Luc Frank, député germanophone : « Mon lobby pour l’Ostbelgien à la Chambre commence maintenant »
([Politique] 2025-02-01 (GrenzEcho))
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Début février, les partis de la coalition Arizona – N-VA, MR, Les Engagés, Vooruit et CD&V – ont conclu un accord de gouvernement pour la législature allant jusqu’en 2029. Le quotidien germanophone belge Grenzecho a interviewé Luc Frank, député issu des Cantons de l’Est (CSP/Les Engagés), sur les aspects de l’accord qui concernent l’Ostbelgien.
« Il s’agit en tout cas d’un programme centriste, tourné vers l’avenir et les générations futures. C’est aussi un programme qui rend justice aux Belges de l’est du pays, qui sont plutôt du centre eux aussi. L’accord met en avant des points essentiels : plus de moyens pour la sécurité, pour la police et pour les pompiers. »
« Le nouveau gouvernement mise clairement sur la coopération. L’accord souligne à plusieurs reprises que les mesures prévues ne peuvent être mises en œuvre qu’en coopération avec les entités fédérées. Par exemple, la politique migratoire : toute personne souhaitant obtenir un droit de séjour doit passer deux examens, l’un portant sur les connaissances linguistiques et l’autre sur les devoirs et droits civiques, la neutralité de l’État et l’égalité des droits entre hommes et femmes.
Ces questions fondamentales ne peuvent être mises en œuvre qu’avec les communautés du pays, car ce sont elles qui sont chargées d’organiser ces examens. Le refinancement des hôpitaux est aussi un point particulièrement important de l’accord, y compris pour les Cantons de l’Est.
De plus, la police sera mieux dotée financièrement et la norme KUL controversée sera supprimée. Un autre problème concerne le financement des zones de secours : selon la loi, ces zones devraient être financées à parts égales par les autorités locales et le fédéral, ce qui n’est pas le cas actuellement.
Au cours de cette nouvelle législature, l’État fédéral sera davantage mis à contribution, ce qui soulagera les caisses des communes. Le gouvernement entend aussi examiner comment les communes et les CPAS peuvent collaborer plus efficacement. »
[1]La méthode Bouchez peut-elle marcher en Communauté germanophone?
« Oui, le Sénat devrait être aboli d’ici la fin de la législature. Cela soulève bien sûr la question des implications pour nous et pour notre représentation garantie au niveau fédéral. Le sénateur issu de la communauté était jusqu’à présent une sorte de « cordon ombilical » relié au niveau fédéral, et ce cordon sera coupé en 2029.
La Communauté germanophone doit donc se positionner rapidement et trouver d’autres moyens de garantir sa représentation au fédéral. Ce sera un débat très intéressant, tant au Parlement de la Communauté germanophone qu’en concertation avec le gouvernement fédéral.
Par ailleurs, le comité de concertation va aussi faire l’objet de réformes. Cet organe, au sein duquel tous les gouvernements du pays, y compris celui de la Communauté germanophone, sont représentés, ne sera plus composé à l’avenir d’un seul représentant par entité fédérée, mais d’au moins deux. »
« Oui, la disposition Ostbelgien a été intégrée au programme du gouvernement. Comme on le sait, les habitants des Cantons de l’Est peuvent, à certaines conditions, se faire soigner dans des hôpitaux allemands, ce qui représente un avantage significatif, notamment pour les traitements spécialisés. Cela évite en effet de devoir se rendre à Louvain, Bruxelles, Gand ou Anvers, alors que nous avons à deux pas de chez nous quelques-uns des meilleurs hôpitaux d’Europe.
L’accord de gouvernement prévoit d’examiner et de développer cette disposition afin de permettre des traitements plus complexes. Un autre sujet important pour les communes du nord de la Communauté germanophone est le télescope Einstein.
On ne sait pas encore si le projet sera effectivement concrétisé, mais le gouvernement fédéral stipule en tout cas dans son accord qu’il soutient la candidature belge en coopération avec les Pays-Bas et l’Allemagne. »
[2]Communauté germanophone: une coalition gouvernementale à deux ou à trois?
« Il est crucial que la Communauté germanophone soit représentée au Parlement fédéral, pour pouvoir directement discuter avec les décideurs. Cela facilite beaucoup de choses, car cela permet de trouver des solutions bilatérales.
Un exemple d’actualité est la revalorisation prévue des infrastructures de la police fédérale, qui concerne également le nouveau bâtiment de la police à Eupen. Ce projet traîne depuis des années. Mon groupe, Les Engagés, est représenté par Vanessa Matz, la ministre en charge du dossier, qui est par ailleurs originaire de notre circonscription électorale de Liège. J’ai déjà discuté de cette thématique avec elle afin d’initier les étapes suivantes.
I l est de mon devoir de rester attentif et de veiller à ce que de tels projets ne soient pas abandonnés. Cela vaut pour de nombreux domaines qui concernent les Cantons de l’Est. Il y a à présent un accord de gouvernement et c’est maintenant que commence mon travail de lobbyiste en faveur de la région Ostbelgien à Bruxelles. »
« C’est au moins un progrès, car la Belgique s’était déjà engagée en 2014 à atteindre cet objectif, mais ne l’a pas mis en œuvre, ce qui lui a valu des critiques sur la scène internationale. Pour être honnête, il faut dire que la Belgique a été un élève modèle de l’OTAN jusqu’à la chute du mur de Berlin. Ensuite, les choses ont changé. On admet, toutefois, aujourd’hui que deux pour cent ne suffisent pas.
En novembre déjà, on discutait dans l’OTAN d’une augmentation à trois pour cent, l’Allemagne parle désormais de 3,5 pour cent. Donald Trump évoque même cinq pour cent. La norme de l’OTAN s’établira probablement autour de trois à 3,5 pour cent. La grande question est celle du mode de financement. Il existe plusieurs modèles : une possibilité serait de vendre des parts de l’État à des entreprises comme Proximus ou Belfius.
Une autre option consiste à affecter directement les rendements de ces participations publiques au budget de la défense. Au niveau européen, on discute aussi de la possibilité de contracter ensemble des dettes supplémentaires pour investir dans l’armement. Les avis sont très partagés sur ce point. L’Allemagne, par exemple, s’y oppose. La Commission européenne estime que l’Europe devra investir quelque 500 milliards d’euros supplémentaires dans la défense au cours de la prochaine décennie. »
[3]100 ans des Cantons de l’Est: une population fière d’être Belge
[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/la-methode-bouchez-est-elle-applicable-en-communaute-germanophone/
[2] https://daardaar.be/rubriques/politique/communaute-germanophone-une-coalition-gouvernementale-a-deux-ou-a-trois/
[3] https://daardaar.be/rubriques/societe/100-ans-des-cantons-de-lest-une-population-fiere-detre-belge/
À vos yeux, quelle est l’essence de l’accord gouvernemental ?
« Il s’agit en tout cas d’un programme centriste, tourné vers l’avenir et les générations futures. C’est aussi un programme qui rend justice aux Belges de l’est du pays, qui sont plutôt du centre eux aussi. L’accord met en avant des points essentiels : plus de moyens pour la sécurité, pour la police et pour les pompiers. »
Un accord fédéral concerne en principe chaque citoyen, qu’est-ce qui concerne spécifiquement les territoires germanophones dans l’accord ?
« Le nouveau gouvernement mise clairement sur la coopération. L’accord souligne à plusieurs reprises que les mesures prévues ne peuvent être mises en œuvre qu’en coopération avec les entités fédérées. Par exemple, la politique migratoire : toute personne souhaitant obtenir un droit de séjour doit passer deux examens, l’un portant sur les connaissances linguistiques et l’autre sur les devoirs et droits civiques, la neutralité de l’État et l’égalité des droits entre hommes et femmes.
Ces questions fondamentales ne peuvent être mises en œuvre qu’avec les communautés du pays, car ce sont elles qui sont chargées d’organiser ces examens. Le refinancement des hôpitaux est aussi un point particulièrement important de l’accord, y compris pour les Cantons de l’Est.
De plus, la police sera mieux dotée financièrement et la norme KUL controversée sera supprimée. Un autre problème concerne le financement des zones de secours : selon la loi, ces zones devraient être financées à parts égales par les autorités locales et le fédéral, ce qui n’est pas le cas actuellement.
Au cours de cette nouvelle législature, l’État fédéral sera davantage mis à contribution, ce qui soulagera les caisses des communes. Le gouvernement entend aussi examiner comment les communes et les CPAS peuvent collaborer plus efficacement. »
[1]La méthode Bouchez peut-elle marcher en Communauté germanophone?
La Communauté germanophone est également directement concernée par les réformes institutionnelles. Concrètement, la suppression du Sénat prévue dans l’accord de gouvernement priverait la Communauté germanophone de sa représentation garantie au Parlement fédéral.
« Oui, le Sénat devrait être aboli d’ici la fin de la législature. Cela soulève bien sûr la question des implications pour nous et pour notre représentation garantie au niveau fédéral. Le sénateur issu de la communauté était jusqu’à présent une sorte de « cordon ombilical » relié au niveau fédéral, et ce cordon sera coupé en 2029.
La Communauté germanophone doit donc se positionner rapidement et trouver d’autres moyens de garantir sa représentation au fédéral. Ce sera un débat très intéressant, tant au Parlement de la Communauté germanophone qu’en concertation avec le gouvernement fédéral.
Par ailleurs, le comité de concertation va aussi faire l’objet de réformes. Cet organe, au sein duquel tous les gouvernements du pays, y compris celui de la Communauté germanophone, sont représentés, ne sera plus composé à l’avenir d’un seul représentant par entité fédérée, mais d’au moins deux. »
L’accord gouvernemental aborde-t-il également la question des soins de santé transfrontaliers, qui revêt une importance particulière pour les Belges de l’est du pays ?
« Oui, la disposition Ostbelgien a été intégrée au programme du gouvernement. Comme on le sait, les habitants des Cantons de l’Est peuvent, à certaines conditions, se faire soigner dans des hôpitaux allemands, ce qui représente un avantage significatif, notamment pour les traitements spécialisés. Cela évite en effet de devoir se rendre à Louvain, Bruxelles, Gand ou Anvers, alors que nous avons à deux pas de chez nous quelques-uns des meilleurs hôpitaux d’Europe.
L’accord de gouvernement prévoit d’examiner et de développer cette disposition afin de permettre des traitements plus complexes. Un autre sujet important pour les communes du nord de la Communauté germanophone est le télescope Einstein.
On ne sait pas encore si le projet sera effectivement concrétisé, mais le gouvernement fédéral stipule en tout cas dans son accord qu’il soutient la candidature belge en coopération avec les Pays-Bas et l’Allemagne. »
[2]Communauté germanophone: une coalition gouvernementale à deux ou à trois?
En tant que député des Cantons de l’Est, quel rôle pouvez-vous jouer dans ces processus ?
« Il est crucial que la Communauté germanophone soit représentée au Parlement fédéral, pour pouvoir directement discuter avec les décideurs. Cela facilite beaucoup de choses, car cela permet de trouver des solutions bilatérales.
Un exemple d’actualité est la revalorisation prévue des infrastructures de la police fédérale, qui concerne également le nouveau bâtiment de la police à Eupen. Ce projet traîne depuis des années. Mon groupe, Les Engagés, est représenté par Vanessa Matz, la ministre en charge du dossier, qui est par ailleurs originaire de notre circonscription électorale de Liège. J’ai déjà discuté de cette thématique avec elle afin d’initier les étapes suivantes.
I l est de mon devoir de rester attentif et de veiller à ce que de tels projets ne soient pas abandonnés. Cela vaut pour de nombreux domaines qui concernent les Cantons de l’Est. Il y a à présent un accord de gouvernement et c’est maintenant que commence mon travail de lobbyiste en faveur de la région Ostbelgien à Bruxelles. »
Vous êtes membre de la Commission de la défense nationale au Parlement. Selon l’accord de gouvernement, les dépenses de défense devraient atteindre 2 % du PIB d’ici 2029. Ce n’est pourtant pas suffisant ?
« C’est au moins un progrès, car la Belgique s’était déjà engagée en 2014 à atteindre cet objectif, mais ne l’a pas mis en œuvre, ce qui lui a valu des critiques sur la scène internationale. Pour être honnête, il faut dire que la Belgique a été un élève modèle de l’OTAN jusqu’à la chute du mur de Berlin. Ensuite, les choses ont changé. On admet, toutefois, aujourd’hui que deux pour cent ne suffisent pas.
En novembre déjà, on discutait dans l’OTAN d’une augmentation à trois pour cent, l’Allemagne parle désormais de 3,5 pour cent. Donald Trump évoque même cinq pour cent. La norme de l’OTAN s’établira probablement autour de trois à 3,5 pour cent. La grande question est celle du mode de financement. Il existe plusieurs modèles : une possibilité serait de vendre des parts de l’État à des entreprises comme Proximus ou Belfius.
Une autre option consiste à affecter directement les rendements de ces participations publiques au budget de la défense. Au niveau européen, on discute aussi de la possibilité de contracter ensemble des dettes supplémentaires pour investir dans l’armement. Les avis sont très partagés sur ce point. L’Allemagne, par exemple, s’y oppose. La Commission européenne estime que l’Europe devra investir quelque 500 milliards d’euros supplémentaires dans la défense au cours de la prochaine décennie. »
[3]100 ans des Cantons de l’Est: une population fière d’être Belge
[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/la-methode-bouchez-est-elle-applicable-en-communaute-germanophone/
[2] https://daardaar.be/rubriques/politique/communaute-germanophone-une-coalition-gouvernementale-a-deux-ou-a-trois/
[3] https://daardaar.be/rubriques/societe/100-ans-des-cantons-de-lest-une-population-fiere-detre-belge/