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  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

Hooligans à Bruxelles: l’indignation sélective du monde politique

([Opinions, Société] 2025-05-01 (Het Laatste Nieuws))


Imaginez un instant que ce soient des Bruxellois qui soient allés semer le chaos à Bruges. Non, j’ai mieux : vous souvenez-vous de cette bagarre générale sur la plage de Blankenberge il y a quelques étés, où des touristes bruxellois s’étaient envoyés des parasols à la figure ? L’indignation avait alors été générale. À tel point que le Vlaams Belang avait réclamé le rappel immédiat de la commission de l’Intérieur de la Chambre, en plein été, pour discuter de l’affaire au Parlement. Occasion donc de rappeler que les Bruxellois qui s’étaient rendus coupables à l’époque de ces violences avaient été, à juste titre, sévèrement réprimandés.

Après les échauffourées de Molenbeek qui ont suivi la finale de la Coupe, l’ambiance est tout de même un peu différente. Les violences ont d’abord été déclenchées par des hooligans enragés qui s’en sont pris sans raison apparente à des passants, tous musulmans, qui n’avaient rien demandé à personne. Aucun doute sur ces faits. La riposte n’a pas tardé : de jeunes Bruxellois, tous mineurs d’âge selon les témoins, s’en sont à leur tour pris à de (vrais) supporters du Club de Bruges, tout aussi innocents. Des sinistres crapules et des voyous de la pire espèce, nos sociétés en ont connu de tout temps, toutes cultures confondues. Sammy Mahdi (CD&V) a donc amplement raison lorsqu’il parle d’indignation sélective.

Et pourtant, on constate trop souvent une tendance des partis à pratiquer l’indignation à géométrie variable, selon le narratif qui sert au mieux leurs intérêts. Ainsi, la gauche dénonce aujourd’hui avec force, et à raison, les violences visant les musulmans à Molenbeek, mais est à l’inverse beaucoup plus discrète lorsque d’autres jeunes, armés de kalachnikovs, sèment la panique dans le métro et menacent la sécurité des citoyens.

Les partis politiques ont trop souvent tendance à pratiquer l’indignation à géométrie variable, selon le narratif qui sert au mieux leurs intérêts.

D’aucuns voient apparemment dans ces événements un potentiel de récupération politique. Certains accusent les partis de droite, par leur discours haineux, d’être responsables de cette agression. Ah vraiment ? Comme si la violence n’avait jamais existé dans la capitale. Comme si la moitié de la Flandre (parce qu’elle vote à droite) était descendue à Molenbeek pour y faire le ménage ! C’était des hooligans (et pas seulement une « frange radicale » comme on tente parfois de le présenter), dont certains avaient d’ailleurs déjà été exclus des tribunes du Club Bruges pour des gestes fascistes. Comme si critiquer la gestion politique calamiteuse de Bruxelles expliquait cette explosion de violence. Comme si le fait de dénoncer des détournements de fonds ou le refus obstiné des partis francophones d’intégrer la N-VA dans la majorité néerlandophone menait inévitablement au racisme ? Tous ces arguments sont d’un simplisme affligeant.

Cela étant, en termes d’indignation sélective, la droite n’est pas non plus en reste. Elle ne peut, parce qu’elle est abusivement pointée du doigt, fermer les yeux sur les ressorts racistes de ces incidents. Comment expliquer, dans le cas contraire, qu’une bande de forcenés débarquent dans une commune où aucun match n’est organisé et cherchent délibérément des personnes à corriger parce qu’elles ne leur plaisent pas, en hurlant : « retourne dans ton pays ! » et « ils sont où les Maghrébins ? » Ce n’est donc pas comme si le racisme n’existait pas dans ce pays. Il faut oser le dire et le dénoncer avec toute la vigueur possible.

Le bourgmestre de Bruxelles-Ville, Philippe Close (PS) demande à juste titre une interdiction à vie de stade pour les crapules interpellées. Leur place n’est effectivement pas dans les tribunes d’un sport collectif censé promouvoir le fair-play. En attendant, le préjudice ne se limite pas aux dégâts matériels et aux dommages physiques : ces violences ne font que renforcer les clichés. À tout le moins pour ceux qui ne veulent voir que ce qui les arrange.

A relire

[1]Football: est-ce normal que l’État dépense des millions en policiers pour sécuriser les matchs?



[1] https://daardaar.be/rubriques/sport/football-est-ce-normal-de-depenser-des-millions-en-policiers-pour-securiser-les-matchs/



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