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  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

Qui est Carl Devos, le célèbre prof d’université au coeur d’une affaire #metoo en Flandre?

([Société] 2025-03-01 (DaarDaar))


Alors que la RTBF ouvrait lundi dernier son journal télévisé de 19h30 sur l’affaire Gérard Depardieu, un autre dossier de harcèlement faisait la une du JT de la VRT : celui de Carl Devos du professeur en sciences politiques de l’Université de Gand. Inconnu au sud du pays, qui est ce professeur et comment se fait-il qu’il soit aussi célèbre en Flandre ?

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Si vous suivez un tant soit peu l’actualité politique en Flandre, il y a de fortes chances que vous ayez déjà entendu le nom de Carl Devos. Les médias du nord du pays sollicitent régulièrement le professeur gantois pour décrypter la politique belge. Portrait de cette personnalité incontournable du paysage médiatique flamand qui est au cœur d’une affaire de harcèlement.

Des champs de Meulebeke aux auditoires de Gand



Né en 1970 dans le village de Meulebeke, Carl Devos a suivi le parcours classique des « West Vlamingen » : il est passé de la Flandre occidentale à la Flandre orientale pour aller faire des études à Gand. Après une licence en sciences politiques et en droit européen à l’université, le chercheur a entamé une carrière académique en tant qu’assistant, avant de devenir docteur en sciences politiques, toujours à Gand.

En parallèle de ses débuts académiques, il s’est brièvement engagé en politique en se présentant sur la liste du sp.a lors des élections communales de 2000 à Izegem, en Flandre occidentale, sans se faire élire.

Depuis 2003, Carl Devos est professeur à temps plein au département de sciences politiques de l’Université de Gand, où il enseigne notamment le cours d’introduction aux sciences politiques. Il a également été rédacteur en chef de la revue Sampol entre 2004 et 2007, avant d’être nommé professeur en 2010 et de prendre la présidence du département de sciences politiques en 2014.

[1]A peine lancé, le #MeToo politique belge révèle déjà des divisions

Conférence de rentrée : un rendez-vous politique incontournable



Sa notoriété en Flandre tient autant à ses analyses politiques qu’à son rôle de pédagogue, notamment grâce à l’organisation de la leçon inaugurale donnant le coup d’envoi de la rentrée académique de la faculté de sciences politiques. Au fil du temps, cet événement annuel est devenu très attendu dans le paysage académique flamand. La VRT la retransmet par ailleurs en direct sur son site depuis des années.

Lors de ces leçons inaugurales, Carl Devos invite l’une ou plusieurs personnalités politiques. Ces rendez-vous médiatisés marquent souvent l’actualité. On se souvient par exemple du discours controversé de Bart De Wever en 2015 : le président de la N-VA critiquait la politique migratoire de la chancelière allemande et a aussi insisté sur la nécessité de modifier la Convention de Genève sur les droits des réfugiés.

Lors de la dernière édition, ce n’est autre que Georges-Louis Bouchez qui était invité par le professeur gantois pour donner cette leçon inaugurale de sciences politiques.

Avant qu’il ne puisse réellement débuter sa conférence (en français), une poignée d’étudiants est descendue des gradins, criant que Georges-Louis Bouchez « soutient ouvertement le génocide ». Ils faisaient notamment référence aux commentaires du président libéral sur l’attaque israélienne aux « bipeurs » visant des membres du Hezbollah au Liban.

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L’expert que les médias s’arrachent



Que ce soit dans les colonnes des journaux, à la télévision ou sur les plateaux de débats, Carl Devos est omniprésent dans les médias pour analyser l’actualité politique.

À tel point qu’en 2018, l’expertendatabank (l’expertalia flamand), la base de données regroupant des experts, avait lancé une campagne pour conscientiser les journalistes à diversifier les spécialistes qu’ils interviewent.

[2]#jesuiscarl

Onze columnist [3]@devoscarl als ‘gezicht’ campagne van expertendatabank voor meer diversiteit in de media [4]#blankemannelijke40plussers [5]pic.twitter.com/f6Rx0StwRC

— KW.be – De Krant van West-Vlaanderen (@KW__be) [6]September 11, 2018

Dans cette vidéo de promotion de la plateforme, on peut par exemple voir [7]une vidéo du département de l’égalité des chances de l’administration flamande intitulée « Laissez Carl tranquille ». Ses enfants y témoignent et se plaignent de ne jamais voir leur père, sauf à la télévision : « Laissez notre papa tranquille, on pourra ainsi le revoir à la maison. »

Dans le cadre de cette campagne, l’administration flamande a également fabriqué des masques à l’effigie de Carl Devos. Dans ce tweet, on voit par exemple les membres de la rédaction du quotidien régional De Krant van West-Vlaanderen porter le masque du politologue avec le message : » #jesuiscarl notre éditorialiste comme « figure » de la campagne pour la base de données d’experts pour plus de diversité dans les médias #hommesblancsdeplusde40ans »

[8]Le politologue Carl Devos prédit « deux années de déboires pour le gouvernement flamand »

Une affaire de harcèlement qui entache sa réputation



Depuis ce lundi, on parle du célèbre professeur de sciences politiques de l’Université de Gand dans tous les médias flamands. Cette fois-ci, ce n’est pas pour ses analyses politiques.

Un roman intitulé « Academische gezelligheid » (littéralement « la convivialité académique ») de Hilde Van Liefferinge, ancienne collègue de Carl Devos à l’Université de Gand, doit paraître ce mercredi. Le livre décrit une relation entre un directeur de thèse et une doctorante qui débouchera sur des actes sexuels non consentis. Bien que les noms des protagonistes ne soient pas explicitement mentionnés, plusieurs éléments laissent penser qu’il s’agit de Carl Devos, révèlent des extraits publiés dans l’hebdomadaire Humo.

« Un soir, les choses dérapent, raconte le livre. Après une réception à la faculté, l’assistante et son promoteur fument une cigarette ensemble. Il lui affirme que son avenir en tant que professeure est assuré si elle continue sur cette voie. L’assistante est ravie. Lorsqu’elle lui dit qu’elle doit encore récupérer quelque chose dans son bureau, il la suit.

Une fois à l’étage, seuls dans un couloir, le promoteur l’enlace « pour la réconforter »: elle traverse alors une séparation. Ce qui commence comme une étreinte s’éternise de façon troublante, avant de se muer en un étau, prélude à des avances intimes non désirées particulièrement graves. »

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En réaction, Carl Devos, annonce son intention de porter plainte pour diffamation par l’intermédiaire de son avocate. Me Sanne De Clerck affirme que la réputation de son client est entachée de manière « considérable et inacceptable » et dénonce « de fausses accusations diffusées par le biais d’un détour littéraire ».

Elle souligne également que Hilde Van Liefferinge n’a déposé aucune plainte concernant cette affaire il y a 14 ans, ce qui aurait permis de traiter ces accusations devant un juge impartial plutôt que via l’opinion publique.

Par ailleurs, le recteur de l’Université de Gand, Rik Van de Walle, a reconnu que l’institution avait « failli à sa mission de fournir un environnement de travail sûr » et a présenté des excuses au nom de l’université. Il a précisé que les faits présumés datant de 2011 sont désormais prescrits sur le plan disciplinaire, mais qu’il examinera, avec l’aide de juristes et d’autres instances compétentes, la manière d’agir à l’égard de Carl Devos.

[9]« Pas de sexe, pas de solo »: l’affaire Jan Fabre, un troisième procès #MeToo en Flandre



[1] https://daardaar.be/rubriques/societe/a-peine-lance-le-metoo-politique-belge-revele-deja-des-divisions/

[2] https://twitter.com/hashtag/jesuiscarl?src=hash&ref_src=twsrc%5Etfw

[3] https://twitter.com/devoscarl?ref_src=twsrc%5Etfw

[4] https://twitter.com/hashtag/blankemannelijke40plussers?src=hash&ref_src=twsrc%5Etfw

[5] https://t.co/f6Rx0StwRC

[6] https://twitter.com/KW__be/status/1039437538061107200?ref_src=twsrc%5Etfw

[7] https://www.youtube.com/watch?v=DOwOtaq78SQ&source_ve_path=MjM4NTE

[8] https://daardaar.be/rubriques/politique/le-politologue-carl-devos-predit-deux-annees-de-deboires-pour-le-gouvernement-flamand/

[9] https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/pas-de-sexe-pas-de-solo-laffaire-jan-fabre-un-troisieme-proces-metoo-en-flandre/



"The lesser of two evils -- is evil."
-- Seymour (Sy) Leon