Analyse: pourquoi Georges-Louis Bouchez ressemble au (jeune) Bart De Wever
([Opinions, Politique] 2025-02-01 (De Morgen))
- Reference: 2025-02_Belgaimage-95007393-255x170
- News link: https://daardaar.be/rubriques/politique/analyse-pourquoi-georges-louis-bouchez-ressemble-au-jeune-bart-de-wever/
- Source link: https://www.demorgen.be/politiek/grondstroom-verleggen-de-ps-staat-afbreken-hoe-bouchez-de-strategie-van-de-wever-hanteert~b4d0eb69/
« J’ai un accord écrit avec le Premier ministre ». Le nouveau gouvernement fédéral était à peine constitué que l’homme fort du MR faisait déjà parler de lui. Dans un entretien accordé à ce même journal ( De Morgen, ndlr), il lançait la polémique sur la taxe sur les plus-values.
Le président du MR avait pourtant juré qu’il ne serait pas à nouveau la belle-mère du gouvernement. Bart De Wever y croit-il encore ? En tout état de cause, le Premier ministre a dû envoyer son fidèle lieutenant – Jan Jambon – éteindre l’incendie sur les plateaux de télévision.
Si la « note Bouchez » a été la première secousse de la nouvelle coalition, elle n’était sans doute pas destinée à nuire directement à De Wever. Bouchez voue un grand respect au Premier ministre – bien davantage qu’à son prédécesseur Alexander De Croo (Open Vld). Le président du MR voit en De Wever un exemple : un homme qui, en leader incontesté, a fait de son parti une force politique dominante. Aussi GLB tente-t-il en Belgique francophone de jouer le même tour que Bart De Wever en Flandre au début de ce siècle : révolutionner le champ politique.
« Monsieur trente pour cent ». Le surnom lui a été affublé au lendemain des élections, notamment parce que le principal intéressé n’a jamais manqué un jour sans faire étalage de ce score prétendument historique. Trente pour cent – 29,6 pour être précis – c’est évidemment un très bon score, mais toutefois moins bluffant qu’il n’y paraît à première vue. En Wallonie, les libéraux avoisinent les 24 % depuis plusieurs décennies. Ces 5 à 6 % supplémentaires ne constituent donc pas non plus un chambardement révolutionnaire.
La grande réussite est ailleurs : si le MR a souvent engrangé des résultats honorables, il n’est que rarement parvenu à transformer l’essai. Ainsi le Premier ministre Adrien Dolimont n’est-il que le deuxième chef de gouvernement wallon libéral depuis 1982. Le MR a toujours été un parti qui a compté, mais jamais assez pour sortir de l’ombre du PS, beaucoup plus puissant. Au fil des ans, les socialistes ont perdu du pouvoir et des parts de marché, tandis que le MR s’est maintenu, pour finalement dépasser son éternel rival.
Les libres penseurs au sud, les catholiques au nord : c’est ainsi que le pouvoir était traditionnellement divisé en Belgique. Depuis les années 1980, les chrétiens-démocrates ont assuré la direction du gouvernement flamand presque sans interruption, jusqu’à ce que la N-VA reprenne cette hégémonie. D’abord avec le Premier ministre Geert Bourgeois, fondateur du parti, ensuite avec Jan Jambon et aujourd’hui avec Matthias Diependaele.
« Mon meilleur moment en politique ? Je ne peux pas dégager un moment bien précis, je songe surtout à la trajectoire que nous avons suivie, dans son ensemble. Réussir à changer l’opinion publique en Flandre, à modifier les rapports de force en profondeur, ce n’est pas rien », a un jour témoigné Bart De Wever. Sous sa présidence, la N-VA a finalement brisé l’hégémonie du CVP en Flandre (après une première gifle administrée par le gouvernement ‘violet’ quelques années plus tôt). L’objectif de Georges-Louis Bouchez est presque identique : remporter les élections, certes, mais surtout mettre fin à l’hégémonie socialiste, à « l’État-PS » comme on l’appelle en Flandre.
À relire
[1]Quel avenir pour l’Open VLD ? « Bouchez est la figure libérale la plus crédible en Flandre aujourd’hui »
Mais comme le veut l’adage, une hirondelle ne fait pas le printemps. Bouchez sait mieux que quiconque que sa victoire électorale en 2024 ne sonne pas encore le glas du PS. Il a pu le constater avec la N-VA : les nationalistes flamands avaient atteint le sommet de leur gloire (jusqu’alors) en 2014, en prenant les commandes du gouvernement flamand et en montant au fédéral, mais cette expérience de la Suédoise sous la direction du Premier ministre Charles Michel a vite tourné au vinaigre. Les nationalistes ont quitté le gouvernement prématurément, tandis que la coalition en Flandre était déjà une sacrée foire d’empoigne.
La leçon que Bouchez en tire ? Le plus grand parti n’est pas seulement celui qui obtient le plus de voix, c’est aussi celui qui se positionne comme la force politique dominante. « Tout le monde au MR n’a pas encore bien compris que nous sommes la plus grande formation politique de Belgique francophone. Il faut que cette idée s’ancre dans les esprits, et cet ancrage présuppose d’insuffler à notre travail politique une dynamique différente », a déclaré GLB lors du débat sur les plus-values.
Pour que le MR puisse s’imposer comme le nouveau parti populaire francophone, les autres partis doivent à leur tour reconnaître son autorité. Le plus grand parti fixe les lignes directrices et doit veiller à ce que les autres suivent. C’est aussi la raison pour laquelle Bouchez est passé à l’offensive au début de l’Arizona : même dans une coalition – ou plutôt, surtout dans une coalition – il faut se montrer, il faut peser.
Exactement ce qu’avait fait la N-VA à l’époque lorsqu’elle avait détrôné le CD&V comme premier parti de Flandre. À en croire les dires, une délégation de membres de la N-VA s’était carrément rendue au siège du CD&V pour mettre les choses au clair : « Nous vous avons écouté sans broncher pendant des années, maintenant, c’est vous qui allez sagement nous écouter ». Une façon de présenter les choses qui avait d’ailleurs bien amusé le CD&V, car la N-VA ne s’était jusqu’alors jamais montrée particulièrement docile.
Ce dernier point mérite un développement supplémentaire : la N-VA apprendra à ses dépens que cette méthode n’était pas la bonne. Le plus grand parti se doit d’être l’architecte du compromis, et ce rôle est difficilement conciliable avec celui d’agitateur de coalition.
À relire
[2]La méthode Bouchez peut-elle marcher en Communauté germanophone?
C’est le chef qui a le dernier mot : ce principe – sacré pour Bouchez – s’applique entre partis, mais aussi au sein d’un même parti. C’est le président qui commande, et ceux qui ne sont pas capables d’avaler la pilule sont priés d’aller voir ailleurs. Tel fut le sort réservé à Jean-Luc Crucke, voix estimée et respectée au sein du MR pendant des années, passé chez Les Engagés à la suite d’un désaccord avec l’orientation du parti. Même une machine à voix comme Sophie Wilmès – un demi-million de voix de préférence aux européennes – ne devrait pas trop la ramener, estime Bouchez : c’est à lui, pas à elle, que le MR doit son succès.
L’importance du chef de parti explique pourquoi GLB tient absolument à rester président. « Je me suis entretenu avec Bart De Wever, qui m’a détaillé les étapes de la transformation d’un parti, a-t-il confessé. Je comprends maintenant pourquoi il est resté président pendant 20 ans, même si je n’ambitionne pas de rester 20 ans à la tête du MR. »
Car le Montois entend bien surfer sur la vague bleue. Sans lui, craint-il, le succès des libéraux en Wallonie ne pourrait être que de courte durée. Or, ce n’est qu’en parvenant à s’imposer durablement comme le parti dominant qu’ils pourront en finir avec l’hégémonie socialiste. Voilà pourquoi il n’a eu d’autre choix que de sacrifier son grand objectif de carrière pour une cause d’ordre supérieur. Il voulait tant devenir ministre de l’Intérieur, avant qu’on le somme en interne de choisir : ce sera ministre ou président de parti, mais pas les deux.
Ce fut la deuxième fois en peu de temps que GLB devait renoncer à l’un de ses rêves pour continuer à diriger le parti. Il y a quelques mois, il avait déjà surpris en laissant le poste de ministre-président wallon au jeune Adrien Dolimont. Jusqu’à une demi-heure avant l’annonce, Bouchez avait hésité.
Ici encore, on ne saurait ignorer le parallèle avec Bart De Wever, qui a lui aussi eu l’occasion, plus tôt dans sa carrière, de devenir ministre fédéral ou ministre-président du gouvernement flamand. À chaque fois, l’Anversois a remercié son entourage de lui avoir fait cet honneur et est resté aux manettes du parti.
Même sur la question de l’Open Vld, les projets de De Wever et de Bouchez sont étonnamment similaires. Si le bourgmestre d’Anvers a estimé nécessaire de devoir enterrer les libéraux flamands pour s’imposer, le chef de file du MR semble lui aussi se résigner à cette fatalité : s’il faut en passer par là, ainsi soit-il.
Le MR a beau être puissant au sud du pays, Bouchez sait que les Flamands constituent le groupe linguistique le plus important du pays. S’il veut prendre l’ascendant et – qui sait – briguer un jour le Seize, les libéraux doivent s’imposer comme une force politique dominante en Flandre. Bouchez doit se dire qu’en l’état actuel des choses, il va falloir qu’il prenne les choses en main.
Dans la Flandre libérale, la nervosité est palpable : Bouchez traversera-t-il la frontière linguistique pour y implanter son parti libéral ? « S’il franchit le pas, une partie de notre camp le suivra sans hésiter. Et une autre quittera définitivement la politique », redoute un membre éminent de l’Open Vld.
Une partie du problème est qu’en interne, beaucoup se demandent si Eva De Bleeker est bien la bonne personne. L’impression qu’elle laisse pour l’heure n’a rien d’indélébile, tandis que Frédéric De Gucht – l’un des candidats à la présidence l’été dernier – brille par la façon dont il a dirigé la section bruxelloise du parti ces derniers mois.
Le potentiel politique que Bouchez pourrait mobiliser en lançant un MR en Flandre est considérable. Une puissance que personne n’ose imaginer, pas même au sein du parti de son grand allié – et source d’inspiration – Bart De Wever. Car si un MR flamand récupérerait sans doute pas mal de cadors de l’Open Vld, les électeurs, eux, viendront de la N-VA.
À relire
[3]L’Open Vld est devenu un parti zombie
[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/quel-avenir-pour-lopen-vld-bouchez-est-la-figure-liberale-la-plus-credible-en-flandre-aujourdhui/
[2] https://daardaar.be/rubriques/politique/la-methode-bouchez-est-elle-applicable-en-communaute-germanophone/
[3] https://daardaar.be/rubriques/politique/lopen-vld-est-devenu-un-parti-zombie/
Le président du MR avait pourtant juré qu’il ne serait pas à nouveau la belle-mère du gouvernement. Bart De Wever y croit-il encore ? En tout état de cause, le Premier ministre a dû envoyer son fidèle lieutenant – Jan Jambon – éteindre l’incendie sur les plateaux de télévision.
Si la « note Bouchez » a été la première secousse de la nouvelle coalition, elle n’était sans doute pas destinée à nuire directement à De Wever. Bouchez voue un grand respect au Premier ministre – bien davantage qu’à son prédécesseur Alexander De Croo (Open Vld). Le président du MR voit en De Wever un exemple : un homme qui, en leader incontesté, a fait de son parti une force politique dominante. Aussi GLB tente-t-il en Belgique francophone de jouer le même tour que Bart De Wever en Flandre au début de ce siècle : révolutionner le champ politique.
Hégémonie socialiste
« Monsieur trente pour cent ». Le surnom lui a été affublé au lendemain des élections, notamment parce que le principal intéressé n’a jamais manqué un jour sans faire étalage de ce score prétendument historique. Trente pour cent – 29,6 pour être précis – c’est évidemment un très bon score, mais toutefois moins bluffant qu’il n’y paraît à première vue. En Wallonie, les libéraux avoisinent les 24 % depuis plusieurs décennies. Ces 5 à 6 % supplémentaires ne constituent donc pas non plus un chambardement révolutionnaire.
La grande réussite est ailleurs : si le MR a souvent engrangé des résultats honorables, il n’est que rarement parvenu à transformer l’essai. Ainsi le Premier ministre Adrien Dolimont n’est-il que le deuxième chef de gouvernement wallon libéral depuis 1982. Le MR a toujours été un parti qui a compté, mais jamais assez pour sortir de l’ombre du PS, beaucoup plus puissant. Au fil des ans, les socialistes ont perdu du pouvoir et des parts de marché, tandis que le MR s’est maintenu, pour finalement dépasser son éternel rival.
Les libres penseurs au sud, les catholiques au nord : c’est ainsi que le pouvoir était traditionnellement divisé en Belgique. Depuis les années 1980, les chrétiens-démocrates ont assuré la direction du gouvernement flamand presque sans interruption, jusqu’à ce que la N-VA reprenne cette hégémonie. D’abord avec le Premier ministre Geert Bourgeois, fondateur du parti, ensuite avec Jan Jambon et aujourd’hui avec Matthias Diependaele.
« Mon meilleur moment en politique ? Je ne peux pas dégager un moment bien précis, je songe surtout à la trajectoire que nous avons suivie, dans son ensemble. Réussir à changer l’opinion publique en Flandre, à modifier les rapports de force en profondeur, ce n’est pas rien », a un jour témoigné Bart De Wever. Sous sa présidence, la N-VA a finalement brisé l’hégémonie du CVP en Flandre (après une première gifle administrée par le gouvernement ‘violet’ quelques années plus tôt). L’objectif de Georges-Louis Bouchez est presque identique : remporter les élections, certes, mais surtout mettre fin à l’hégémonie socialiste, à « l’État-PS » comme on l’appelle en Flandre.
À relire
[1]Quel avenir pour l’Open VLD ? « Bouchez est la figure libérale la plus crédible en Flandre aujourd’hui »
Le plus grand parti
Mais comme le veut l’adage, une hirondelle ne fait pas le printemps. Bouchez sait mieux que quiconque que sa victoire électorale en 2024 ne sonne pas encore le glas du PS. Il a pu le constater avec la N-VA : les nationalistes flamands avaient atteint le sommet de leur gloire (jusqu’alors) en 2014, en prenant les commandes du gouvernement flamand et en montant au fédéral, mais cette expérience de la Suédoise sous la direction du Premier ministre Charles Michel a vite tourné au vinaigre. Les nationalistes ont quitté le gouvernement prématurément, tandis que la coalition en Flandre était déjà une sacrée foire d’empoigne.
La leçon que Bouchez en tire ? Le plus grand parti n’est pas seulement celui qui obtient le plus de voix, c’est aussi celui qui se positionne comme la force politique dominante. « Tout le monde au MR n’a pas encore bien compris que nous sommes la plus grande formation politique de Belgique francophone. Il faut que cette idée s’ancre dans les esprits, et cet ancrage présuppose d’insuffler à notre travail politique une dynamique différente », a déclaré GLB lors du débat sur les plus-values.
Pour que le MR puisse s’imposer comme le nouveau parti populaire francophone, les autres partis doivent à leur tour reconnaître son autorité. Le plus grand parti fixe les lignes directrices et doit veiller à ce que les autres suivent. C’est aussi la raison pour laquelle Bouchez est passé à l’offensive au début de l’Arizona : même dans une coalition – ou plutôt, surtout dans une coalition – il faut se montrer, il faut peser.
Exactement ce qu’avait fait la N-VA à l’époque lorsqu’elle avait détrôné le CD&V comme premier parti de Flandre. À en croire les dires, une délégation de membres de la N-VA s’était carrément rendue au siège du CD&V pour mettre les choses au clair : « Nous vous avons écouté sans broncher pendant des années, maintenant, c’est vous qui allez sagement nous écouter ». Une façon de présenter les choses qui avait d’ailleurs bien amusé le CD&V, car la N-VA ne s’était jusqu’alors jamais montrée particulièrement docile.
Ce dernier point mérite un développement supplémentaire : la N-VA apprendra à ses dépens que cette méthode n’était pas la bonne. Le plus grand parti se doit d’être l’architecte du compromis, et ce rôle est difficilement conciliable avec celui d’agitateur de coalition.
À relire
[2]La méthode Bouchez peut-elle marcher en Communauté germanophone?
C’est le chef qui a le dernier mot : ce principe – sacré pour Bouchez – s’applique entre partis, mais aussi au sein d’un même parti. C’est le président qui commande, et ceux qui ne sont pas capables d’avaler la pilule sont priés d’aller voir ailleurs. Tel fut le sort réservé à Jean-Luc Crucke, voix estimée et respectée au sein du MR pendant des années, passé chez Les Engagés à la suite d’un désaccord avec l’orientation du parti. Même une machine à voix comme Sophie Wilmès – un demi-million de voix de préférence aux européennes – ne devrait pas trop la ramener, estime Bouchez : c’est à lui, pas à elle, que le MR doit son succès.
L’importance du chef de parti explique pourquoi GLB tient absolument à rester président. « Je me suis entretenu avec Bart De Wever, qui m’a détaillé les étapes de la transformation d’un parti, a-t-il confessé. Je comprends maintenant pourquoi il est resté président pendant 20 ans, même si je n’ambitionne pas de rester 20 ans à la tête du MR. »
Car le Montois entend bien surfer sur la vague bleue. Sans lui, craint-il, le succès des libéraux en Wallonie ne pourrait être que de courte durée. Or, ce n’est qu’en parvenant à s’imposer durablement comme le parti dominant qu’ils pourront en finir avec l’hégémonie socialiste. Voilà pourquoi il n’a eu d’autre choix que de sacrifier son grand objectif de carrière pour une cause d’ordre supérieur. Il voulait tant devenir ministre de l’Intérieur, avant qu’on le somme en interne de choisir : ce sera ministre ou président de parti, mais pas les deux.
Ce fut la deuxième fois en peu de temps que GLB devait renoncer à l’un de ses rêves pour continuer à diriger le parti. Il y a quelques mois, il avait déjà surpris en laissant le poste de ministre-président wallon au jeune Adrien Dolimont. Jusqu’à une demi-heure avant l’annonce, Bouchez avait hésité.
Ici encore, on ne saurait ignorer le parallèle avec Bart De Wever, qui a lui aussi eu l’occasion, plus tôt dans sa carrière, de devenir ministre fédéral ou ministre-président du gouvernement flamand. À chaque fois, l’Anversois a remercié son entourage de lui avoir fait cet honneur et est resté aux manettes du parti.
Open Vld : le dindon de la farce ?
Même sur la question de l’Open Vld, les projets de De Wever et de Bouchez sont étonnamment similaires. Si le bourgmestre d’Anvers a estimé nécessaire de devoir enterrer les libéraux flamands pour s’imposer, le chef de file du MR semble lui aussi se résigner à cette fatalité : s’il faut en passer par là, ainsi soit-il.
Le MR a beau être puissant au sud du pays, Bouchez sait que les Flamands constituent le groupe linguistique le plus important du pays. S’il veut prendre l’ascendant et – qui sait – briguer un jour le Seize, les libéraux doivent s’imposer comme une force politique dominante en Flandre. Bouchez doit se dire qu’en l’état actuel des choses, il va falloir qu’il prenne les choses en main.
Dans la Flandre libérale, la nervosité est palpable : Bouchez traversera-t-il la frontière linguistique pour y implanter son parti libéral ? « S’il franchit le pas, une partie de notre camp le suivra sans hésiter. Et une autre quittera définitivement la politique », redoute un membre éminent de l’Open Vld.
Une partie du problème est qu’en interne, beaucoup se demandent si Eva De Bleeker est bien la bonne personne. L’impression qu’elle laisse pour l’heure n’a rien d’indélébile, tandis que Frédéric De Gucht – l’un des candidats à la présidence l’été dernier – brille par la façon dont il a dirigé la section bruxelloise du parti ces derniers mois.
Le potentiel politique que Bouchez pourrait mobiliser en lançant un MR en Flandre est considérable. Une puissance que personne n’ose imaginer, pas même au sein du parti de son grand allié – et source d’inspiration – Bart De Wever. Car si un MR flamand récupérerait sans doute pas mal de cadors de l’Open Vld, les électeurs, eux, viendront de la N-VA.
À relire
[3]L’Open Vld est devenu un parti zombie
[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/quel-avenir-pour-lopen-vld-bouchez-est-la-figure-liberale-la-plus-credible-en-flandre-aujourdhui/
[2] https://daardaar.be/rubriques/politique/la-methode-bouchez-est-elle-applicable-en-communaute-germanophone/
[3] https://daardaar.be/rubriques/politique/lopen-vld-est-devenu-un-parti-zombie/