Vieillir en prison : des établissements pénitentiaires inadaptés
([Opinions, Société] 2025-03-01 (De Morgen))
- Reference: 2025-03_ayrus-hill-L9zch-lIElk-unsplash-255x170
- News link: https://daardaar.be/rubriques/societe/vieillir-en-prison-des-etablissements-penitentiaires-inadaptes/
- Source link: https://www.demorgen.be/meningen/de-versnelde-vergrijzing-gaat-hand-in-hand-met-de-versnelde-nood-aan-psychische-hulp~b5c56ed3/
La chambre du conseil de Bruges a décidé de prolonger d’un mois la détention d’Aloïs D. Nous serions tentés d’espérer secrètement que c’est la dernière fois que nous entendons parler de cette affaire. La semaine passée, le nonagénaire avait tué trois autres résidants de sa maison de retraite de Dentergem. À un certain moment, dans une autre affaire datant de 2021, nous avions aussi fini d’entendre parler d’Emiel de H., 99 ans, que la presse avait surnommé « le plus vieux tueur du pays ».
Emiel de H. ne parvenait pas à s’acclimater à son home de Destelbergen, où il avait été abandonné quatre mois plus tôt. L’homme, atteint de démence, avait l’habitude d’errer la nuit dans les couloirs de la maison de retraite. Après avoir trouvé une personne étrangère dans ce qu’il pensait être son propre lit, il décida de l’étouffer avec un plaid.
Emiel de H. finit par atterrir dans l’aile médicale de la prison de Bruges, et il y a fort à parier que cette même aile abritera temporairement Aloïs D. La prison de Merksplas dispose, pour les détenus les plus âgés, d’une salle gériatrique improvisée. Elle accueille une vingtaine de détenus, mais le personnel estime qu’il n’est pas formé pour leur apporter des soins spéciaux comme les nourrir à la cuillère, les habiller ou changer leurs couches.
[1]Détenu violé et torturé à la prison d’Anvers: l’État devrait avoir honte!
Désormais, la prison de Bruges compte également une section « WouW », à savoir une section réservée aux personnes âgées en détention. Celle-ci fut créée là où se trouvait, jusqu’en 2020, la section de haute sécurité, qui abritait provisoirement des personnalités telles que Salah Abdeslam ou Mehdi Nemmouche.
La section « Wouw », aménagée en régime ouvert, dispose d’une salle de fitness et d’un coin de jeu. Environ quinze détenus âgés y séjournent. Ils mangent, se promènent et font du sport séparément, et entretiennent ensemble un petit potager. La section fut instaurée avant tout parce que les détenus plus jeunes considéraient presque automatiquement les détenus plus âgés comme des délinquants sexuels, et de ce fait n’avaient aucun scrupule à les attaquer et à leur voler leurs médicaments ou tout autre objet précieux.
« Peut-être serait-il temps d’envisager la création de maisons de retraite pour détenus. »
En 2020, 489 des 10 500 détenus belges avaient plus de 60 ans. Des chiffres plus récents indiquent une proportion de 636 sur un total de 12 300. Plus le vieillissement s’accélère, plus les besoins d’aide psychologique s’avèrent urgents. Selon Wout De Ruyck, psychiatre à la prison de Gand, la charge de travail a triplé en quelques années. Aujourd’hui, il tient des consultations d’un quart d’heure à travers les petits carreaux des portes des cellules (lire De Morgen , 3 mars 2025). Dix ans après l’installation du premier centre de psychiatrie légale (CPL), plus de mille personnes qui devraient s’y retrouver internées demeurent encore dans nos prisons. Si l’on mesure le degré de développement d’une société à sa manière de traiter les plus vulnérables, il y a de quoi s’inquiéter.
Aloïs D. et Emiel de H. n’étaient pas des terroristes ni des psychopathes assoiffés de sang. Il n’y a rien de bon à les faire paraître devant la chambre du conseil d’un tribunal pénal, et dans le cas d’Emiel de H., affalé dans un fauteuil roulant. Peut-être serait-il temps d’envisager la création de maisons de retraite pour détenus.
[2]Pour un Comité de concertation sur la surpopulation carcérale en Belgique
[1] https://daardaar.be/rubriques/societe/detenu-viole-et-torture-a-la-prison-danvers-letat-devrait-avoir-honte/
[2] https://daardaar.be/rubriques/societe/pour-un-comite-de-concertation-sur-la-surpopulation-carcerale-en-belgique/
Emiel de H. ne parvenait pas à s’acclimater à son home de Destelbergen, où il avait été abandonné quatre mois plus tôt. L’homme, atteint de démence, avait l’habitude d’errer la nuit dans les couloirs de la maison de retraite. Après avoir trouvé une personne étrangère dans ce qu’il pensait être son propre lit, il décida de l’étouffer avec un plaid.
Emiel de H. finit par atterrir dans l’aile médicale de la prison de Bruges, et il y a fort à parier que cette même aile abritera temporairement Aloïs D. La prison de Merksplas dispose, pour les détenus les plus âgés, d’une salle gériatrique improvisée. Elle accueille une vingtaine de détenus, mais le personnel estime qu’il n’est pas formé pour leur apporter des soins spéciaux comme les nourrir à la cuillère, les habiller ou changer leurs couches.
[1]Détenu violé et torturé à la prison d’Anvers: l’État devrait avoir honte!
Désormais, la prison de Bruges compte également une section « WouW », à savoir une section réservée aux personnes âgées en détention. Celle-ci fut créée là où se trouvait, jusqu’en 2020, la section de haute sécurité, qui abritait provisoirement des personnalités telles que Salah Abdeslam ou Mehdi Nemmouche.
La section « Wouw », aménagée en régime ouvert, dispose d’une salle de fitness et d’un coin de jeu. Environ quinze détenus âgés y séjournent. Ils mangent, se promènent et font du sport séparément, et entretiennent ensemble un petit potager. La section fut instaurée avant tout parce que les détenus plus jeunes considéraient presque automatiquement les détenus plus âgés comme des délinquants sexuels, et de ce fait n’avaient aucun scrupule à les attaquer et à leur voler leurs médicaments ou tout autre objet précieux.
« Peut-être serait-il temps d’envisager la création de maisons de retraite pour détenus. »
En 2020, 489 des 10 500 détenus belges avaient plus de 60 ans. Des chiffres plus récents indiquent une proportion de 636 sur un total de 12 300. Plus le vieillissement s’accélère, plus les besoins d’aide psychologique s’avèrent urgents. Selon Wout De Ruyck, psychiatre à la prison de Gand, la charge de travail a triplé en quelques années. Aujourd’hui, il tient des consultations d’un quart d’heure à travers les petits carreaux des portes des cellules (lire De Morgen , 3 mars 2025). Dix ans après l’installation du premier centre de psychiatrie légale (CPL), plus de mille personnes qui devraient s’y retrouver internées demeurent encore dans nos prisons. Si l’on mesure le degré de développement d’une société à sa manière de traiter les plus vulnérables, il y a de quoi s’inquiéter.
Aloïs D. et Emiel de H. n’étaient pas des terroristes ni des psychopathes assoiffés de sang. Il n’y a rien de bon à les faire paraître devant la chambre du conseil d’un tribunal pénal, et dans le cas d’Emiel de H., affalé dans un fauteuil roulant. Peut-être serait-il temps d’envisager la création de maisons de retraite pour détenus.
[2]Pour un Comité de concertation sur la surpopulation carcérale en Belgique
[1] https://daardaar.be/rubriques/societe/detenu-viole-et-torture-a-la-prison-danvers-letat-devrait-avoir-honte/
[2] https://daardaar.be/rubriques/societe/pour-un-comite-de-concertation-sur-la-surpopulation-carcerale-en-belgique/