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  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

Le Vlaams Belang osera-t-il exclure De Winter après une photo derrière un drapeau fasciste?

([Politique, Société] 2025-05-01 (Het Laatste Nieuws))


Filip Dewinter (Vlaams Belang) a publié sur Instagram une photo qui le montre posant derrière un drapeau du Verdinaso, mouvement fasciste et antisémite, assortie du message « Onze eer is trouw », traduction presque littérale de la devise SS « Unsere Ehre heisst Treue » (NdT : notre honneur s’appelle fidélité). Tom Van Grieken, président du Vlaams Belang, ne souhaite pas réagir. Quant à Filip Dewinter, il balaie la polémique d’un revers de main :

« Hitler était végétarien. Tous les végétariens seraient-ils donc des nazis ? »

Ces derniers temps, le Vlaams Belang prend position avec virulence contre l’antisémitisme. Ainsi, au conseil communal d’Anvers, Sam Van Rooy (Vlaams Belang) a une fois de plus dénoncé la multiplication d’actes antisémites dans la ville, imputables surtout, selon lui, à de jeunes musulmans.

« Et parfois à des hommes blancs d’un certain âge », a répliqué son collègue Michaël Freilich (N-VA). Il faisait référence à la photo diffusée sur Instagram le 18 mai dernier par Filip Dewinter, prenant la pose aux côtés du fondateur de la section Vlaams Belang de Liedekerke, Ben Bessemans (85 ans), derrière un le drapeau orange du Verdinaso. On a beau ne voir qu’une partie du drapeau, mais c’est bien celui-là.

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Collaborateur



Fondé en 1931 par Joris Van Severen, le Verdinaso ( Verbond van Dietsche Nationaalsolidaristen ou ligue des solidaristes nationaux thiois, NdT) se définissait comme un mouvement antidémocratique. Il s’agissait d’un parti fasciste, même si Joris Van Severen ne s’intéressait guère aux nazis d’Allemagne. Sur le plan idéologique, pourtant, les deux mouvements affichaient bel et bien des points communs, et notamment un antisémitisme virulent. Au début des déportations de Juifs en Allemagne, Joris Van Severen ironisait sur la lenteur du processus, promettant qu’il comptait bien accélérer les choses dans le futur « Dietschland » (« pays thiois », NdT) dont il rêvait, issu de la fusion de la Flandre, des Pays-Bas et de la Flandre française. Les nazis ont régulièrement mené, sans succès, des tentatives de rapprochement avec Joris Van Severen. Il fut pourtant exécuté comme collaborateur, dès le début de la Seconde Guerre mondiale, en 1940. Ce fut la fin du Verdinaso, dont certains membres décidèrent d’entrer en résistance, et d’autres, de collaborer avec les nazis – allant parfois jusqu’à apporter une aide active aux Allemands, traquant, dénonçant, arrêtant et expulsant des Juifs.

« Une belle devise »



Si le drapeau derrière lequel pose Filip Dewinter est chargé de sens, ce qu’il écrit en marge de sa publication l’est tout autant : « Respect, toujours, pour la première génération. (…) Onze eer is trouw . » Ces quatre mots sont la traduction presque littérale du slogan SS « Unsere Ehre heisst Treue » (NdT : Notre honneur s’appelle fidélité) – ce qu’il sait parfaitement. Au téléphone, il estime que « c’est une belle devise. Serait-ce interdit ? Et pourquoi serait-ce une marque de sympathie nazie ? Hitler était végétarien. Toutes les personnes qui s’abstiennent de manger de la viande seraient-elles des néonazis ? »

À propos de la photo, Filip Dewinter ironise : « il a fallu que quelqu’un mène des recherches historiques pour identifier ce drapeau, tant la photo n’en montre presque rien. J’étais présent à l’anniversaire d’un homme âgé – qui manifeste effectivement sa sympathie pour le Verdinaso. Quelqu’un a pris une photo, mais je n’avais en aucune manière l’intention d’exprimer par-là une quelconque opinion sur le Verdinaso. »

Poser volontairement derrière le drapeau d’un parti fasciste et antisémite, n’est-ce pas déjà exprimer une position ? Pour Filip Dewinter, « il s’agit simplement d’une tentative de la N-VA et de la presse de nous discréditer. Notre parti reçoit de plus en plus de soutien de la communauté juive parce que nous nous concentrons sur l’antisémitisme islamique actuel. En attirant l’attention sur l’antisémitisme d’il y a 80 ans, on essaie de nous rendre suspects. Mais cela ne marchera pas, car je ne suis ni antisémite ni néonazi. »

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Le président s’abstient de réagir



À la question de savoir si le président du Vlaams Belang, Tom Van Grieken, l’a contacté au sujet de cette photo, la réponse de Filip Dewinter fuse : « Mes conversations privées ne vous regardent pas. »

Quant à Tom Van Grieken lui-même, il ne souhaite pas réagir. Le service de presse du Vlaams Belang fait savoir qu’aux yeux du parti, cette photo est sans aucune pertinence politique. Lors d’incidents similaires où des mandataires du Vlaams Belang ont pu paraître sympathiser avec des fascistes, des antisémites ou des collaborateurs, le parti a réagi. Plus d’une fois, Tom Van Grieken a affirmé qu’il n’y avait dans son parti aucune place pour des sympathisants nazis.

Le salut hitlérien



En 2019, Katrina Langlet, présidente de la section Vlaams Belang de Saint-Trond, a été exclue du parti après la diffusion d’une photo qui la montrait faisant le salut hitlérien. C’était à l’occasion d’une fête, où elle était ivre, selon ses propres dires. Un an plus tard, en 2020, Carrera Neefs a été exclue, elle aussi, après avoir déposé des fleurs sur la tombe du SS néerlandais Willem Heubel, photo à l’appui, habillée en dirndl (robe traditionnelle bavaroise, NdT). Selon la version officielle, le renvoi de Carrera Neefs n’est pas lié à cet incident, mais bien à son refus, après la polémique relative à cette photo, de signer la charte des mandataires du parti. Carrera Neefs, elle, affirme que cette charte ne lui a jamais été présentée, et qu’elle n’existe même pas.

Tout semble indiquer que le Vlaams Belang ne sanctionnera pas Filip Dewinter. Si sur le plan politique, l’homme semble être en bout de course (aux dernières élections, le parti ne l’a pas placé en tête de liste et son score personnel a été le plus mauvais de sa carrière), il reste intouchable. Même quand il a été mis en cause pour des paiements versés par un espion chinois, le parti l’a protégé. Contrairement à Frank Creyelman, le membre du parti qui avait organisé ces contacts avec la Chine, et qui a été exclu.

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[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/nostalgie_vlaams_blok/

[2] https://daardaar.be/rubriques/politique/qui-sont-les-electeurs-du-vlaams-belang/

[3] https://daardaar.be/rubriques/politique/participation_vlaams_belang_pouvoir_local/



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