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  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

Au fond du trou, l’OpenVld peut-il se permettre de refuser les avances du MR?

([Opinions, Politique] 2025-03-01 (Het Laatste Nieuws))


Lorsqu’un ministre ou un président de parti se choisit un nouveau chef de cabinet, la nouvelle n’intéresse généralement que le microcosme de la rue de la Loi. Dans le cas de Rudy Aernoudt, nommé chef de cabinet de Georges-Louis Bouchez (MR), c’est une autre histoire. Son nom n’évoque peut-être rien à la plupart, mais les états de service de ce Flamand (!) à la rue de la Loi parlent pour lui. Professeur d’économie à l’université de Gand, il a non seulement exercé plusieurs postes dans les hautes sphères de la Commission européenne, de l’administration et des cabinets, mais il a aussi causé la chute de la ministre flamande Fientje Moerman (Open Vld) en 2007 – ce qui la poussera à la démission – avant de s’aventurer brièvement avec le Parti Populaire d’extrême droite.

Mais le piquant de la nomination de cet économiste flamand est ailleurs. Il réside dans les mots choisis par G.L. Bouchez pour justifier son choix. Cette décision s’inscrit dans la volonté du MR d’installer son projet politique libéral en Flandre pour former une Belgique unie, modernisée, efficace et tournée vers l’avenir. Par là même, il attise les rumeurs d’une implantation du parti libéral wallon dans le nord du pays.

Score historiquement bas



Ce n’est un secret pour personne : le président du MR voudrait prendre pied en Flandre. Il le clame à l’envi dans ses interviews, même si ce projet est encore vague. Fusion pour former un seul parti, reprise de l’Open Vld, création d’une sorte de « MR Flandre » sont autant d’idées lancées ces derniers mois. Ces fantasmes bien vivants sont alimentés par des entrepreneurs flamands, comme Fernand Huts, soutenant ouvertement que le MR pourrait réaliser un score retentissant en Flandre. Ou par Bouchez lui-même dont les déclarations ne laissent planer aucun doute, comme ce fut le cas lors de l’annonce du choix de Rudy Aernoudt.

Outre les mots, le moment choisi est également surprenant. Cette désignation intervient alors que l’Open Vld est crédité de 6 % dans les sondages, un score historiquement bas. G. L. Bouchez l’a toujours dit : il ne se lancera à la conquête de la Flandre que s’il ne voit pas l’Open Vld renaître de ses cendres. Peut-être juge-t-il ce moment venu.

A relire

[1]Quel avenir pour l’Open VLD ? « Bouchez est la figure libérale la plus crédible en Flandre aujourd’hui »

Figures de second rang



Cependant, les libéraux flamands voient les choses d’un autre œil. Pour la présidente du parti, Eva De Bleeker, une absorption par le MR n’est pas du tout à l’ordre du jour. Et elle se défend de vouloir sauver sa place : peu de libéraux flamands s’enthousiasment de voir leur parti phagocyté d’une manière ou d’une autre par le MR.

Car dans les rangs libéraux, on croit peu à une telle option. Qu’il y ait un électorat pour un parti libéral en Flandre, certainement. Mais avec un Wallon parlant à peine le néerlandais à la barre, c’est de la science-fiction. En Flandre, la N-VA et le Vlaams Belang dominent déjà le terrain : le MR n’a aucune chance de s’y faufiler, analyse un initié. Peu sont ceux qui parient sur la réussite d’un « MR Flandre ». Vouloir se présenter sur les listes flamandes est une chose mais encore faut-il trouver suffisamment de candidats. Bouchez pourrait peut-être recueillir des voix en Flandre, mais de là à sauver le parti avec quelques personnalités de second rang. Prenons l’exemple de la N-VA, présente sur les listes en Wallonie : elle a récolté une énorme attention médiatique mais très peu de votes, remarque un parlementaire. À mon sens, il s’agit plutôt d’un coup de bluff de G. L. Bouchez pour garder la cote dans les médias flamands. En réalité, cela rend les Flamands plus combatifs.

Génération déchue



Bouchez repassera donc. Mais qu’est-ce qui pourrait sauver l’Open Vld de la chute ? Eva De Bleeker mise gros sur son projet de renouvellement, qui doit déboucher en septembre sur un nouveau parti rebaptisé. Une soudaine remontée au-delà des dix pour cent me semble néanmoins peu probable. Regagner la confiance prend du temps, souligne la présidente.

Reste à savoir si ce temps lui sera accordé. La déconvenue dans les sondages, abordée lundi en bureau de parti, a été pénible pour Eva De Bleeker. Personne n’a réclamé sa démission, mais son capital confiance est entamé, notamment en raison de ses erreurs de communication récurrentes. Et l’impression qu’un successeur trépigne pour prendre la relève n’arrange rien : Frédéric De Gucht donne une nouvelle allure à l’Open Vld bruxellois et quelques libéraux le verraient bien reprendre le flambeau.

Un changement de présidence suffirait-il toutefois à sortir le parti de l’impasse ? Peu le pensent. De nombreux libéraux imputent le déclin de l’Open Vld à l’ancienne garde du parti qui refuse de faire un pas de côté. Cette génération a fait son temps. Aucune présidence, aussi talentueuse soit-elle, ne pourrait réinventer le parti avec ces fantômes. Le poids mort des dix anciens ténors du parti pèse lourd sur les épaules d’Eva De Bleeker.

A relire

[2]L’Open Vld est devenu un parti zombie



[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/quel-avenir-pour-lopen-vld-bouchez-est-la-figure-liberale-la-plus-credible-en-flandre-aujourdhui/

[2] https://daardaar.be/rubriques/politique/lopen-vld-est-devenu-un-parti-zombie/



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