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  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

Le gouvernement fédéral et le gouvernement flamand, tributaires chacun du succès de l’autre

([Economie, Opinions, Politique] 2025-02-01 (De Standaard))


Dans l’introduction de la brochure qui brosse à grands traits la politique budgétaire du gouvernement flamand figure le commentaire suivant : « en publiant ce livre de comptes, la Flandre se met en position de vulnérabilité. Elle est, dans ce pays, la seule entité qui vise l’équilibre budgétaire en 2027 ». Ce texte remonte au mois de septembre 2024, à un moment où personne n’était en mesure de deviner vraiment les projets d’un futur gouvernement Arizona. Ni même s’il y aurait un projet. Une chose était pourtant déjà claire à l’époque, c’est que l’objectif serait très ambitieux.

À l’époque déjà, il était prévu que le nouveau gouvernement réduise les charges qui pèsent sur le travail. C’est ce qu’indique l’accord de coalition flamand : « nous prenons de l’avance sur la réforme fiscale fédérale, qui devra rendre le travail plus gratifiant ». C’est pour cela, également, que les tableaux budgétaires intégraient déjà la suppression du « jobbonus » en 2026, afin de prendre dès 2027 le chemin menant à l’équilibre.

Ce jobbonus est une prime annuelle de 700 euros maximum, destinée aux personnes bénéficiant d’un salaire peu élevé, et calculée d’après le salaire de l’année précédente. Ce jobbonus sera versé pour la dernière fois en novembre 2026, par référence aux revenus 2025. Pour le gouvernement flamand, cette mesure devrait représenter une économie de 242 millions d’euros en 2026.

Faut-il pourtant maintenir le jobbonus ?



Aujourd’hui se pose la question de savoir s’il ne faudrait pas maintenir encore ce jobbonus un peu plus longtemps, puisque la baisse d’impôt au fédéral n’entrera en vigueur qu’en 2029. C’est une possibilité encore ouverte dans l’accord de coalition en Flandre. Dans le cas contraire, il est fort probable que les revenus les plus faibles soient perdants pendant plusieurs années. En revanche, cela signifierait que l’économie à réaliser par la Flandre sur le jobbonus disparaîtrait dès 2026. Selon le porte-parole du ministre flamand du Budget Ben Weyts (N-VA), « c’est un point sur lequel aucune décision n’est possible tant que les modalités de la réforme fiscale ne seront pas parfaitement claires ».

C’est que toute réduction d’impôt accordée par le fédéral a pour corollaire automatique une diminution des recettes des régions. Près d’un quart de l’impôt sur le revenu des personnes physiques leur est en effet redistribué. Or quand le gâteau rétrécit, les parts de chacun sont plus petites. C’est un point que Ben Weyts a évoqué au Parlement la semaine dernière :

« c’est précisément pour cette raison que, par esprit de prévoyance et de prudence, nous avons prévu une petite réserve de 250 millions d’euros ».

À relire

[1]Budget: la Flandre doit désormais prouver que ce qu’elle fait seule, elle le fait mieux

À l’heure actuelle, personne, en Flandre, n’est en mesure de dire si cela suffira. Le cabinet du ministre Weyts l’affirme : « nous l’avons toujours dit : dès que le gouvernement fédéral sera en place, nous devrons procéder à des ajustements, car notre l’ambition d’équilibre budgétaire restera inchangée ». Le calcul de l’effet des mesures du fédéral et des éventuels ajustements pourrait n’avoir lieu qu’en septembre, lors de l’élaboration du budget flamand pour 2026. De son côté, le ministre-président wallon Adrien Dolimont (MR) estime à environ 270 millions d’euros par an l’impact de la baisse de l’impôt des personnes physiques (entre autres mesures) sur le budget wallon.

C’est aux mêmes partis de prendre l’initiative



En 2029, le gouvernement fédéral ne pourra se présenter devant l’électeur la tête haute que si tant la Flandre, la Wallonie que Bruxelles ont fait le nécessaire pour porter le taux d’emploi à 80 %. C’est important pour orienter le budget fédéral dans le bon sens. Le gouvernement De Wever table en effet sur un effet retour d’au moins 7,8 milliards d’euros.

Bart De Wever compte sur diverses mesures, et notamment la limitation du chômage dans le temps et la responsabilisation accrue des régions, pour ramener les malades de longue durée sur le chemin du travail. Or le succès de ces mesures dépendra de la manière dont les régions s’y prennent : ce sera à leurs services de l’emploi de faire en sorte que les chômeurs et les inactifs se remettent au boulot.

Le fait que le gouvernement flamand et le gouvernement wallon se composent des mêmes partis que le gouvernement fédéral favorisera la mise en œuvre de politiques cohérentes. En menant un suivi plus strict des chômeurs, le gouvernement flamand poursuivra la politique définie au niveau fédéral.

Vendredi, déjà, la ministre flamande de l’Emploi Zuhal Demir (N-VA) annonçait qu’elle comptait suspendre plus vite et plus longtemps les allocations de chômage des demandeurs d’emploi en défaut de remplir leurs obligations. En Wallonie, où le taux d’emploi est beaucoup plus bas qu’en Flandre, le ministre de l’Emploi Pierre-Yves Jeholet (MR) a lui aussi annoncé un plan visant à suivre de plus près les personnes sans emploi. À Bruxelles, on attend encore et toujours la formation d’un gouvernement.

Une hausse du taux d’emploi aura des effets positifs sur le gouvernement De Wever, mais aussi, par ricochet, pour les régions. Ne serait-ce que parce qu’elle fera grandir le gâteau de l’impôt sur le revenu des personnes physiques, dont une partie leur reviendra.

A relire

[2]Budget flamand: l’argent (ne) pousse (pas) sur les arbres



[1] https://daardaar.be/rubriques/economie/budget-la-flandre-doit-desormais-prouver-que-ce-quelle-fait-seule-elle-le-fait-mieux/

[2] https://daardaar.be/rubriques/economie/budget-flamand-largent-ne-pousse-pas-sur-les-arbres/



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