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  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

Le seuil de dépenses militaires imposé par l’OTAN? Une honte pour la démocratie

([Opinions] 2025-06-01 (De Morgen))


Le Premier ministre Bart De Wever (N-VA) s’est rendu hier matin à la Chambre en compagnie de ses ministres Maxime Prévot (Les Engagés, Affaires étrangères) et Theo Francken (N-VA, Défense), pour un « échange de vues » sur le sommet de l’OTAN qui se tiendra la semaine prochaine à La Haye. Il était temps.

Le « débat » parlementaire autour de ce sujet se limitera toutefois à une simple prise de connaissance de faits accomplis. Lors de la réunion préparatoire entre alliés, il a déjà été annoncé que tous les États membres devront porter leur budget de défense à 5 % de leur PIB, dont au moins 3,5 % devront être consacrés à des dépenses militaires strictes. Cette décision sera formellement entérinée à La Haye, avec à la clé un mécanisme de contrôle potentiellement contraignant. Le gouvernement fédéral, sous pression, a d’ores et déjà accepté de ne pas s’opposer à cette nouvelle directive.

Pourtant, la manière dont cette norme est imposée par l’OTAN relève, ni plus ni moins, d’une honte pour la démocratie. Tout d’abord, formellement, puisque la Chambre, censée légiférer et contrôler, n’a une fois de plus jamais eu voix au chapitre. Mais au-delà même de l’aspect institutionnel, aucun débat contradictoire n’a jamais eu lieu, ni au Parlement, ni ailleurs, sur cette décision aussi lourde qu’irréversible. Pas même sous la législature précédente.

À La Haye, il ne s’agit pas seulement de fixer un pourcentage. C’est toute notre politique budgétaire pour la prochaine décennie qui se joue. Et cela, sans le moindre débat démocratique.

A relire

[1]OTAN: le plan de défense de la Flandre aidera-t-il la Belgique?

Si le prochain gouvernement veut faire passer les dépenses militaires de 2 % à 3,5 % du PIB, il devra trouver chaque année deux milliards d’euros supplémentaires – rien que pour ce poste budgétaire. Deux milliards, tous les ans. Et encore, il faudra sans doute aller plus vite. Cette exigence s’ajoute à l’effort d’assainissement budgétaire colossal qui attend déjà la future coalition, si l’on en croit les rapports unanimes de la Banque Nationale et du Bureau du Plan. Nous sommes en 2025, et il semble déjà acquis qu’aucune autre politique ne pourra être envisagée avant 2029-2035.

Le sujet n’est pas de savoir si la Belgique doit, ou pas, contribuer à la défense de l’Europe. Il est évident que les temps changent, et que la sécurité est redevenue une priorité. Le vrai problème, c’est que la démocratie belge n’a aucun droit de regard sur ce transfert de souveraineté d’une ampleur inédite.

Et ce n’est pas qu’une question de principe. Fixer une norme d’investissement de 5 % à tous les pays européens membres de l’OTAN, c’est s’approprier une somme astronomique. Est-ce utile de concentrer autant d’argent sur une seule priorité ? Est-ce efficace ? Ou risque-t-on d’alimenter une explosion des prix sur un marché déjà en surchauffe ? Un marché par ailleurs dominé par ceux-là mêmes qui fixent ou défendent la norme : les États-Unis, la France, l’Allemagne. Difficile de croire à une coïncidence.

Ce qu’il faudrait vraiment, c’est que les pays européens décident de manière ouverte et volontaire ce qu’il faut faire pour garantir la sécurité du continent. Qu’ils tracent une trajectoire réaliste pour rendre possible ce qui est nécessaire. Et qu’ils demandent un mandat clair à leurs électeurs pour y parvenir.



[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/otan-le-plan-de-defense-de-la-flandre-aidera-t-il-la-belgique/



Winter is the season in which people try to keep the house as warm as
it was in the summer, when they complained about the heat.