujets qu’ils couvrent, mais qu’à cela ne tienne, je me sentais trahi. Comme un prétendant qu’on éconduit. Idiot que j’avais été, je m’étais toujours rendu de bon cœur dans cette foutue Wallonie, avec les meilleures intentions du monde, pour essayer de mieux les comprendre – eux, là-bas, les Wallons, l’autre côté –, pour faire en sorte qu’ils soient, eux aussi, mieux compris de notre côté à nous, chez les Flamands. Et voilà comment j’étais remercié !
Je me suis laissé quelques instants envahir par ces pensées et, croyez-moi, cela n’a pas été un moment agréable. Je me suis senti opprimé. Ce n’est qu’après coup que j’ai saisi toute la valeur de cette expérience. Car non, je n’avais pas entrevu ce jour-là « ce que pensent vraiment les Wallons ». Ce que j’avais ressenti, en réalité, c’était un bref aperçu de ce que beaucoup de Wallons ont dû ressentir, eux , pendant des années en entendant certains discours politiques ou en voyant la façon dont ils étaient considérés chez nous, en Flandre. Le sentiment d’être rejeté, de ne pas être le bienvenu. Et non, ce n’est pas agréable.
« Je vais vous expliquer quelque chose, m’a un jour lancé Benoît Lutgen, ancien président du CDH, lors d’un entretien. Je comprends très bien que beaucoup de Flamands se soient sentis humiliés pendant longtemps. Ce qu’on leur a fait subir est abominable. Quand ils venaient travailler en Wallonie, on les traitait comme des chiens, ils devaient dormir avec les bêtes. Ils ne pouvaient même pas comparaître devant un juge dans leur langue. Je comprends que cela ait laissé des traces. Mais ce que je dis aux Flamands, c’est : ne tombez pas dans les mêmes travers. Ne nous infligez pas aujourd’hui ce que mes prédécesseurs ont fait subir aux vôtres. »
Ce qui l’exaspérait plus que tout, c’était cette tendance à mettre tous les Wallons dans le même sac, ou – pour mieux dire – à mettre tous ces fainéants dans le même hamac. « C’est ridicule, et idiot. Je le demande aux Flamands : arrêtez ça. » Cette conversation avait eu lieu cinq ans avant mon escapade à Gembloux. Cette histoire de drapeau m’a aidé, après coup, à mieux comprendre ce qu’il voulait dire.
© Peter De Lobel
L’acteur liégeois Bouli Lanners m’avait, lui aussi, déjà fait réfléchir à ce que signifie d’être, concrètement, « de l’autre côté » – faire partie de ceux dont certains veulent se débarrasser. Sa carrière se joue principalement en France, où il tient des rôles principaux et où il a raflé ces dernières années une belle collection de prix. Et pourtant, il se sentait bien plus chez lui en Flandre qu’en France.
C’était une affaire de petits riens, expliquait-il. « La façon dont on te dit bonjour. La manière dont on te rend la monnaie quand tu commandes une bière dans un café. Le regard qu’on te lance quand tu montes dans un bus… À ça, tu sens que tu viens d’ailleurs. En Flandre, je n’ai jamais eu ce sentiment. Ce n’est pas ma langue, mais quand je vais à Gand, à Hasselt ou à Saint-Trond, je suis chez moi. Les gens réagissent comme je m’y attends. C’est ça, pour moi, un pays. Désolé, mais la Flandre, même si je suis Wallon, elle fait partie de moi. C’est pour ça que ça fait mal, que certains veuillent m’arracher cette partie-là. Je devrais avoir le droit de voter contre cette idée, de faire entendre que je ne suis pas d’accord. »
Quand il disait « la Flandre fait partie de moi », ce n’était pas une simple image. Bouli Lanners, artiste-peintre de formation, porte son œuvre favorite de Constant Permeke littéralement sur lui : un grand tatouage du [3]Paysan couché orne sa poitrine.
Le titre de cet article fait référence à Bye bye Belgium , émission d’anthologie diffusée à la fin de l’année 2006. Un faux journal télévisé, bien avant que le mot fake news ne soit à la mode. La RTBF avait interrompu ses programmes pour diffuser une édition spéciale soigneusement mise en scène : la Flandre avait unilatéralement proclamé son indépendance ! La gravité du présentateur François de Brigode avait glacé nombre de téléspectateurs. Les interventions en direct de Christophe Deborsu devant le Parlement flamand – flanqué de manifestants brandissant des drapeaux flamingants – complétaient le tableau. Quant à sa collègue annonçant que des trams avaient été stoppés à la frontière entre Bruxelles et la Flandre, elle avait achevé de semer la panique. La RTBF avait fini par insérer un bandeau « ceci est une fiction », mais le mal était fait. Si on avait pu à l’époque faire une capture l’écran, on l’aurait encadré et l’exposé au musée Magritte.
Pour moi, cette émission a marqué le moment où nous avons atteint le sommet de l’incompréhension belgo-belge – ou, si l’on préfère, où nous avons touché le fond. Le eux et nous dans toute sa splendeur. Comme je n’ai jamais compris que des médias tentent de piéger leurs lecteurs le 1er avril, j’ai toujours trouvé, malgré tout le respect que j’ai pour Deborsu, que cette émission relevait de la pure bêtise. Durant toutes ces années passées à sillonner la Wallonie pour De Standaard , j’ai toujours tenté de faire l’inverse : comprendre, au lieu de juger ou de prendre parti. Partir à la rencontre des gens et de leurs récits avec ouverture, et traiter les grands dossiers avec la plus grande rigueur et la plus grande objectivité possible.
Au-delà de l’actualité politique classique, on tombe sans cesse sur des histoires qui ne demandent qu’à être racontées. De celles qu’on ressasse des heures entre amis, sans jamais s’en lasser. Comme les 70 000 voix de préférence de « papa », alias Michel Daerden, par exemple. Mais le dossier le plus explosif politiquement fut sans conteste l’affaire Publifin/Nethys. Elle s’étendait à toute l’économie liégeoise et a déclenché, à l’échelle nationale, un débat sur le fonctionnement des intercommunales. L’affaire a conduit des démissions au sein du collège communal de Gand.
Tous les ingrédients y étaient : soif de pouvoir, fraude, abus de jetons de présence, règlements de comptes politiques, querelles personnelles, mises à pied forcées. La commission d’enquête a donné lieu à un feuilleton hebdomadaire, spectaculaire, débouchant sur des recommandations fermes – qui, fait rare, ont ensuite été suivies.
La première fois que j’ai effleuré ce dossier, c’était en 2011, lors de l’« assassinat politique » de Michel Daerden. Mais c’est en 2017 que la bombe a véritablement explosé. C’est Cédric Halin, élu CDH, qui a révélé que des mandataires locaux touchaient des milliers d’euros pour siéger dans des conseils consultatifs… auxquels ils n’assistaient même pas. Au centre de la toile : Stéphane Moreau, socialiste, parti avec plus de 11 millions d’euros dans sa poche. Ce fut une année noire pour le PS – surtout avec, en prime, le scandale du Samusocial à Bruxelles. Pour le PTB/PVDA, ce fut en revanche un tremplin vers un record de sièges.
C’est dans ces moments de crise qu’on mesure pleinement la valeur d’avoir été, pendant des années, « envoyé spécial en Wallonie » du Standaard . Tous ces soirs et ces week-ends passés à assister à des réunions de parti, toutes ces discussions, ces rencontres avec des centaines de Wallons, tous ces verres de l’amitié partagés… À chaque fois, j’ai été accueilli les bras ouverts. L’intérêt porté par un journal flamand à la Wallonie, notre volonté de dépasser les clichés et de tenir un autre discours, a toujours été très apprécié. Même en pleine tempête, beaucoup de responsables politiques wallons sont restés accessibles, devant le micro et en coulisses. Ce qui nous a permis de produire des comptes-rendus détaillés de moments politiques sensibles, et de mieux comprendre ce qui se jouait vraiment dans la tête de l’état-major socialiste.
Georges-Louis Bou-qui ?
En quinze ans, on voit beaucoup de choses changer. Le paysage politique en est l’exemple le plus frappant. Le Parti socialiste était en perte de vitesse depuis des années. Quand on a une telle avance, on peut se permettre de perdre quelques plumes à chaque élection, on reste malgré tout le premier. Jusqu’au jour où ce n’est plus le cas. Jusqu’à ce 9 juin 2024 où il se fait doubler par un homme dont, cinq ans plus tôt, nous écrivions encore : « Georges-Louis Bou-qui ? ». Mais qui, lui, a tenu bon dans sa volonté de transformer le MR en « mouvement populaire ». Il a aspiré tout ce qui, à droite, était encore plus à droite que lui, a atteint ce qu’on croyait inatteignable – les 30 % – et a bouleversé tout l’échiquier politique. Voilà encore une raison de plus de jeter aux oubliettes l’habituelle opposition entre droite flamande et gauche wallonne.
© Peter De Lobel
Les partis ont changé sous mes yeux, tant par leur apparence (le CDH devenu Les Engagés) que par leur poids électoral (le PTB/PVDA et de nouveau le CDH/Les Engagés). Les villes aussi ont changé – aujourd’hui, une excursion dans le centre de Charleroi ne ressemble plus à une punition et, à l’exception peut-être du quartier de la gare, Namur n’a jamais autant brillé. Téléphérique vers la citadelle et le [4]fameux tunnel menant au Parlement inclus.
Sur d’autres plans, la situation reste toutefois fragile. Le chômage, en baisse progressive pendant des années, est reparti à la hausse depuis 2019. L’augmentation du nombre de jeunes sans qualification et de chômeurs de longue durée inquiète de plus en plus. La combinaison toxique entre un faible niveau de formation et la précarisation des jeunes sortant de l’école devient l’un des grands défis de la Wallonie pour les années à venir.
Ici, le fait est que le rapport au travail et à l’entrepreneuriat n’est pas le même. Le ministre-président wallon Adrien Dolimont (MR) l’a encore dit récemment, lors de son « État de la Wallonie » : « Ici, quand on réussit, on a presque tendance à s’en excuser. » Il y a beaucoup d’entrepreneurs en Wallonie, ce n’est pas le problème. Ce qui fait défaut, c’est l’ambition. Dès qu’une entreprise approche la barre des dix employés, elle a tendance à s’en satisfaire. On redoute les obligations et responsabilités supplémentaires qu’implique la croissance. Résultat : les nombreuses PME wallonnes – petites et moyennes entreprises – sont surtout P , et très peu M . Des entrepreneurs de haut vol comme Éric Domb, le fondateur de Pairi Daiza, en perdent leur latin. Même constat dans les entreprises high-tech et aérospatiales les plus dynamiques de la région.
© Peter De Lobel
« Nous » et « moi »
Journaliste flamand en Wallonie, j’ai souvent eu ce terrain de jeu pour moi tout seul. L’intérêt des autres médias flamands pour ce qui se passe dans le sud du pays est, tout au plus, variable. Quand l’actualité s’emballe, tout le monde est là. Forcément. Mais pour vraiment comprendre ce qui se joue, il faut aller là où l’on ne vous attend pas. Là où les langues se délient, là où on est « entre nous ». C’est en assistant aux réunions internes du PTB, dans des arrière-salles à Seraing, qu’on comprend vraiment le parti – bien plus qu’en assistant aux grandes manifs du 1er mai. Idem pour les débats d’arrière-garde du MR sur le financement de l’enseignement supérieur ou de la RTBF, organisés dans des recoins perdus de la Wallonie. Idem encore pour ces petites réunions officieuses du PS, souvent tenues la veille des grands meetings médiatisés.
© Peter De Lobel
À d’autres moments, il suffit de revenir, semaine après semaine, et de prendre le temps de parler. C’est ce que j’ai fait après les inondations de juillet 2021. Après avoir vu les dégâts en tant que bénévole de la Croix-Rouge, je suis revenu, bloc-notes en main, des mois durant. Des heures et des heures de discussions avec les sinistrés, les secouristes, les élus locaux, complétées plus tard par les réunions, longues et techniques, de la commission d’enquête wallonne. C’est cette approche combinée qui nous a permis, au Standaard , de raconter les histoires des êtres humains touchés par la catastrophe et de démonter les fausses informations selon lesquelles le barrage d’Eupen aurait été la cause de tous les maux. C’est ainsi que nous avons découvert comment des bourgmestres se tuaient à la tâche, que nous avons pu sonder au plus près la colère de la population.
La recette est toujours la même, elle est d’une simplicité désarmante : se rendre sur place, faire preuve d’ouverture, aller à la rencontre des gens. Bien sûr, il faut lire, analyser. Mais l’essentiel à mes yeux, c’est d’aller sur le terrain, de s’imprégner, de parler et surtout d’écouter. C’est là qu’on découvre que « la » Wallonie n’existe pas. Que ce territoire regorge de plusieurs Wallonies, multiples et plurielles. Et qu’il vaut vraiment la peine de s’y intéresser, d’y aller de temps à autre. Même si on y trouve des drapeaux un peu chelous.
A relire
[5]Chômage, monolinguisme, routes trouées : Alain Gerlache s’est penché sur les clichés sur la Wallonie
[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Gui_de_Dampierre
[2] https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Ier_de_Namur
[3] https://www.mskgent.be/fr/collection/1961-x
[4] https://www.rtbf.be/article/un-tunnel-pour-rejoindre-a-pied-le-parlement-wallon-depuis-le-parking-sous-terrain-est-ce-vraiment-utile-9834268
[5] https://daardaar.be/rubriques/societe/chomage-monolinguisme-routes-trouees-alain-gerlache-sest-penche-sur-les-cliches-sur-la-wallonie/
C’était un mardi banal, début 2020. J’avais eu un long entretien sur le temps de midi avec un jeune agriculteur de la région et devais assister le soir à un congrès organisé sur le campus par la Fédération des Jeunes Agriculteurs (FJA). Ceux qu’on a vu arpenter les rues de la capitale en tracteur en 2024 connaissaient à l’époque déjà des temps difficiles. Lors de précédents reportages – dans des fermes de la région de Bastogne, directement dans l’étable ou autour de la table de cuisine –, de solides gaillards aux mains larges et aux visages burinés m’avaient raconté qu’ils travaillaient dur, depuis toujours, sans en tirer le moindre revenu depuis au moins dix ans. Tandis qu’ils se levaient aux aurores pour nourrir leurs bêtes, les tarifs s’effondraient. Les prix cassés proposés en supermarché les poussaient à devoir se satisfaire de revenus de misère. Ici, s’il y avait des vaches à traire, c’était bien eux.
Comme j’étais en avance et que j’avais du temps à tuer, je suis allé flâner un peu dans le petit centre-ville. Il bruinait, la lumière déclinait peu à peu. Sur la nouvelle place fraîchement aménagée devant la non moins récente « administration communale de Gembloux », le vent faisait claquer des drapeaux au sommet d’une rangée de mâts blancs. Le drapeau belge côtoyait fièrement « Le coq hardi », l’emblème wallon. D’un bleu éclatant, celui de l’Union européenne complétait le tableau.
© Peter De Lobel
Deux autres drapeaux étaient déployés à côté des autres, je n’arrivais pas à les identifier. L’un d’eux, mi-blanc mi-noir, était – je l’apprendrai plus tard – celui de la ville de Gembloux. Mais c’est surtout le dernier qui a attiré mon attention. Il me disait quelque chose, et en même temps j’étais presque sûr de ne l’avoir jamais vu. C’était un Lion flamand classique, fier, toutes griffes dehors, prêt à bondir, comme il le fait le long des courses cyclistes ou lors de certaines soirées électorales. Sauf que cette fois, une large barre rouge le traversait en diagonale. Seul sur cette petite place, j’eus soudain l’impression d’être observé.
On aurait dit un panneau d’interdiction : « Vlaanderen, nee ! » La Flandre, non ! Comme si celui qui l’avait conçu méprisait tout ce que représente ce lion héraldique et, par la même occasion, tous ceux qui le brandissent. Cela a été la première pensée qui m’a traversé l’esprit. Et à ma grande surprise, je dois bien l’avouer, moi qui je suis pourtant hermétique à toute forme de romantisme nationaliste, je me suis senti blessé. Qui avait eu l’idée, franchement, d’accrocher un truc pareil sur la place de l’hôtel de ville ? Ce lion symbolise quand même la moitié du pays. Et voilà qu’on attaque cette pauvre bête sans même lui laisser la chance de se défendre !
Prétendant éconduit
Évidemment, tout cela n’était qu’affabulation. Il s’agissait tout simplement du blason du comté de Namur, ce que j’ignorais totalement à ce moment. Pas plus que je ne savais que ce n’était autre que le comte de Flandre, [1]Gui de Dampierre , qui avait lui-même barré le lion d’un trait rouge au XIIIᵉ siècle afin de représenter son fils, le futur comte de Namur, [2]Jean 1 er de Namur . Oups.
Sur cette petite place peu à peu envahie par le crépuscule, la batterie vide de mon téléphone s’était interposée entre moi et Wikipédia, m’empêchant d’avoir accès à cette information de première importance. Dans un dernier sursaut à 1 %, j’ai pris deux photos du fameux drapeau. Je ne sais toujours pas très bien pourquoi. Par peur peut-être qu’il ait disparu si jamais l’idée de revenir me venait un jour.
Peut-être, me disais-je, avais-je entrevu quelque chose que je n’étais pas censé voir. Peut-être avais-je découvert le vrai visage du Wallon, dissimulé derrière ses airs affables et sa bonhommie. Ils sont intolérants, regardez, j’en ai la preuve ! Et peut-être, oui, peut-être me serais-je à jamais couvert de ridicule si j’étais entré dans la maison communale, gesticulant en tout sens, pour me plaindre de ce bout de tissu rayé à l’extérieur. Loué soit le comte de Namur : l’administration communale était fermée depuis midi.
© Peter De Lobel
© Peter De Lobel
Cet incident idiot n’a cessé de me hanter, sans doute précisément parce qu’il avait déclenché en moi une émotion complètement inattendue. Ce que j’ai vu – ou cru voir – était limpide : Vlamingen buiten ! Dégagez, les Flamands ! Les drapeaux ne s’embarrassent pas de nuances. Ce qui m’a le plus dérangé, c’est de me retrouver, sans avoir voix au chapitre, enfermé dans une case. Ce drapeau me réduisait à « l’autre », dans un vilain schéma eux et nous . Que je ne sois Flamand que géographiquement – simplement parce que j’habite là – n’avait guère d’importance. J’étais Flamand, point. Et ce drapeau disait clairement : toi, t’es pas le bienvenu.
Certes, les journalistes n’ont pas à s’investir émotionnellement dans les sujets qu’ils couvrent, mais qu’à cela ne tienne, je me sentais trahi. Comme un prétendant qu’on éconduit. Idiot que j’avais été, je m’étais toujours rendu de bon cœur dans cette foutue Wallonie, avec les meilleures intentions du monde, pour essayer de mieux les comprendre – eux, là-bas, les Wallons, l’autre côté –, pour faire en sorte qu’ils soient, eux aussi, mieux compris de notre côté à nous, chez les Flamands. Et voilà comment j’étais remercié !
Je me suis laissé quelques instants envahir par ces pensées et, croyez-moi, cela n’a pas été un moment agréable. Je me suis senti opprimé. Ce n’est qu’après coup que j’ai saisi toute la valeur de cette expérience. Car non, je n’avais pas entrevu ce jour-là « ce que pensent vraiment les Wallons ». Ce que j’avais ressenti, en réalité, c’était un bref aperçu de ce que beaucoup de Wallons ont dû ressentir, eux , pendant des années en entendant certains discours politiques ou en voyant la façon dont ils étaient considérés chez nous, en Flandre. Le sentiment d’être rejeté, de ne pas être le bienvenu. Et non, ce n’est pas agréable.
Chez moi, à Gand
« Je vais vous expliquer quelque chose, m’a un jour lancé Benoît Lutgen, ancien président du CDH, lors d’un entretien. Je comprends très bien que beaucoup de Flamands se soient sentis humiliés pendant longtemps. Ce qu’on leur a fait subir est abominable. Quand ils venaient travailler en Wallonie, on les traitait comme des chiens, ils devaient dormir avec les bêtes. Ils ne pouvaient même pas comparaître devant un juge dans leur langue. Je comprends que cela ait laissé des traces. Mais ce que je dis aux Flamands, c’est : ne tombez pas dans les mêmes travers. Ne nous infligez pas aujourd’hui ce que mes prédécesseurs ont fait subir aux vôtres. »
Ce qui l’exaspérait plus que tout, c’était cette tendance à mettre tous les Wallons dans le même sac, ou – pour mieux dire – à mettre tous ces fainéants dans le même hamac. « C’est ridicule, et idiot. Je le demande aux Flamands : arrêtez ça. » Cette conversation avait eu lieu cinq ans avant mon escapade à Gembloux. Cette histoire de drapeau m’a aidé, après coup, à mieux comprendre ce qu’il voulait dire.
© Peter De Lobel
L’acteur liégeois Bouli Lanners m’avait, lui aussi, déjà fait réfléchir à ce que signifie d’être, concrètement, « de l’autre côté » – faire partie de ceux dont certains veulent se débarrasser. Sa carrière se joue principalement en France, où il tient des rôles principaux et où il a raflé ces dernières années une belle collection de prix. Et pourtant, il se sentait bien plus chez lui en Flandre qu’en France.
C’était une affaire de petits riens, expliquait-il. « La façon dont on te dit bonjour. La manière dont on te rend la monnaie quand tu commandes une bière dans un café. Le regard qu’on te lance quand tu montes dans un bus… À ça, tu sens que tu viens d’ailleurs. En Flandre, je n’ai jamais eu ce sentiment. Ce n’est pas ma langue, mais quand je vais à Gand, à Hasselt ou à Saint-Trond, je suis chez moi. Les gens réagissent comme je m’y attends. C’est ça, pour moi, un pays. Désolé, mais la Flandre, même si je suis Wallon, elle fait partie de moi. C’est pour ça que ça fait mal, que certains veuillent m’arracher cette partie-là. Je devrais avoir le droit de voter contre cette idée, de faire entendre que je ne suis pas d’accord. »
Quand il disait « la Flandre fait partie de moi », ce n’était pas une simple image. Bouli Lanners, artiste-peintre de formation, porte son œuvre favorite de Constant Permeke littéralement sur lui : un grand tatouage du [3]Paysan couché orne sa poitrine.
Une fiction
Le titre de cet article fait référence à Bye bye Belgium , émission d’anthologie diffusée à la fin de l’année 2006. Un faux journal télévisé, bien avant que le mot fake news ne soit à la mode. La RTBF avait interrompu ses programmes pour diffuser une édition spéciale soigneusement mise en scène : la Flandre avait unilatéralement proclamé son indépendance ! La gravité du présentateur François de Brigode avait glacé nombre de téléspectateurs. Les interventions en direct de Christophe Deborsu devant le Parlement flamand – flanqué de manifestants brandissant des drapeaux flamingants – complétaient le tableau. Quant à sa collègue annonçant que des trams avaient été stoppés à la frontière entre Bruxelles et la Flandre, elle avait achevé de semer la panique. La RTBF avait fini par insérer un bandeau « ceci est une fiction », mais le mal était fait. Si on avait pu à l’époque faire une capture l’écran, on l’aurait encadré et l’exposé au musée Magritte.
Pour moi, cette émission a marqué le moment où nous avons atteint le sommet de l’incompréhension belgo-belge – ou, si l’on préfère, où nous avons touché le fond. Le eux et nous dans toute sa splendeur. Comme je n’ai jamais compris que des médias tentent de piéger leurs lecteurs le 1er avril, j’ai toujours trouvé, malgré tout le respect que j’ai pour Deborsu, que cette émission relevait de la pure bêtise. Durant toutes ces années passées à sillonner la Wallonie pour De Standaard , j’ai toujours tenté de faire l’inverse : comprendre, au lieu de juger ou de prendre parti. Partir à la rencontre des gens et de leurs récits avec ouverture, et traiter les grands dossiers avec la plus grande rigueur et la plus grande objectivité possible.
Au-delà de l’actualité politique classique, on tombe sans cesse sur des histoires qui ne demandent qu’à être racontées. De celles qu’on ressasse des heures entre amis, sans jamais s’en lasser. Comme les 70 000 voix de préférence de « papa », alias Michel Daerden, par exemple. Mais le dossier le plus explosif politiquement fut sans conteste l’affaire Publifin/Nethys. Elle s’étendait à toute l’économie liégeoise et a déclenché, à l’échelle nationale, un débat sur le fonctionnement des intercommunales. L’affaire a conduit des démissions au sein du collège communal de Gand.
Tous les ingrédients y étaient : soif de pouvoir, fraude, abus de jetons de présence, règlements de comptes politiques, querelles personnelles, mises à pied forcées. La commission d’enquête a donné lieu à un feuilleton hebdomadaire, spectaculaire, débouchant sur des recommandations fermes – qui, fait rare, ont ensuite été suivies.
La première fois que j’ai effleuré ce dossier, c’était en 2011, lors de l’« assassinat politique » de Michel Daerden. Mais c’est en 2017 que la bombe a véritablement explosé. C’est Cédric Halin, élu CDH, qui a révélé que des mandataires locaux touchaient des milliers d’euros pour siéger dans des conseils consultatifs… auxquels ils n’assistaient même pas. Au centre de la toile : Stéphane Moreau, socialiste, parti avec plus de 11 millions d’euros dans sa poche. Ce fut une année noire pour le PS – surtout avec, en prime, le scandale du Samusocial à Bruxelles. Pour le PTB/PVDA, ce fut en revanche un tremplin vers un record de sièges.
C’est dans ces moments de crise qu’on mesure pleinement la valeur d’avoir été, pendant des années, « envoyé spécial en Wallonie » du Standaard . Tous ces soirs et ces week-ends passés à assister à des réunions de parti, toutes ces discussions, ces rencontres avec des centaines de Wallons, tous ces verres de l’amitié partagés… À chaque fois, j’ai été accueilli les bras ouverts. L’intérêt porté par un journal flamand à la Wallonie, notre volonté de dépasser les clichés et de tenir un autre discours, a toujours été très apprécié. Même en pleine tempête, beaucoup de responsables politiques wallons sont restés accessibles, devant le micro et en coulisses. Ce qui nous a permis de produire des comptes-rendus détaillés de moments politiques sensibles, et de mieux comprendre ce qui se jouait vraiment dans la tête de l’état-major socialiste.
Georges-Louis Bou-qui ?
En quinze ans, on voit beaucoup de choses changer. Le paysage politique en est l’exemple le plus frappant. Le Parti socialiste était en perte de vitesse depuis des années. Quand on a une telle avance, on peut se permettre de perdre quelques plumes à chaque élection, on reste malgré tout le premier. Jusqu’au jour où ce n’est plus le cas. Jusqu’à ce 9 juin 2024 où il se fait doubler par un homme dont, cinq ans plus tôt, nous écrivions encore : « Georges-Louis Bou-qui ? ». Mais qui, lui, a tenu bon dans sa volonté de transformer le MR en « mouvement populaire ». Il a aspiré tout ce qui, à droite, était encore plus à droite que lui, a atteint ce qu’on croyait inatteignable – les 30 % – et a bouleversé tout l’échiquier politique. Voilà encore une raison de plus de jeter aux oubliettes l’habituelle opposition entre droite flamande et gauche wallonne.
© Peter De Lobel
Les partis ont changé sous mes yeux, tant par leur apparence (le CDH devenu Les Engagés) que par leur poids électoral (le PTB/PVDA et de nouveau le CDH/Les Engagés). Les villes aussi ont changé – aujourd’hui, une excursion dans le centre de Charleroi ne ressemble plus à une punition et, à l’exception peut-être du quartier de la gare, Namur n’a jamais autant brillé. Téléphérique vers la citadelle et le [4]fameux tunnel menant au Parlement inclus.
Sur d’autres plans, la situation reste toutefois fragile. Le chômage, en baisse progressive pendant des années, est reparti à la hausse depuis 2019. L’augmentation du nombre de jeunes sans qualification et de chômeurs de longue durée inquiète de plus en plus. La combinaison toxique entre un faible niveau de formation et la précarisation des jeunes sortant de l’école devient l’un des grands défis de la Wallonie pour les années à venir.
Ici, le fait est que le rapport au travail et à l’entrepreneuriat n’est pas le même. Le ministre-président wallon Adrien Dolimont (MR) l’a encore dit récemment, lors de son « État de la Wallonie » : « Ici, quand on réussit, on a presque tendance à s’en excuser. » Il y a beaucoup d’entrepreneurs en Wallonie, ce n’est pas le problème. Ce qui fait défaut, c’est l’ambition. Dès qu’une entreprise approche la barre des dix employés, elle a tendance à s’en satisfaire. On redoute les obligations et responsabilités supplémentaires qu’implique la croissance. Résultat : les nombreuses PME wallonnes – petites et moyennes entreprises – sont surtout P , et très peu M . Des entrepreneurs de haut vol comme Éric Domb, le fondateur de Pairi Daiza, en perdent leur latin. Même constat dans les entreprises high-tech et aérospatiales les plus dynamiques de la région.
© Peter De Lobel
« Nous » et « moi »
Journaliste flamand en Wallonie, j’ai souvent eu ce terrain de jeu pour moi tout seul. L’intérêt des autres médias flamands pour ce qui se passe dans le sud du pays est, tout au plus, variable. Quand l’actualité s’emballe, tout le monde est là. Forcément. Mais pour vraiment comprendre ce qui se joue, il faut aller là où l’on ne vous attend pas. Là où les langues se délient, là où on est « entre nous ». C’est en assistant aux réunions internes du PTB, dans des arrière-salles à Seraing, qu’on comprend vraiment le parti – bien plus qu’en assistant aux grandes manifs du 1er mai. Idem pour les débats d’arrière-garde du MR sur le financement de l’enseignement supérieur ou de la RTBF, organisés dans des recoins perdus de la Wallonie. Idem encore pour ces petites réunions officieuses du PS, souvent tenues la veille des grands meetings médiatisés.
© Peter De Lobel
À d’autres moments, il suffit de revenir, semaine après semaine, et de prendre le temps de parler. C’est ce que j’ai fait après les inondations de juillet 2021. Après avoir vu les dégâts en tant que bénévole de la Croix-Rouge, je suis revenu, bloc-notes en main, des mois durant. Des heures et des heures de discussions avec les sinistrés, les secouristes, les élus locaux, complétées plus tard par les réunions, longues et techniques, de la commission d’enquête wallonne. C’est cette approche combinée qui nous a permis, au Standaard , de raconter les histoires des êtres humains touchés par la catastrophe et de démonter les fausses informations selon lesquelles le barrage d’Eupen aurait été la cause de tous les maux. C’est ainsi que nous avons découvert comment des bourgmestres se tuaient à la tâche, que nous avons pu sonder au plus près la colère de la population.
La recette est toujours la même, elle est d’une simplicité désarmante : se rendre sur place, faire preuve d’ouverture, aller à la rencontre des gens. Bien sûr, il faut lire, analyser. Mais l’essentiel à mes yeux, c’est d’aller sur le terrain, de s’imprégner, de parler et surtout d’écouter. C’est là qu’on découvre que « la » Wallonie n’existe pas. Que ce territoire regorge de plusieurs Wallonies, multiples et plurielles. Et qu’il vaut vraiment la peine de s’y intéresser, d’y aller de temps à autre. Même si on y trouve des drapeaux un peu chelous.
A relire
[5]Chômage, monolinguisme, routes trouées : Alain Gerlache s’est penché sur les clichés sur la Wallonie
[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Gui_de_Dampierre
[2] https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Ier_de_Namur
[3] https://www.mskgent.be/fr/collection/1961-x
[4] https://www.rtbf.be/article/un-tunnel-pour-rejoindre-a-pied-le-parlement-wallon-depuis-le-parking-sous-terrain-est-ce-vraiment-utile-9834268
[5] https://daardaar.be/rubriques/societe/chomage-monolinguisme-routes-trouees-alain-gerlache-sest-penche-sur-les-cliches-sur-la-wallonie/