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  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

Brusselmans non coupable de racisme et négationnisme: une décision difficile mais juste

([Société] 2025-03-01 (De Tijd))


Le tribunal correctionnel de Gand a acquitté hier Herman Brusselmans d’infractions aux lois contre le racisme et le négationnisme. L’écrivain flamand avait publié une chronique, dans l’hebdomadaire Humo , dans laquelle il affirmait que la vue d’une image d’un enfant palestinien, hurlant après sa mère enfouie sous les décombres, le mettait tellement en colère qu’il voulait « enfoncer un couteau pointu dans la gorge » de chaque juif qu’il rencontrait.

Ce texte avait suscité l’indignation de la communauté juive, qui affirme que ses membres sont l’objet d’agressions quotidiennes en Belgique. Depuis la guerre à Gaza, le nombre d’actes antisémites signalés au centre pour l’égalité des chances Unia est également en augmentation. Un lien que n’a pas établi le tribunal, qui a ainsi estimé que la chronique de Herman Brusselmans n’avait pas pour but d’inciter à la violence.

Ce jugement n’a rien d’évident, car le sentiment d’insécurité de la communauté juive est réel et étayé par des données factuelles. Il s’agit pourtant d’une décision juste, car le droit à la liberté d’expression mérite également d’être défendu.

En effet, elle sert quelque chose de plus grand : une société où ce ne sont pas les pouvoirs publics qui décident de ce que l’on peut dire, où l’on peut librement critiquer le pouvoir et où l’on peut crier son impuissance. C’est de ce dernier point qu’il s’agissait en l’espèce : un cri d’impuissance face à un conflit atroce. La métaphore employée par Herman Brusselmans était-elle judicieuse ? Non.

S’agissait-il d’une bonne satire ? Non plus. Mais le fait est qu’il a le droit de l’écrire, tout comme chacun a le droit de ne pas le lire ou de ne pas le publier. La liberté d’expression se paie au prix d’innombrables sottises, de plaisanteries de mauvais goût, d’affirmations factuellement inexactes et de paroles inconsidérées.

A relire

[1]Le Parlement flamand tient une minute de silence pour un négationniste

En ce sens, ce jugement doit être considéré pour ce qu’il est : ni encouragement ni déclaration de soutien. Les pouvoirs publics n’ont simplement pas à s’en mêler — ce qui, dans notre démocratie occidentale, devrait d’ailleurs être un principe évident n’ayant guère besoin d’être défendu.

Mais en ces temps étranges où le président des États-Unis, Donald Trump, chamboule quotidiennement notre conception de la normalité, ce n’est plus le cas. Le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, vient ainsi d’annoncer le retrait des titres de séjour des personnes soutenant l’organisation terroriste Hamas, afin qu’elles puissent être expulsées des États-Unis. C’est en appliquant cette logique que, cette semaine, un étudiant de l’Université Columbia (New York) qui résidait aux États-Unis en toute légalité a été arrêté et détenu dans l’attente de son éloignement.

Cet incident, pris avec l’affaire Brusselmans, montre que certaines choses méritent bel et bien d’être martelées dans le débat public. Non, manifester sa compassion à l’égard des civils palestiniens ne revient pas à exprimer un soutien au Hamas. Non, crier sa colère contre la stratégie militaire impitoyable appliquée par Israël à Gaza ne revient pas à être antisémite. Et oui, il est plus important que jamais que l’on puisse dire ce que l’on pense, quitte à susciter des désaccords. Il devrait s’agir d’évidences, mais vu l’excitation ambiante, il n’est pas inutile de les rappeler.

A relire

[2]Liberté d’expression : faire taire la haine c’est nourrir le populisme



[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/le-parlement-flamand-tient-une-minute-de-silence-pour-un-negationniste/

[2] https://daardaar.be/rubriques/opinions/liberte-dexpression-faire-taire-la-haine-cest-nourrir-le-populisme/



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