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  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

« Les tigres des cafés », le collectif qui veut sauver les bars en Flandre (et bientôt en Wallonie)

([Culture et Médias] 2025-02-01 (DaarDaar))


En dix ans, un café sur trois a fermé ses portes en Flandre. Pour lutter contre la disparition de ces bars, Ben Mouling, Anversois engagé, a lancé le groupe Facebook » Kroegtijgers » ( » les tigres des cafés « ). Ce collectif est déterminé à sauver ces lieux emblématiques qui font partie du patrimoine belge. Après la Flandre et Bruxelles, les tigres du nord comptent bien rugir prochainement en Wallonie…

« Les cafés sont les derniers lieux où il est possible de rencontrer des gens qu’on ne connaît pas. Ce sont des réseaux sociaux vivants très importants pour les quartiers et la société », lance Ben Mouling, l’initiateur du groupe Facebook « [1]Kroegtijgers – Red De Bruine Kroegen » (littéralement » Les tigres des cafés – Sauvons les cafés bruns « )

Depuis sa création il y a un mois, la communauté ne cesse de grandir dans le nord du pays. La plupart des médias flamands ont d’ailleurs relayé l’initiative. Résultat : le groupe Facebook (pour l’instant hors ligne, le compte ayant été hacké) compte plus de 26.000 membres.

Ben Mouling, qui a toujours été actif dans le secteur de l’événementiel, ne s’attendait pas à un tel succès, mais s’en réjouit : « Chaque jour, on reçoit des dizaines de messages de soutien de la part de patrons, de brasseurs ou de fournisseurs. »

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Patrimoine menacé



Pour ce passionné des « volkscafés » ou cafés du peuple, ces espaces sont bien plus que de simples comptoirs où l’on commande une bière. « Mes grands-parents avaient des bars, des hôtels, même des cinémas. J’ai grandi entre ces murs, bercé par les rires des habitués et le tintement des verres », raconte-t-il avec nostalgie.

Ces cafés sont en péril en Flandre. Selon les chiffres répertoriés sur la plateforme flamande Provincie In Cijfers, en moyenne, 274 cafés ferment chaque année leurs portes dans le nord du pays. Leur nombre a chuté de 32,2% entre 2013 et 2023. Il en reste 5763 aujourd’hui.

[2]En Flandre, un café disparaît presque chaque jour

Alors que la culture brassicole belge a été reconnue comme patrimoine immatériel par l‘UNESCO le 30 novembre 2016, Jef Van den Bossche, photographe anversois et auteur du livre « On a soif » regrette la « disparition » de ces volkscafés : « Si les façades des bâtiments sont encore régulièrement protégées et conservées, les intérieurs sont délaissés. Et tandis que les Pays-Bas et le nord de la France admirent ce pan de notre culture nationale et tentent de reproduire leur style, nous les détruisons, probablement par manque de fierté et de vision. »

Le photographe, qui a contribué aussi au [3]podcast Dring Dring de DaarDaar , a sillonné toute la Belgique pour immortaliser les vieux cafés et perpétuer une tradition que lui avaient inculquée ses parents.

Dernièrement, il vient par ailleurs de réaliser « Jacky, le « kiekefretter » « , une vidéo-portrait d’un patron de café de 90 ans à Anderlecht. Tout comme avec ses photographies, Jef Van den Bossche souhaite ainsi mettre à l’honneur la culture des volkscafés, le laboratoire social du quartier.

Des tigres qui sortent les crocs



De son côté, Ben Mouling craint le pire si rien ne change : « Le plus important c’est de protéger ces bars. Sinon, dans dix ans, il n’y en aura plus. »

Alors que ces vieux cafés ferment à un rythme alarmant en Flandre, l’Anversois de 50 ans a décidé de passer à l’action en créant le collectif « Kroegtijgers ».

Il revient sur l’origine du nom de son initiative : « Je voulais un nom qui exprime la détermination. Il ne s’agit pas seulement de s’apitoyer sur la fermeture des cafés, mais d’agir pour les sauver », affirme-t-il.

Avec son collectif, il réalise des reportages vidéo professionnels sur des cafés emblématiques afin de leur donner une visibilité nouvelle : « La plupart des patrons de café ne sont pas très doués en réseaux sociaux. Ils n’ont juste pas le temps non plus : ils sont tout le temps en train de se mettre en contact avec leur clientèle. »

En quelques semaines, la page Facebook du projet a explosé en popularité, attirant l’attention des amoureux de ces lieux et de nombreux patrons de bars. Une manière de redonner de la fierté à ces établissements en péril, comme l’illustre cette vidéo du café Oud Arsenaal à Anvers.

Une stratégie en trois temps



Le collectif ne se limite pas seulement à la diffusion de vidéos et repose sur une stratégie en trois temps : « D’abord, nous souhaitons renforcer la visibilité des cafés à travers les réseaux sociaux, notamment Instagram et TikTok, afin d’attirer un public plus jeune et de moderniser l’image des établissements traditionnels. »

Ensuite, l’initiateur du groupe Facebook compte créer une cartographie en ligne recensant les cafés authentiques de Belgique, un outil qui permettra aux amateurs de retrouver ces lieux emblématiques en un clic.

Enfin, Ben Mouling souhaite favoriser les rencontres physiques en organisant des événements dans les cafés mis en avant dans les reportages : « L’idée est de ne pas seulement parler des cafés, mais de donner envie aux gens d’y retourner, de les faire revivre et d’en faire des lieux de rencontre incontournables. »

Pour concrétiser cette ambition, l’équipe cherche des partenaires afin de professionnaliser davantage son initiative. Le collectif est en contact avec différentes organisations comme Horeca Vlaanderen ou l’association des brasseurs belges. « Les grandes brasseries belges nous ont déjà contactés. Elles comprennent que leur avenir est lié à la survie de ces lieux de dégustation », témoigne Ben Mouling.

Les tigres bientôt actifs en Wallonie ?



Pour l’instant, l’initiative s’est surtout concentrée sur la Flandre et Bruxelles. « On a été pris de vitesse ! En un mois, tout a explosé. On doit maintenant structurer le projet », concède Ben Mouling.

Pourtant, la disparition des vieux cafés n’est pas un phénomène typiquement flamand : en Wallonie aussi, le nombre d’établissements a diminué ces dernières années. D’après les chiffres communiqués par la Fédération Horeca Wallonie, un café sur cinq a fermé en 10 ans dans le sud du pays.

Même si son initiative a été lancée au départ en Flandre, Ben Mouling assure qu’il n’oublie pas la Wallonie à l’avenir : « C’est une histoire nationale. Les cafés de village et les bars de Wallonie méritent autant d’attention. Une fois que notre organisation sera bien en place en Flandre et à Bruxelles, on s’attaquera à la Wallonie . »

[4]Découvrez la Flandre à travers les photos de ses « volkscafés »



[1] https://www.facebook.com/permalink.php/?story_fbid=122109743024724021&id=61571720650628

[2] https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/en-flandre-un-cafe-disparait-presque-chaque-jour/

[3] https://daardaar.be/podcast/dring-dring/

[4] https://daardaar.be/rubriques/decouvrez-la-flandre-a-travers-les-photos-de-ses-volkscafes/



The aim of science is to seek the simplest explanations of complex
facts. Seek simplicity and distrust it.
-- Whitehead.