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  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

De Wever ou la Belgique: qui des deux changera l’autre?

([Economie, Opinions] 2025-04-01 (De Tijd))


Dans quelle mesure la coalition Arizona se démarque-t-elle de la Vivaldi qui l’a précédée ? L’un des indices qui permet de les comparer est d’observer le déficit budgétaire.

Pendant des années, la N-VA a dénoncé les dérapages budgétaires, symptômes d’un pays incapable de mener sa barque. Aujourd’hui, les chiffres ne sont guère plus rassurants. Selon les estimations puisées dans les documents déposés à la Chambre, la Belgique se dirige, sans ajustements supplémentaires, vers un déficit de 3,7 % du produit intérieur brut (PIB) en 2029, ou de 3,5 % si l’on exclut les dépenses de défense. C’est pire que les 2,8 % de déficit enregistré à la fin de l’ère De Croo.

Ces perspectives sont loin d’être réjouissantes. La N-VA n’avait pas tort de pointer ces dernières années la mauvaise santé des finances publiques, car qui dit déficit budgétaire dit vulnérabilité financière. Et donc absence de marge pour absorber les chocs imprévus : crise bancaire, pandémie ou encore flambée des prix de l’énergie.

Un déficit budgétaire signifie aussi un coup de canif dans le contrat social. Les citoyens pensent bénéficier de politiques publiques interprétées comme des droits acquis. Or, cette perception s’effondre au moment de solder les comptes : il n’y a tout simplement pas assez d’argent pour garantir tous ces droits. Le déficit budgétaire révèle l’incapacité de notre pays à fixer des priorités.

Est-ce dû à la mollesse du gouvernement ? La réalité est plus complexe. L’attelage De Wever met bel et bien en chantier de solides réformes, obtenues d’âpres luttes. Sans ces mesures, le déficit grimperait jusqu’à 6 % en fin de législature.

A relire

[1]Le gouvernement fédéral et le gouvernement flamand, tributaires chacun du succès de l’autre

Mais le phénomène n’est pas neuf. Les précédents gouvernements en ont aussi fait les frais. Sous la coalition Michel, le syndicat chrétien ACV se demandait où étaient passées les économies, puisque le déficit ne se résorbait pas. À l’époque déjà, la réponse était : dans les dépenses croissantes liées aux pensions. Pierre Wunsch, le gouverneur de la Banque nationale, avertissait l’an dernier qu’à défaut d’action politique, le déficit s’aggraverait inexorablement de 2,5 milliards d’euros chaque année.

En 2014, les critiques les plus virulentes venaient même de Bart De Wever, alors leader de l’opposition. Lors d’un débat électoral organisé par le quotidien flamand De Tijd, face au président du PS Paul Magnette qui défendait les milliards d’économies réalisées par le gouvernement Di Rupo, Bart De Wever lui avait lancé : « Show me the money ». Une fois encore, les économies étaient invisibilisées dans le solde budgétaire, puisque celui-ci continuait de se détériorer. Les efforts d’assainissement avaient seulement permis d’atténuer l’aggravation.

D’autres arguments traversent les époques : de nos jours, il faut consacrer plus de budget à la défense. Mais les exécutifs précédents ont dû faire face à d’autres crises. Songeons aux faillites bancaires, à la crise de l’euro, à la pandémie et au choc énergétique déclenché par la Russie.

S’il est bien sûr trop tôt pour se prononcer sur l’action d’une équipe en place depuis moins de trois mois, les prévisions budgétaires montrent toutefois à quel point il sera difficile, pour l’actuel gouvernement aussi, de se démarquer et de s’attaquer au défi monstre des finances publiques belges.

A relire

[2]Budget: la Flandre doit désormais prouver que ce qu’elle fait seule, elle le fait mieux



[1] https://daardaar.be/rubriques/economie/le-gouvernement-federal-et-le-gouvernement-flamand-tributaires-chacun-du-succes-de-lautre/

[2] https://daardaar.be/rubriques/economie/budget-la-flandre-doit-desormais-prouver-que-ce-quelle-fait-seule-elle-le-fait-mieux/



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