Pourquoi les Flamands raffolent-ils tant des talk-shows à la TV?
([Culture et Médias] 2025-05-01 (DaarDaar))
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- News link: https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/pourquoi-les-flamands-raffolent-ils-tant-des-talk-shows-a-la-tv/
- Source link: https://www.rtbf.be/article/pourquoi-les-flamands-raffolent-ils-tant-des-talk-shows-a-la-tv-11540149
En Flandre, impossible d’allumer la télévision le soir sans tomber sur un talk-show. Avec ces émissions-débats, les chaînes au nord du pays utilisent le divertissement pour réduire le fossé entre le citoyen et le politique. Dernier exemple en date : [1]Bar Goens sur VTM .
Terzake, De Afspraak, De Zevende Dag, De Ideale Wereld, De Tafel van Tine, et désormais Bar Goens… Le nombre de talk-shows ne cesse de se multiplier en Flandre. Pourquoi cet engouement et que nous révèle-t-il sur le lien entre médias, politique et société flamande ?
En Flandre, le Oude Markt de Louvain est généralement synonyme de soirées étudiantes arrosées, de cascades de pintes et de kebabs dévorés à l’aube. Mais, depuis lundi dernier, ce haut lieu de la fête est aussi devenu le plateau de tournage d’une nouvelle émission-débat : Bar Goens.
Derrière ce nom se cache un subtil jeu de mots : en flamand, « Bar Goens » évoque à la fois « le bar d’Eric Goens » et « bargoens » fait aussi référence à un argot populaire utilisé autrefois entre autres par les vagabonds, clochards, marchands ambulants ou forains.
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Selon Kristien Vermoesen, managing partner de l’agence de communication Finn Agency, ce type de langage colle parfaitement à l’ambition de l’émission : faire entendre la voix de la rue. « Bar Goens invite des citoyens lambda pour faire remonter ce qui vit vraiment dans la société, au-delà du langage policé des plateaux classiques. »
Et pour la première émission, c’était Frank Vandenbroucke, vice-Premier ministre fédéral pour Vooruit, le premier invité politique. Il a notamment débattu avec deux chômeurs de longue durée sur l’impact des mesures prises par le gouvernement.
« C’était un peu osé, la conversation s’est déroulée avec quelques difficultés. Même si le ministre s’est relativement bien débrouillé, le gouffre entre la rue et le monde politique était palpable », commente l’experte en communication.
Comment expliquer la popularité des talk-shows en Flandre ? La réponse vient en partie, comment souvent, du monde anglo-saxon : « Historiquement, on constate une influence de la télévision néerlandaise et américaine », explique Kristien Vermoesen. « Les médias flamands s’inspirent souvent de ce qui se passe aux États-Unis. Par exemple, l’émission De Ideale Wereld mêle actualité, satire et humour, tout comme l’émission Saturday Night Live. »
À l’exception de Terzake et De Afspraak op Vrijdag qui sont purement politiques, les émissions-débats sont généralement des vitrines culturelles, des espaces de rencontre où l’actualité se digère à coups de blagues, de chansons et d’anecdotes.
Cette combinaison séduit un public fidèle, estime Kristien Vermoesen : « Certaines émissions dépassent les 200.000 téléspectateurs par épisode. Tout le monde en parle, notamment dans les conversations entre collègues. On échange par exemple sur ce qu’on a vu la veille dans tel ou tel programme, ce qui crée des liens et permet de rester en courant de l’actualité. C’est une approche légère, qui rend le contenu facile à digérer. »
Contrairement à la Flandre, les hommes et femmes politiques sont très rarement invités dans des émissions de divertissement. Or, les plus récents talk shows du nord du pays (De Tafel van Tinne et Bar Goens) sont réalisés sous le format divertissement.
En Belgique francophone, les talk-shows existent — QR, On n’est pas des pigeons sur la RTBF par exemple — mais ils adoptent un ton différent. Kristien Vermoesen constate d’ailleurs une différence culturelle : » Du côté francophone, il y a un côté plus activiste, une volonté de protéger le consommateur. En Flandre, l’accent est mis sur le divertissement : on veut offrir un moment agréable aux spectateurs pour réduire le fossé entre politiques et citoyens. »
Selon la spécialiste en communication, cette approche plus détendue permet aux politiques flamands d’apparaître sous un jour plus humain, au risque parfois de rendre les échanges un peu « grinçants », comme l’a montré la première émission de Bar Goens.
[2]Quand les politiques se prennent pour des acteurs… un phénomène « typisch Vlaams » !
Ancien rédacteur en chef de VTM et producteur d’émissions populaires comme Het Conclaaf ou Het Huis, Eric Goens est connu pour son approche intime de l’interview avec des politiques. Avec cette nouvelle émission, il tente de relever un autre défi : amener la politique au comptoir, une bière à la main.
Sur papier, la première émission diffusée sur VTM contenait tous les ingrédients pour être une réussite. Willy Sommers, le chanteur ultra-connu est venu interpréter son tube Laat de zon in je hart. Le footballeur Radja Nainggolan y a donné sa version de l’enquête sur un trafic international de stupéfiants dans laquelle il est cité…
Pourtant, le lancement de Bar Goens n’a pas totalement convaincu, à en croire [3]un article du Standaard : » L’ambiance n’était pas vraiment détendue dans ce Bar Goens. Les intermèdes de l’humoriste William Boeva n’y ont rien changé. Même lorsque Willy Sommers a chanté Laat de zon in je hart, personne n’a fait la farandole sur le Oude Markt. »
Même si l’initiative d’Eric Goens semble peiner à créer l’atmosphère conviviale espérée dès la première émission, Kristien Vermoesen nuance : » C’était la première émission. Il faut du temps pour que les formats s’installent. L’ambition de rapprocher la rue et le politique est là. Il faudra voir comment cela évolue. »
[4]Comment deux émissions flamandes ont eu un rôle décisif sur les élections
[1] https://vtm.be/bar-goens
[2] https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/quand-les-politiques-se-prennent-pour-des-acteurs-un-phenomene-typisch-vlaams/
[3] https://www.standaard.be/media-en-cultuur/in-dat-cafe-van-eric-goens-zullen-wij-niet-snel-een-pint-gaan-drinken/63075097.html
[4] https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/comment-deux-emissions-flamandes-ont-eu-un-role-decisif-sur-les-elections/
Terzake, De Afspraak, De Zevende Dag, De Ideale Wereld, De Tafel van Tine, et désormais Bar Goens… Le nombre de talk-shows ne cesse de se multiplier en Flandre. Pourquoi cet engouement et que nous révèle-t-il sur le lien entre médias, politique et société flamande ?
Bar Goens : de la politique au comptoir
En Flandre, le Oude Markt de Louvain est généralement synonyme de soirées étudiantes arrosées, de cascades de pintes et de kebabs dévorés à l’aube. Mais, depuis lundi dernier, ce haut lieu de la fête est aussi devenu le plateau de tournage d’une nouvelle émission-débat : Bar Goens.
Derrière ce nom se cache un subtil jeu de mots : en flamand, « Bar Goens » évoque à la fois « le bar d’Eric Goens » et « bargoens » fait aussi référence à un argot populaire utilisé autrefois entre autres par les vagabonds, clochards, marchands ambulants ou forains.
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Selon Kristien Vermoesen, managing partner de l’agence de communication Finn Agency, ce type de langage colle parfaitement à l’ambition de l’émission : faire entendre la voix de la rue. « Bar Goens invite des citoyens lambda pour faire remonter ce qui vit vraiment dans la société, au-delà du langage policé des plateaux classiques. »
Et pour la première émission, c’était Frank Vandenbroucke, vice-Premier ministre fédéral pour Vooruit, le premier invité politique. Il a notamment débattu avec deux chômeurs de longue durée sur l’impact des mesures prises par le gouvernement.
« C’était un peu osé, la conversation s’est déroulée avec quelques difficultés. Même si le ministre s’est relativement bien débrouillé, le gouffre entre la rue et le monde politique était palpable », commente l’experte en communication.
Concept d’inspiration hollandaise et américaine
Comment expliquer la popularité des talk-shows en Flandre ? La réponse vient en partie, comment souvent, du monde anglo-saxon : « Historiquement, on constate une influence de la télévision néerlandaise et américaine », explique Kristien Vermoesen. « Les médias flamands s’inspirent souvent de ce qui se passe aux États-Unis. Par exemple, l’émission De Ideale Wereld mêle actualité, satire et humour, tout comme l’émission Saturday Night Live. »
À l’exception de Terzake et De Afspraak op Vrijdag qui sont purement politiques, les émissions-débats sont généralement des vitrines culturelles, des espaces de rencontre où l’actualité se digère à coups de blagues, de chansons et d’anecdotes.
Cette combinaison séduit un public fidèle, estime Kristien Vermoesen : « Certaines émissions dépassent les 200.000 téléspectateurs par épisode. Tout le monde en parle, notamment dans les conversations entre collègues. On échange par exemple sur ce qu’on a vu la veille dans tel ou tel programme, ce qui crée des liens et permet de rester en courant de l’actualité. C’est une approche légère, qui rend le contenu facile à digérer. »
Le divertissement : la solution pour combler l’écart entre la politique et les citoyens ?
Contrairement à la Flandre, les hommes et femmes politiques sont très rarement invités dans des émissions de divertissement. Or, les plus récents talk shows du nord du pays (De Tafel van Tinne et Bar Goens) sont réalisés sous le format divertissement.
En Belgique francophone, les talk-shows existent — QR, On n’est pas des pigeons sur la RTBF par exemple — mais ils adoptent un ton différent. Kristien Vermoesen constate d’ailleurs une différence culturelle : » Du côté francophone, il y a un côté plus activiste, une volonté de protéger le consommateur. En Flandre, l’accent est mis sur le divertissement : on veut offrir un moment agréable aux spectateurs pour réduire le fossé entre politiques et citoyens. »
Selon la spécialiste en communication, cette approche plus détendue permet aux politiques flamands d’apparaître sous un jour plus humain, au risque parfois de rendre les échanges un peu « grinçants », comme l’a montré la première émission de Bar Goens.
[2]Quand les politiques se prennent pour des acteurs… un phénomène « typisch Vlaams » !
Premiers pas hésitants pour Bar Goens
Ancien rédacteur en chef de VTM et producteur d’émissions populaires comme Het Conclaaf ou Het Huis, Eric Goens est connu pour son approche intime de l’interview avec des politiques. Avec cette nouvelle émission, il tente de relever un autre défi : amener la politique au comptoir, une bière à la main.
Sur papier, la première émission diffusée sur VTM contenait tous les ingrédients pour être une réussite. Willy Sommers, le chanteur ultra-connu est venu interpréter son tube Laat de zon in je hart. Le footballeur Radja Nainggolan y a donné sa version de l’enquête sur un trafic international de stupéfiants dans laquelle il est cité…
Pourtant, le lancement de Bar Goens n’a pas totalement convaincu, à en croire [3]un article du Standaard : » L’ambiance n’était pas vraiment détendue dans ce Bar Goens. Les intermèdes de l’humoriste William Boeva n’y ont rien changé. Même lorsque Willy Sommers a chanté Laat de zon in je hart, personne n’a fait la farandole sur le Oude Markt. »
Même si l’initiative d’Eric Goens semble peiner à créer l’atmosphère conviviale espérée dès la première émission, Kristien Vermoesen nuance : » C’était la première émission. Il faut du temps pour que les formats s’installent. L’ambition de rapprocher la rue et le politique est là. Il faudra voir comment cela évolue. »
[4]Comment deux émissions flamandes ont eu un rôle décisif sur les élections
[1] https://vtm.be/bar-goens
[2] https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/quand-les-politiques-se-prennent-pour-des-acteurs-un-phenomene-typisch-vlaams/
[3] https://www.standaard.be/media-en-cultuur/in-dat-cafe-van-eric-goens-zullen-wij-niet-snel-een-pint-gaan-drinken/63075097.html
[4] https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/comment-deux-emissions-flamandes-ont-eu-un-role-decisif-sur-les-elections/