Suppression du Sénat: un trophée communautaire pour la N-VA
([Opinions, Politique] 2025-06-01 (Het Laatste Nieuws))
- Reference: 2025-06_Belgaimage-111044290-255x170
- News link: https://daardaar.be/rubriques/politique/suppression-du-senat-un-trophee-communautaire-pour-la-n-va/
- Source link: https://www.hln.be/opinie/de-koning-mort-in-stilte-en-de-ps-sputtert-luidruchtig-tegen-wat-een-cadeau-voor-n-va~a0ed0bc1/?referrer=https%3A%2F%2Fwww.google.com%2F
Tout à coup, c’est possible. Tout à coup, nos politiques ont trouvé l’interrupteur qui permettra d’éteindre cette assemblée parlementaire décrépite qu’est devenu le Sénat. Attention : face à la précipitation inhérente au travail des députés de la Chambre, nous avons besoin d’une assemblée d’hommes et de femmes politiques de haut niveau, chargés d’examiner minutieusement des lois en deuxième lecture. Mais ça, c’est la théorie. Le Sénat n’est plus une assemblée de responsables politiques de haut niveau. Le dernier fait politique mémorable à s’y être déroulé, c’était le fameux livre vert et blanc d’un Michel Daerden (PS) totalement ivre. Autant dire que ce n’est pas la qualité du travail sénatorial que nous gardons en mémoire. Le Sénat est actuellement une chambre vide, où les journalistes peuvent faire quelques interviews au calme. Une chambre d’écho, mais pas seulement en raison du vide. C’est une grenouille qu’on a fait bouillir lentement mais sûrement, et qui a désormais atteint le point d’ébullition.
En effet, aujourd’hui, soudainement, tout le monde est d’accord : c’est fini, la comédie. Lors de la dernière législature, le MR a exigé que l’ex-présidente du Sénat, Stephanie D’Hose (Open Vld) s’abstienne de mentionner la suppression de la vénérable assemblée. Cette demande a donné lieu à des échanges d’e-mails peu aimables. La présidente socialiste de la Chambre — qui avait également voix au chapitre — s’est interposée. Le Sénat n’avait plus d’importance. Avec toutes les économies imposées au citoyen, le politique devait aussi couper dans ses propres budgets. Mais cela s’est avéré plus compliqué que prévu, notamment parce que le Sénat devait continuer à participer au financement des partis.
A relire
[1]Si le Sénat vous dérange, supprimez-le
Puis, tout à coup, le CD&V a joué la carte communautaire : il fallait quelque chose pour remplacer le Sénat. La même carte fut également brandie par le Vlaams Belang. Attention : leur argument, à savoir que tous les États fédéraux disposent d’un système bicaméral, est exact. Le Sénat permet d’impliquer les entités fédérées dans la gestion du fédéral. Mais du côté du numéro un sur le marché du communautaire, la N-VA, c’est un autre son de cloche qui se fait entendre : lorsque l’on demande au parti ce qu’il en est de ses promesses de grands bouleversements institutionnels, l’expert en la matière, Sander Loones, avance que le Sénat est voué à disparaître. C’est évidemment aussi une manière de vider l’État belge de sa substance.
Ce dilemme ne date pas d’hier au sein du Mouvement flamand : comment exercer davantage de pouvoir en tant que Flamands ? Par le biais du fédéralisme, et donc des structures étatiques, ou alors davantage sur le plan économique ? Bart De Wever (N-VA) a tranché : il faut assiéger « le fort » économiquement. Et donc, bien plus que la disparition du Sénat, ce sont les investissements dans Brussels Airport qui font figure de trophée pour les nationalistes. L’exécutif flamand est désormais le principal actionnaire, devant notre État fédéral indigent. Le gouvernement flamand mobilise ses moyens pour renforcer le pouvoir économique des Flamands et pour en faire étalage. Quand bien même on lui reproche de pratiquer un interventionnisme excessif de la part d’une entité publique, il s’en contrefiche. Ce n’est peut-être pas une grande victoire, mais il peut bel et bien s’en vanter. Le roi proteste discrètement et le PS fulmine bruyamment face à la suprématie flamande. Quel cadeau !
A relire
[2]En Belgique, seuls les francophones maintiennent le Sénat en vie
[1] https://daardaar.be/rubriques/si-le-senat-vous-derange-supprimez-le/
[2] https://daardaar.be/rubriques/politique/en-belgique-seuls-les-francophones-maintiennent-le-senat-en-vie/
En effet, aujourd’hui, soudainement, tout le monde est d’accord : c’est fini, la comédie. Lors de la dernière législature, le MR a exigé que l’ex-présidente du Sénat, Stephanie D’Hose (Open Vld) s’abstienne de mentionner la suppression de la vénérable assemblée. Cette demande a donné lieu à des échanges d’e-mails peu aimables. La présidente socialiste de la Chambre — qui avait également voix au chapitre — s’est interposée. Le Sénat n’avait plus d’importance. Avec toutes les économies imposées au citoyen, le politique devait aussi couper dans ses propres budgets. Mais cela s’est avéré plus compliqué que prévu, notamment parce que le Sénat devait continuer à participer au financement des partis.
A relire
[1]Si le Sénat vous dérange, supprimez-le
Puis, tout à coup, le CD&V a joué la carte communautaire : il fallait quelque chose pour remplacer le Sénat. La même carte fut également brandie par le Vlaams Belang. Attention : leur argument, à savoir que tous les États fédéraux disposent d’un système bicaméral, est exact. Le Sénat permet d’impliquer les entités fédérées dans la gestion du fédéral. Mais du côté du numéro un sur le marché du communautaire, la N-VA, c’est un autre son de cloche qui se fait entendre : lorsque l’on demande au parti ce qu’il en est de ses promesses de grands bouleversements institutionnels, l’expert en la matière, Sander Loones, avance que le Sénat est voué à disparaître. C’est évidemment aussi une manière de vider l’État belge de sa substance.
Ce dilemme ne date pas d’hier au sein du Mouvement flamand : comment exercer davantage de pouvoir en tant que Flamands ? Par le biais du fédéralisme, et donc des structures étatiques, ou alors davantage sur le plan économique ? Bart De Wever (N-VA) a tranché : il faut assiéger « le fort » économiquement. Et donc, bien plus que la disparition du Sénat, ce sont les investissements dans Brussels Airport qui font figure de trophée pour les nationalistes. L’exécutif flamand est désormais le principal actionnaire, devant notre État fédéral indigent. Le gouvernement flamand mobilise ses moyens pour renforcer le pouvoir économique des Flamands et pour en faire étalage. Quand bien même on lui reproche de pratiquer un interventionnisme excessif de la part d’une entité publique, il s’en contrefiche. Ce n’est peut-être pas une grande victoire, mais il peut bel et bien s’en vanter. Le roi proteste discrètement et le PS fulmine bruyamment face à la suprématie flamande. Quel cadeau !
A relire
[2]En Belgique, seuls les francophones maintiennent le Sénat en vie
[1] https://daardaar.be/rubriques/si-le-senat-vous-derange-supprimez-le/
[2] https://daardaar.be/rubriques/politique/en-belgique-seuls-les-francophones-maintiennent-le-senat-en-vie/